Le critère d'aptitude professionnelle, exigé pour exercer l'activité d'opérateur de voyages et de séjours a été supprimé - DR : Fotolia, milanmarkovic78
Le critère d'aptitude professionnelle, exigé pour exercer l'activité d'opérateur de voyages et de séjours a été supprimé par ordonnance du secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat, depuis le 1er janvier 2016.
Désormais, pour créer son agence de voyages, il suffit de disposer d'une couverture en assurance responsabilité professionnelle (RCP) et d'une garantie financière.
« La barrière des compétences s'est transformée en une barrière d'argent, commente Didier Munin, PDG du groupe Boiloris. Il s'agit d'une décision plus libérale et surtout plus injuste, et qui plus est, émane d'un gouvernement socialiste ».
Pour autant, le chef d'entreprise reste objectif : « avant cette réforme, celui qui voulait créer une agence pouvait se confronter à des problèmes de délais, notamment financiers, mais ce n'était pas le critère d'aptitude qui l'empêchait d'arriver à ses fins » , poursuit-il.
Didier Munin reste seulement perplexe devant cette importante simplification, lui qui a passé les 25 dernières années à batailler pour développer ses activités...
Désormais, pour créer son agence de voyages, il suffit de disposer d'une couverture en assurance responsabilité professionnelle (RCP) et d'une garantie financière.
« La barrière des compétences s'est transformée en une barrière d'argent, commente Didier Munin, PDG du groupe Boiloris. Il s'agit d'une décision plus libérale et surtout plus injuste, et qui plus est, émane d'un gouvernement socialiste ».
Pour autant, le chef d'entreprise reste objectif : « avant cette réforme, celui qui voulait créer une agence pouvait se confronter à des problèmes de délais, notamment financiers, mais ce n'était pas le critère d'aptitude qui l'empêchait d'arriver à ses fins » , poursuit-il.
Didier Munin reste seulement perplexe devant cette importante simplification, lui qui a passé les 25 dernières années à batailler pour développer ses activités...
Réformer plutôt l'apprentissage
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Pour François Piot, non plus, cette ordonnance « ne change pas fondamentalement les choses.
Aujourd'hui, le vrai frein à la création d'une agence de voyages reste l'obtention de la garantie financière », pointe le président du Groupe Prêt-à-Partir et du GIE Papmut.
Et pour pallier le peu d'ouvertures d'agences par les temps qui courent, François Piot encourage davantage le gouvernement à se pencher sur la question de l'apprentissage, notamment en alternance.
« Aujourd'hui, un étudiant en BTS Tourisme qui opte pour l'alternance coûte plus cher à un employeur qu'un jeune diplômé, car le patron doit débourser, dans le premier cas grosso modo 60% d'un SMIC pour une personne présente à l'agence 50% du temps, alors que dans le 2ème cas, il embauche une personne au SMIC ».
Et François Piot de souligner une double peine : « hormis l'aspect de la rémunération, il y a aussi le problème du faible nombre d'organismes qui proposent de l'alternance dans le domaine touristique, tout simplement car les subventions que ces organismes touchent pour une formation tourisme sont moins rentables que pour d'autres formations ».
Aujourd'hui, le vrai frein à la création d'une agence de voyages reste l'obtention de la garantie financière », pointe le président du Groupe Prêt-à-Partir et du GIE Papmut.
Et pour pallier le peu d'ouvertures d'agences par les temps qui courent, François Piot encourage davantage le gouvernement à se pencher sur la question de l'apprentissage, notamment en alternance.
« Aujourd'hui, un étudiant en BTS Tourisme qui opte pour l'alternance coûte plus cher à un employeur qu'un jeune diplômé, car le patron doit débourser, dans le premier cas grosso modo 60% d'un SMIC pour une personne présente à l'agence 50% du temps, alors que dans le 2ème cas, il embauche une personne au SMIC ».
Et François Piot de souligner une double peine : « hormis l'aspect de la rémunération, il y a aussi le problème du faible nombre d'organismes qui proposent de l'alternance dans le domaine touristique, tout simplement car les subventions que ces organismes touchent pour une formation tourisme sont moins rentables que pour d'autres formations ».
Une simplification de l'image de la profession ?
Pour Jean Dionnet, PDG d'Univairmer, la question de l'aptitude professionnelle dépend avant tout « de l’implication des personnes et surtout de la formation mise en place en amont de la création de l’entreprise. »
Pour lui, « la formation inculquée et les diplômes professionnels remis à nos "jeunes pousses" ne sont pas à la hauteur des attentes.
En conséquence, si un entrepreneur souhaite créer son agence il lui faudra dans tous les cas passer par une case "Formation". »
Les organismes de formation, quant à eux, restent attentifs.
« Cette simplification est passée en douce et ne se justifie pas, s'étonne Anne Poirotte, responsable de formation chez Axess Developpement TourismEurop.
Depuis 2009 déjà, il n'y a plus de critère de professionnalisation et les agences doivent faire face chaque jour à une concurrence accrue des nouveaux acteurs sur Internet.
Aujourd'hui, on simplifie davantage l'image de la profession, on la dénigre en balayant les compétences de l'agent de voyages et ses conséquences ! ».
Pour lui, « la formation inculquée et les diplômes professionnels remis à nos "jeunes pousses" ne sont pas à la hauteur des attentes.
En conséquence, si un entrepreneur souhaite créer son agence il lui faudra dans tous les cas passer par une case "Formation". »
Les organismes de formation, quant à eux, restent attentifs.
« Cette simplification est passée en douce et ne se justifie pas, s'étonne Anne Poirotte, responsable de formation chez Axess Developpement TourismEurop.
Depuis 2009 déjà, il n'y a plus de critère de professionnalisation et les agences doivent faire face chaque jour à une concurrence accrue des nouveaux acteurs sur Internet.
Aujourd'hui, on simplifie davantage l'image de la profession, on la dénigre en balayant les compétences de l'agent de voyages et ses conséquences ! ».
Un risque de dégradation de l'image de la profession...
Catherine Le Bris, responsable des formations métiers à Cap Vers, pèse le pour et le contre.
« Le point positif de cette réforme est qu'elle va permettre de dynamiser l'entrepreneuriat, » explique-t-elle.
Elle émet cependant une réserve quant au risque « d'une dégradation du conseil » et de l'impact vis-à-vis de l'image de la profession.
« J'espère que les personnes qui se lanceront auront conscience de la nécessité de suivre une formation, même courte, car dans ce métier, nous utilisons des logiciels bien spécifiques. Sans parler des responsabilités qu'il implique ».
Une vision partagée par Emmanuelle Roisin Rogie, directrice du développement et du marketing à l'INFA.
« Même si, depuis 2009, les critères d'aptitude professionnelle avaient été assouplis, le stage d'aptitude professionnelle rendu obligatoire pour les nouveaux entrants dans la profession, permettait d'intégrer les connaissances de base en incluant, entre autres, un module vente, administration commerciale et cadre juridique. »
Les stagiaires étaient également initiés aux principes de vente de voyages ainsi qu'au respect des contraintes légales de commercialisation des produits touristiques.
« Nos stagiaires appréciaient cette partie qui n'était pas abordée lors d'un stage classique de "création d'entreprise".
De plus, grâce à ce stage, ils rencontraient des professionnels du tourisme qui contribuaient à leur premier réseau dans le secteur. »
« Le point positif de cette réforme est qu'elle va permettre de dynamiser l'entrepreneuriat, » explique-t-elle.
Elle émet cependant une réserve quant au risque « d'une dégradation du conseil » et de l'impact vis-à-vis de l'image de la profession.
« J'espère que les personnes qui se lanceront auront conscience de la nécessité de suivre une formation, même courte, car dans ce métier, nous utilisons des logiciels bien spécifiques. Sans parler des responsabilités qu'il implique ».
Une vision partagée par Emmanuelle Roisin Rogie, directrice du développement et du marketing à l'INFA.
« Même si, depuis 2009, les critères d'aptitude professionnelle avaient été assouplis, le stage d'aptitude professionnelle rendu obligatoire pour les nouveaux entrants dans la profession, permettait d'intégrer les connaissances de base en incluant, entre autres, un module vente, administration commerciale et cadre juridique. »
Les stagiaires étaient également initiés aux principes de vente de voyages ainsi qu'au respect des contraintes légales de commercialisation des produits touristiques.
« Nos stagiaires appréciaient cette partie qui n'était pas abordée lors d'un stage classique de "création d'entreprise".
De plus, grâce à ce stage, ils rencontraient des professionnels du tourisme qui contribuaient à leur premier réseau dans le secteur. »
… ou une réponse au besoin d'évolution du métier ?
L'avenir permettra de constater, si oui ou non, cette réforme est bénéfique pour la profession... et pour les établissements de formation.
Pour Emmanuelle Roisin Rogie, les formations tourisme n'en seront pas décrédibilisées.
« Nos étudiants en BTS tourisme ou stagiaires en formation professionnelle sur les titres professionnels, sont très peu, dans un premier temps, dans une démarche de création d'entreprise. Ils recherchent la compétence tourisme pour exercer dans le secteur. »
Pas d'inquiétude non plus pour Axess Developpement, qui propose uniquement des formations professionnalisantes.
Au contraire, la fin du critère d'aptitude encouragera peut-être davantage la diversité des parcours professionnels au sein d'une même agence, avec des conseillers issus de filières tourisme, commerce ou encore des nouvelles technologies.
Il suffit de regarder le profil des nouveaux acteurs de la distribution, tels Marco Vasco ou Evaneos, et surtout celui de leurs fondateurs, pour se faire une petite idée.
Car, comme le souligne Jean Dionnet, « cette simplification de la législation va créer une concurrence et obligera certains acteurs à une remise en question. La concurrence est une chance. »
Pour Emmanuelle Roisin Rogie, les formations tourisme n'en seront pas décrédibilisées.
« Nos étudiants en BTS tourisme ou stagiaires en formation professionnelle sur les titres professionnels, sont très peu, dans un premier temps, dans une démarche de création d'entreprise. Ils recherchent la compétence tourisme pour exercer dans le secteur. »
Pas d'inquiétude non plus pour Axess Developpement, qui propose uniquement des formations professionnalisantes.
Au contraire, la fin du critère d'aptitude encouragera peut-être davantage la diversité des parcours professionnels au sein d'une même agence, avec des conseillers issus de filières tourisme, commerce ou encore des nouvelles technologies.
Il suffit de regarder le profil des nouveaux acteurs de la distribution, tels Marco Vasco ou Evaneos, et surtout celui de leurs fondateurs, pour se faire une petite idée.
Car, comme le souligne Jean Dionnet, « cette simplification de la législation va créer une concurrence et obligera certains acteurs à une remise en question. La concurrence est une chance. »