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Air Berlin : l'ancienne directrice France attaque son employeur aux Prudhommes

Sylvie Millet était directrice France pendant 3 ans


Sylvie Millet, ancienne directrice d'Air Berlin en France, se bat depuis plusieurs mois contre son ancien employeur pour licenciement abusif et irrégularités dans son contrat de travail. Seule salariée française d'une entreprise étrangère, elle peine à défendre ses droits. Une situation courante dans le monde de l'aérien.


le Lundi 31 Août 2015

Air Berlin : l'ancienne directrice France attaque son employeur aux Prudhommes
Il n'est pas toujours facile de défendre ses droits lorsqu'on est l'unique salarié français d'une entreprise étrangère.

Le cas de Sylvie Millet, directrice France de la compagnie Air Berlin pendant trois ans, est à ce titre assez édifiant.

Sylvie Millet devait gérer la commercialisation des vols dans quatre aéroports français : Orly, Charles de Gaule, Nice et Bâle-Mulhouse.

Elle s'occupait également de promouvoir les deux aéroports de Karlsruhe Baden-Baden, proche de Strasbourg et de Sarrebruck à coté de Metz.

Travaillant depuis son domicile, elle était assez isolée, seule salariée de l'entreprise sous contrat français depuis la fermeture du comptoir billetterie à l'aéroport l'Orly en mars 2011. Tous ses interlocuteurs étaient à Berlin.

Elle assure avoir travaillé d’arrache pied pour développer Air Berlin en France. Ce rythme soutenu a déclenché, selon elle, un sérieux problème de santé qui l'immobilisa pendant trois semaines en 2013.

Durant cet arrêt, elle découvre dans un email que sa hiérarchie souhaitait recruter un attaché commercial, un soutien qu'elle attendait depuis plusieurs mois.

Alors qu'elle doit rencontrer les 2 ou 3 candidats pré-sélectionnés par la direction, elle tombe à nouveau malade et doit s'arrêter pendant deux mois pour une opération d'urgence.

Mauvaise santé d'Air Berlin en France.

Pendant ce second arrêt, elle découvre avec surprise que l'organigramme a été modifié intégrant deux responsables de grands comptes pendant que son propre titre est rétrogradé au niveau de simple "sales agent".

A son retour de congé maladie, elle est convoquée à Berlin pour un entretien durant lequel la direction lui reproche les mauvais résultats du marché français.

Selon les documents que nous sommes procurés, la compagnie accusait à l'époque une baisse de baisse de 22% du chiffre d'affaires. Une chute que Sylvie Millet impute à la réduction des capacités, avec la suppression d'un vol sur Vienne et la réduction des capacités de 17% sur la ligne principale entre Orly et Berlin.

"Bien sûr les chiffres se sont effondrés, mais la comparaison n'était pas calculée à périmètre égal avec l'année précédente" plaide-t-elle.

Mais revenons à Berlin, dans le bureau du DRH. Ce dernier lui propose de quitter la compagnie ou de travailler dans la capitale allemande sous contrat local.

Elle rentre alors à Paris pour réfléchir à cette offre, mais quelques jours plus tard on lui demande de cesser toute activité.

Selon elle, il lui faudra attendre 5 mois avant d'être convoquée à un entretien préalable de licenciement, pour insuffisance professionnelle.

Sans emploi et privée d’une partie de ses droits, elle a consulté un avocat et devrait passer prochainement devant le conseil des prudhommes. Elle a également tenté d'alerter les autorités en vain.

"Je suis un cas à part, seule employée sous contrat français d'un groupe étranger et sans entité en France depuis la fermeture du comptoir en 2011" .

De graves entorses dans la procédure de licenciement

Elle voudrait porter plainte auprès de Organisation Internationale du Travail, mais ne peut le faire seule, la démarche devant être effectuée par un syndicat.

Elle s'est également tournée vers un député qui aurait reconnu de nombreuses entorses au droit du travail ainsi que dans la procédure de licenciement. Ce dernier a plaidé sa cause auprès du président d'Air Berlin.

Sollicité par nos soins, l'avocat en France de la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaires.

Mais il semble qu'une vaste réorganisation soit en cours au sein de la compagnie allemande. L'ancien CEO Wolfgang Prock-Schauer, redevenu directeur stratégie et planification vient de présenter sa démission.

Et le nouveau PDG, Stefan Pichler semble vouloir faire le ménage et remettre la compagnie sur de bons rails.

D'autres compagnies tentent de contourner la législation du travail

Pour l’avocat de Sylvie Millet, maître Olivier Villevieille, il y a tellement d'irrégularités dans ce dossier que sa cliente devrait avoir gain de cause. Il estime d'ailleurs que son cas est loin d'être unique dans l'aérien.

Rappelons le licenciement du personnel au sol de Lufthansa à Paris, qui ont toutefois pu bénéficier d'un plan de départs volontaires.

Signalons également le licenciement des cinq employés du comptoir aéroport d'Austrian Airlines en décembre dernier. Les salariés comptent porter l’affaire devant les prudhommes pour recevoir des indemnités.

Il s’agit de la seule instance qui permette de se défendre dans ce cas. "Toute compagnie étrangère qui déclare une succursale en France peut être attaquée devant les Prudhommes. C’est la seule façon de défendre ses droits" explique Franck Bonnot, un syndicaliste.

Mais il semble aujourd’hui que les compagnies aériennes soient nombreuses à profiter des failles du système pour bafouer la législation. Ryanair a tenté le coup à Marseille, et a été condamné.

Norwegian espérait opérer entre l’Europe et les Etats-Unis en évitant les charges sociales de son pays d’origine grâce à une immatriculation en Irlande et du personnel venu d’Asie. Si les Etats-Unis bloquent aujourd’hui ce montage, par crainte de dumping social, Norvegian s'appuie sur un véritable vide juridique.

Car pour la commission européenne, il n’est pas vraiment interdit d’exploiter une ligne sans être basé dans le pays en question. Toutefois, lorsque les salariés portent l’affaire devant la justice, la législation nationale leur donne souvent raison.

Certaines compagnies ont donc entamé une vaste campagne de lobbying dans les couloirs de Bruxelles, afin de mettre en place un système de pavillon de complaisance, qui leur permettrait, à l’image du secteur maritime, de pouvoir se baser dans des pays à bas coûts et d'opérer n’importe où en Europe.

Un système qui signerait la mort des grandes majors européennes.

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Commentaires

1.Posté par Gengis KHAN le 31/08/2015 21:13 | Alerter
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Bon courage Sylvie !
Suis ravi que cet article ait été publié.
Bravo et merci à Tourmag !

2.Posté par Macdonelle le 01/09/2015 21:29 | Alerter
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Il y a eu d'autres précédents exactement dans les mêmes circonstances il a quelques années en arrière avec les mêmes méthodes employées pour quelqu'un qui m'est proche. C'est malheureusement très fréquent dans ce métier...... méthodes inacceptables.

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