Déplacements professsonnels : "Nous nous rendons comptes que nous allons devoir repenser tout cela" - Crédit photo : Depositphotos
Les acronymes ne cessent de fleurir ces dernières années, avec parfois des conséquences très importantes sur les activités des entreprises. La dernière en date n'est autre que la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), avec plus ou moins de succès.
Pourtant après 15 mois de pandémie mondiale et un avenir climatique plutôt inquiétant, la RSE devrait vraiment durablement s'imposer à tous. La société devra inévitablement être plus écologique, plus respectueuse de l'environnement et plus juste socialement.
"L'attrait pour le voyage n'est plus aussi important qu'autrefois, il n'est plus une fin en soi. Nous nous déplaçons maintenant quand l'entreprise en a vraiment besoin," expliquait Yorick Charveriat, le vice-président et directeur général France d’American Express Global Business Travel.
Cette citation datant de mars dernier démontre toute l'inquiétude qui entoure le voyage d'affaires. De l'avis de tous, le marché va se contracter avec plus ou moins d'importance.
"La pandémie, nous a fait réaliser que nous n'avions pas conscience de l'intensité de voyages des collaborateurs.
Après une année, nous nous rendons compte aussi que le voyage répond à des exigences variées, " confie Laurence Monnoyer-Smith, la directrice du Développement Durable et de la Performance du Centre national d'études spatiales (CNES).
Pourtant après 15 mois de pandémie mondiale et un avenir climatique plutôt inquiétant, la RSE devrait vraiment durablement s'imposer à tous. La société devra inévitablement être plus écologique, plus respectueuse de l'environnement et plus juste socialement.
"L'attrait pour le voyage n'est plus aussi important qu'autrefois, il n'est plus une fin en soi. Nous nous déplaçons maintenant quand l'entreprise en a vraiment besoin," expliquait Yorick Charveriat, le vice-président et directeur général France d’American Express Global Business Travel.
Cette citation datant de mars dernier démontre toute l'inquiétude qui entoure le voyage d'affaires. De l'avis de tous, le marché va se contracter avec plus ou moins d'importance.
"La pandémie, nous a fait réaliser que nous n'avions pas conscience de l'intensité de voyages des collaborateurs.
Après une année, nous nous rendons compte aussi que le voyage répond à des exigences variées, " confie Laurence Monnoyer-Smith, la directrice du Développement Durable et de la Performance du Centre national d'études spatiales (CNES).
Déplacements professsonnels : "Nous nous rendons comptes que nous allons devoir repenser tout cela"
Si la coronavirus a entrainé une prise de conscience des acteurs du business travel de l'impact de leurs déplacements sur la planète, les manageurs se sont aussi rendus comptes que ceux-ci n'étaient pas neutre pour les salariés.
Les voyages professionnels ne répondent pas seulement à un besoin d'échange, c'est aussi un besoin de s'aérer ou encore une nécessité de s'imposer hiérarchiquement au sein d'une entreprise.
"Avec le recul, nous nous rendons comptes que nous allons devoir repenser tout cela. Tout le monde devra faire des efforts importants, car il y a une nécessité à atteindre la neutralité carbone nette à l'horizon 2050," poursuit la responsable du CNES.
Si le voyage d'affaires reste primordial, à l'avenir, il existera mais dans des proportions moindres. Surtout que dans le même temps les mentalités ont changé.
"Au niveau pro, nous nous déplacerons toujours, mais que lorsque nous en aurons vraiment besoin. Il y a une rationalisation des coûts qui commence aujourd'hui sur la mobilité, avec des appels d'offres," Vanessa Heydoorff, la vice Présidente de Karhoo.
Nous comprenons biens que le respect de l'environnement n'est plus une option ou seulement un point marketing dans un powerpoint, il est devenu indispensable .
La question de la durabilité du business travel est en jeu, ainsi que des business modèles.
Les voyages professionnels ne répondent pas seulement à un besoin d'échange, c'est aussi un besoin de s'aérer ou encore une nécessité de s'imposer hiérarchiquement au sein d'une entreprise.
"Avec le recul, nous nous rendons comptes que nous allons devoir repenser tout cela. Tout le monde devra faire des efforts importants, car il y a une nécessité à atteindre la neutralité carbone nette à l'horizon 2050," poursuit la responsable du CNES.
Si le voyage d'affaires reste primordial, à l'avenir, il existera mais dans des proportions moindres. Surtout que dans le même temps les mentalités ont changé.
"Au niveau pro, nous nous déplacerons toujours, mais que lorsque nous en aurons vraiment besoin. Il y a une rationalisation des coûts qui commence aujourd'hui sur la mobilité, avec des appels d'offres," Vanessa Heydoorff, la vice Présidente de Karhoo.
Nous comprenons biens que le respect de l'environnement n'est plus une option ou seulement un point marketing dans un powerpoint, il est devenu indispensable .
La question de la durabilité du business travel est en jeu, ainsi que des business modèles.
Importance des déplacements "les gens n'avaient pas conscience, sans doute par déni"
Toutefois, il ne faut pas perdre de vu, même si la problématique cannibalise toutes les autres, que le cadre de la politique RSE, ce n'est pas seulement la neutralité carbone ou le développement durable.
"De manière générale, il y a des sujets sociétaux, éthiques dans les affaires avec les droits de l'homme, et des enjeux sociaux avec collaborateur en quête de découverte et challenge, le tout en maintenant un équilibre vie privée et pro.
Il y a un questionnement des business modèles," évoque Benjamin Dekester, le directeur associé d'Ekodev.
Malgré tout, nous en revenons toujours à la thématique la plus importante de la RSE à savoir l'environnement. Et la prise de conscience serait bien réelle dans tout l'écosystème du business travel.
"Il y a une évolution des attentes à tous les niveaux, clients, partenaires et professionnels de la mobilité. Les flottes dites "green", donc électrique ou hybride sont dans le même temps en forte augmentation" confie Vanessa Heydoorff.
Si les acteurs ont conscience de l'urgence, rien ne dit que ce switch sera durable et massif.
Souvenez-vous des images des fast foods bondés à la sortie du 1er confinement. Entre les déclarations et les intentions, il y a souvent un fossé conséquent.
Pour le CNES, il est encore trop tôt pour certifier une évolution durable des mentalités, un bilan des émissions des gaz à effet de serre est ébranlé les certitudes des salariés.
"Nous nous sommes rendus que 23% des émissions du CNES sont liées aux déplacements des missions. C'est considérable, les gens n'avaient pas conscience, sans doute par déni," analyse Laurence Monnoyer-Smith.
Après ce bilan, le centre a mis en place une feuille de route RSE pour une stratégie bas carbone, afin de réduire l'impact qui représente 6 tonnes de CO2 par employé.
"C'est indéniable qu'il y aura des changements profonds, pour atteindre la neutralité carbone avec des compensations.
La stratégie nationale de bas carbone a pour objectif de diviser par 6 les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2050, tous secteurs confondus," rappelle, Benjamin Dekester.
Cette chute drastique correspondra à un droit à émettre d'environ une tonne par individu et par, c'est l'équivalent d'un aller-retour longue distance... une fois lors des 365 jours de l'année. Le directeur associé d'Ekodev de poursuivre.
Il ne faudra pas compter sur de la poudre de perlimpinpin, pour y arriver.
"Selon les activités, les trois quarts des émissions concernent le déplacement, je vous laisse faire les calculs. Les efforts devront être colossaux"
"De manière générale, il y a des sujets sociétaux, éthiques dans les affaires avec les droits de l'homme, et des enjeux sociaux avec collaborateur en quête de découverte et challenge, le tout en maintenant un équilibre vie privée et pro.
Il y a un questionnement des business modèles," évoque Benjamin Dekester, le directeur associé d'Ekodev.
Malgré tout, nous en revenons toujours à la thématique la plus importante de la RSE à savoir l'environnement. Et la prise de conscience serait bien réelle dans tout l'écosystème du business travel.
"Il y a une évolution des attentes à tous les niveaux, clients, partenaires et professionnels de la mobilité. Les flottes dites "green", donc électrique ou hybride sont dans le même temps en forte augmentation" confie Vanessa Heydoorff.
Si les acteurs ont conscience de l'urgence, rien ne dit que ce switch sera durable et massif.
Souvenez-vous des images des fast foods bondés à la sortie du 1er confinement. Entre les déclarations et les intentions, il y a souvent un fossé conséquent.
Pour le CNES, il est encore trop tôt pour certifier une évolution durable des mentalités, un bilan des émissions des gaz à effet de serre est ébranlé les certitudes des salariés.
"Nous nous sommes rendus que 23% des émissions du CNES sont liées aux déplacements des missions. C'est considérable, les gens n'avaient pas conscience, sans doute par déni," analyse Laurence Monnoyer-Smith.
Après ce bilan, le centre a mis en place une feuille de route RSE pour une stratégie bas carbone, afin de réduire l'impact qui représente 6 tonnes de CO2 par employé.
"C'est indéniable qu'il y aura des changements profonds, pour atteindre la neutralité carbone avec des compensations.
La stratégie nationale de bas carbone a pour objectif de diviser par 6 les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2050, tous secteurs confondus," rappelle, Benjamin Dekester.
Cette chute drastique correspondra à un droit à émettre d'environ une tonne par individu et par, c'est l'équivalent d'un aller-retour longue distance... une fois lors des 365 jours de l'année. Le directeur associé d'Ekodev de poursuivre.
Il ne faudra pas compter sur de la poudre de perlimpinpin, pour y arriver.
"Selon les activités, les trois quarts des émissions concernent le déplacement, je vous laisse faire les calculs. Les efforts devront être colossaux"
"Je trouve très dangereux de faire des calculs sur des innovations techniques susceptibles de nous tirer d'affaires"
Du côté du CNES, il n'est pas question de tout arrêter et de diviser par six les émissions carbones, en l'espace de quelques mois. La transition sera douce, mais d'ores et déjà, les salariés devront se soumettre à un régime pain sec.
"Nous nous sommes fixés comme objectif, par rapport à 2019, de baisser de 30% des émissions en 2022."
Pour arriver à cela, le centre a mis en place un monitoring de trajectoire, pour effectuer un pilotage assez fin des déplacements, mais il est confronté à un problème qu'il n'avait pas anticipé.
"Ce n'est pas simple, nous avons dû bidouiller. Nous nous arrachons les cheveux pour extraire les données intéressanest," interpelle Laurence Monnoyer-Smith.
En somme, l'agence de voyages en charge de cette activité pour le CNES n'était pas en mesure de faire remonter les données pour calculer réellement les déplacements et l'impact global de ceux-ci.
Ce n'est pas tout, car la directrice du développement durable du Centre national d'études spatiales a interrogé les différentes directions, afin de mettre en place les conditions de la reprise des déplacements.
"Un certain nombre de bonnes pratiques sont sorties. Il est prévu d'envoyer moins de monde à chaque fois, de faire une planification annuelle des déplacements, pour mieux répartir les efforts et récompenser les salariés.
En résumé, il y aura d'un côté la carotte et de l'autre le bâton".
Les mécanismes sont d'ores et déjà nombreux dans les entreprises pour faire prendre conscience les salariés de l'impact de leurs déplacements.
"Il existe par exemple la note de frais carbone, avec une équivalence CO2 à l'impact de trajet et du voyage, avec des valorisations des choix les plus vertueux.
Nous voyons émerger de plus en plus de budgets carbone ou des quotas, certaines entreprises allouent des fonds, les moins vertueux financeront des actions," illustre Benjamin Dekester, le directeur associé d'Ekodev.
La rentrée s'annonce donc mesurée. D'autant plus que la loi climat va pas mal encadrer l'activité. Le monde d'après dans la mobilité doit évoluer sensiblement, en gardant à l'esprit le réchauffement climatique et la politique RSE.
Cette transition passera par les agences de voyages.
"Nous avons besoin d'une offre qui n'existe pas encore bien de la part des agents, pour avoir ce monitoring de suivi des trajets que nous faisons. Il y a un marché à prendre, pour tous ceux qui ont envie de fournir aux entreprises des données opérationnelles," insiste Laurence Monnoyer-Smith.
D'ailleurs alors que des entreprises signent des partenariats avec les compagnies aériennes, concernant le carburant durable dans l'aérien (SAFE), pour la responsable du CNES, il est important de ne pas succomber aux sirènes alléchantes du green whashing. .
"Il est compliqué de lire dans une boule de cristal, ce n'est pas pour tout de suite et nous ne pouvons pas attendre 2030. Je trouve extrêmement dangereux de faire des calculs aujourd'hui sur des innovations techniques susceptibles peut être de nous sortir de l'affaire," conclut-elle.
Entre les bonnes intentions, les volontés, le déclaratif et les réalités, les rives sont parfois très éloignés...
"Nous nous sommes fixés comme objectif, par rapport à 2019, de baisser de 30% des émissions en 2022."
Pour arriver à cela, le centre a mis en place un monitoring de trajectoire, pour effectuer un pilotage assez fin des déplacements, mais il est confronté à un problème qu'il n'avait pas anticipé.
"Ce n'est pas simple, nous avons dû bidouiller. Nous nous arrachons les cheveux pour extraire les données intéressanest," interpelle Laurence Monnoyer-Smith.
En somme, l'agence de voyages en charge de cette activité pour le CNES n'était pas en mesure de faire remonter les données pour calculer réellement les déplacements et l'impact global de ceux-ci.
Ce n'est pas tout, car la directrice du développement durable du Centre national d'études spatiales a interrogé les différentes directions, afin de mettre en place les conditions de la reprise des déplacements.
"Un certain nombre de bonnes pratiques sont sorties. Il est prévu d'envoyer moins de monde à chaque fois, de faire une planification annuelle des déplacements, pour mieux répartir les efforts et récompenser les salariés.
En résumé, il y aura d'un côté la carotte et de l'autre le bâton".
Les mécanismes sont d'ores et déjà nombreux dans les entreprises pour faire prendre conscience les salariés de l'impact de leurs déplacements.
"Il existe par exemple la note de frais carbone, avec une équivalence CO2 à l'impact de trajet et du voyage, avec des valorisations des choix les plus vertueux.
Nous voyons émerger de plus en plus de budgets carbone ou des quotas, certaines entreprises allouent des fonds, les moins vertueux financeront des actions," illustre Benjamin Dekester, le directeur associé d'Ekodev.
La rentrée s'annonce donc mesurée. D'autant plus que la loi climat va pas mal encadrer l'activité. Le monde d'après dans la mobilité doit évoluer sensiblement, en gardant à l'esprit le réchauffement climatique et la politique RSE.
Cette transition passera par les agences de voyages.
"Nous avons besoin d'une offre qui n'existe pas encore bien de la part des agents, pour avoir ce monitoring de suivi des trajets que nous faisons. Il y a un marché à prendre, pour tous ceux qui ont envie de fournir aux entreprises des données opérationnelles," insiste Laurence Monnoyer-Smith.
D'ailleurs alors que des entreprises signent des partenariats avec les compagnies aériennes, concernant le carburant durable dans l'aérien (SAFE), pour la responsable du CNES, il est important de ne pas succomber aux sirènes alléchantes du green whashing. .
"Il est compliqué de lire dans une boule de cristal, ce n'est pas pour tout de suite et nous ne pouvons pas attendre 2030. Je trouve extrêmement dangereux de faire des calculs aujourd'hui sur des innovations techniques susceptibles peut être de nous sortir de l'affaire," conclut-elle.
Entre les bonnes intentions, les volontés, le déclaratif et les réalités, les rives sont parfois très éloignés...