Yves Verdié : "Le rôle de l'agent de voyages, c'est de créer des émotions"

L'interview d'Yves Verdié, président du groupe Verdié

Yves Verdié était le rédacteur en chef du Membership Club by TourMaG. A cette occasion, il a partagé sur notre plateau TV, sa vision du tourisme, les ambitions de son groupe et les projets à venir.

Rédigé par Céline Eymery le Vendredi 11 Avril 2025

TourMaG - Comment se déroule l'année 2025 pour le groupe Verdié ?

Yves Verdié : L'année 2025 a bien démarré. Nous avons réalisé un bon automne qui a préparé le printemps.

La plupart des voyants sont au vert. Depuis quelques quelques jours c'est un peu plus tendu, sans doute dû au contexte international. Mais nous sommes dans les clous.

TourMaG - Vous avez initié depuis plus d'un an une démarche RSE. Quelles sont vos priorités ?

Yves Verdié : Fin 2023, nous avons décidé d'inclure la RSE dans notre stratégie, c'est-à-dire de graver cela dans le marbre pour le futur.

Nous avons travaillé avec une agence qui nous a accompagnés pendant 9 ou 10 mois pour sortir l'essentiel de cette démarche. Cette agence a interviewé des clients, des salariés, la direction... De nombreux questionnaires ont été menés, des analyses, des ateliers, pour définir les trois piliers principaux qui vont nous accompagner, nous guider et nous orienter pour l'avenir.

TourMaG - Quels sont ces piliers justement ?

Yves Verdié : Le premier pilier c'est de faire des voyages inspirés par l'écoresponsabilité avec bien sûr des résultats factuels.

Le deuxième pilier, c'est l'information aux voyageurs. Il faut que nos clients soient bien informés de notre démarche RSE, et qu'ils la comprennent. Il faut aussi faire de la pédagogie, car cela va peut-être aussi leur demander un effort.

Le troisième pilier concerne les équipes, notamment le volet social dans l'entreprise.

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TourMaG - Côté recrutement, cette démarche vous aide-t-elle à être plus attractifs auprès des candidats ? Le groupe Verdié étant basé à Rodez, est-ce un frein aussi pour le recrutement ?

Yves Verdié : Etre à Rodez, c'est déjà une démarche RSE. Nous sommes à la campagne, baignés par la chlorophylle (rires) !

Selon une récente étude, Rodez est la 5e ville où il fait le plus bon vivre en France. C'est vrai que c'est un peu un challenge d'être installés à Rodez, mais il y a aussi de nombreux avantages.

Je ne vais pas tous les énumérer parce que ce serait trop long. Nous n'avons pas nécessairement des ressources humaines locales. Nous essayons de séduire les personnes à venir s'installer en Aveyron. C'est un lieu où il fait très bon vivre.

TourMaG - Le groupe Verdié, c'est plusieurs activités : le voyage d'affaires, le réseau de distribution, le tour-operating et les voyages jeunes. Toutes ces activités fonctionnent-elles de la même manière ?

Yves Verdié : Tous ces métiers sont animés par les mêmes valeurs et sont concernés par nos 3 piliers RSE. Tous ont leurs spécificités, mais globalement nous avons beaucoup de synergies entre les marques.

TourMaG - Comment se portent les voyages jeunes ?

Yves Verdié : En sortie de Covid, cette activité a connu un redémarrage difficile.

2025 est l'année où vraiment l'activité redémarre très bien. En revanche, les voyages individuels pour les jeunes sont un peu plus sensibles, notamment à cause de certaines restrictions de la part de gros organismes qui subventionnaient les voyages des jeunes, en particulier d'importants CSE qui avaient des aides. Cela a forcément un impact.

Malgré tout, il y aura toujours des jeunes qui voudront aller voir ailleurs pour comprendre le monde et le pacifier.

TourMaG - Concernant la partie distribution, avez-vous des velléités d'agrandir le réseau ?

Yves Verdié : Le réseau d'agences Verdié Voyages compte une quarantaine d'agences. Ces points de vente distribuent nos produits "maison" puisque nous sommes distribués uniquement par notre propre réseau. Nous avons en effet des velléités de nous développer. Cela nous intéresse d'étendre notre périmètre.

TourMaG - Y'a-t-il des zones géographiques que vous ciblez particulièrement ?

Yves Verdié : Nous sommes intéressés par un développement en région Rhône-Alpes, mais aussi dans l'est de la France et la Côte d'Azur, sans oublier le littoral Atlantique.

NDLR : Depuis l'interview, Verdié Voyages a repris 5 nouvelles agences à Biarritz, Bordeaux, Lyon Terreaux, Saint-Chamond et Saint-Etienne dans le cadre de la faillite d'Univairmer.

TourMaG - Vous aviez également un projet sur la France, où en est-il ?

Yves Verdié : C'est un peu, disons... ma danseuse. J'arrive un peu en fin de carrière. J'ai vu pas mal de choses et j'aime beaucoup l'hôtellerie, la nature, le cheval... et tout cela je voudrais en faire un projet tourné vers le tourisme écoresponsable. Cela pourrait paraître un peu prétentieux, mais c'est vraiment un projet personnel que je voudrais réaliser.

Nous avions un projet en tête, mais il a été stoppé et nous avons un autre sur les rails...

TourMaG - Les relations avec les compagnies aériennes s'améliorent-elles en 2025 ?

Yves Verdié : Non ce n'est pas le cours de l'histoire, semble-t-il. Il fut un temps où les compagnies aériennes s'affichaient comme des partenaires.

Aujourd'hui nous ne sommes pas alignés sur des intérêts communs et c'est un peu regrettable. Les compagnies ne respectent pas leurs obligations réglementaires, elles n'ont plus de services dans les aéroports quand il y a des retards ou des vols annulés.

Je trouve cela dommage parce que si nous devons nous substituer à elles, il faudrait au moins qu'il y ait une reconnaissance et davantage de partenariat. C'est un vrai appel et c'est un combat ou axe d'amélioration que nous devons mener. Si on est partenaires, il faut qu'on le ressente dans les faits.

TourMaG - Le groupe Verdié va fêter ses 40 ans en 2025. Avez-vous prévu des évènements spéciaux ?

Yves Verdié : 40 ans c'est un long parcours. Nous allons organiser des voyages 40 ans avec des affrètements spéciaux. En interne, nous aurons quelques évènements que je ne peux pas dévoiler encore...

TourMaG - Que retenez-vous de ces 4 décennies ?

Yves Verdié : J'ai vu l'évolution du tourisme. Lors de mes premiers voyages, il y avait un côté explorateur, un petit côté d'aventure... Nous partions vers l'inconnu. Lorsqu'on passait une frontière, le paysage changeait, les habitants n'avaient pas la même culture.

Aujourd'hui nous sommes tous reliés, il n'y a plus ce dépaysement et l'émotion du dépaysement. Il faut donc aller chercher de nouvelles expériences pour recréer des émotions.

A l'époque se déplacer, en soi déjà, c'était quelque chose qui était enthousiasmant. Aujourd'hui cela ne suffit plus.

A travers des thématiques, il faut recréer de l'émotion et c'est le rôle de l'agent de voyages. C'est un nouveau rôle. Il y a quelques décennies, l'agent de voyages était un logisticien : il s'occupait de la logistique car c'était compliqué de réserver un hôtel, un vol...

Même si aujourd'hui c'est plus facile de réserver, il y a une telle quantité de possibilités et d'informations, que nous sommes aussi là pour aider le client. Il faut capter l'émotion, cerner la demande du client, lui créer un voyage sur-mesure, personnalisé...

C'est un métier complexe, il faut de l'engagement, des compétences et peut-être aurons-nous le "super-savoir" de l'IA qui nous aidera à encore mieux faire cela pour les 40 prochaines années !