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Euro Airship : le dirigeable, futur bateau-mouche des airs ?

Un tour du monde prévu en 2026


Alors que la mobilité est le principal défi du secteur du tourisme, un nouvel acteur apparaît dans le paysage : le dirigeable nouvelle génération. Serait-il une solution ?


Rédigé par le Mercredi 30 Août 2023

Euro Airship envisage un tour du monde en dirigeable de 20 jours sans escale - DR : Euro Airship
Euro Airship envisage un tour du monde en dirigeable de 20 jours sans escale - DR : Euro Airship
Enfant, vous rêviez en lisant Jules Verne ? Surtout ne changez rien, vos yeux d’enfants ne vont pas tarder à s’ouvrir en grand.

Après 10 ans de recherche et développement, Euro Airship a mis en place une nouvelle technologie permettant aux dirigeables de devenir, réellement, une solution de mobilité douce.

Les deux cofondateurs ne sont pourtant pas de doux rêveurs.

Architecte aérien et ingénieur aéronautique, Marc Senepart a travaillé pour l’Armée de l’air. C’est le concepteur de la technologie breveté par Euro Airship.

Ancien de la finance, Jean Lescat est celui qui a su fédérer les bons partenaires autour du projet.

Tous deux passionnés du dirigeable, ils voulaient, nous explique Marie-Christine Bilbow, CEO d’Euro Airship, « répondre à la problématique de la mobilité décarbonée ».

Pari gagné ? Oui... Et non.

Une technologie brevetée

10 ans de recherches, auxquelles s’ajoutent 3 ans d’ingénierie avec les équipes de Capgemini : c’est ce qu’il aura fallu à Euro Airship pour imaginer un dirigeable qui ne soit pas qu’un simple agrément, mais, réellement, un moyen de transport fiable.

Celui-ci, nous explique Marie-Christine Bilbow, est fondée sur 3 piliers : la stabilité, la sécurité et la neutralité carbone.

« La stabilité, c'est primordial. La technologie brevetée sur la stabilité évite l’inertie. Les mouvements sont effectués immédiatement, au moment où le pilote effectue la manœuvre.

Nous sommes partis des structures rigides de l’entre-deux-guerres. Nous avons ajouté une double enveloppe contenant de l’air chaud ou froid pour maintenir la même pression dans le dirigeable et éviter le givre à l’extérieur. Dans le dirigeable, 15 enveloppes d’hélium indépendantes ».


Cette absence d’inertie permet aussi une plus grande maniabilité - pour une meilleure sécurité. La sécurité est aussi assurée par l’hélium.

« On a tous en tête le dirigeable en feu en 1937 (ndlr : pour ceux d’entre nous qui ne l’ont pas en tête : en 1936, la firme allemande Zeppelin lance Hindinburg, le plus grand dirigeable au monde, capable d’effectuer des transatlantiques. Un an après son lancement, il prend soudainement feu, 36 passagers décèdent dans l’incendie).

À l’époque, les États-Unis étaient les seuls fournisseurs d’hélium, Avec l’embargo, l’Allemagne a dû préférer l’hydrogène, qui est bien plus dangereux que l’hélium, un gaz 100% inerte ».

4 600 m2 de voile solaire

Quant à la neutralité carbone, elle est assurée par 4 600 m² de voile solaire, qui donnent l’énergie suffisante pour faire marcher le dirigeable en journée.

L’énergie supplémentaire est stockée dans les batteries pour le soir et 2 piles à combustible permettent une énergie complémentaire. Elles fonctionnent à l’hydrogène autoproduit par électrolyse.


La technologie étant prête, Euro Airship avance, et vite. « Nous allons clore le budget cette année, entamer la construction en 2024, passer à l’assemblage et aux essais en 2025, puis nous comptons sur la certification en 2026 avant d’effectuer notre tour du monde inaugural en 2026 », annonce la CEO.

Lire aussi : Sur la mer ou dans les airs, Grands Espaces renoue avec l'esprit "pionnier"

Le tour du monde en 20 jours

Mieux que 5 semaines en ballon ou qu’un tour du monde en 80 jours, Euro Airship prévoit son tour du monde inaugural en 20 jours sans escale.

Il survolera environ 25 pays et 40 000 km.

Il sera opéré par des pilotes de renom. Au premier rang desquels Bertrand Piccard, co-créateur de l’avion solaire Solar Impulse et premier pilote à avoir effectué un tour du monde en ballon en 1999.

Aussi du voyage, Dorine Bourneton est la première femme pilote de voltige en situation de handicap. Le dirigeable a donc été pensé pour les personnes à mobilité réduite.

Pour préparer ce premier vol, Euro Airship s’est appuyé sur une équipe d’experts dans la gestion de tours du monde, en météorologie, en droit international, en communication air/sol...

« Ce tour du monde a pour but de sensibiliser aux besoins d’accélérer la réduction carbone, de familiariser à de nouveaux modes de transport et montrer une application industrielle immédiate » assure Marie-Christine Bilbow.

Des croisières écoresponsables dans les airs

Clairement, Euro Airship souhaite capitaliser sur l’imaginaire autour du dirigeable.

« C’est une expérience mythique ! affirme Marie-Christine Bilbow. On y retrouve la notion de liberté, de rêve. On est dans un monde du silence, avec une vision à 360°, c’est unique. Et puis aujourd’hui les voyageurs sont en recherche de solutions écologiques et c’est ce que nous souhaitons offrir ».

Le premier usage envisagé est tourné vers le tourisme écoresponsable, avec en tête l’idée d’effectuer des vols stationnaires d’une à deux heures au-dessus de sites remarquables.

« Le premier modèle, de 10 tonnes, peut contenir 40 à 50 personnes. C’est un peu un bateau-mouche des airs, c’est une vraie expérience. Le deuxième modèle, plus gros, permettra des croisières volantes de plusieurs jours ».

Pas besoin de piste, pas besoin de construire la moindre infrastructure, il décolle et atterrit un peu n’importe où, ce qui permet d’amener les touristes au-dessus de zones peu accessibles.

Des arguments qui séduisent déjà, 3 ans avant le grand départ : « Nous avons déjà 2 lettres d’intention, des commandes de 2 gros opérateurs internationaux, affirme la CEO.

Nous avons déjà des demandes sur l’Afrique du Sud, la Namibie ou le Pôle Nord : notre technologie permet d’accéder à des zones de températures extrêmes ».

Au-delà du tourisme, un usage humanitaire ?

Euro Airship propose des dirigeables allant jusqu’à 400 tonnes - soit environ 1 000 personnes - et permet une capacité de transport logistique d’un avion-cargo.

Pour quoi faire ? « Transporter des aides humanitaires là où l'accès est difficile, suggère Marie-Christine Bilbow.

Lors de catastrophes naturelles, l’aide acheminée ne peut pas toujours être distribuée, car les infrastructures sont détruites au sol. Nous ne sommes pas obligés de nous poser, ce qui peut être d’un grand secours. Le dirigeable peut aussi être transformé en un hôpital volant ».

Ou encore, ajoute-t-elle, servir de relais aux Canadairs, pour éviter la propagation lors de gros incendies.

« Le dirigeable a la capacité de 4 Canadairs, il est rapide et précis puisqu'il évite cette période d'inertie entre la manœuvre et le mouvement ».

Enfin, le dirigeable peut aussi servir de plateforme d’innovation et de test aux scientifiques et industriels.

Une solution de mobilité écoresponsable, vraiment ?

Si Euro Airship imagine de multiples usages et s’intéresse en priorité au tourisme, l’entreprise ne se voit pour le moment pas comme un moyen de transport.

Du moins, pas dans l’immédiat. « On pourrait, mais sur de courtes distances : notre vitesse est limitée à 130 ou 150 km/h. Il faudrait repenser les cabines. Mais pour le moment, notre optique ce sont plutôt des visites avec un opérateur ».

Étonnant quand on sait que l'empreinte carbone du tourisme est principalement due aux trajets.

La société s’envisage comme « complémentaire » de l’avion. Et pour cause : elle fait partie du monde de l’aviation et de l’aéronautique et ne compte pas le renier.

Dès lors, l’image d’une solution de mobilité décarbonée semble un peu écornée : à quoi bon proposer de survoler un site archéologique de manière décarbonée si pour cela, le voyageur a dû prendre un long-courrier ?

En Arabie Saoudite par exemple. « En bateau, l’accessibilité à certains lieux est compliquée, car il y a peu de fond et la coque peut abimer les coraux. Nous pourrions transporter des personnes depuis Riyad pour les amener vers des sites touristiques ».

Problème : selon Greentripper, l’aller-retour depuis Paris « coûte » 1 529 kg CO2 - sachant que nous devrions tous tendre à une dépense globale par an et par personne de... 2 tonnes.

Dès lors, peut-on se revendiquer comme écoresponsable ?

La solution développée par Euro Airship ressemble à une merveille de technologie que n’aurait pas renié Jules Verne, et quel écolo ne rêve pas de voir ces dirigeables silencieux et solaires ? Dommage de ne pas saisir l’opportunité d’accompagner le tourisme vers un monde plus sobre.

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Responsable rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par THONIER le 04/09/2023 16:52 | Alerter
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Merci Madame pour cette mise en lumière.

Petite précision sur le fait que EURO AIRSHIP ne souhaite pas concurrencer l'avion,
ce que nous voulions dire, c'est que lors de nos tours touristiques,
nous proposons un voyage aux personnes déjà sur place.

Nous nous substituons, dans ce cas, à des services comme l'hélicoptère par exemple.

Enfin, rappelons que nous sommes qu'au début du relancement de cette filière et qu'à l'avenir, nous verrons se développer bien d'autres usages, toujours orientés sur une trajectoire décarbonée.

Et c'est une très bonne nouvelle.


Jean-Claude Thonier
Directeur de la Communication
EURO AIRSHIP

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