En effet, malgré les mesures prises par le SNAV, le sinistre semble imminent, car ce dernier ne disposerait que d'une réserve de 60 à 100 millions de FF pour rembourser tous les passagers ayant choisi une agence de voyages pour acheter leur billet d'avion.
Or, Air France a d'ores et déjà prévenu qu'en cas de liquidation judiciaire "personne n'aurait la capacité de reprendre la clientèle d'AOM-Air Liberté". Rude coup pour le Syndicat, à l'approche du lancement de sa campagne de promotion : si les passagers qui ont acquis leur package auprès d'une agence de voyage ne pouvaient pas partir (ou revenir), on imagine d'ici le coup fatal porté à l'image de la profession.
Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment imaginer qu'une compagnie telle que celle qui se positionnait comme le 2e pôle aérien français, puisse un jour être menacée d'une telle banqueroute ? Pourtant, les faits sont là. Et cela fait plusieurs mois que l'orage gronde.
Or, le moins que l'on puisse dire c'est que les professionnels n'ont pas réagi de manière très prévoyante et/ou dynamique (ni solidaire) aux nuages qui s'amoncelaient... Il a fallu attendre quasiment l'avant veille du dépôt de bilan de la Compagnie pour obtenir une réaction officielle du SNAV et 2 jours plus tard celle d'AFAT. On attend encore celle des autres réseaux...
Pourtant, la disparition d'AOM/Air Liberté est lourde de conséquences. Pour le court terme, bien sûr, et la crise qui ne manquera pas de s'ensuivre mais aussi pour l'avenir : comment envisager que le ciel français redevienne l'apanage d'une seule et unique compagnie ? Même Air France se refuse (techniquement) à envisager une telle hypothèse.
Une chose est sûre : les clients qui ont acheté leur voyage dans une agence comprendront difficilement qu'on ne puisse honorer la prestation qu'ils ont réglée d'avance. En ces temps de protection accrûe du consommateur, la responsabilité contractuelle est devenue une règle intangible. Or, imaginons que tous les clients floués se retournent judiciairement contre l'agence de voyages qui leur a vendu un voyage avec un billet AOM/Air Liberté ? Scénario catastrophe ? Probablement. Mais, une fois encore, la déroute très prévisible d'AOM/Air Liberté était inscrite dans les faits.
Bien entendu, on pourrait arguer (à juste titre) que l'État ou le groupe Swissair et ses actionnaires français (Marine Wendel) portent une responsabilité non négligeable dans la situation actuelle. Mais à notre connaissance l'État ne vend pas de voyages à forfait dans les guichets des administrations et le Baron Seillière devrait tirer un trait définitif sur ses investissements touristiques hasardeux...
Conclusion : le défi est très rude pour la profession. Tous les acteurs du voyage devront se serrer les coudes et monter unanimement au créneau pour dénoncer les responsables : le ministère des Transports, bien sûr, qui a donné sa bénédiction au rachat par Swissair et les actionnaires suisses et français.
Mais ils devront également battre leur coulpe : pourquoi avoir continué à vendre un produit qui, manifestement, ne présentait plus toutes les garanties de fiabilité requises ?
Jean DA LUZ - 1er juillet 2001
redaction@tourmag.com
Or, Air France a d'ores et déjà prévenu qu'en cas de liquidation judiciaire "personne n'aurait la capacité de reprendre la clientèle d'AOM-Air Liberté". Rude coup pour le Syndicat, à l'approche du lancement de sa campagne de promotion : si les passagers qui ont acquis leur package auprès d'une agence de voyage ne pouvaient pas partir (ou revenir), on imagine d'ici le coup fatal porté à l'image de la profession.
Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment imaginer qu'une compagnie telle que celle qui se positionnait comme le 2e pôle aérien français, puisse un jour être menacée d'une telle banqueroute ? Pourtant, les faits sont là. Et cela fait plusieurs mois que l'orage gronde.
Or, le moins que l'on puisse dire c'est que les professionnels n'ont pas réagi de manière très prévoyante et/ou dynamique (ni solidaire) aux nuages qui s'amoncelaient... Il a fallu attendre quasiment l'avant veille du dépôt de bilan de la Compagnie pour obtenir une réaction officielle du SNAV et 2 jours plus tard celle d'AFAT. On attend encore celle des autres réseaux...
Pourtant, la disparition d'AOM/Air Liberté est lourde de conséquences. Pour le court terme, bien sûr, et la crise qui ne manquera pas de s'ensuivre mais aussi pour l'avenir : comment envisager que le ciel français redevienne l'apanage d'une seule et unique compagnie ? Même Air France se refuse (techniquement) à envisager une telle hypothèse.
Une chose est sûre : les clients qui ont acheté leur voyage dans une agence comprendront difficilement qu'on ne puisse honorer la prestation qu'ils ont réglée d'avance. En ces temps de protection accrûe du consommateur, la responsabilité contractuelle est devenue une règle intangible. Or, imaginons que tous les clients floués se retournent judiciairement contre l'agence de voyages qui leur a vendu un voyage avec un billet AOM/Air Liberté ? Scénario catastrophe ? Probablement. Mais, une fois encore, la déroute très prévisible d'AOM/Air Liberté était inscrite dans les faits.
Bien entendu, on pourrait arguer (à juste titre) que l'État ou le groupe Swissair et ses actionnaires français (Marine Wendel) portent une responsabilité non négligeable dans la situation actuelle. Mais à notre connaissance l'État ne vend pas de voyages à forfait dans les guichets des administrations et le Baron Seillière devrait tirer un trait définitif sur ses investissements touristiques hasardeux...
Conclusion : le défi est très rude pour la profession. Tous les acteurs du voyage devront se serrer les coudes et monter unanimement au créneau pour dénoncer les responsables : le ministère des Transports, bien sûr, qui a donné sa bénédiction au rachat par Swissair et les actionnaires suisses et français.
Mais ils devront également battre leur coulpe : pourquoi avoir continué à vendre un produit qui, manifestement, ne présentait plus toutes les garanties de fiabilité requises ?
Jean DA LUZ - 1er juillet 2001
redaction@tourmag.com