Wahida Jaiet : "2010 n’est plus à prendre en configuration. En Tunisie comme en France la situation a changé. Il y a une crise économique et sociale. Des deux côtés de la Méditerranée nous ne sommes pas en phase de prospérité." - Photo Vue d'Hammamet en Tunisie - Fotolia Auteur : milda79
Toute la confiance du marché français à retrouver, un marché historique, le premier durant des décennies de tous les marchés émetteurs.
L’ex-directrice du tourisme tunisien en poste à Londres sait affronter les challenges. Après la chute de Ben Ali, le Royaume-Uni a déployé comme jamais son trafic touristique sur la Tunisie. Wahida Jaiet venait d’y prendre ses fonctions pour 2 ans et demi.
Dans le même temps la France se caractérisait par des chiffres en chute libre et une frilosité mal expliquée. La terrible tragédie de Sousse a brisé tous les élans. Meurtri le marché anglais est à l’arrêt. La France reste sur ses gardes.
L’ex-directrice du tourisme tunisien en poste à Londres sait affronter les challenges. Après la chute de Ben Ali, le Royaume-Uni a déployé comme jamais son trafic touristique sur la Tunisie. Wahida Jaiet venait d’y prendre ses fonctions pour 2 ans et demi.
Dans le même temps la France se caractérisait par des chiffres en chute libre et une frilosité mal expliquée. La terrible tragédie de Sousse a brisé tous les élans. Meurtri le marché anglais est à l’arrêt. La France reste sur ses gardes.
Rencontre
TourMaG.com - Comment expliquez-vous cette différence d’approche des marchés britanniques et français sur le tourisme tunisien ?
Wahida Jaiet. : Le Royaume-Uni n’a pas avec la Tunisie, le passé culturel et historique de la France. C’est une réalité évidente. Entre la France et la Tunisie il y a un affect, un lien, une sensibilité, un environnement immédiat.
Les britanniques sont plus éloignés. Ils voient simplement dans la Tunisie une belle destination balnéaire qui correspond à leurs attentes. J’ajoute que pendant tout cette période de révolution et de transition, au fur et à mesure des évènements, le Foreign Office n’a jamais montré d’excès en quoi que ce soit dans ses déclarations.
Ces toutes dernières années le marché britannique a en effet enregistré un degré de performance jamais égalé avec des croissances à deux chiffres et ce, dès 2011.
Avant Sousse il rejoignait l’Allemagne en passant en 2e position des marchés internationaux.
TourMaG.com - Pendant un an, entre Londres et Paris vous avez été la directrice générale du tourisme tunisien. Que gardez-vous de cette expérience ?
W.J. : C’était en 2014 une période transitoire avec un gouvernement de transition. En période de transition on gère l’urgent. Ce n’est qu’en janvier 2015 qu’un gouvernement a été élu pour 5 ans. La Tunisie a aujourd’hui une stabilité politique qui lui permet d’agir en profondeur.
Wahida Jaiet. : Le Royaume-Uni n’a pas avec la Tunisie, le passé culturel et historique de la France. C’est une réalité évidente. Entre la France et la Tunisie il y a un affect, un lien, une sensibilité, un environnement immédiat.
Les britanniques sont plus éloignés. Ils voient simplement dans la Tunisie une belle destination balnéaire qui correspond à leurs attentes. J’ajoute que pendant tout cette période de révolution et de transition, au fur et à mesure des évènements, le Foreign Office n’a jamais montré d’excès en quoi que ce soit dans ses déclarations.
Ces toutes dernières années le marché britannique a en effet enregistré un degré de performance jamais égalé avec des croissances à deux chiffres et ce, dès 2011.
Avant Sousse il rejoignait l’Allemagne en passant en 2e position des marchés internationaux.
TourMaG.com - Pendant un an, entre Londres et Paris vous avez été la directrice générale du tourisme tunisien. Que gardez-vous de cette expérience ?
W.J. : C’était en 2014 une période transitoire avec un gouvernement de transition. En période de transition on gère l’urgent. Ce n’est qu’en janvier 2015 qu’un gouvernement a été élu pour 5 ans. La Tunisie a aujourd’hui une stabilité politique qui lui permet d’agir en profondeur.
« La Tunisie a une place importante dans le tourisme international »
TourMaG.com - Comment abordez-vous le marché français dans un contexte aussi difficile et tourmenté ?
W.J. : Je suis réaliste. Le challenge est multiple.
En venant à Paris je me suis engagée à relever un énorme défi. Je suis prête. Cela va être difficile et prendre du temps. Et le temps n’est pas en faveur de la Tunisie qui traverse une grave crise économique et financière. Chacun le sait, la Tunisie est une incomparable destination balnéaire méditerranéenne.
On ne trouve pas mieux ailleurs à un prix comparatif. La Tunisie a une place importante dans le tourisme international. Et cette place, elle la retrouvera !
TourMaG.com - Quelle va être maintenant la feuille de route du tourisme tunisien ?
W.J. : Il nous faut maintenant travailler différemment, en profondeur, et reconstruire. Les dirigeants du tourisme tunisien travaillent avec les professionnels du secteur sur l’amélioration de l’existant, sur la consolidation de ce que nous avons de bon, sur la qualité des services, sur l’environnement, sur la sécurité avec le Ministère de l’Intérieur.
Tout en sachant que le balnéaire est le fonds de commerce de la Tunisie – il ne faut pas se leurrer – le temps est aussi venu de travailler sur le développement d’un tourisme alternatif, un tourisme responsable, durable et solidaire.
Les gîtes ruraux, les fermes coloniales, les maisons d’hôtes, les boutique hôtels qui commencent à se développer sur les côtes et à l’intérieur de la Tunisie représentent une niche de clientèle non négligeable.
Cela concerne aussi le tourisme domestique qui représente près de 30% du trafic. L’aventure, le tourisme sportif - y compris le sport extrême -, le tourisme de santé, la thalassothérapie, les congrès sont autant de secteurs porteurs qui doivent retrouver leur dynamique.
W.J. : Je suis réaliste. Le challenge est multiple.
En venant à Paris je me suis engagée à relever un énorme défi. Je suis prête. Cela va être difficile et prendre du temps. Et le temps n’est pas en faveur de la Tunisie qui traverse une grave crise économique et financière. Chacun le sait, la Tunisie est une incomparable destination balnéaire méditerranéenne.
On ne trouve pas mieux ailleurs à un prix comparatif. La Tunisie a une place importante dans le tourisme international. Et cette place, elle la retrouvera !
TourMaG.com - Quelle va être maintenant la feuille de route du tourisme tunisien ?
W.J. : Il nous faut maintenant travailler différemment, en profondeur, et reconstruire. Les dirigeants du tourisme tunisien travaillent avec les professionnels du secteur sur l’amélioration de l’existant, sur la consolidation de ce que nous avons de bon, sur la qualité des services, sur l’environnement, sur la sécurité avec le Ministère de l’Intérieur.
Tout en sachant que le balnéaire est le fonds de commerce de la Tunisie – il ne faut pas se leurrer – le temps est aussi venu de travailler sur le développement d’un tourisme alternatif, un tourisme responsable, durable et solidaire.
Les gîtes ruraux, les fermes coloniales, les maisons d’hôtes, les boutique hôtels qui commencent à se développer sur les côtes et à l’intérieur de la Tunisie représentent une niche de clientèle non négligeable.
Cela concerne aussi le tourisme domestique qui représente près de 30% du trafic. L’aventure, le tourisme sportif - y compris le sport extrême -, le tourisme de santé, la thalassothérapie, les congrès sont autant de secteurs porteurs qui doivent retrouver leur dynamique.
« Nous suspendons la campagne publicitaire en cours »
TourMaG.com - Et vous, à Paris ?
W.J. : Nous ne lâchons rien. Nous restons debout. Nous sommes là et bien là. Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler. Nous finirons par avoir un retour. Il y a toute une stratégie à recadrer et à ce sujet les directives viennent du siège à Tunis.
En France, nous sommes en mode soft. Nous avons suspendu la campagne publicitaire en cours. Il n’y aura pas de deuxième vague. Nous allons nous diriger vers une communication plus distincte et différenciée, moins traditionnelle. Ce sera du « brand content ».
TourMaG.com - Quelle est votre position devant les TO français qui se sont montrés « frileux » ces dernières années et qui ont été parfois les artisans des prix cassés sur votre destination et les pros tunisiens, hôteliers et réceptifs, qui développent des sites marchands.
W.J. : Les sites marchands sont dans l’ordre des choses. Le digital répond à une demande des consommateurs.
Quant au trafic des voyagistes français, il se rétablissait doucement mais surement en 2014 et même après l’attentat du Bardo. Durant le mois d’août j’ai rencontré les responsables du SNAV, du SETO et quelques tour-opérateurs. Nous allons travailler ensemble.
TourMaG.com - Les derniers chiffres du trafic français ?
W.J. : La Tunisie a accueilli près de 720 000 français en 2014. A fin août, le chiffre chutait de 30 % par rapport à la même période l'année dernière.
TourMaG.com - Et par rapport à 2010, avant la révolution ?
W.J. : 2010 n’est plus à prendre en configuration. En Tunisie comme en France la situation a changé. Il y a une crise économique et sociale. Des deux côtés de la Méditerranée nous ne sommes pas en phase de prospérité.
TourMaG.com - Est-il exact que la compagnie Syphax pourrait intéresser Tunisair dans le cadre d’une exploitation « low cost » ?
W.J. : Il se sont certainement assis autour d’une table mais il n’y a aucun accord. Tunisair doit elle-même se restructurer. Elle a beaucoup à faire.
W.J. : Nous ne lâchons rien. Nous restons debout. Nous sommes là et bien là. Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler. Nous finirons par avoir un retour. Il y a toute une stratégie à recadrer et à ce sujet les directives viennent du siège à Tunis.
En France, nous sommes en mode soft. Nous avons suspendu la campagne publicitaire en cours. Il n’y aura pas de deuxième vague. Nous allons nous diriger vers une communication plus distincte et différenciée, moins traditionnelle. Ce sera du « brand content ».
TourMaG.com - Quelle est votre position devant les TO français qui se sont montrés « frileux » ces dernières années et qui ont été parfois les artisans des prix cassés sur votre destination et les pros tunisiens, hôteliers et réceptifs, qui développent des sites marchands.
W.J. : Les sites marchands sont dans l’ordre des choses. Le digital répond à une demande des consommateurs.
Quant au trafic des voyagistes français, il se rétablissait doucement mais surement en 2014 et même après l’attentat du Bardo. Durant le mois d’août j’ai rencontré les responsables du SNAV, du SETO et quelques tour-opérateurs. Nous allons travailler ensemble.
TourMaG.com - Les derniers chiffres du trafic français ?
W.J. : La Tunisie a accueilli près de 720 000 français en 2014. A fin août, le chiffre chutait de 30 % par rapport à la même période l'année dernière.
TourMaG.com - Et par rapport à 2010, avant la révolution ?
W.J. : 2010 n’est plus à prendre en configuration. En Tunisie comme en France la situation a changé. Il y a une crise économique et sociale. Des deux côtés de la Méditerranée nous ne sommes pas en phase de prospérité.
TourMaG.com - Est-il exact que la compagnie Syphax pourrait intéresser Tunisair dans le cadre d’une exploitation « low cost » ?
W.J. : Il se sont certainement assis autour d’une table mais il n’y a aucun accord. Tunisair doit elle-même se restructurer. Elle a beaucoup à faire.