Alors que la compagnie helvétique donne enfin des signes de redressement financier trois ans après la faillite de son ancêtre Swissair, un mariage apparaît comme vital dans un secteur où les économies d'échelle sont le seul moyen de résister à la guerre des tarifs.
Les dirigeants de Swiss "doivent comprendre qu'ils ne sont plus maîtres de leur destin", observe l'analyste Nick van den Brul, de BNP Paribas, alors que l'état-major de la compagnie s'est réuni il y a une semaine afin de définir une stratégie. Un plan devrait être annoncé avec les résultats trimestriels le 16 novembre.
Le gouvernement suisse a répété ces dernières semaines qu'il était prêt à vendre sa participation de 20,3% dans le transporteur, dont le renflouement a coûté cher aux finances publiques. Avant de sombrer fin 2001, peu après les attentats du 11 septembre et leurs répercussions sur le trafic aérien, la compagnie helvétique, numéro cinq en Europe, avait tout du beau parti.
C'est la polygamie qui a tué Swissair
Mais c'est précisément la polygamie qui a tué Swissair, incapable de digérer sa vague d'acquisitions de la fin des années 1990: la belge Sabena, la française AOL Air Liberté, la polonaise LOT et la sud-africaine South African Airways.
Dans un livre publié ce week-end en allemand, l'ancien directeur général de Swiss, André Dosé, rapporte que les finances de la compagnie étaient dans un tel état après sa création en avril 2002 qu'il lui était impossible d'adhérer à l'une des trois grandes alliances créées par les compagnies aériennes mondiales.
M. Dosé et le président de la compagnie, Pieter Bouw, se sont alors résolus à vendre Swiss au plus offrant, selon des extraits du livre parus dans la presse.
Après des contacts avec le fonds d'investissements américain Texas Pacific, la compagnie néerlandaise KLM, ancienne société de M. Bouw, et Singapore Airlines ont dit "poliment mais fermement" non, tandis qu'Air France a fait valoir que le moment ne se prêtait pas à une telle opération, selon le livre titré "Sturmflug" ("Turbulences").
Des responsables de Swiss et de Lufthansa se sont alors engagés dans de longs travaux d'approche dans une "auberge idyllique" de la Forêt noire, à mi-chemin de Bâle et Francfort, sièges des deux compagnies. Mais le contrat de fiançailles a échoué sur les aspects financiers de la fusion, les deux compagnies s'étant en revanche trouvées des complémentarités au plan commercial, selon l'ancien DG.
"Swiss ne peut pas se permettre de rester seule"
Swiss se rabattait alors sur British Airways (BA) en septembre 2003 en décidant d'intégrer l'alliance Oneworld emmenée par la compagnie britannique. Mais après la démission de M. Dosé en mars dernier, le nouveau patron de Swiss, Christoph Franz, décidait de se retirer de Oneworld. M. Franz, de nationalité allemande, est un ancien cadre de Lufthansa.
"Tout ce que je sais, c'est qu'à terme, Swiss ne peut pas se permettre de rester seule", observe M. Dosé. En attendant, les analystes contestent la stratégie actuelle de Swiss, qui conserve à la fois des vols intercontinentaux haut-de-gamme et des vols européens à prix réduits. "Il faut choisir entre les deux.
Rester au milieu est la pire situation possible", observe M. van den Brul, selon qui Swiss a le choix entre adhérer à une alliance aérienne ou se faire absorber par une concurrente. "Le plus probable reste Lufthansa", estime-t-il.
Avec la compagnie allemande, "la porte est close mais pas verrouillée", a déclaré fin septembre le patron de Lufthansa, Wolfgang Mayrhuber.
Peter CAPELLA (Afp) redaction@tourmag.com
Les dirigeants de Swiss "doivent comprendre qu'ils ne sont plus maîtres de leur destin", observe l'analyste Nick van den Brul, de BNP Paribas, alors que l'état-major de la compagnie s'est réuni il y a une semaine afin de définir une stratégie. Un plan devrait être annoncé avec les résultats trimestriels le 16 novembre.
Le gouvernement suisse a répété ces dernières semaines qu'il était prêt à vendre sa participation de 20,3% dans le transporteur, dont le renflouement a coûté cher aux finances publiques. Avant de sombrer fin 2001, peu après les attentats du 11 septembre et leurs répercussions sur le trafic aérien, la compagnie helvétique, numéro cinq en Europe, avait tout du beau parti.
C'est la polygamie qui a tué Swissair
Mais c'est précisément la polygamie qui a tué Swissair, incapable de digérer sa vague d'acquisitions de la fin des années 1990: la belge Sabena, la française AOL Air Liberté, la polonaise LOT et la sud-africaine South African Airways.
Dans un livre publié ce week-end en allemand, l'ancien directeur général de Swiss, André Dosé, rapporte que les finances de la compagnie étaient dans un tel état après sa création en avril 2002 qu'il lui était impossible d'adhérer à l'une des trois grandes alliances créées par les compagnies aériennes mondiales.
M. Dosé et le président de la compagnie, Pieter Bouw, se sont alors résolus à vendre Swiss au plus offrant, selon des extraits du livre parus dans la presse.
Après des contacts avec le fonds d'investissements américain Texas Pacific, la compagnie néerlandaise KLM, ancienne société de M. Bouw, et Singapore Airlines ont dit "poliment mais fermement" non, tandis qu'Air France a fait valoir que le moment ne se prêtait pas à une telle opération, selon le livre titré "Sturmflug" ("Turbulences").
Des responsables de Swiss et de Lufthansa se sont alors engagés dans de longs travaux d'approche dans une "auberge idyllique" de la Forêt noire, à mi-chemin de Bâle et Francfort, sièges des deux compagnies. Mais le contrat de fiançailles a échoué sur les aspects financiers de la fusion, les deux compagnies s'étant en revanche trouvées des complémentarités au plan commercial, selon l'ancien DG.
"Swiss ne peut pas se permettre de rester seule"
Swiss se rabattait alors sur British Airways (BA) en septembre 2003 en décidant d'intégrer l'alliance Oneworld emmenée par la compagnie britannique. Mais après la démission de M. Dosé en mars dernier, le nouveau patron de Swiss, Christoph Franz, décidait de se retirer de Oneworld. M. Franz, de nationalité allemande, est un ancien cadre de Lufthansa.
"Tout ce que je sais, c'est qu'à terme, Swiss ne peut pas se permettre de rester seule", observe M. Dosé. En attendant, les analystes contestent la stratégie actuelle de Swiss, qui conserve à la fois des vols intercontinentaux haut-de-gamme et des vols européens à prix réduits. "Il faut choisir entre les deux.
Rester au milieu est la pire situation possible", observe M. van den Brul, selon qui Swiss a le choix entre adhérer à une alliance aérienne ou se faire absorber par une concurrente. "Le plus probable reste Lufthansa", estime-t-il.
Avec la compagnie allemande, "la porte est close mais pas verrouillée", a déclaré fin septembre le patron de Lufthansa, Wolfgang Mayrhuber.
Peter CAPELLA (Afp) redaction@tourmag.com