A320 NEO : Air France demande à voir

Air France a beau avoir suivi de près le programme du nouvel A320 NEO, la version remotorisée du best seller d’Airbus, dont les premières livraisons son prévues en 2016, elle est tout de même relativement embarrassée par l’annonce de sa commercialisation.

Prévu pour concurrencer le C919, du constructeur chinois Comac, et le Cserles proposé par Bombardier, le célèbre constructeur canadien, le NEO proposera le même choix de moteurs, le Leap-X, de Safran et GE, ou le PW 1100G, de Pratt&Witney.

Le tronçon central de la cabine devrait être renforcé, ainsi que le mât moteur et les ailes auxquelles on doit ajouter les fameuses ailettes verticales (sharklets).

A priori, l’appareil, pour lequel Airbus aura investi plus d’1 Mds €, devrait consommer jusqu’à 15% de fuel en moins et économiser près de 3 600 tonnes de CO2 ; ce qui le rend particulièrement attractif pour des lignes court et moyen-courrier.

Pourtant, quand Lufthansa ou les grands loueurs américains, comme ILFC, applaudissent des deux mains, notre compagnie nationale reste sur une réserve prudente.

« Nous attendons de voir si le NEO apporte vraiment des gains significatifs. » explique-t-on simplement chez Air France, en rappelant que la compagnie a toujours accompagné Airbus dans ses différents programmes industriels. »

« Après avoir été la compagnie de lancement de l’A320 et aujourd’hui, avec 140 appareils, nous sommes les seuls à opérer l’ensemble de la famille des A320. »

Cette hésitation, qui peut surprendre alors que la compagnie se fait plus offensive sur son réseau domestique, peut aussi trouver sa source dans le calendrier du NEO.

Selon certaines sources, reprises récemment par nos confrères du Figaro, l’appareil répondrait surtout aux besoins des marchés asiatiques et indiens où le trafic moyen-courrier est en forte expansion et les Low Cost en croissance constante.

Airbus souhaiterait également faire parler de lui en attendant que les nouvelles technologies de motorisations, permettant d’opérer une vraie rupture avec les générations précédentes en apportant de gains consistant (+ de 20%) sur les plans énergétique, sonore et environnemental, soient enfin prête.

On peut toutefois se demander si le NEO n’arrive pas un peu trop tôt pour le marché européen, obligeant les uns et les autres à revoir de façon inopinée la gestion de leur flotte court et moyen-courrier.

Selon l’âge moyen des appareils, certaines compagnies peuvent être prises de cours tandis que d’autres pourraient tirer pleinement profit de l’opportunité qu’Airbus leur offre.

Le NEO, avec les performances énergétiques, deviendrait alors un atout sérieux dans la concurrence que se livrent actuellement les majors européennes, d’autant plus que la gestion harmonisée du ciel européen n’est pas encore là pour apporter des gains au moins aussi substantiels que ceux du nouvel A320.

D’où sans doute, l’enthousiasme de Lufthansa et la perplexité d’Air France...