ITA Airways : quelles perspectives sur le marché français ? 🔑

En l'espace d'une année, l'Italie a créé une nouvelle compagnie, finalisé une commande pour près de 30 appareils et déjà revendu en partie son transporteur nouvellement né au trio Certares, Air France et Delta Airlines.

Si pour l'heure le rachat est remis à plus tard - le gouvernement de Giorgia Meloni se montrant réfractaire à une privatisation des joyaux nationaux - ITA Airways poursuit son plan de développement.

Ce dernier passe inévitablement par Paris, où Samy Addou a été nommé responsable du marché français.

"Nous sommes une start-up de l'aérien et en plein développement.

Au bout d'une année, nous avons déjà 61 appareils, mais la flotte est vouée à grandir, puisque nous dépasserons le cap des 100 avions au début de l'année 2023," affirme le nouveau venu.

Autant d'appareils, des A220 et A350, qui laissent augurer d'ambitions relativement élevées.

ITA ne se veut pas juste un pourvoyeur de touristes pour Italie, même si c'est son rôle principal, mais aussi une compagnie aérienne long-courrier.

Au départ de CDG, Orly et l'aéroport de Nice, ITA opère d'ores et déjà 78 vols hebdomadaires. Les lignes convergent presque toutes vers son hub de Rome Fiumicino, sans oublier quelques-unes à destination de Milan-Linate.

"Nous avons une couverture globale nous permettant de répondre à l'ensemble des segments aussi bien loisir que corporate.

Nous avons 63 destinations dans le monde dont seulement 24 en Italie et 6 au niveau intercontinental. C'est un plan très ambitieux," avoue Pierfrancesco Carino, le vice-président des ventes internationales.

La couverture des aéroports français est bien vouée à s'étendre au-delà des actuels 3 infrastructures desservies. A demi-mot, nous comprenons que la démultiplication des départs de province sera un objectif à court ou moyen terme.

Pour se démarquer dans le paysage de l'aérien européen, ITA Airways pourrait reprendre à son compte la devise des Romains, à savoir de définir la mer Méditerranée, comme la "mare nostrum", littéralement "notre mer".

"L'enjeu sur le marché français est de faire rayonner l'Italie à l'international, car notre terrain de jeu reste la Méditerranée, avec 33 destinations, puis vient l'Europe et ensuite les destinations intercontinentales," nous précise le responsable des ventes.

Dans cette guerre de l'aérien en Europe, naître en 2021 n'est pas chose facile surtout quand le prix n'est pas vraiment le nerf de la guerre. Alors dans ces conditions, comment se faire une place dans l'imaginaire collectif ?

D'autant qu'en Italie, la 1ère compagnie n'est autre que Ryanair.

"Nous sommes complémentaires du low cost. Nous n'attaquons pas les mêmes segments de marché, nous n'avons pas les mêmes appareils, ni les plans de vol.

L'expérience de voyage est tout autre," plaide Samy Addou.

Pour se démarquer, ITA Airways mise beaucoup sur le made in Italie. Le voyage commence dans l'avion. Les uniformes reprennent la finesse du design transalpin, quand la gastronomie veut faire voyager les passagers.

"Nous avons les valeurs de l'élégance italienne. La nourriture se veut haut de gamme, avec des séquences de chefs étoilés," s'enthousiasme Pierfrancesco Carino.

ITA Airways souhaite donc se faire une place au soleil des majors en Europe.

Si cela passera par l'entrée dans son capital d'Air France, le transporteur entend bien aussi devenir un réflexe sur quelques destinations lointaines, pour les voyageurs hexagonaux.

"Nous voulons faire voyager les Français en Italie, mais aussi au-delà. Nous sommes une alternative sérieuse à nos clients français sur le long-courrier.

D'ailleurs, nous allons ouvrir les Maldives, l'Inde et le Japon à partir de novembre, depuis notre hub de Rome," indique Samy Addou.

Sur ce point, ITA Airways entend proposer des connexions fluides vers l'Amérique du Nord et du Sud.

L'aéroport de Rome Fumicino a inauguré un nouveau terminal, ultra-moderne et qui se veut l'un des atouts de la compagnie.

Pour réussir sa mission de faire rayonner l'Italie et conquérir la Méditerranée, ITA Airways entend passer des partenariats avec les TO et AGV mais aussi se faire connaître sur le marché français.

"Nous parlons tout de même de notre 2e marché derrière l'Italie. Nous avons une attention toute particulière sur la France, nous voulons renforcer les liens," prédit le nouvel arrivant à Paris qui entend pas pour autant délaisser le B2B.

Une plateforme ITA Airways Connect exclusivement réservée aux professionnels du tourisme a été développée. Elle doit servir de canal de référence pour les ventes et les contacts avec la compagnie.

Ce n'est pas tout : pour exister le transporteur transalpin entend mettre en avant sa fiabilité.

"Dans un été tortueux, comme celui que nous avons vécu, nous avons une régularité exceptionnelle, à 99,9%. Sur les huit premiers mois de l'année, nous étions à une ponctualité supérieure à 82%, nous sommes dans le top mondial," se félicite Pierfrancesco Carino.

Il reste à savoir si tous ces atout suffiront, face aux low-cost. pour permettre à une compagnie régulière d'exister sur des dessertes moyen-courriers...