On évoque généralement les effets néfastes pour le tourisme des Printemps Arabes et les conséquences économiques de l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll qui a paralysé le trafic aérien en 2010 pour expliquer la chute de FRAM.
Mais à y regarder de plus près, il semblerait que la défaillance du tour-opérateur toulousain ait plutôt été causée, ou, du moins, accélérée, par des fautes de gestion de la part de son ancienne direction.
En décembre 2014, alors que le groupe vend ses actifs au Maroc pour renflouer ses caisses, plusieurs centaines de milliers d'euros auraient été extraits de la trésorerie de FRAM pour financer les droits à la retraite-chapeau de Georges Vialard, ancien directeur de production.
Ce dernier a annoncé la fin de sa carrière en août 2014, après 38 années passées au sein de l'entreprise. Il l'a intégrée en 1976 et y a progressé sous la protection de Philippe Polderman, créateur du voyagiste.
Mais à y regarder de plus près, il semblerait que la défaillance du tour-opérateur toulousain ait plutôt été causée, ou, du moins, accélérée, par des fautes de gestion de la part de son ancienne direction.
En décembre 2014, alors que le groupe vend ses actifs au Maroc pour renflouer ses caisses, plusieurs centaines de milliers d'euros auraient été extraits de la trésorerie de FRAM pour financer les droits à la retraite-chapeau de Georges Vialard, ancien directeur de production.
Ce dernier a annoncé la fin de sa carrière en août 2014, après 38 années passées au sein de l'entreprise. Il l'a intégrée en 1976 et y a progressé sous la protection de Philippe Polderman, créateur du voyagiste.
Le fonds géré par Swiss Life n'était plus abondé
Entré comme responsable de destinations, il a été promu au poste de directeur de production en 1995 et a même rejoint le directoire de FRAM début 2014.
Âgé de plus de 60 ans et disposant de plus de 20 ans d'ancienneté au moment de son départ à la retraite, Georges Vialard remplit les critères pour prétendre à sa retraite chapeau, système mis en place chez FRAM par Philippe Polderman des dizaines d'années auparavant afin de fidéliser ses salariés.
Il fait donc légitimement valoir ses droits, comme prévu par son contrat.
Mais il y a un problème. Depuis plusieurs mois, les finances de FRAM sont exsangues et l'entreprise, alors placée sous mandat ad hoc, n'entretient plus le fonds géré par Swiss Life pour les retraites chapeaux de ses salariés.
Les réserves de celui-ci sont insuffisantes pour financer la retraite chapeau de Georges Vialard. C'est alors que Marie-Laurence Vieuille-Féral, présidente du directoire de FRAM, aurait décidé en décembre 2014 de sortir 625 000 € pour abonder le fonds.
A priori, même si, comme le souligne une source proche du dossier, "cette somme a été débloquée à un moment où la trésorerie était au plus bas et que FRAM se trouvait au plus mal financièrement", rien ne l'en empêche.
Âgé de plus de 60 ans et disposant de plus de 20 ans d'ancienneté au moment de son départ à la retraite, Georges Vialard remplit les critères pour prétendre à sa retraite chapeau, système mis en place chez FRAM par Philippe Polderman des dizaines d'années auparavant afin de fidéliser ses salariés.
Il fait donc légitimement valoir ses droits, comme prévu par son contrat.
Mais il y a un problème. Depuis plusieurs mois, les finances de FRAM sont exsangues et l'entreprise, alors placée sous mandat ad hoc, n'entretient plus le fonds géré par Swiss Life pour les retraites chapeaux de ses salariés.
Les réserves de celui-ci sont insuffisantes pour financer la retraite chapeau de Georges Vialard. C'est alors que Marie-Laurence Vieuille-Féral, présidente du directoire de FRAM, aurait décidé en décembre 2014 de sortir 625 000 € pour abonder le fonds.
A priori, même si, comme le souligne une source proche du dossier, "cette somme a été débloquée à un moment où la trésorerie était au plus bas et que FRAM se trouvait au plus mal financièrement", rien ne l'en empêche.
Opérations réalisées « de gré à gré »
Sauf que, selon nos informations, ces opérations auraient été réalisées « de gré à gré » par la présidente du directoire. D'après plusieurs témoignages concordants, ni le conseil d'administration ni le conseil de surveillance de FRAM n'en ont été informés.
Or, "la validation du déblocage de la retraite chapeau par le conseil d'administration est obligatoire pour les départs en retraite de mandataires sociaux, de directeurs généraux, du président du conseil d'administration et pour les membres du directoire", assure François Bélanger, président de l'ADRESE, association de défense des retraites supplémentaires d'entreprises.
Par ailleurs, après son départ à la retraite, Georges Vialard est resté membre du directoire de FRAM.
Il a même créé sa société de « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion » par le biais de laquelle il a continué de travailler pour FRAM en tant que consultant externe 2 à 4 jours par semaine.
Une mission qui aurait été payée plusieurs milliers d'euros par mois.
Cette société, basée à Cugnaux en Haute-Garonne (31) a ensuite été fermée le 31 décembre 2015. Pour être remplacée par une nouvelle au nom de Vialard Rémi Albert Georges, fondée en avril 2015 et domiciliée dans le 15e arrondissement de Paris.
Or, "la validation du déblocage de la retraite chapeau par le conseil d'administration est obligatoire pour les départs en retraite de mandataires sociaux, de directeurs généraux, du président du conseil d'administration et pour les membres du directoire", assure François Bélanger, président de l'ADRESE, association de défense des retraites supplémentaires d'entreprises.
Par ailleurs, après son départ à la retraite, Georges Vialard est resté membre du directoire de FRAM.
Il a même créé sa société de « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion » par le biais de laquelle il a continué de travailler pour FRAM en tant que consultant externe 2 à 4 jours par semaine.
Une mission qui aurait été payée plusieurs milliers d'euros par mois.
Cette société, basée à Cugnaux en Haute-Garonne (31) a ensuite été fermée le 31 décembre 2015. Pour être remplacée par une nouvelle au nom de Vialard Rémi Albert Georges, fondée en avril 2015 et domiciliée dans le 15e arrondissement de Paris.
L'affaire sera-t-elle portée en justice ?
"Jamais Marie-Christine Chaubet, qui était au conseil de surveillance de FRAM à cette époque, n' a été informée" du retrait des fonds de la trésorerie de FRAM pour la retraite chapeau de Georges Vialard, confirme Didier Dawson, avocat de Marie-Christine Chaubet, fille unique de Georges Polderman.
Cette dernière, en conflit ouvert avec Georges Colson, fils adoptif du fondateur de FRAM et oncle de Marie-Laurence Vieuille-Féral, envisage-t-elle alors de porter l'affaire en justice ?
Rien n'est exclu. "Marie-Christine Chaubet va demander des explications. Et, si jamais une faute est avérée, nous verrons ce que nous ferons", nous explique son avocat.
L'affaire pourrait revêtir une valeur très symbolique pour celle qui avait pris la tête du directoire de FRAM en juin 2005.
Fin novembre 2006, Georges Colson devient président du conseil de surveillance de FRAM quelques jours après le décès de Philippe Polderman.
Moins d'un mois plus tard, le 21 décembre 2006, il s'octroie le soutien d'Air France – actionnaire de FRAM via sa filiale Air France Finance – et d'une partie de l'actionnariat familial pour évincer sa demi-sœur du directoire et du conseil de surveillance.
Celle-ci détenait alors 40,93 % du capital de la société et 44 % des droits de vote. Elle se retrouve, à 59 ans, mise à la porte du groupe, fondée par son père... Seulement quelques mois avant de pouvoir faire jouer ses droits à la retraite chapeau !
Cette dernière, en conflit ouvert avec Georges Colson, fils adoptif du fondateur de FRAM et oncle de Marie-Laurence Vieuille-Féral, envisage-t-elle alors de porter l'affaire en justice ?
Rien n'est exclu. "Marie-Christine Chaubet va demander des explications. Et, si jamais une faute est avérée, nous verrons ce que nous ferons", nous explique son avocat.
L'affaire pourrait revêtir une valeur très symbolique pour celle qui avait pris la tête du directoire de FRAM en juin 2005.
Fin novembre 2006, Georges Colson devient président du conseil de surveillance de FRAM quelques jours après le décès de Philippe Polderman.
Moins d'un mois plus tard, le 21 décembre 2006, il s'octroie le soutien d'Air France – actionnaire de FRAM via sa filiale Air France Finance – et d'une partie de l'actionnariat familial pour évincer sa demi-sœur du directoire et du conseil de surveillance.
Celle-ci détenait alors 40,93 % du capital de la société et 44 % des droits de vote. Elle se retrouve, à 59 ans, mise à la porte du groupe, fondée par son père... Seulement quelques mois avant de pouvoir faire jouer ses droits à la retraite chapeau !
Pourquoi le mandataire ad hoc n'a-t-il pas réagi ?
Mais au-delà des éternelles querelles familiales qui ont jalonné l'histoire de FRAM, cette affaire pose d'autres questions.
Pourquoi l'administrateur judiciaire, chargé de la surveillance des finances de FRAM alors placée sous mandat ad hoc depuis début 2013, n'a-t-il pas réagi et demandé à la présidente du directoire de justifier le retrait de cette forte somme de la trésorerie du groupe ?
Nous avons tenté de joindre Me Caviglioli pour le lui demander. Mais il n'a, à ce jour, pas donné suite à nos sollicitations. Marie-Laurence Vieuille-Féral non plus.
Me Caviglioli a pourtant récemment été interpellé à ce sujet par des employés de FRAM qui ont souhaité, à leur tour, faire valoir leurs droits à la retraite-chapeau. Mais ils leur ont été refusés car le fonds est à nouveau vide.
C'est également Me Caviglioli qui a eu la responsabilité du redressement judiciaire de FRAM prononcé fin octobre 2015. Il est aussi en charge de la liquidation judiciaire depuis le 25 novembre 2015.
Ce jour-là, le groupe toulousain a été repris, à la barre, par Karavel/PromoVacances épaulé par ses financiers de LBO France.
Et les nouveaux actionnaires souhaitent rapidement faire table rase du passé. "Tout se remet en route avec beaucoup de transparence et c'est une bonne chose par rapport à certaines pratiques passées, nous confie-t-on en interne.
Avant, FRAM était dans une logique d'opposition entre deux actionnaires et souffrait de conflits entre deux clans. Tout cela au détriment des clients et des salariés de l'entreprise. Maintenant, tout cela est terminé."
Pourquoi l'administrateur judiciaire, chargé de la surveillance des finances de FRAM alors placée sous mandat ad hoc depuis début 2013, n'a-t-il pas réagi et demandé à la présidente du directoire de justifier le retrait de cette forte somme de la trésorerie du groupe ?
Nous avons tenté de joindre Me Caviglioli pour le lui demander. Mais il n'a, à ce jour, pas donné suite à nos sollicitations. Marie-Laurence Vieuille-Féral non plus.
Me Caviglioli a pourtant récemment été interpellé à ce sujet par des employés de FRAM qui ont souhaité, à leur tour, faire valoir leurs droits à la retraite-chapeau. Mais ils leur ont été refusés car le fonds est à nouveau vide.
C'est également Me Caviglioli qui a eu la responsabilité du redressement judiciaire de FRAM prononcé fin octobre 2015. Il est aussi en charge de la liquidation judiciaire depuis le 25 novembre 2015.
Ce jour-là, le groupe toulousain a été repris, à la barre, par Karavel/PromoVacances épaulé par ses financiers de LBO France.
Et les nouveaux actionnaires souhaitent rapidement faire table rase du passé. "Tout se remet en route avec beaucoup de transparence et c'est une bonne chose par rapport à certaines pratiques passées, nous confie-t-on en interne.
Avant, FRAM était dans une logique d'opposition entre deux actionnaires et souffrait de conflits entre deux clans. Tout cela au détriment des clients et des salariés de l'entreprise. Maintenant, tout cela est terminé."
Le navire FRAM remet les gaz
Des propos que confirment plusieurs membres du personnel de FRAM avec qui nous avons pu nous entretenir. Tout n'est pas rose au sein de la nouvelle entité, mais tous louent la disponibilité des nouveaux propriétaires.
Certains regrettent néanmoins des méthodes de management « à l'américaine ».
D'autres craignent la dénonciation des accords d'entreprises suivie de la disparition de certains avantages à la suite des élections des représentants du personnel. Initialement programmées pour le 29 février, celles-ci ont été repoussées à la mi-mars 2016.
Avec la publication de la brochure 2016, la présentation du nouvel organigramme du groupe et la saison qui se prépare, FRAM se relance progressivement et laisse les guerres fratricides loin derrière.
Espérons toutefois pour l'avenir que les belligérants des années passées n'auront pas laissé trop de mines sur le champ de bataille.
Certains regrettent néanmoins des méthodes de management « à l'américaine ».
D'autres craignent la dénonciation des accords d'entreprises suivie de la disparition de certains avantages à la suite des élections des représentants du personnel. Initialement programmées pour le 29 février, celles-ci ont été repoussées à la mi-mars 2016.
Avec la publication de la brochure 2016, la présentation du nouvel organigramme du groupe et la saison qui se prépare, FRAM se relance progressivement et laisse les guerres fratricides loin derrière.
Espérons toutefois pour l'avenir que les belligérants des années passées n'auront pas laissé trop de mines sur le champ de bataille.
Souvent confondues avec les parachutes dorés accordés à certains grands patrons, les retraites chapeaux ont vu le jour après la deuxième guerre mondiale.
Elles ont vite été adoptées "par un certain nombre de PME et de grands groupes français afin de fidéliser leurs cadres de haut niveau", explique François Bélanger, président de l'association de défense des retraites supplémentaires en entreprise.
En effet, pour faire jouer leurs droits à la retraite chapeau, les salariés concernés doivent rester un certain temps, défini contractuellement, dans l'entreprise et, surtout, y terminer leur carrière.
A l'heure actuelle, 200 000 retraités en profitent et environ 1 million de cadres seraient de futurs « retraités chapeaux » en France.
L'ensemble des fonds de retraites chapeaux, soit gérés directement par les entreprises, soit externalisés auprès d'organisme spécialisé, représenterait 37 milliards d'euros de provision.
Elles ont vite été adoptées "par un certain nombre de PME et de grands groupes français afin de fidéliser leurs cadres de haut niveau", explique François Bélanger, président de l'association de défense des retraites supplémentaires en entreprise.
En effet, pour faire jouer leurs droits à la retraite chapeau, les salariés concernés doivent rester un certain temps, défini contractuellement, dans l'entreprise et, surtout, y terminer leur carrière.
A l'heure actuelle, 200 000 retraités en profitent et environ 1 million de cadres seraient de futurs « retraités chapeaux » en France.
L'ensemble des fonds de retraites chapeaux, soit gérés directement par les entreprises, soit externalisés auprès d'organisme spécialisé, représenterait 37 milliards d'euros de provision.