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Jean Belotti : "Le rappel à l'ordre des pilotes d'AF n’est pas totalement fondé''

tout n’est pas dans les manuels...


Après un échange de courrier sulfureux, la tension entre les pilotes et la direction d'Air France est à son comble. L'accident non élucidé du vol AF447 est à l'origine de cette flambée. Air France accuse ses pilotes de ne pas respecter certaines procédures de sécurité et ceux-ci la compagnie de ne pas avoir changé suffisamment vite les sondes pitot.


Rédigé par Jean DA LUZ le Mercredi 28 Octobre 2009

''S’il convient de respecter les procédures, il n’en reste pas moins que dans certaines conditions, plusieurs d’entre-elles restent difficiles à appliquer. ..'' photo G.Grandin
''S’il convient de respecter les procédures, il n’en reste pas moins que dans certaines conditions, plusieurs d’entre-elles restent difficiles à appliquer. ..'' photo G.Grandin
TourMaG.com - La lettre d’Air France relative à la sécurité des vols, envoyée à ses pilotes a été très mal perçue par leurs syndicats représentatifs. Qu’en pensez-vous ?

Jean Belotti
: "Connaissant les efforts engagés depuis de très nombreuses années par Air France pour améliorer la sécurité des vols - entre autre, la création d’un service de sécurité d’analyse des vols - il est évident que l’initiative des rédacteurs ne pouvait découler que d’une bonne intention.

Cela étant dit, il est également évident que le contenu de ladite lettre ne pouvait que déclencher une réaction des pilotes."


TM.com - Pour quelles raisons ?

J.B.
: "Pour comprendre et répondre, il faut avoir lu cette lettre (LIRE) ce que tous vos abonnés n’ont peut-être pas eu l’occasion de faire.
En fait, le bât blesse, pour deux raisons.

D’une part, parce qu’il est fait un rappel général sur l’impérieuse nécessité de respecter les procédures, ce qui sous-entend que les pilotes ne le font pas systématiquement, donc met en cause leur professionnalisme et leur sens des responsabilités.

D’autre part, et surtout, parce que, associé à se rappel, est cité l’accident du vol AF447. On lit : "Force est de constater que ce n’est pas le cas et l’actualité récente nous prouve le contraire".

Ceci laisserait ainsi supposer que sa cause se trouve dans le non respect de la procédure par l’équipage, alors qu’à ce jour l’enquête étant encore en cours - sans les précieuses informations fournies par les boîtes noires - aucune conclusion définitive ne peut être donnée.

TM.com- Avez-vous un exemple ?

J.B. :
"Bien sûr. Exemple : Il existe différentes limitations de masse d’un avion, dont la masse maximum à l’atterrissage.

Si l’avion arrive à destination avec une masse supérieure, le pilote prendra les dispositions pour consommer le carburant en trop, le plus rapidement possible afin de se poser en respectant ladite limitation.

En revanche, en cas d’urgence - aggravation de la situation météorologique, panne mécanique,...- l’avion pourra se poser en toute sécurité, le règlement prévoyant, dans ce cas, certaines vérifications à effectuer sur les trains d’atterrissage."


TM.com - Faut-il alors, oui ou non appliquer ces procédures ?

J.B
. : "Bien évidemment, il n’est absolument pas question, ici, d’approuver la non application des procédures, ni de laisser entendre que les manuels d’utilisation sont insuffisamment complets.

En revanche, si, effectivement, la responsabilité des pilotes est en cause dans certains accidents, il convient cependant de mettre en exergue le fait que leur expérience et leur compétence ont permis de sauver leurs passagers et leurs appareils dans d’autres circonstances aussi délicates qu’imprévues.

Dans un de mes récents ouvrages ("Indispensables pilotes"), j’ai décrit comment plusieurs accidents avaient pu être évités, grâce à la décision de faire une manœuvre interdite par les règlements qui encadrent la profession.

Si l'accident a pu être évité, cela est dû à un réflexe, une réaction salvatrice quasi-instantanée du pilote qui a pu prendre sa décision, grâce à son expérience, son haut niveau de qualification, sa concentration, son savoir-faire et son sang froid, qualités indispensables à l’exercice de la profession.

Sachez que tout pilote, dans sa carrière, a vécu au moins une fois, voire plusieurs, de telles dangereuses situations, dont la solution ne se trouvait dans aucune des milliers de pages des manuels de vol."


TM.com - Alors se pose la question de savoir comment améliorer la sécurité ?

J.B.
: D’abord, il convient de rappeler que la sécurité à grandement été améliorée depuis plusieurs années, grâce à la participation de tous les intervenants : Administration de tutelle, constructeurs, motoristes, équipementiers, compagnies, équipages, organisations représentatives des personnels.

Il reste, qu’en ce qui concerne la formation des pilotes, plusieurs constats conduisent à conclure à certaines insuffisances. La liste est longue : critères de sélection ; durée et contenu des stages ; expérience en vol ; gestion des situations dites"dégradées"; entraînement à la maniabilité ; etc..."

TM.com - Pouvez-vous préciser un exemple ?

J.B.
: "Je pense aux films qui circulent actuellement sur le "Net" et qui montrent une incapacité de ces pilotes à réagir correctement lors d’atterrissages par fort vent de travers.

Il convient de savoir que les avions sont certifiés pour pouvoir se poser avec des vents de travers, dont la force maximum est fixée dans les textes.

Respectant ces conditions, il n’y a aucune raison - sauf forte rafale - que l’atterrissage ne se passe pas normalement, d’autant plus que même si le pilote ne "décrabe" pas l’avion au moment de toucher le sol, les trains d’atterrissage sont prévus pour absorber une prise de contact, alors que les roues ne sont pas dans l’axe de l’avion.

Cela étant dit, indépendamment de la force du vent traversier, d’autres paramètres sont à prendre en compte (rafales, longueur et état de la piste exigeant une prise de contact rapide,... ).

Malheureusement, ces conditions ne sont pas (ou mal) reproduites sur les simulateurs de vol et comme les qualifications se font essentiellement sur simulateurs, avec très peu d’entraînement en vol (ou pas du tout), il en résulte que des pilotes peuvent donc se trouver devant des situations qu’ils n’ont jamais rencontrées, d’où les constats faits par de nombreux internautes.

Il fut un temps où l’atterrissage vent de travers était systématiquement fait, car il est facile de trouver un aéroport avec une piste sensiblement perpendiculaire à l’orientation du vent. Il suffisait, alors, d’une ou deux approches pour que le nouveau qualifié comprenne comment procéder pour faire un atterrissage tout à fait normal.

Ayant bien compris et vécu cette situation, l’instructeur avait alors la certitude qu’il pourrait l’appliquer lorsqu’il l’a rencontrerait en ligne."


TM.com - En fait, ce serait donc toute la formation qui serait à revoir ?

J.B.
: "Effectivement. Ce sera la mission d’un audit qui a d’ailleurs déjà été envisagé par Air France. La validité de ses conclusions dépendra de la constitution du groupe chargé de cette enquête, dans laquelle devront également être intégrés des pilotes, non seulement ceux de la compagnie, mais également ceux qui les représentent à travers leurs syndicats.

En effet, pour les pilotes également, la sécurité est une préoccupation permanente de tous les instants. Derniers intervenants dans la chaîne logistique, ils en sont totalement imprégnés. Cela fait partie de leur culture, de leur formation, de leur obligation de résultat.

Leur concentration est donc permanente, dès les premières décisions à prendre lors de la préparation du vol et à chaque instant, pendant tout le vol. Il est donc important que leur expérience et leurs avis soient pris en compte."

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Commentaires

1.Posté par leboedec le 29/10/2009 09:01 | Alerter
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Bonjour
réellement n'y a t'il pas un probleme,de securité des vols?
Deux A320,un A340 Toronto,un A330,un 747(Tahiti),un 747 cargo,Madras,un 737,Biarritz,....
Il y a t'il une compagnie en occident qui a le meme taux d'accidents.
Bien cordialement à vous
patrick

2.Posté par Pierre Cosentino le 29/10/2009 12:31 | Alerter
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Bonjour,

Une petite question : Pourquoi seul le vol af447 n'a pas devié de sa trajectoire initiale de vol, comme l'ont fait les autres avions des autres compagnies qui traversaient l'atlantique dans la même zone dans le même sens au même moment ?

3.Posté par Karim Taibi le 29/10/2009 13:19 | Alerter
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Pierre tu es + au courant que les enqueteurs du BEA apparement
Arrete d'ecouter la TV cela te feras du bien

4.Posté par Patrick le 29/10/2009 13:29 | Alerter
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Réponse à Pierre Cosentino: où avez-vous lu qu'il n'a pas dévié ? Le report de position se fait toutes les 10 minutes. Pendant ce temps l'avion parcourt 80NM (140km). Il est juste prouvé que l'avion était sur sa trajectoire AVANT la zone de turbulence.
Un peu de sérieux.

5.Posté par fredo le 29/10/2009 15:22 | Alerter
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Ce qui est plus inquiétant pour les jeunes qui veulent être pilote de ligne, c'est qu'il va falloir revoir toute la formation et pas seulement les QT... reprendre toute la base CPL etc... le manque de mania et d'expérience se sont révéllées ! Alors, est ce la fin des cursus EPL/cadets où l'on arrive sur A320 à 250h de vol dont pas mal sur simu ?
Des CDB ont dit que certains jeunes OPL issus de ces cursus étaient dangereux...
Frédo passionné et inquiet de son avenir !

6.Posté par Jean-Baptise M. le 29/10/2009 21:21 | Alerter
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La ou je ne comprends rien a ce crash c'est pourquoi l'avion na t'il pas résisté a cette zone ( je sais que les Cunimb sont les nuages les plus mauvais je suis élève pilote et on ma touijours dit surout évite les CB) mais je trouve sa inormal que des avions comme le A330-200 ne puisse pas résisté a de tel conditions météo et ce que je ne comprend encore moins c'est pourquoi il n'y a pas de message METAR qui indique en temps réel aux pilotes qu'il faut a tout pris changer de CAP et d'Altitude afin d'éviter la zone de perturbations... Ou encore mieux pourquoi les controleurs n'on pas averti les pilotes qu'ils allés affronter cette zone?? Ils ont bien des données météo eux au sol??? Et de plus je trouve la lettre un peut déplacé en vers les PNT souate il y a certains " baclages" dans certaines procédures mais je ne trouve pas normale qu'on remette la foramtion des pilotes en quéstion!!! Si les pilotes sont si mauvais et si " j'en foutiste " il y aurai beaucoup plus de crash...

7.Posté par Claude MONGLOND le 30/10/2009 07:25 | Alerter
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Il ne faudrait pas que tout ce baratin occulte le fait que l'origine de la tragédie vient de sondes pitot défaillantes.
N'est-il pas scandaleux qu'une cie AF, des autorités aéro Française, et Européenne, un constructeur, un fabricant, et des syndicats(?) acceptent de faire voler des avions avec des pitots dont les faiblesses connues peuvent avoir pour conséquences autant d'effets perturbants ?
Le premier des critères qui devrait être pris en compte est la sécurité, ce qui manifestement n'est pas le cas.
Dans cette affaire, beaucoup vont tenter de noyer le poisson (poison), et pourquoi pas de tirer sur les pianistes, ils ne sont plus là pour protester.
A suivre...

8.Posté par Jean-Baptiste M. le 30/10/2009 19:39 | Alerter
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Je pense surtout qu'il faut arreter avec cette histoire de Sonde Pitot depuis les debuts de l'aviation il y a des sondes Pitot sur tout les avions et depuis la nuit de temps les Sondes Pitot on deja données des fausses info...
Je pense que meme avec une info de vitesse éronnée un bon pilote peut et doit controler son appareil de plus que dans 99% des cas les Sondes Pitot tombe en panne que quelques minutes seulement et meme avec des fausses info un bon pilote doit aproximativement connaitre sa vitesse...

9.Posté par GAGLU le 05/11/2009 01:44 | Alerter
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bravo Jean Baptiste, tu es certainement un excellent élève pilote ( j'espère meilleur qu'en orthographe d'ailleurs) et tu semble savoir ce qu'est un bon pilote depuis la nuit des temps. tu expliqueras aux pilotes de ton prochain vol qu'il faut lire un metar pour éviter les CB en route et demander au contrôle des infos qu'il ne détient pas...
je crois pour ma part que ce qui nuit depuis la nuit des temps, ce sont les gens qui donnent à tort et à travers leur avis sur tout ce qu'ils ne connaissent pas!
et je rejoins pour une fois l'avis de Karim sur la TV...

10.Posté par Patrick le 05/11/2009 07:15 | Alerter
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Les METAR sont des infos météo sur un terrain. Rien à voir avec la météo de zone (JB, tu voulais peut être parler de VOLMET ?). Ils donnent les infos pour pouvoir décoller et atterrir. Un METAR ne sert à rien au dessus de l'Atlantique. L'ATC ne peut pas voir les avions (pas de radar au dessus de cette zone). Le seul moyen est le CPDLC (localisation et com SATCOM) utilisée principalement sur les tronçons Nord Atlantique, pas sur le réseau Sud Atlantique. Seul le Dispatch AF pouvait renseigner l'avion sur la MTO (il l'a fait d'ailleurs).
Dernière chose : quand j'étais élève pilote (ENAC avec test de français pour y rentrer ;-) ), j'ai eu ma première panne moteur à 100 heures de vol (je n'avais qu'un moteur, dommage ..........). J'ai alors réalisé qu'il faut être humble devant l'avion et la nature; et que ceux qui disent que "le bon pilote doit ....bla bla bla .... ya ka faut kon....) sont souvent ceux qui n'ont jamais eu de problème et n'ont pas d'expérience. Leur "expertise" ne sert donc pas à grand chose. Pour info, je ne suis pas sûr que la sonde pitot type Thales connectée sur un PHC remonte aux décades. A vérifier avec ton instructeur.

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