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Réchauffement climatique : la vaine lutte des aéroports français

Faut-il limiter la croissance du transport aérien ?


Si les principaux aéroports français se sont engagés à réduire leurs émissions polluantes, la hausse prévue du transport aérien masquera complètement leurs efforts, d’après un rapport de l’Association de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).


Rédigé par le Mardi 19 Juin 2018

Terminaux 2ABCD de Roissy-Charles de Gaulle © Emile Luider / La Company pour Aéroports de Paris SA
Terminaux 2ABCD de Roissy-Charles de Gaulle © Emile Luider / La Company pour Aéroports de Paris SA
Suite à la loi sur la transition énergétique de 2015, les aéroports français se sont engagés à réduire de 20% leurs émissions polluantes d’ici à 2025. Mais leurs efforts seront vains.

La raison : les progressions estimées du trafic sur les 11 premiers aéroports français cacheront complètement les mesures prises pour polluer moins.

Au mieux, les émissions de CO2 et autres polluants atmosphériques maintiendront leurs niveaux en valeur absolue.

Telles sont les conclusions du « Bilan national du programme d’action des aérodromes » que l’Association de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (Ademe) vient de rendre public.

Quelles mesures ?

Le rapport, rendu dans le cadre des Assises nationales du transport aérien qui se tiennent actuellement, constate tout d’abord que les programmes établis par les grands aéroports français respectent en tous points la loi 2015-992 : baisser de 10% leurs émissions avant 2020, et de 20% avant 2025.

Pour ce faire, plusieurs actions sont progressivement mises en place, de l’amélioration de la performance énergétique et du chauffage des aérogares, aux réductions du temps de roulage des avions (responsable au 3/4 des émissions de CO2 dans un aéroport), en passant par l’achat d’engins de pistes électriques ou encore la réduction du temps d’utilisation des moteurs auxiliaires des appareils.

Maîtriser le développement du trafic ?

Pour autant, les prévisions de trafic de l’Association internationale du transport aérien (Iata), comme celles des aéroports français, évoquent jusqu’à 50% de trafic passagers et 10% de mouvements d’avions supplémentaire dans le ciel de l’Hexagone en 2025 par rapport à 2010.

C’est à dire davantage de vols, d’avions, et davantage de passagers se rendant à l’aéroport en voiture. « On note qu’en volume, les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques de l’ensemble constitué par les dix (premiers) aéroports restent, en 2025, à un niveau proche de celui de 2010 », peut-on lire dans le rapport de l’Ademe.

« Le principal enjeu environnemental des aérodromes n’est pas lié à leurs bâtiments ou leurs actions au sol, mais au trafic aérien (…) qu’ils génèrent », conclut le rapport de l’Ademe.

Ce dernier propose donc de s’attaquer directement au trafic aérien et à la maîtrise de son développement, et « de mener un débat ouvert sur ce thème ».

Une conclusion qui « fait grincer des dents les représentants du lobby aérien » d’après l’association de défense contre les nuisances aériennes (Advocnar), dans des propos rapportés par le site spécialisé Actu environnement.

Plan Corsia

Du côté des transporteurs aériens, on préfère mettre en avant les efforts fournis pour une industrie moins polluante : progrès technologiques sur l’électrique, avions moins gourmands en kérozène, recherche sur les carburants alternatifs…

En octobre 2016, les pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) avaient signé le plan d’action Corsia (pour Carbon offseting and réduction schème for international aviation) première étape d’un mécanisme mondial de compensation carbone par l’aviation commerciale.

Cette lourde machinerie se fixe pour objectif de compenser -et non de réduire- 93% des émissions de CO2 du transport aérien mondial à l’horizon 2035. Néanmoins, la première phase du plan, qui s’échelonnera de 2021 à 2026, ne se basera que sur un principe de volontariat.

De leurs côtés, les compagnies membres de Iata se sont fixées comme objectifs, en 2009, de stabiliser les émissions d'ici à 2020 et « atteindre une croissance neutre en carbone ».

D’après les estimations, le secteur aérien serait actuellement responsable de 2 à 3% des émissions de CO2 au niveau mondial.

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