Au pied de la muraille, le village s’est blotti entre la pierre et l’eau, contraint de calfeutrer ses maisons pour exploiter au mieux le faible espace disponible - DR : A. Renaud Goud ADT07
Des bâtisses agglomérées au pied d’une falaise, un robuste château à quatre tourelles d’angle, une rivière impétueuse : voici donc Vogüé, village de 1 000 habitants posé sur la rive gauche de l’Ardèche.
Onze kilomètres au sud d’Aubenas, avant que le cours d’eau ne s’enfonce dans ses gorges tumultueuses, la rivière vient lécher ici la paroi calcaire, comme un signe avant-coureur du défilé à venir.
Au pied de la muraille, à l’instar de certaines bourgades de la Dordogne et du Lot, le village s’est blotti entre la pierre et l’eau, contraint de calfeutrer ses maisons pour exploiter au mieux le faible espace disponible.
Un territoire restreint dont il a tiré sa fortune : depuis le Moyen-Age, le commerce muletier reliant la vallée du Rhône au Puy-en-Velay a emprunté cet itinéraire, franchissant l’Ardèche à gué en s’acquittant de substantiels droits de passage.
La place de la Gadabielle, face aux constructions villageoises, signalaient le passage des marchands : chargés des vins de la vallée du Rhône à l’aller, ils redescendaient des hauteurs ardéchoises avec des produits céréaliers.
Onze kilomètres au sud d’Aubenas, avant que le cours d’eau ne s’enfonce dans ses gorges tumultueuses, la rivière vient lécher ici la paroi calcaire, comme un signe avant-coureur du défilé à venir.
Au pied de la muraille, à l’instar de certaines bourgades de la Dordogne et du Lot, le village s’est blotti entre la pierre et l’eau, contraint de calfeutrer ses maisons pour exploiter au mieux le faible espace disponible.
Un territoire restreint dont il a tiré sa fortune : depuis le Moyen-Age, le commerce muletier reliant la vallée du Rhône au Puy-en-Velay a emprunté cet itinéraire, franchissant l’Ardèche à gué en s’acquittant de substantiels droits de passage.
La place de la Gadabielle, face aux constructions villageoises, signalaient le passage des marchands : chargés des vins de la vallée du Rhône à l’aller, ils redescendaient des hauteurs ardéchoises avec des produits céréaliers.
Les Etats de Vivarais au village
Il fallait évidemment contrôler ce verrou. La famille de Vogüé, originaire du Vivarais, s’y est employée, en bâtissant un château.
A l’origine fort médiéval construit dès la fin du 12e s. par Raymond Ier de Vogüé, la demeure passe dans les mains d’autres seigneurs, les La Gorce, Rochemure du Besset.
A la fin du 15e s, ces derniers le reconstruisent et lui donnent son allure actuelle, quadrangulaire, flanquée de tours.
Comme les de Vogüé ne sont pas du genre à lâcher prise, ils reprennent possession du château en 1603. Fenêtres à meneaux, porte à bossages, grand escalier et nouvelles salles viennent agrémenter la demeure, dans laquelle se réunissent désormais les Etats de Vivarais.
A la tête de la noblesse de la région, les de Vogüé s’installent à Aubenas en 1739 et délaissent le château.
Vendu comme bien national à la Révolution, il est de nouveau racheté par la famille - décidément tenace ! - en 1840, via le marquis Charles de Vogüé.
Restauré et toujours propriété de la famille, il abritera jusqu’en 1960 une école religieuse, avant d’être géré par l’association Vivante Ardèche, qui en assure aujourd’hui la visite.
Signe de la puissance des de Vogüé, on retrouve aux 19e et 20e s. certains de ses membres dans le Berry, en Bourgogne et même à Paris.
Le prestigieux hôtel de Vogüé, rue de Martignac, dans le chic 7e arrondissement parisien, fut ainsi construit dans un style Belle Epoque pour le comte Laurent-Arthur de Vogüé, homme de goût et artiste. Il abrite aujourd’hui des services de l’Etat.
Signalons que les de Vogüé se retrouveront aussi à la tête de grandes entreprises, Saint-Gobain, la Compagnie du Canal de Suez, Moët et Chandon…
A l’origine fort médiéval construit dès la fin du 12e s. par Raymond Ier de Vogüé, la demeure passe dans les mains d’autres seigneurs, les La Gorce, Rochemure du Besset.
A la fin du 15e s, ces derniers le reconstruisent et lui donnent son allure actuelle, quadrangulaire, flanquée de tours.
Comme les de Vogüé ne sont pas du genre à lâcher prise, ils reprennent possession du château en 1603. Fenêtres à meneaux, porte à bossages, grand escalier et nouvelles salles viennent agrémenter la demeure, dans laquelle se réunissent désormais les Etats de Vivarais.
A la tête de la noblesse de la région, les de Vogüé s’installent à Aubenas en 1739 et délaissent le château.
Vendu comme bien national à la Révolution, il est de nouveau racheté par la famille - décidément tenace ! - en 1840, via le marquis Charles de Vogüé.
Restauré et toujours propriété de la famille, il abritera jusqu’en 1960 une école religieuse, avant d’être géré par l’association Vivante Ardèche, qui en assure aujourd’hui la visite.
Signe de la puissance des de Vogüé, on retrouve aux 19e et 20e s. certains de ses membres dans le Berry, en Bourgogne et même à Paris.
Le prestigieux hôtel de Vogüé, rue de Martignac, dans le chic 7e arrondissement parisien, fut ainsi construit dans un style Belle Epoque pour le comte Laurent-Arthur de Vogüé, homme de goût et artiste. Il abrite aujourd’hui des services de l’Etat.
Signalons que les de Vogüé se retrouveront aussi à la tête de grandes entreprises, Saint-Gobain, la Compagnie du Canal de Suez, Moët et Chandon…
Crues de la rivière
Mais revenons au village. La tour ruinée de l’Esparra (comme l’étaient celles de Viallaure et de la Tourasse), du 13e s., témoigne de l’importance des demeures d’apparat des notables, chargés de collecter le droit de passage au gué et de gérer l’utilisation du moulin à blé.
Construit en 1458 sur ordre de Pierre IV de Vogüé, celui-ci fut emporté par une crue en 1890 et seules ses ruines demeurent.
On finira par construire un pont sur l’Ardèche. Mais ses caprices auront raison des ouvrages : le pont en bois de 1780, emporté deux ans plus tard ; le pont suspendu de 1828, détruit en 1890. La passerelle métallique suivante ne résistera pas, elle, aux sabotages de la Résistance. Il faudra attendre l’après-guerre pour qu’un pont pérenne joigne enfin les deux rives de l’Ardèche.
Construit en 1458 sur ordre de Pierre IV de Vogüé, celui-ci fut emporté par une crue en 1890 et seules ses ruines demeurent.
On finira par construire un pont sur l’Ardèche. Mais ses caprices auront raison des ouvrages : le pont en bois de 1780, emporté deux ans plus tard ; le pont suspendu de 1828, détruit en 1890. La passerelle métallique suivante ne résistera pas, elle, aux sabotages de la Résistance. Il faudra attendre l’après-guerre pour qu’un pont pérenne joigne enfin les deux rives de l’Ardèche.
Parcours médiéval
La balade à travers Vogüé met en scène son histoire mouvementée, au gré d’un agréable parcours médiéval.
Classé parmi les « Plus beaux villages de France », le bourg en gradins offre l’éventail des attractions habituellement croisées en contrée sudiste : ruelles jalonnées d’arcades, passages sous voûtes (certains se prolongent en tunnels, on les appelle les soustets), escaliers-dédales entre les maisons, rues empierrées, jardins étroits… le tout avec un panorama grand angle sur la vallée de l’Ardèche, où glissent des canoës en partance vers les gorges.
On débusque ainsi la rue des Puces, dont une extrémité est si étroite que l’on s’y faufile à peine.
La rue des Balcons, elle, livre une jolie enfilade de maisons en galets de granit, accessibles par des escaliers et des balcons en pierre provenant de carrières voisines.
Comme en écho au château, la Maison Roussel présente une façade percée de fenêtres rectangulaires à croisée de pierre. Rien de plus logique, il s’agit de l’ancienne demeure de l’intendant du château (17e s.).
Cette autre famille de notables s’est distinguée en fournissant plusieurs maires à la commune, ainsi que des juges, des baillis, des avocats…
A cheminer de la sorte dans un périmètre étroit, on finit par tomber immanquablement sur l’église Sainte-Marie. Reconstruite à la fin du 17e, elle a été bâtie sur les fondations d’un prieuré du 13e s., qui dépendait de Cluny.
Classé parmi les « Plus beaux villages de France », le bourg en gradins offre l’éventail des attractions habituellement croisées en contrée sudiste : ruelles jalonnées d’arcades, passages sous voûtes (certains se prolongent en tunnels, on les appelle les soustets), escaliers-dédales entre les maisons, rues empierrées, jardins étroits… le tout avec un panorama grand angle sur la vallée de l’Ardèche, où glissent des canoës en partance vers les gorges.
On débusque ainsi la rue des Puces, dont une extrémité est si étroite que l’on s’y faufile à peine.
La rue des Balcons, elle, livre une jolie enfilade de maisons en galets de granit, accessibles par des escaliers et des balcons en pierre provenant de carrières voisines.
Comme en écho au château, la Maison Roussel présente une façade percée de fenêtres rectangulaires à croisée de pierre. Rien de plus logique, il s’agit de l’ancienne demeure de l’intendant du château (17e s.).
Cette autre famille de notables s’est distinguée en fournissant plusieurs maires à la commune, ainsi que des juges, des baillis, des avocats…
A cheminer de la sorte dans un périmètre étroit, on finit par tomber immanquablement sur l’église Sainte-Marie. Reconstruite à la fin du 17e, elle a été bâtie sur les fondations d’un prieuré du 13e s., qui dépendait de Cluny.
Digues « primitives »
Impossible de quitter Vogüé sans explorer ses faubourgs.
A quelques encablures se trouve la chapelle restaurée Sainte-Cerice, dite aussi Gleysette (« petite église »). Certains disent qu’elle daterait du 11e s., ce qui n’a rien d’impossible quand on sait que les axes marchands étaient émaillés d’oratoires et d’édifices religieux, le commerce ne devant pas faire oublier l’indispensable piété et contrition aux négociants…
Un coup d’œil sur la falaise pour distinguer la porte Saint-Benoît, ancien accès sud du village par un chemin du vertige, et voilà les rives de l’Ardèche.
La présence de hauts murs renforcés de tours intrigue. Il s’agit là de constructions conçues pour protéger les jardins des débordements redoutables de la rivière.
Des digues « primitives » dont les tours masquent en réalité des puits ingénieux, permettant aux villageois de recueillir l’eau et d’arroser leur jardin à l’abri.
Munis de ces renseignements, il est temps désormais d’aller vous baigner dans l’Ardèche, en pleine connaissance de cause…
A quelques encablures se trouve la chapelle restaurée Sainte-Cerice, dite aussi Gleysette (« petite église »). Certains disent qu’elle daterait du 11e s., ce qui n’a rien d’impossible quand on sait que les axes marchands étaient émaillés d’oratoires et d’édifices religieux, le commerce ne devant pas faire oublier l’indispensable piété et contrition aux négociants…
Un coup d’œil sur la falaise pour distinguer la porte Saint-Benoît, ancien accès sud du village par un chemin du vertige, et voilà les rives de l’Ardèche.
La présence de hauts murs renforcés de tours intrigue. Il s’agit là de constructions conçues pour protéger les jardins des débordements redoutables de la rivière.
Des digues « primitives » dont les tours masquent en réalité des puits ingénieux, permettant aux villageois de recueillir l’eau et d’arroser leur jardin à l’abri.
Munis de ces renseignements, il est temps désormais d’aller vous baigner dans l’Ardèche, en pleine connaissance de cause…
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