TourMaG.com - Comment avez-vous vécu les deux confinements entre la famille, le travail et les relations amicales ?
Anne Sénéquier : En tant que parents-médecins, pour nous le confinement a plutôt été synonyme de charge de travail supplémentaire, cependant les enfants sont restés scolarisés ce qui nous a permis d’absorber la chose assez facilement, malgré tout.
TourMaG.com - Comment avez-vous vécu les deux confinements entre la famille, le travail et les relations amicales ?
Anne Sénéquier : Ça dépend des jours pour dire vrai... Parfois j’ai des envies d’une autre planète utopique où le bon sens aurait pu être la norme, et puis je me souviens « qu’il n’y a pas de planète B ».
TourMaG.com - Avez-vous ressenti une charge mentale plus importante ? Et aussi chez vos patients ?
Anne Sénéquier : J’ai l’impression d’un Tetris permanent, dans lequel je m’efforce de trouver une simplicité au quotidien, mais force est de constater qu’après une année cela devient fatigant... le nombre de mes cheveux blancs l’atteste aujourd’hui.
Chez mes patients, on ne parle plus de charge mentale, mais plutôt de décompensation.
Dans les premiers mois, j’ai pu constater la résilience de chacun, mais le temps long a fait vaciller leurs étayages. Aujourd’hui j’accompagne de nombreuses décompensations, changement de vie, difficultés inextricables...
Pour les petits patients, c’est parfois plus complexe. Ce sont de véritables éponges émotionnelles et leurs niveaux d’anxiété peuvent être très élevés et générer des troubles de comportements ou d’adaptation.
C’est pour ça, qu’avec la maison d’édition petit kiwi et Florence Bonnet, on a sorti un conte pour enfants qui s’appelle « Luce et l’invasion des virus » (sortie le 9 mars) pour désamorcer la charge anxieuse que peut générer la pandémie et trouver une façon ludique d’accompagner la compréhension de la situation.
Anne Sénéquier : En tant que parents-médecins, pour nous le confinement a plutôt été synonyme de charge de travail supplémentaire, cependant les enfants sont restés scolarisés ce qui nous a permis d’absorber la chose assez facilement, malgré tout.
TourMaG.com - Comment avez-vous vécu les deux confinements entre la famille, le travail et les relations amicales ?
Anne Sénéquier : Ça dépend des jours pour dire vrai... Parfois j’ai des envies d’une autre planète utopique où le bon sens aurait pu être la norme, et puis je me souviens « qu’il n’y a pas de planète B ».
TourMaG.com - Avez-vous ressenti une charge mentale plus importante ? Et aussi chez vos patients ?
Anne Sénéquier : J’ai l’impression d’un Tetris permanent, dans lequel je m’efforce de trouver une simplicité au quotidien, mais force est de constater qu’après une année cela devient fatigant... le nombre de mes cheveux blancs l’atteste aujourd’hui.
Chez mes patients, on ne parle plus de charge mentale, mais plutôt de décompensation.
Dans les premiers mois, j’ai pu constater la résilience de chacun, mais le temps long a fait vaciller leurs étayages. Aujourd’hui j’accompagne de nombreuses décompensations, changement de vie, difficultés inextricables...
Pour les petits patients, c’est parfois plus complexe. Ce sont de véritables éponges émotionnelles et leurs niveaux d’anxiété peuvent être très élevés et générer des troubles de comportements ou d’adaptation.
C’est pour ça, qu’avec la maison d’édition petit kiwi et Florence Bonnet, on a sorti un conte pour enfants qui s’appelle « Luce et l’invasion des virus » (sortie le 9 mars) pour désamorcer la charge anxieuse que peut générer la pandémie et trouver une façon ludique d’accompagner la compréhension de la situation.
"Je me rends compte que la solidarité n’a qu’un temps et qu’elle ne survit pas à l’impatience"
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TourMaG.com - Les femmes ont -elles moins bien vécu cette période ? Il y a eu de très nombreux papiers stipulant une forte hausse des violences conjugales.
Anne Sénéquier : C’est vrai, une violence verbale, physique, mais aussi psychologique... celle que l’on ne voit pas et qui parfois ne s’explique même pas. Beaucoup de situation improbable où même la justice arrive à en tirer des conclusions contraires au bon sens psychologique.
C’est aberrant.
TourMaG.com - Craignez-vous des conséquences sur le long terme ?
Anne Sénéquier : Bien sûr, il faut les craindre pour mieux les appréhender et tenter de les anticiper.
TourMaG.com - Quels enseignements avez-vous tirés de cette période et de cette crise ?
Anne Sénéquier : Je n’ai pas l’impression qu’il soit malheureusement déjà l’heure des bilans, mais je me rends compte que la solidarité n’a qu’un temps et qu’elle ne survit pas à l’impatience et la vision court-termiste de tout un chacun...
Anne Sénéquier : C’est vrai, une violence verbale, physique, mais aussi psychologique... celle que l’on ne voit pas et qui parfois ne s’explique même pas. Beaucoup de situation improbable où même la justice arrive à en tirer des conclusions contraires au bon sens psychologique.
C’est aberrant.
TourMaG.com - Craignez-vous des conséquences sur le long terme ?
Anne Sénéquier : Bien sûr, il faut les craindre pour mieux les appréhender et tenter de les anticiper.
TourMaG.com - Quels enseignements avez-vous tirés de cette période et de cette crise ?
Anne Sénéquier : Je n’ai pas l’impression qu’il soit malheureusement déjà l’heure des bilans, mais je me rends compte que la solidarité n’a qu’un temps et qu’elle ne survit pas à l’impatience et la vision court-termiste de tout un chacun...
"Je ne vois pas comment on pourrait être optimiste sur les objectifs de développement durable..."
TourMaG.com - Qu’est-ce qui vous manque le plus dans le monde « d’avant » ?
Anne Sénéquier : Plusieurs choses bien sûr... tout d’abord, le plaisir que j’avais de travailler dans les cafés parisiens pour écrire tous les mardis, mais également le fait de se dire qu’on pouvait aller vers un monde meilleur.
Aujourd’hui, à voir les décisions et la direction que prennent les nations et les sociétés. Je ne vois pas comment on pourrait être optimiste sur les ODD (objectif du développement durable) pour 2030, et encore moins sur l’accord de Paris.
TourMaG.com - Avez-vous pris des décisions majeures depuis un an ?
Anne Sénéquier : Malgré tout, ne pas cesser de croire qu’on peut ensemble changer le monde.
TourMaG.com - Pourriez-vous nous expliquer votre parcours professionnel ? En quoi être une femme le rend-il différent ?
Anne Sénéquier : J’ai commencé Medecine pour faire psychiatrie, je voulais comprendre le fonctionnement des gens.
Puis en cours de route, j’ai rencontré la géopolitique que j’ai fini par considérer comme une extrapolation de la psychiatrie... puisqu’on essaie d’y comprendre comment fonctionne le monde (un groupe de gens).
Anne Sénéquier : Plusieurs choses bien sûr... tout d’abord, le plaisir que j’avais de travailler dans les cafés parisiens pour écrire tous les mardis, mais également le fait de se dire qu’on pouvait aller vers un monde meilleur.
Aujourd’hui, à voir les décisions et la direction que prennent les nations et les sociétés. Je ne vois pas comment on pourrait être optimiste sur les ODD (objectif du développement durable) pour 2030, et encore moins sur l’accord de Paris.
TourMaG.com - Avez-vous pris des décisions majeures depuis un an ?
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TourMaG.com - Pourriez-vous nous expliquer votre parcours professionnel ? En quoi être une femme le rend-il différent ?
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Puis en cours de route, j’ai rencontré la géopolitique que j’ai fini par considérer comme une extrapolation de la psychiatrie... puisqu’on essaie d’y comprendre comment fonctionne le monde (un groupe de gens).
"Être femme, c’est aujourd’hui ne pas se laisser enfermer dans un rôle..."
TourMaG.com - Pensez-vous comme Sophie Lacour que nous entrons dans l’ère des femmes et d’un tourisme des femmes ? "Il y a l'émergence des valeurs féminines à travers le monde que sont le souci de l'autre, la preuve, la convalescence. Tout ce qui est du domaine du féminin va se généraliser et le tourisme n'y échappera pas."
Anne Sénéquier : J’aimerais croire qu’aujourd’hui être femme, ce n’est pas qu’être consolante et rassurante.
Bien sûr, les femmes le sont, mais elles peuvent tout autant être guerrières et puissantes.
Être femme, c’est aujourd’hui ne pas se laisser enfermer dans un rôle, mais plutôt ouvrir l’éventail des possibles. Dans ce sens-là oui... le tourisme sera impacté d’une manière ou d’une autre. Par le personnel qui y travaille, mais aussi par les voyageurs (au sens large).
TourMaG.com - Que vous apporte votre parcours atypique ?
Anne Sénéquier : Ces quelques virages qui ont fait ma ligne droite me donnent une perspective plus large.
Connaître l’étendue du monde, savoir que notre vision d’aujourd’hui est trop parcellaire...
TourMaG.com - En quoi être une femme a-t-il été un atout ou un frein dans votre carrière ?
Anne Sénéquier : Aujourd’hui, je dirais que c’est un atout. Auparavant, j’avoue que cela m’était égal.
J’ai eu cette chance de n’avoir jamais eu l’occasion de le considérer comme un frein et si rétrospectivement je suis capable de reconnaître certaines situations où l’on a pu considérer mon statut de femme/fille comme quelque chose de négatif...
J’ai à l’époque bien fait attention de ne pas m’en préoccuper et d’avancer quoiqu’il arrive.
TourMaG.com - Avez-vous des modèles féminins ou des femmes qui vous ont inspiré ?
Anne Sénéquier : Pendant mes études, sans aucun doute Claudie Haignere. Une médecin devenue astronaute.
Aujourd’hui mon inspiration est plus anonyme, dans ma proximité, mais tout aussi porteuse.
Toutes ces femmes qui ont fait et font toujours ma vie au quotidien ou de plus loin... Celles qui font partie de ma famille et celles que j’ai rencontrées dans un village Afghan, au fin fond du Népal ou plus simplement dans la vie de tous les jours...
Anne Sénéquier : J’aimerais croire qu’aujourd’hui être femme, ce n’est pas qu’être consolante et rassurante.
Bien sûr, les femmes le sont, mais elles peuvent tout autant être guerrières et puissantes.
Être femme, c’est aujourd’hui ne pas se laisser enfermer dans un rôle, mais plutôt ouvrir l’éventail des possibles. Dans ce sens-là oui... le tourisme sera impacté d’une manière ou d’une autre. Par le personnel qui y travaille, mais aussi par les voyageurs (au sens large).
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Connaître l’étendue du monde, savoir que notre vision d’aujourd’hui est trop parcellaire...
TourMaG.com - En quoi être une femme a-t-il été un atout ou un frein dans votre carrière ?
Anne Sénéquier : Aujourd’hui, je dirais que c’est un atout. Auparavant, j’avoue que cela m’était égal.
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J’ai à l’époque bien fait attention de ne pas m’en préoccuper et d’avancer quoiqu’il arrive.
TourMaG.com - Avez-vous des modèles féminins ou des femmes qui vous ont inspiré ?
Anne Sénéquier : Pendant mes études, sans aucun doute Claudie Haignere. Une médecin devenue astronaute.
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Toutes ces femmes qui ont fait et font toujours ma vie au quotidien ou de plus loin... Celles qui font partie de ma famille et celles que j’ai rencontrées dans un village Afghan, au fin fond du Népal ou plus simplement dans la vie de tous les jours...
Retrouvez tous les témoignages des femmes du tourisme, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2021, en cliquant ici.