Durement touchée par l'ouragan Irma, l'île de Saint-Martin reprend déjà des couleurs - crédit photo creative commons Clavius66
Il y a un an, le 5 septembre 2017, l'ouragan Irma frappait durement les Antilles.
L'île de Saint-Martin, vivant à 95% du tourisme, était particulièrement atteinte.
Après 6 mois de reconstruction, des professionnels nous confiaient que 2018 serait pour eux une année blanche, une année de reconstruction.
Mais d'autres étaient beaucoup plus positifs. Les autorités indiquaient que la destination pourrait revenir "à un plein exercice ou avec au moins 70% d’opérationnel pour la saison 2018/2019". Et pour Daniel Gibbs, président du Conseil Territorial de Saint Martin, l'ambition de la collectivité, avec la participation de l'Etat, était de "retrouver une pleine capacité en janvier 2019".
Force est de constater que malgré les efforts importants fournis par les services publics, les assureurs et les acteurs du tourisme, on est loin du compte.
L'île de Saint-Martin, vivant à 95% du tourisme, était particulièrement atteinte.
Après 6 mois de reconstruction, des professionnels nous confiaient que 2018 serait pour eux une année blanche, une année de reconstruction.
Mais d'autres étaient beaucoup plus positifs. Les autorités indiquaient que la destination pourrait revenir "à un plein exercice ou avec au moins 70% d’opérationnel pour la saison 2018/2019". Et pour Daniel Gibbs, président du Conseil Territorial de Saint Martin, l'ambition de la collectivité, avec la participation de l'Etat, était de "retrouver une pleine capacité en janvier 2019".
Force est de constater que malgré les efforts importants fournis par les services publics, les assureurs et les acteurs du tourisme, on est loin du compte.
Un retour en demi-teinte
Autres articles
-
Ouragan Milton : les touristes doivent évacuer des comtés de Floride
-
WINAIR se pose en Martinique
-
Saint-Martin : l'Office de tourisme veut séduire davantage de Français
-
Saint-Martin : l'Office de tourisme lance nouveau un site web
-
DOM-TOM : état d'urgence sanitaire en Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy
Un an après, le manque d'hébergements est toujours une réalité.
"Pour le moment, nous avons une capacité de 300 à 400 chambres sur un parc de 1 800. De nombreuses réouvertures devraient se faire d'ici décembre - janvier, et pour la haute saison, nous espérons passer à 800, voire 900 chambres" estime Olivier Louis, de l'Office du tourisme de Saint-Martin, qui compte notamment sur les réouvertures d'hôtels de charme de petites capacités, en attendant que les gros complexes retrouvent leurs capacités.
Et même si la plupart des restaurateurs et boutiques seront prêts à temps pour accueillir la clientèle de haute saison, sans logement ou quasi, les réservations se font attendre.
Pour Ali Laggoune, président de Lagoon Group, "l’île tourne au ralenti, la lisibilité est limitée : Il y a beaucoup d'interrogations et la communication des instances n'est pas claire. On attend de voir".
Dès lors, les réservations se font au compte-gouttes, au gré des annonces de réouvertures certaines, qui restent pour l'instant en quantité limitée.
Le tout étant balbutiant, car les dates de réouverture ne sont pas toujours fixées de manière claire, et les dates prévues ne sont pas toujours respectées. Je suis habitué à voir les choses retardées, alors que mon rôle est de donner des informations fiables et des dates précises aux tour-opérateurs".
Comme plusieurs autres, le RIU, un des hôtels phares de l'île, change de main. Au total, le fonds Sole Resort (le repreneur) a prévu un investissement de plus de 62 millions de dollars . "S'ils investissent, c'est qu'ils croient en la destination", tranche Olivier Louis, se réjouissant de la sauvegarde des emplois. Même si la reprise est rendue complexe par des problèmes d'assurances qui ne sont toujours pas réglés.
"Pour le moment, nous avons une capacité de 300 à 400 chambres sur un parc de 1 800. De nombreuses réouvertures devraient se faire d'ici décembre - janvier, et pour la haute saison, nous espérons passer à 800, voire 900 chambres" estime Olivier Louis, de l'Office du tourisme de Saint-Martin, qui compte notamment sur les réouvertures d'hôtels de charme de petites capacités, en attendant que les gros complexes retrouvent leurs capacités.
Et même si la plupart des restaurateurs et boutiques seront prêts à temps pour accueillir la clientèle de haute saison, sans logement ou quasi, les réservations se font attendre.
Pour Ali Laggoune, président de Lagoon Group, "l’île tourne au ralenti, la lisibilité est limitée : Il y a beaucoup d'interrogations et la communication des instances n'est pas claire. On attend de voir".
Dès lors, les réservations se font au compte-gouttes, au gré des annonces de réouvertures certaines, qui restent pour l'instant en quantité limitée.
Le tout étant balbutiant, car les dates de réouverture ne sont pas toujours fixées de manière claire, et les dates prévues ne sont pas toujours respectées. Je suis habitué à voir les choses retardées, alors que mon rôle est de donner des informations fiables et des dates précises aux tour-opérateurs".
Comme plusieurs autres, le RIU, un des hôtels phares de l'île, change de main. Au total, le fonds Sole Resort (le repreneur) a prévu un investissement de plus de 62 millions de dollars . "S'ils investissent, c'est qu'ils croient en la destination", tranche Olivier Louis, se réjouissant de la sauvegarde des emplois. Même si la reprise est rendue complexe par des problèmes d'assurances qui ne sont toujours pas réglés.
Une année de reconstruction
Des problèmes d'assurances qui agacent les professionnels... Mais qui, pour la Fédération Française de l'Assurance (FFA), sont inévitables.
"Le rythme d'indemnisation dépend souvent de la capacité de reconstruction, explique Stéphane Pénet, directeur des assurances de dommages et de responsabilités à la FFA.
L'assureur rembourse une première tranche, et le reste sur facture. Or, à Saint-Martin, l'insularité complique les choses. Il y a eu des difficultés pour trouver des artisans sur place et pour acheminer les matériaux. D'autant que le port, en partie hollandaise, fonctionne à 20% de ses capacités".
Malgré tout, 91% des indemnisations ont déjà été versées, soit 191 millions € au total (avec un coût moyen de 4 millions €).
Doucement mais sûrement, l'île reprend des couleurs.
"L’État a mis en place des aides pour le chômage technique, il y a eu un effort certain et visible, un moratoire pour les charges sociales, des choses qui ont permis la survie d'entreprises comme la mienne, pour les TPE c'est ce qui a fait la différence", assure Ali Laggoune.
Le secteur bancaire, lui, n'est pas épargné par les professionnels, dont certains estiment qu'il a été "sans pitié", ne laissant que jusqu'au printemps 2018 avant de lancer les hostilités. "C'est normal, c'est la banque, ils ne font pas de cadeau, mais ils n'ont rien cédé, aucune facilité" se plaignent certains, parlant d'"un carnage".
"Le rythme d'indemnisation dépend souvent de la capacité de reconstruction, explique Stéphane Pénet, directeur des assurances de dommages et de responsabilités à la FFA.
L'assureur rembourse une première tranche, et le reste sur facture. Or, à Saint-Martin, l'insularité complique les choses. Il y a eu des difficultés pour trouver des artisans sur place et pour acheminer les matériaux. D'autant que le port, en partie hollandaise, fonctionne à 20% de ses capacités".
Malgré tout, 91% des indemnisations ont déjà été versées, soit 191 millions € au total (avec un coût moyen de 4 millions €).
Doucement mais sûrement, l'île reprend des couleurs.
"L’État a mis en place des aides pour le chômage technique, il y a eu un effort certain et visible, un moratoire pour les charges sociales, des choses qui ont permis la survie d'entreprises comme la mienne, pour les TPE c'est ce qui a fait la différence", assure Ali Laggoune.
Le secteur bancaire, lui, n'est pas épargné par les professionnels, dont certains estiment qu'il a été "sans pitié", ne laissant que jusqu'au printemps 2018 avant de lancer les hostilités. "C'est normal, c'est la banque, ils ne font pas de cadeau, mais ils n'ont rien cédé, aucune facilité" se plaignent certains, parlant d'"un carnage".
Plus lents, mais plus solides
Peu à peu, la reconstruction se fait, pour un retour proche de l'avant-Irma à horizon 2020.
"C'est tout à fait normal, s'agace Carole Adam, directrice des ventes et du marketing pour Des Hôtels et des Îles. Saint-Martin a été très durement touchée, et la reconstruction ne peut pas se faire en un an, c'est impossible !".
Elle ajoute : "nous avions prévu des réaménagements et des travaux sur 18 mois alors imaginez après un ouragan, on ne peut pas aller plus vite que la machine. Peu de choses résistent à des vents à 400km/h, je préfère faire bien que vite".
C'est aussi la position de l'Office du tourisme de Saint-Martin : "Il y a des normes et des réglementations qui font que nous allons moins vite que nos voisins hollandais par exemple. Mais nous serons plus solides aussi".
Les assureurs aussi réclament des garanties, en contrepartie du renouvellement de leurs engagements : arrimage de la toiture, choix des matériaux, capacité à couvrir rapidement en dur les ouvertures en cas d'alerte cyclone, disparition des infrastructures lourdes en rez-de-chaussée...
"C'est tout à fait normal, s'agace Carole Adam, directrice des ventes et du marketing pour Des Hôtels et des Îles. Saint-Martin a été très durement touchée, et la reconstruction ne peut pas se faire en un an, c'est impossible !".
Elle ajoute : "nous avions prévu des réaménagements et des travaux sur 18 mois alors imaginez après un ouragan, on ne peut pas aller plus vite que la machine. Peu de choses résistent à des vents à 400km/h, je préfère faire bien que vite".
C'est aussi la position de l'Office du tourisme de Saint-Martin : "Il y a des normes et des réglementations qui font que nous allons moins vite que nos voisins hollandais par exemple. Mais nous serons plus solides aussi".
Les assureurs aussi réclament des garanties, en contrepartie du renouvellement de leurs engagements : arrimage de la toiture, choix des matériaux, capacité à couvrir rapidement en dur les ouvertures en cas d'alerte cyclone, disparition des infrastructures lourdes en rez-de-chaussée...
Saint-Martin prépare la suite
Une reconstruction plus lente donc, mais rassurante. Et s'il est pour le moment compliqué d'imaginer un retour à une situation pré-Irma, des choses bougent.
Le 5* Sonesta rouvrira en partie pour la haute saison, et la Samanna annonce une réouverture le 10 décembre 2018. L'hôtel Mercure rouvrira ses 160 chambres dès janvier 2019.
Même si, selon certains, "ça ne se bouscule pas au portillon du côté des TO", certains sont de retour, comme TUI, Thomas Cook, ou Exotismes, qui annonçait lors d'une conférence de presse jeudi 30 août 2018 donner une large place à l'île dans ses brochures 2018/19.
Si l'aéroport international de Juliana ne sera pas totalement opérationnel avant l'été 2019, des efforts ont été fournis. Les tentes qui accueillaient les passagers depuis l'ouragan Irma devraient disparaître. Elles seront remplacées, d'ici novembre 2018, par une partie du terminal principal actuellement en travaux.
D'ores et déjà, Air France dessert 2 vols hebdomadaires jusqu'à fin octobre 2018, avec des programmes supplémentaires pendant les vacances de la Toussaint. Le groupe opérera 5 fréquences par semaine pour la période hivernale.
Le retour de la clientèle canadienne et américaine, ainsi qu'un retour progressif des TO laissent envisager un futur prometteur.
Le 5* Sonesta rouvrira en partie pour la haute saison, et la Samanna annonce une réouverture le 10 décembre 2018. L'hôtel Mercure rouvrira ses 160 chambres dès janvier 2019.
Même si, selon certains, "ça ne se bouscule pas au portillon du côté des TO", certains sont de retour, comme TUI, Thomas Cook, ou Exotismes, qui annonçait lors d'une conférence de presse jeudi 30 août 2018 donner une large place à l'île dans ses brochures 2018/19.
Si l'aéroport international de Juliana ne sera pas totalement opérationnel avant l'été 2019, des efforts ont été fournis. Les tentes qui accueillaient les passagers depuis l'ouragan Irma devraient disparaître. Elles seront remplacées, d'ici novembre 2018, par une partie du terminal principal actuellement en travaux.
D'ores et déjà, Air France dessert 2 vols hebdomadaires jusqu'à fin octobre 2018, avec des programmes supplémentaires pendant les vacances de la Toussaint. Le groupe opérera 5 fréquences par semaine pour la période hivernale.
Le retour de la clientèle canadienne et américaine, ainsi qu'un retour progressif des TO laissent envisager un futur prometteur.
Le haut de gamme tire la fréquentation vers le haut
En attendant la saison prochaine, les professionnels se concentrent sur ce qui marche, à commencer par la croisière.
Libérés de la problématique des hébergements, les croisiéristes sont revenus rapidement après l'ouragan Irma. Et cette année, dès novembre, Star Clippers, Ponant et Club Med notamment reviennent sur l'île.
La diversification aide, aussi. Les îles proches de Saint-Martin n'accueillent pas la même clientèle, ce qui permet aux professionnels de jongler.
Ce sont les îles d'Anguilla et Saint-Barthélemy qui, avec un public haut de gamme, servent de locomotive à la reprise, avec un secteur touristique en état de marche d'ici octobre et novembre 2018.
"Les grosses marques comme le Westin dans la partie hollandaise s'en sortent bien", et le Four Seasons à Anguilla, explique Ali Laggoune.
De grandes marques aux reins solides pour reconstruire avec leurs fonds propres et des ressources internes, et une clientèle qui a les moyens, voilà un souffle d'air qui aident les professionnels à repartir.
Entre les deux parties de l'île, française et hollandaise, la solidarité aide aussi les professionnels à reprendre des couleurs. "Il y a des choses qui bougent et une reprise très positive, assure Olivier Louis. Les Hollandais nous aident, nous travaillons main dans la main. Leur clientèle n'est pas la même que la nôtre, un peu plus haut de gamme mais c'est complémentaire".
Il compte par ailleurs sur "des engagements économiques de l’État très engageants". Espérons qu'Emmanuel Macron, en visite sur l'île le week-end des 28 et 29 septembre 2018, saura joindre le geste à la parole.
Libérés de la problématique des hébergements, les croisiéristes sont revenus rapidement après l'ouragan Irma. Et cette année, dès novembre, Star Clippers, Ponant et Club Med notamment reviennent sur l'île.
La diversification aide, aussi. Les îles proches de Saint-Martin n'accueillent pas la même clientèle, ce qui permet aux professionnels de jongler.
Ce sont les îles d'Anguilla et Saint-Barthélemy qui, avec un public haut de gamme, servent de locomotive à la reprise, avec un secteur touristique en état de marche d'ici octobre et novembre 2018.
"Les grosses marques comme le Westin dans la partie hollandaise s'en sortent bien", et le Four Seasons à Anguilla, explique Ali Laggoune.
De grandes marques aux reins solides pour reconstruire avec leurs fonds propres et des ressources internes, et une clientèle qui a les moyens, voilà un souffle d'air qui aident les professionnels à repartir.
Entre les deux parties de l'île, française et hollandaise, la solidarité aide aussi les professionnels à reprendre des couleurs. "Il y a des choses qui bougent et une reprise très positive, assure Olivier Louis. Les Hollandais nous aident, nous travaillons main dans la main. Leur clientèle n'est pas la même que la nôtre, un peu plus haut de gamme mais c'est complémentaire".
Il compte par ailleurs sur "des engagements économiques de l’État très engageants". Espérons qu'Emmanuel Macron, en visite sur l'île le week-end des 28 et 29 septembre 2018, saura joindre le geste à la parole.