Air France se voit ouvrir un réseau complémentaire dont elle a bien besoin, en particulier la route d’Australie et les Seychelles dont elle avait perdu l’accès avec le retrait forcé d’Air Seychelles. /Photo AF HAVET, Claire-Lise
Tout de même, faut-il que la situation du groupe franco-hollandais soit délicate pour que les dirigeants européens mangent ainsi leur chapeau...
Après avoir dit pis que pendre des compagnies du Golfe, les voilà bien heureux de signer un premier accord de partage de codes avec l’une d’entre elles.
Certes, ce n’est pas et de loin le transporteur leader de la région, mais il opère selon le même modèle que son gros concurrent Emirates qui, lui, continue de faire la course en tête.
Une fois le constat fait, il est intéressant de voir qui va tirer les marrons du feu dans cette affaire.
Après avoir dit pis que pendre des compagnies du Golfe, les voilà bien heureux de signer un premier accord de partage de codes avec l’une d’entre elles.
Certes, ce n’est pas et de loin le transporteur leader de la région, mais il opère selon le même modèle que son gros concurrent Emirates qui, lui, continue de faire la course en tête.
Une fois le constat fait, il est intéressant de voir qui va tirer les marrons du feu dans cette affaire.
Une bonne affaire pour Air France-KLM .... au moins au début
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Disons tout de suite qu’Air France/KLM fait une bonne affaire, au moins au début.
Sans avoir à opérer des appareils dont elle ne dispose pas, elle se voit ouvrir un réseau complémentaire dont elle a bien besoin, en particulier la route d’Australie et les Seychelles dont elle avait perdu l’accès avec le retrait forcé d’Air Seychelles.
Au total voilà un chiffre d’affaires supplémentaire et surtout un nécessaire complément de réseau car on ne peut pas s’afficher mondial sans couvrir tous les principaux marchés. Bonne affaire donc.
Mais il y a le revers de la médaille, et il n’est pas mince. Les passagers qui achèteront un billet Air France ou KLM pour voler sur des appareils d’Etihad vont bénéficier d’un niveau de service très au-dessus de celui proposé actuellement par la compagnie européenne.
Ils vont certes en être satisfaits, mais dans le même temps cela leur fera toucher du doigt combien leur transporteur préféré fournit une prestation bien inférieure à celle de la compagnie du Golfe.
Et de deux choses l’une : ou bien ils exigeront qu’Air France/KLM rehausse la qualité de son produit dans les plus brefs délais, ou bien ils iront tout simplement chercher d’autres transporteurs par la suite.
Il est pour le moins dangereux pour Air France d’envoyer délibérément des clients tester un produit meilleur qui appartient à un concurrent potentiel.
Sans avoir à opérer des appareils dont elle ne dispose pas, elle se voit ouvrir un réseau complémentaire dont elle a bien besoin, en particulier la route d’Australie et les Seychelles dont elle avait perdu l’accès avec le retrait forcé d’Air Seychelles.
Au total voilà un chiffre d’affaires supplémentaire et surtout un nécessaire complément de réseau car on ne peut pas s’afficher mondial sans couvrir tous les principaux marchés. Bonne affaire donc.
Mais il y a le revers de la médaille, et il n’est pas mince. Les passagers qui achèteront un billet Air France ou KLM pour voler sur des appareils d’Etihad vont bénéficier d’un niveau de service très au-dessus de celui proposé actuellement par la compagnie européenne.
Ils vont certes en être satisfaits, mais dans le même temps cela leur fera toucher du doigt combien leur transporteur préféré fournit une prestation bien inférieure à celle de la compagnie du Golfe.
Et de deux choses l’une : ou bien ils exigeront qu’Air France/KLM rehausse la qualité de son produit dans les plus brefs délais, ou bien ils iront tout simplement chercher d’autres transporteurs par la suite.
Il est pour le moins dangereux pour Air France d’envoyer délibérément des clients tester un produit meilleur qui appartient à un concurrent potentiel.
Bonne affaire aussi pour Etihad... au premier abord
Petite question au passage : les compagnies du Golfe offrent les transferts en limousine à tous leurs passagers qui voyagent en Première ou Buisness classe.
Les clients d’Air France bénéficieront-ils de ce service alors qu’il n’est pas dans la définition du produit d’Air France ?
Après tout, cela peut avoir du bon, en amenant notre transporteur national à offrir cette prestation qui est tout de même en train de s’imposer comme d’ailleurs les fauteuils-lits plats à 180° et non à 167° se sont imposés sur toutes les classes affaires dignes de ce nom.
Quelles sont les conséquences du point de vue d’Etihad ?
Notons tout d’abord que le partage de codes ne concerne pratiquement pas les réseaux européens et pas du tout les transatlantiques. Voilà donc une opération dont le bénéfice principal est le remplissage des vols de la compagnie du Golfe en conquérant à peu de frais une clientèle largement contrôlée par les transporteurs européens.
Cela pourrait être tout bénéfice et devenir un atout considérable par rapport aux autres concurrents de la région en particulier Emirates qui a choisi de continuer son chemin seul sur le continent européen.
Il faut dire que la compagnie de Dubai n’a besoin de personne pour remplir ses appareils alors que ce n’est pas le cas de celle d’Abu Dhabi. Bonne affaire donc au premier abord pour Etihad.
Les clients d’Air France bénéficieront-ils de ce service alors qu’il n’est pas dans la définition du produit d’Air France ?
Après tout, cela peut avoir du bon, en amenant notre transporteur national à offrir cette prestation qui est tout de même en train de s’imposer comme d’ailleurs les fauteuils-lits plats à 180° et non à 167° se sont imposés sur toutes les classes affaires dignes de ce nom.
Quelles sont les conséquences du point de vue d’Etihad ?
Notons tout d’abord que le partage de codes ne concerne pratiquement pas les réseaux européens et pas du tout les transatlantiques. Voilà donc une opération dont le bénéfice principal est le remplissage des vols de la compagnie du Golfe en conquérant à peu de frais une clientèle largement contrôlée par les transporteurs européens.
Cela pourrait être tout bénéfice et devenir un atout considérable par rapport aux autres concurrents de la région en particulier Emirates qui a choisi de continuer son chemin seul sur le continent européen.
Il faut dire que la compagnie de Dubai n’a besoin de personne pour remplir ses appareils alors que ce n’est pas le cas de celle d’Abu Dhabi. Bonne affaire donc au premier abord pour Etihad.
Est-ce le début des grandes manœuvres ?
Mais est-ce qu’elle va s’arrêter là ?
La compagnie a déjà mis un pied significatif en Europe en prenant 30% d’Air Berlin.
On voit bien se dessiner une stratégie d’achat d’opérateurs européens. Le Qatar de son côté et maintenant les Emirats.
D’autant plus qu’à la différence de Dubai, l’Emirat d’Abu Dhabi regorge encore de ressources pétrolières qui se valorisent considérablement avec la montée inexorable des cours du pétrole.
Or Air France/KLM est une proie à la portée d’un transporteur du Golfe soutenu par son Gouvernement. Au cours de l’action actuelle qui est de 5,436 €, le groupe Franco-Hollandais est valorisé à 1,680 milliard d’Euros.
Autant dire une misère. Qui dit que cela n’intéresserait pas une société en quête de conquêtes ? On peut parier que le premier pas de collaboration entre les transporteurs ne s’arrêtera pas là.
C’est peut-être le vrai début des grandes manœuvres tant en Europe que dans la région du Golfe.
Et cela impactera la totalité du transport aérien mondial.
La compagnie a déjà mis un pied significatif en Europe en prenant 30% d’Air Berlin.
On voit bien se dessiner une stratégie d’achat d’opérateurs européens. Le Qatar de son côté et maintenant les Emirats.
D’autant plus qu’à la différence de Dubai, l’Emirat d’Abu Dhabi regorge encore de ressources pétrolières qui se valorisent considérablement avec la montée inexorable des cours du pétrole.
Or Air France/KLM est une proie à la portée d’un transporteur du Golfe soutenu par son Gouvernement. Au cours de l’action actuelle qui est de 5,436 €, le groupe Franco-Hollandais est valorisé à 1,680 milliard d’Euros.
Autant dire une misère. Qui dit que cela n’intéresserait pas une société en quête de conquêtes ? On peut parier que le premier pas de collaboration entre les transporteurs ne s’arrêtera pas là.
C’est peut-être le vrai début des grandes manœuvres tant en Europe que dans la région du Golfe.
Et cela impactera la totalité du transport aérien mondial.
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com