Incorporé dans la loi de finances rectificatives, ce projet prévoit d'instaurer une taxe sur les billets d'avion destinée à aider les pays pauvres.
Défendue bec et ongle par Jacques Chirac, le projet de loi sur la taxe de solidarité sur les billets d'avion a été adopté aujourd'hui au Conseil des ministres.
Incorporé dans la loi de finances rectificatives, il prévoit d'instaurer une taxe sur les billets d'avion destinée à aider les pays pauvres. Comprise entre 1 et 40 euros par billet, la taxe entrera en vigueur le 1er juillet 2006.
En classe économique, une taxe de 1 euro est prévue sur les billets pour les vols intérieurs et vers les pays de l'Union européenne. La taxe passe à 4 euros pour les vols hors d'Europe.
En première classe et classe affaires, elle passe à respectivement 10 et 40 euros. Le gouvernement prévoit de recueillir ainsi 210 millions d'euros par an, qui seront affectés à l'aide au développement.
Levée de boucliers : risque de 3.000 à 4.000 suppressions d'emplois ?
Malgré la générosité de cette mesure, le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne déchaîne pas l’enthousiasme.
Alors qu'une source française affirmait mardi que les pays « partants» étaient « plus de 70», le gouvernement a reconnu hier que seuls « le Royaume-Uni et le Chili ont annoncé qu'ils mettraient en œuvre prochainement cette contribution».
Hier, lors de la présentation des résultats, le PDG du groupe Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, a exprimé des « réserves et des réticences», estimant que ce n'était « pas la bonne approche». Une opinion largement partagée par les compagnies aériennes.
La Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam) avait estimé que « la taxe de solidarité part d'un très bon sentiment…français», mais elle « demande aussi à l'Etat de calculer l'impact économique». Et d’agiter le spectre des licenciements, en évoquant le risque de 3.000 à 4.000 suppressions d'emplois.
Christian Blanc, ancien président d'Air France, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la taxe de « très mauvaise idée. Cela me semble faire partie de la politique de l'illusion», a-t-il dit, car cette taxe « ne sera pas appliquée » et « la France sera seule».
Même nos compatriotes semblent sceptiques sur le bien fondé de celle-ci. Selon un sondage publié au mois d'octobre, seuls 49% des français seraient favorable à cette taxe, contre 45% qui y sont opposés.
« Ce projet n’est pas bon »
Pour Jean Pierre Mas, président du réseau Afat Voyages mais aussi responsable de la commission Air au Snav, « ce projet n’est pas bon. Politiquement, il illustre le manque de détermination de gouvernants qui n’ont pas le courage de leurs bonnes intentions : au lieu d’arbitrer dans le budget de l’état en faveur du développement, ils préfèrent repasser la patate chaude aux passagers du transport aérien. »
Selon Jean Pierre Mas, cette taxe créerait une double distorsion de concurrence « entre les compagnies aériennes de pays qui l’appliquent et celles des pays qui ne l’appliquent pas, et, en France métropolitaine, entre le transport aérien et le rail. »
Lors du dernier EVP organisé par American Express, Régis Chambert, le directeur France du Groupe avait avancé cette possibilité et rappelé que les taxes peuvent représenter actuellement jusqu’à 70 % du prix du billet. « Est-il nécessaire d’en rajouter », avait-il demandé ?
Et de rappeler que l’affectation directe d’une recette fiscale n’a pas toujours donné les résultats escomptés pour ses bénéficiaires supposés, comme ce fut le cas de la vignette auto destinée aux personnes âgées… qui n’en ont jamais vu la couleur.
« On se fout de la gueule du monde »
Seule voix discordante dans ce « lynchage » en règle, celle du patron de Voyageurs du Monde, Jean François Rial. « On se fout de la gueule du monde en utilisant de pareils argumentaires. ». Selon lui, la perte de 3 à 4000 emplois ne tient pas.
« On ne voit que cette taxe de 40 € qu’on agite comme un épouvantail. Cette somme sera perçue sur les classes business. Or, l’essentiel du trafic se fait sur la classe éco. Est ce qu’un 1 euro ou quatre de plus vont empêcher de voyager et mettre en péril toute une activité ? »
Pour la patron de Voyageurs du Monde, la taxation pourrait même aller plus loin. « Le train, le bateau, les compagnies pétrolières, toutes peuvent contribuer. Pour l’instant, il n’y a pas de projet. Mais toutes les activités « non délocalisables » peuvent être concernées. »
Et d’avancer comme possibilité : les transactions immobilières (au-delà d'un certain seuil), les carburants, les produits de luxe, la grande distribution (hors produits de première nécessité), les activités transformant des matières premières issues des pays concernés, etc.., « nos experts économiques en trouveront beaucoup d'autres… »
Pour Jean François Rial, cette taxe est d’abord un message fort vers les pays les plus déshérités. « Cela veut qu’on pense à vous, on s’occupe de vous. Et en tant que professionnel du tourisme, on doit être les premiers à s'intéresser à ces choses là. »
Incorporé dans la loi de finances rectificatives, il prévoit d'instaurer une taxe sur les billets d'avion destinée à aider les pays pauvres. Comprise entre 1 et 40 euros par billet, la taxe entrera en vigueur le 1er juillet 2006.
En classe économique, une taxe de 1 euro est prévue sur les billets pour les vols intérieurs et vers les pays de l'Union européenne. La taxe passe à 4 euros pour les vols hors d'Europe.
En première classe et classe affaires, elle passe à respectivement 10 et 40 euros. Le gouvernement prévoit de recueillir ainsi 210 millions d'euros par an, qui seront affectés à l'aide au développement.
Levée de boucliers : risque de 3.000 à 4.000 suppressions d'emplois ?
Malgré la générosité de cette mesure, le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne déchaîne pas l’enthousiasme.
Alors qu'une source française affirmait mardi que les pays « partants» étaient « plus de 70», le gouvernement a reconnu hier que seuls « le Royaume-Uni et le Chili ont annoncé qu'ils mettraient en œuvre prochainement cette contribution».
Hier, lors de la présentation des résultats, le PDG du groupe Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, a exprimé des « réserves et des réticences», estimant que ce n'était « pas la bonne approche». Une opinion largement partagée par les compagnies aériennes.
La Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam) avait estimé que « la taxe de solidarité part d'un très bon sentiment…français», mais elle « demande aussi à l'Etat de calculer l'impact économique». Et d’agiter le spectre des licenciements, en évoquant le risque de 3.000 à 4.000 suppressions d'emplois.
Christian Blanc, ancien président d'Air France, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la taxe de « très mauvaise idée. Cela me semble faire partie de la politique de l'illusion», a-t-il dit, car cette taxe « ne sera pas appliquée » et « la France sera seule».
Même nos compatriotes semblent sceptiques sur le bien fondé de celle-ci. Selon un sondage publié au mois d'octobre, seuls 49% des français seraient favorable à cette taxe, contre 45% qui y sont opposés.
« Ce projet n’est pas bon »
Pour Jean Pierre Mas, président du réseau Afat Voyages mais aussi responsable de la commission Air au Snav, « ce projet n’est pas bon. Politiquement, il illustre le manque de détermination de gouvernants qui n’ont pas le courage de leurs bonnes intentions : au lieu d’arbitrer dans le budget de l’état en faveur du développement, ils préfèrent repasser la patate chaude aux passagers du transport aérien. »
Selon Jean Pierre Mas, cette taxe créerait une double distorsion de concurrence « entre les compagnies aériennes de pays qui l’appliquent et celles des pays qui ne l’appliquent pas, et, en France métropolitaine, entre le transport aérien et le rail. »
Lors du dernier EVP organisé par American Express, Régis Chambert, le directeur France du Groupe avait avancé cette possibilité et rappelé que les taxes peuvent représenter actuellement jusqu’à 70 % du prix du billet. « Est-il nécessaire d’en rajouter », avait-il demandé ?
Et de rappeler que l’affectation directe d’une recette fiscale n’a pas toujours donné les résultats escomptés pour ses bénéficiaires supposés, comme ce fut le cas de la vignette auto destinée aux personnes âgées… qui n’en ont jamais vu la couleur.
« On se fout de la gueule du monde »
Seule voix discordante dans ce « lynchage » en règle, celle du patron de Voyageurs du Monde, Jean François Rial. « On se fout de la gueule du monde en utilisant de pareils argumentaires. ». Selon lui, la perte de 3 à 4000 emplois ne tient pas.
« On ne voit que cette taxe de 40 € qu’on agite comme un épouvantail. Cette somme sera perçue sur les classes business. Or, l’essentiel du trafic se fait sur la classe éco. Est ce qu’un 1 euro ou quatre de plus vont empêcher de voyager et mettre en péril toute une activité ? »
Pour la patron de Voyageurs du Monde, la taxation pourrait même aller plus loin. « Le train, le bateau, les compagnies pétrolières, toutes peuvent contribuer. Pour l’instant, il n’y a pas de projet. Mais toutes les activités « non délocalisables » peuvent être concernées. »
Et d’avancer comme possibilité : les transactions immobilières (au-delà d'un certain seuil), les carburants, les produits de luxe, la grande distribution (hors produits de première nécessité), les activités transformant des matières premières issues des pays concernés, etc.., « nos experts économiques en trouveront beaucoup d'autres… »
Pour Jean François Rial, cette taxe est d’abord un message fort vers les pays les plus déshérités. « Cela veut qu’on pense à vous, on s’occupe de vous. Et en tant que professionnel du tourisme, on doit être les premiers à s'intéresser à ces choses là. »