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Aérien : les Français ont encore envie de prendre l’avion, mais sont freinés par l’incertitude de la crise Covid

Résultats du nouveau rapport de la Chaire Pégase


Quel(s) impact(s) la crise Covid a-t-elle eu sur les comportements des passagers aériens français ? Un rapport publié par la Chaire Pégase publié le 2 décembre 2020, tente d'y répondre. Voici les principales tendances.


Rédigé par Christophe HARDIN le Vendredi 4 Décembre 2020

La reprise durable du trafic aérien ne pourra être possible que si les gouvernements, les compagnies aériennes et les aéroports collaborent de façon à mettre en place des mesures fortes pour rassurer les Français et les convaincre qu’ils peuvent réserver en toute confiance leurs billets d’avion - DR
La reprise durable du trafic aérien ne pourra être possible que si les gouvernements, les compagnies aériennes et les aéroports collaborent de façon à mettre en place des mesures fortes pour rassurer les Français et les convaincre qu’ils peuvent réserver en toute confiance leurs billets d’avion - DR
Installée au sein de la Montpellier Business School, la Chaire Pégase dirigée par Paul Chiambaretto, et qui traite de l’économie du transport aérien, a publié ces derniers jours un rapport intitulé "Transport aérien : l’impact du COVID-19 sur le comportement des Français".

On notera avec soulagement qu’après ces deux vagues, l’envie de voyager en avion reste intacte pour les Français, même si les comportements seront plus attentistes.

A noter également que la France est devenue et devrait être la première destination des passagers aériens français dans les 12 prochains mois, ainsi que la forte progression des destinations Outre-Mer, qui se confirme comme on peut le constater à travers la spectaculaire envolée des réservations pour les semaines prochaines sur les compagnies qui les desservent.

L’Europe et la France particulièrement impactées

Le rapport revient d’abord sur les raisons pour lesquelles l’impact a été si brutal pour le secteur aérien avec des conséquences immédiates, mais aussi sur le long terme.

D’une part, ce secteur a été l’un des premiers à faire face à des restrictions, et cela dès la fin du mois de janvier 2020.

D’autre part, et contrairement aux crises précédentes qui étaient de faible importance et essentiellement régionales, l’impact du COVID-19 sur le trafic aérien est global et beaucoup plus marqué (-68% de l’offre aérienne au pire de la crise).

Néanmoins, toutes les zones géographiques et tous les acteurs n’ont pas été impactés de la même manière.

L’Europe (et plus particulièrement la France) fait partie des zones où le trafic aérien a été réduit de plus de 90% au printemps 2020 et qui met le plus de temps à retrouver son niveau d’avant-crise.

Cette crise a frappé une majorité des compagnies aériennes qui déjà présentaient de faibles performances financières avant l’épidémie. Elles ne disposaient pas de suffisamment de liquidités pour tenir sur une longue période sans voler et la plupart avec moins de trois mois de liquidités.

Seules quelques compagnies à bas coûts pouvaient tenir jusqu’à six mois sans voler.

Face à cette situation et pour améliorer leurs chances de survie, les compagnies aériennes ont cherché à réduire leurs coûts en diminuant fortement leur offre de vols.

Pour autant, compte-tenu de la faiblesse de leur santé financière, et la violence de cette crise, ces efforts n’ont pas été suffisants.

De nombreuses compagnies aériennes ont ainsi cherché à bénéficier d’un soutien gouvernemental (prêts, prise de participation, aides, etc.). Néanmoins, la majorité de ce soutien financier a généré de nouvelles dettes pour les compagnies aériennes, rendant leur reprise encore plus difficile à long terme.

La douche froide du mois de septembre

En parallèle de la réduction de leurs vols, les compagnies aériennes ont mis en place différentes actions pour faire face à la crise, comme la sortie anticipée de certains avions de leur flotte ou la reconversion de certains avions pour transporter des marchandises et, bien sûr, la mise en place de mesures sanitaires strictes pour tenter de rassurer les passagers.

Les premiers mois de l’été 2020 ont donné l’impression aux compagnies aériennes européennes que le pire de la crise du COVID-19 était passé. L’offre aérienne se faisant plus généreuse en termes de destinations et de fréquences, le nombre de passagers aériens a significativement augmenté au cours de l’été.

Pour autant, la situation s’est rapidement dégradée à partir de mi-août 2020 lorsque plusieurs pays européens ont décidé unilatéralement de rétablir des restrictions à leurs frontières. Instantanément, la croissance du transport aérien européen a été interrompue, replongeant le secteur dans l’incertitude concernant son avenir.

S’il est hasardeux de réaliser des prévisions ou des scenarios quant à l’avenir du secteur aérien européen, il apparaît clairement que la reprise du secteur sera impactée par des facteurs épidémiques, légaux, économiques et comportementaux.

Un échantillon représentatif

Pour mesurer le véritable impact de la crise du COVID-19 sur le comportement des Français en matière de transport aérien, la Chaire Pégase a constitué un échantillon de 1010 répondants représentatifs de la population française âgée de 20 ans ou plus.

Le résultat de ces questionnements permet de dresser les portraits robot des passagers français avant et après le début de cette crise.

Au cours de l’année 2019, 63% des Français ont pris l’avion au moins une fois et même 31% des Français ont pris l’avion deux fois ou plus au cours de l’année.

Les principales raisons évoquées par les 37% de Français qui n’ont pas pris l’avion sont l’absence d’envie ou de besoin de prendre l’avion, suivie du manque de moyens.

En 2019, plus des trois-quarts des passagers aériens (80%) ont pris l’avion essentiellement pour des raisons personnelles. A l’inverse, seuls 10% des passagers aériens ont voyagé principalement pour un motif professionnel.

Toutefois, ceux qui prennent le plus l’avion (en termes de nombre de vols effectués dans l’année) sont aussi ceux qui voyagent le plus pour un motif professionnel.

L’étude révèle aussi que les Français ont principalement pris l’avion pour voyager en Europe (65%) et en France métropolitaine (56%).

Les destinations lointaines, accessibles par des vols long-courriers, sont moins fréquentes (moins de 20% des répondants).

Enfin, concernant les délais moyens de réservation des billets, en 2019, près des trois quarts des répondants (73%) ont réservé leur billet plus de 3 semaines avant leur vol et même 38% des répondants ont effectué leur réservation plus de deux mois avant le vol.

A l’inverse, les réservations de billets dans les 10 jours qui précédent le vol ne concerne que 13% des répondants.

L’effondrement post-premier confinement

Au cours des 5 mois qui ont suivi le premier confinement (mai à octobre 2020), seuls 20% des Français déclarent avoir pris l’avion au moins une fois.

Parmi les 80% de Français qui n’ont pas pris l’avion, l’absence d’envie ou de besoin de prendre l’avion reste la raison principale (68%).

Mais contrairement à 2019, des motifs spécifiques liés au risque épidémique ou aux contraintes légales (comme la fermeture des frontières) sont clairement mis en avant.

Par ailleurs, si les passagers aériens voyageant pour motif personnel demeurent majoritaires, la part des répondants qui ont déclaré voyager pour motif professionnel (exclusivement ou principalement) est de 19%, soit plus du double par rapport à la période d’avant-crise.

Contrairement à 2019, nous observons grâce à cette étude que la destination principale des passagers aériens français à l’issue du confinement a été la France métropolitaine (70%), suivie de l’Europe (54%).

Il est aussi intéressant de noter la part beaucoup plus élevée des Outre-Mer (22%) qui ont vu leur attractivité croître pour les touristes français lorsque les frontières sont fermées.

L’analyse révèle aussi que la crise du COVID-19 a eu pour effet de raccourcir fortement les délais de réservation des billets. Ainsi, depuis la fin du premier confinement, 36% des passagers aériens français déclarent avoir réservé en moyenne leur billet moins de 10 jours avant le vol (ils n’étaient que 13% à le faire en 2019).

Une envie intacte de voyager dans les 12 prochains mois

L’étude révèle aussi que les Français ont toujours autant envie de prendre l’avion.

Ainsi, 61% des Français comptent prendre l’avion au moins une fois dans les 12 prochains mois, ce qui est quasi-équivalent à la part (63%) de 2019.

En revanche, si le nombre de Français prenant l’avion devrait être relativement stable, le nombre total de trajets effectués devrait probablement baisser du fait d’une réduction du nombre des vols effectués par les voyageurs les plus fréquents.

En parallèle, on observe une certaine forme d’attentisme de la part des futurs passagers aériens puisque la majorité d’entre eux (55%) souhaitent attendre six mois ou plus avant de reprendre l’avion.

Ces vols seront d’ailleurs majoritairement effectués pour des motifs personnels, de sorte que l’on retrouve la répartition "classique" des motifs d’avant la crise du COVID-19.

L’Outre-Mer, valeur refuge

Concernant les destinations envisagées par les Français dans les 12 prochains mois, on note le retour de l’Europe comme destination principale (71%) suivie de la France métropolitaine (61%).

Contrairement à la période d’avant crise, les Outre-Mer se positionnent comme la 3ème destination préférée, car ces destinations sont moins risquées tant légalement que d’un point de vue sanitaire.

Enfin, l’analyse met en lumière plusieurs mesures pouvant accroître l’intention de prendre l’avion dans les 12 prochains mois comme les mesures qui permettent de réduire ou de faire face à l’incertitude (par exemple, la possibilité offerte par les compagnies aériennes d’annuler ou d’échanger sans justification ses billets).

Les mesures sanitaires prises par les aéroports et compagnies aériennes sont aussi appréciées par les passagers, d’autant plus quand elles sont accompagnées de garanties sur le maintien de l’ouverture des frontières.

En revanche, les quarantaines, tant à destination qu’au retour en France, sont très peu appréciées et sont plutôt vues comme un frein à des déplacements futurs.

L’incertitude, principal défi du secteur aérien

Qu’elle soit sanitaire, économique ou légale, l’incertitude est probablement la caractéristique qui définit le mieux cette crise du COVID-19.

Or si les Français ont encore envie de voyager et de prendre l’avion, leurs intentions de voyage restent freinées par l’incertitude.

La reprise durable du trafic aérien ne pourra donc être possible que si les gouvernements, les compagnies aériennes et les aéroports collaborent de façon à mettre en place des mesures fortes pour rassurer les Français et les convaincre qu’ils peuvent réserver en toute confiance leurs billets d’avion.

Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a, à son actif, de nombreuses heures de vol en tant que personnel navigant commercial.

Il est adhérent à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) ainsi qu'à l'Association des journalistes du Tourisme (AJT).

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Commentaires

1.Posté par SERGE13 le 05/12/2020 07:08 | Alerter
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Une seule solution: VACCINEZ VOUS et vous aurez l'esprit au calme.

2.Posté par Concorde le 05/12/2020 12:51 | Alerter
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Cher Mr Hardin, votre vision est un peu utopique, même si Noël est dans quelques jours !! Mon sentiments est que Vous y croyez encore, en tant qu’ex pnt, Allez-vous promener un peu sur des forums un peu plus large et vous verrez que la liste des plaintes de passagers qui attendent d’être remboursés par les Cie ne cesse de s’allonger .. pour ex, un membré de ma famille attend depuis 8 mois un remboursement d’AF pour un vol annulé !!... Donc effectivement rassurer les français qu’ils peuvent réserver un billet en toute confiance est chose facile, assurer le service commercial adéquat derrière pour rembourser est une autre affaire !!.. Et là dessus, au vu de la situation économique des Cie qui va mettre des années à se stabiliser...je suis beaucoup moins optimiste !!

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