"Avec une dette estimée à 1,6 milliard d'euros, il va être difficile de rembouser toutes ces entreprises" selon Michel de Blust - Crédit photo : TC
TourMaG.com - Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
Michel de Blust : Autant que faire se peut, dans une telle situation, lorsqu'un des plus grands tour-opérateurs européens cesse ses activités... C'est un moment désagréable mais qui doit être géré.
De nombreux voyageurs doivent être aidés et de nombreux fournisseurs s'inquiètent légitimement puisqu'ils attendaient les paiements de Thomas Cook qu'ils risquent de ne jamais recevoir.
TourMaG.com - Comment avez-vous géré la journée au sein de l'ECTAA ?
Michel de Blust : Dans un premier temps, nous nous sommes renseignés sur la situation. Nous avons appris que le fonds britannique de garantie a envoyé un message à une partie des fournisseurs de Thomas Cook dans toute une série de destinations pour expliquer la situation.
Cela fait écho à l'information relayée dans les médias sur les touristes séquestrés par un hôtelier en Tunisie.
Dans le cadre d'une faillite, la directive couvre les remboursements dus au consommateur, mais ne couvre pas les contrats commerciaux entre les tour-opérateurs et les autres prestataires.
Malheureusement, je pense que ces derniers risquent de ne pas revoir leur argent. Avec une dette estimée à 1,6 milliard d'euros, il va être difficile de rembourser toutes ces entreprises.
Michel de Blust : Autant que faire se peut, dans une telle situation, lorsqu'un des plus grands tour-opérateurs européens cesse ses activités... C'est un moment désagréable mais qui doit être géré.
De nombreux voyageurs doivent être aidés et de nombreux fournisseurs s'inquiètent légitimement puisqu'ils attendaient les paiements de Thomas Cook qu'ils risquent de ne jamais recevoir.
TourMaG.com - Comment avez-vous géré la journée au sein de l'ECTAA ?
Michel de Blust : Dans un premier temps, nous nous sommes renseignés sur la situation. Nous avons appris que le fonds britannique de garantie a envoyé un message à une partie des fournisseurs de Thomas Cook dans toute une série de destinations pour expliquer la situation.
Cela fait écho à l'information relayée dans les médias sur les touristes séquestrés par un hôtelier en Tunisie.
Dans le cadre d'une faillite, la directive couvre les remboursements dus au consommateur, mais ne couvre pas les contrats commerciaux entre les tour-opérateurs et les autres prestataires.
Malheureusement, je pense que ces derniers risquent de ne pas revoir leur argent. Avec une dette estimée à 1,6 milliard d'euros, il va être difficile de rembourser toutes ces entreprises.
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TourMaG.com - Pouvons-nous connaître une réaction en chaîne ?
Michel de Blust : J'ose croire que les fournisseurs de Thomas Cook ne travaillaient pas exclusivement pour le groupe. Je pense aux hôteliers ou aux réceptifs. Dans le cas contraire et si le groupe britannique était leur plus gros client alors les conséquences pourraient être sérieuses.
TourMaG.com - Quels sont les retours des membres de l'ECTAA ?
Michel de Blust : Nous avons eu de nombreux appels venant du sud de l'Europe. Des associations ayant parmi leurs membres des réceptifs qui avaient pour client Thomas Cook. Elles nous appellent car elles sont inquiètes.
Il est très clair que Thomas Cook ne payera pas ses factures de septembre si tant est qu'il paye les factures d'août.
De plus, il convient de faire la différence entre l'entité du Royaume-Uni et les autres entités, comme Thomas Cook Scandinavie et Belgique. Il faut savoir que ce sont des entités juridiques séparées, et certaines d'entre elles ne sont pas en cessation de paiement, voire continuent d'opérer en partie.
TourMaG.com - Justement toutes les branches de Thomas Cook à l'étranger ont cette particularité ?
Michel de Blust : Je ne sais pas quels sont les accords précis. Thomas Cook est un groupe avec de nombreuses filiales. Ces dernières n'ont pas encore déposé le bilan pour bon nombre d'entre elles.
En Allemagne, la filiale doit être très proche du dépôt de bilan. Après les communications évoluent d'heure en heure. Thomas Cook Belgique a communiqué sur le fait que sa structure était en mesure d'assurer le bon déroulement des séjours en cours.
Après je vois mal les clients réserver chez Thomas Cook à moins qu'ils soient mal informés. De toute façon les réservations sont fermées.
Michel de Blust : J'ose croire que les fournisseurs de Thomas Cook ne travaillaient pas exclusivement pour le groupe. Je pense aux hôteliers ou aux réceptifs. Dans le cas contraire et si le groupe britannique était leur plus gros client alors les conséquences pourraient être sérieuses.
TourMaG.com - Quels sont les retours des membres de l'ECTAA ?
Michel de Blust : Nous avons eu de nombreux appels venant du sud de l'Europe. Des associations ayant parmi leurs membres des réceptifs qui avaient pour client Thomas Cook. Elles nous appellent car elles sont inquiètes.
Il est très clair que Thomas Cook ne payera pas ses factures de septembre si tant est qu'il paye les factures d'août.
De plus, il convient de faire la différence entre l'entité du Royaume-Uni et les autres entités, comme Thomas Cook Scandinavie et Belgique. Il faut savoir que ce sont des entités juridiques séparées, et certaines d'entre elles ne sont pas en cessation de paiement, voire continuent d'opérer en partie.
TourMaG.com - Justement toutes les branches de Thomas Cook à l'étranger ont cette particularité ?
Michel de Blust : Je ne sais pas quels sont les accords précis. Thomas Cook est un groupe avec de nombreuses filiales. Ces dernières n'ont pas encore déposé le bilan pour bon nombre d'entre elles.
En Allemagne, la filiale doit être très proche du dépôt de bilan. Après les communications évoluent d'heure en heure. Thomas Cook Belgique a communiqué sur le fait que sa structure était en mesure d'assurer le bon déroulement des séjours en cours.
Après je vois mal les clients réserver chez Thomas Cook à moins qu'ils soient mal informés. De toute façon les réservations sont fermées.
TourMaG.com - Nous avons entendu dire que dans certaines régions en Espagne la situation est plus que délicate. Cette faillite va occasionner des torts considérables ?
Michel de Blust : En effet, un certain nombre de destinations en Espagne, au Portugal, dans les Îles Grecques, en Tunisie et en Turquie, où Thomas Cook était un gros apporteur de clients, il est possible de craindre que toute une série de structures soient confrontées à des pertes.
Celles-ci ne concernent pas toute la saison, mais plutôt un mois de prestations.
Il y aura effectivement un nombre conséquent d'entreprises qui seront touchées sérieusement.
TourMaG.com - C'est dramatique, mais ce n'est pas une réelle surprise lorsqu'on regarde les chiffres et la dette de Thomas Cook...
Michel de Blust : Depuis le début de l'année j'ai eu de nombreux appels de membres réceptifs de l'ECTAA qui m'appelaient pour faire part de leur inquiétude.
Sauf que je ne pouvais pas dire plus que mes lectures quotidiennes provenant de la presse. Je n'avais pas d'autres informations. Les dettes de Thomas Cook étaient très importantes mais la direction a essayé de négocier jusqu'à la semaine dernière.
Malheureusement, les faillites de ce genre se déroulent toujours à la fin de l'été. En effet les rentrées de cash diminuent à cette période et il faut payer les factures estivales. Classiquement c'est une période difficile pour les entreprises en difficulté.
Michel de Blust : En effet, un certain nombre de destinations en Espagne, au Portugal, dans les Îles Grecques, en Tunisie et en Turquie, où Thomas Cook était un gros apporteur de clients, il est possible de craindre que toute une série de structures soient confrontées à des pertes.
Celles-ci ne concernent pas toute la saison, mais plutôt un mois de prestations.
Il y aura effectivement un nombre conséquent d'entreprises qui seront touchées sérieusement.
TourMaG.com - C'est dramatique, mais ce n'est pas une réelle surprise lorsqu'on regarde les chiffres et la dette de Thomas Cook...
Michel de Blust : Depuis le début de l'année j'ai eu de nombreux appels de membres réceptifs de l'ECTAA qui m'appelaient pour faire part de leur inquiétude.
Sauf que je ne pouvais pas dire plus que mes lectures quotidiennes provenant de la presse. Je n'avais pas d'autres informations. Les dettes de Thomas Cook étaient très importantes mais la direction a essayé de négocier jusqu'à la semaine dernière.
Malheureusement, les faillites de ce genre se déroulent toujours à la fin de l'été. En effet les rentrées de cash diminuent à cette période et il faut payer les factures estivales. Classiquement c'est une période difficile pour les entreprises en difficulté.
TourMaG.com - Il va falloir une remise en question de l'industrie. TUI n'est pas non plus fringant...
Michel de Blust : Oui et non. La situation n'est pas la même pour le géant allemand. Si vous regardez le bilan de TUI, son chiffre d'affaires ne repose pas exclusivement sur le tour-opérating.
La croisière est une activité importante tout comme l'aérien - en vendant des vols secs - ainsi que l'hôtellerie.
Du point de vue de l'endettement, la situation de TUI n'est pas comparable. Il faut savoir qu'en 2007 à la veille de la crise financière, Thomas Cook UK a rachèté MyTravel très cher, depuis ils traînent ce boulet d'une dette particulièrement lourde.
Puis pendant trois ans, Thomas Cook a dû affronter la crise financière des subprimes. Ce qui a eu un impact. Cette année c'est le Brexit qui a entraîné une stagnation des réservations en début d'année.
Le Brexit devait avoir lieu le 31 mars. Les Britanniques ont différé leurs réservations. Thomas Cook a ainsi connu une saison en demi-teinte. C'est un facteur supplémentaire en plus de l'endettement.
TourMaG.com - Cela sonne la fin d'un modèle économique ?
Michel de Blust : Il faut être prudent. La demande a évolué considérablement. Avant tout le monde achetait le même produit, pour passer 15 jours à la plage.
Thomas Cook a fait évoluer son catalogue produits, en fournissant presque toute la gamme. La même chose pour TUI.
Sur le fond, sachant que les jeunes générations ne réservent pas s'il n'y a pas d'application mobile, donc peut-être que le modèle traditionnel des TO ne correspond plus à certaines habitudes de consommation.
Sauf que ces jeunes générations constitueront une part importante de la clientèle dans une décennie. Puis dans le même temps, les OTA font du tour-operating à la carte.
Toutes ces choses-là font que le modèle du TO se trouve plus en concurrence que par le passé.
Michel de Blust : Oui et non. La situation n'est pas la même pour le géant allemand. Si vous regardez le bilan de TUI, son chiffre d'affaires ne repose pas exclusivement sur le tour-opérating.
La croisière est une activité importante tout comme l'aérien - en vendant des vols secs - ainsi que l'hôtellerie.
Du point de vue de l'endettement, la situation de TUI n'est pas comparable. Il faut savoir qu'en 2007 à la veille de la crise financière, Thomas Cook UK a rachèté MyTravel très cher, depuis ils traînent ce boulet d'une dette particulièrement lourde.
Puis pendant trois ans, Thomas Cook a dû affronter la crise financière des subprimes. Ce qui a eu un impact. Cette année c'est le Brexit qui a entraîné une stagnation des réservations en début d'année.
Le Brexit devait avoir lieu le 31 mars. Les Britanniques ont différé leurs réservations. Thomas Cook a ainsi connu une saison en demi-teinte. C'est un facteur supplémentaire en plus de l'endettement.
TourMaG.com - Cela sonne la fin d'un modèle économique ?
Michel de Blust : Il faut être prudent. La demande a évolué considérablement. Avant tout le monde achetait le même produit, pour passer 15 jours à la plage.
Thomas Cook a fait évoluer son catalogue produits, en fournissant presque toute la gamme. La même chose pour TUI.
Sur le fond, sachant que les jeunes générations ne réservent pas s'il n'y a pas d'application mobile, donc peut-être que le modèle traditionnel des TO ne correspond plus à certaines habitudes de consommation.
Sauf que ces jeunes générations constitueront une part importante de la clientèle dans une décennie. Puis dans le même temps, les OTA font du tour-operating à la carte.
Toutes ces choses-là font que le modèle du TO se trouve plus en concurrence que par le passé.
TourMaG.com - Quelles sont les prochaines échéances ?
Michel de Blust : Actuellement il y a une importante phase de rapatriement. Nous allons suivre cela. Après pour la suite nous entrons dans le droit commercial. Je ne pense pas que nous allons pouvoir faire grand-chose pour les fournisseurs qui attendront leur argent.
A moyen terme, quand le numéro deux disparaît, il y a bien entendu un vide ! Et vous n'êtes pas sans savoir que la nature a horreur du vide. Il suffit de voir ce qu'il se passe avec les compagnies aériennes. Le vide se comble.
Il restera un très grand tour-opérateur avec TUI. Il va retrouver dans toute une série de pays dans une position dominante. Le tout étant que TUI ne doit pas abuser de sa position dominante et je ne prête certainement pas cette intention à l'opérateur allemand.
A la limite la position de TUI est moins confortable. Il est toujours mieux de se retrouver avec un challenger, possédant une taille presque similaire. Nous verrons comment les marchés vont évoluer dans les prochaines années.
Je ne crains pas un tsunami, mais j'ai peur que cela ait un impact sur les marchés émetteurs. Ils devront se rééquilibrer d'une façon ou une autre.
Michel de Blust : Actuellement il y a une importante phase de rapatriement. Nous allons suivre cela. Après pour la suite nous entrons dans le droit commercial. Je ne pense pas que nous allons pouvoir faire grand-chose pour les fournisseurs qui attendront leur argent.
A moyen terme, quand le numéro deux disparaît, il y a bien entendu un vide ! Et vous n'êtes pas sans savoir que la nature a horreur du vide. Il suffit de voir ce qu'il se passe avec les compagnies aériennes. Le vide se comble.
Il restera un très grand tour-opérateur avec TUI. Il va retrouver dans toute une série de pays dans une position dominante. Le tout étant que TUI ne doit pas abuser de sa position dominante et je ne prête certainement pas cette intention à l'opérateur allemand.
A la limite la position de TUI est moins confortable. Il est toujours mieux de se retrouver avec un challenger, possédant une taille presque similaire. Nous verrons comment les marchés vont évoluer dans les prochaines années.
Je ne crains pas un tsunami, mais j'ai peur que cela ait un impact sur les marchés émetteurs. Ils devront se rééquilibrer d'une façon ou une autre.
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