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La Syrie... même plus en rêve !

Des trésors millénaires ont été détruits à jamais


A la croisée de l’Islam et du Monde chrétien, la Syrie possédait un fabuleux patrimoine culturel et historique. C’était avant 2011, avant qu’un mouvement de contestation soit transformé en rébellion armée. On connaît la suite : la guerre civile, l’arrivée des milices islamistes, les bombardements... A l’issue d’une décision politique, un jour, la Syrie s’ouvrira à nouveau au monde. Emmanuel Macron et Vladimir Poutine le soulignaient encore la semaine dernière. On reconstruira. Mais le mal est fait. Des trésors millénaires ont été détruits à jamais.


Rédigé par le Mercredi 30 Mai 2018

Lorsqu'on venait de Damas, Palmyre surgissait au détour d'un virage après 200 kilomètres de désert caillouteux. Le panorama était saisissant - Palmyre Pixabay andrelambo
Lorsqu'on venait de Damas, Palmyre surgissait au détour d'un virage après 200 kilomètres de désert caillouteux. Le panorama était saisissant - Palmyre Pixabay andrelambo
Dans un contexte de conflit armé, l’ambassade de France en Syrie fermait ses portes le 6 mars 2012.

Sur le site Conseils aux Voyageurs du Quai d’Orsay, on peut lire désormais : « les ressortissants français doivent être conscients qu’ils s’exposent en Syrie à des risques particulièrement élevés d’attentats terroristes et d’enlèvement à des fins politiques ou crapuleuses.

Ils peuvent faire l’objet d’arrestation et de détention sans que les autorités syriennes ne le signalent à la France
».

Depuis 2011, la guerre en Syrie aurait fait plus de de 350 000 morts, dont 100 000 civils (source Observatoire syrien des Droits de l'Homme).

Quand Palmyre défiait Rome

Pour les voyageurs amateurs d’Histoire et de Culture la Syrie était une destination fascinante. Voici quelques souvenirs conjugués au passé.

A mi-chemin de l’Euphrate et de la Méditerranée, Palmyre était la plaque tournante d’un opulent commerce entre l’Orient et l’Occident.

Cité vieille de plus de 2 000 ans, province romaine au Ier siècle, elle fut aussi l’un des plus importants foyers culturels du monde antique.

Lorsqu'on venait de Damas, Palmyre surgissait au détour d'un virage après 200 kilomètres de désert caillouteux. Le panorama était saisissant.

Ses colonnes aussi aériennes qu'un mirage et ses avenues tapissées de sable évoquaient les caravanes chargées de soie en transit entre Mésopotamie et Cappadoce. Elle dressait fièrement ses temples, ses arcs monumentaux, son théâtre.

L'art et l'architecture mêlaient les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences perses. Leurs vestiges demeuraient parmi les plus impressionnants du Proche-Orient.

Palmyre vibrait encore du souvenir de l'ambitieuse reine Zénobie qui osa défier Rome (3e siècle). En 270, ses troupes contrôlaient l’Egypte, la Syrie, la Phénicie et s’étendaient même jusqu’à Ancyre (équivalent de Ankara en Turquie).

Ironie du sort, dans le contexte actuel, la ville de Palmyre devait son âge d’or à une femme ! Ces succès prendront fin avec l’arrivée au pouvoir à Rome du puissant Aurélien.

La Syrie détenait aussi d’innombrables trésors légués par le christianisme, puis la première dynastie musulmane qui fit de Damas la capitale d'un empire.

Damas, capitale d’empire

Les Omeyyades, première dynastie musulmane, régnèrent en Syrie aux 7e et 8e siècles. Ils firent de Damas la capitale d'un empire qui s'étendait de l'Atlantique à l'Indus.

Ils édifièrent de somptueuses mosquées, à commencer par celle des Omeyyades à Damas, l'une des plus anciennes de l'Islam dont les murs des portiques et de la cour étaient tapissés de mosaïques à fonds d'or inspirées de l'art des Byzantins.

Seules celles du portique ouest représentant des villes imaginaires au milieu de jardins luxuriants étaient encore visibles.

Pour échapper à la ville, les califes construisirent des palais monumentaux dans la steppe, véritables résidences secondaires où ils recréaient l'ambiance du désert de leurs ancêtres de la péninsule arabique. Celui de Qasr al-Hayr al-Sharqui, à 120 km au nord-est de Palmyre, était le mieux conservé.

En 750, une dynastie rivale, les Abbassides, éliminera les membres de la famille des Omeyyades. Ils prendront à leur tour le pouvoir et installeront leur capitale à Bagdad.

Ils laisseront la Syrie reléguée au rang de province périphérique sans défense face à l'armée des croisés d'Occident qui investiront sur ses rivages d'imposantes forteresses.

A la croisée des mondes africains, asiatiques et européens, le pays est passé sous la domination des Hittites, des Égyptiens, des Babyloniens, des Perses, des Grecs, des Romains et des Byzantins. Tous ont déposé leurs empreintes.

Une histoire complexe

En 1916, équipés de crayons et de règles, Anglais et Français redessinent la carte du Proche-Orient, s'y taillant des empires d'où est issue la « Syrie moderne » indépendante depuis 1946.

Son histoire complexe explique pourquoi l’on visitait sans transition les anciennes cités romaines et les forteresses de croisés. Les mosquées les plus anciennes de l'Islam côtoyaient les églises byzantines.

Avant d'être Syrien, on était Arabe sunnite ou chrétien, bédouin, druze, alaouite…

Que restera-t-il de ces trésors millénaires ? Pourra-t-on reconstruire Palmyre comme le souhaiterait l’UNESCO et Alep l’une des plus anciennes villes habitées au monde ?

Archéologues, historiens, scientifiques, architectes en débattent alors que les combats durent. La décision sera politique, mais le temps fera-t-il oublier le chaos ?

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Tags : damas, palmyre, syrie
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