Benjamin Smith, a tenu ses promesses. Pourtant on ne donnait pas cher des chances de l’homme d’affaires anglo-canadien, arrivé en France en 2018, pour redresser une entreprise à la dérive sociale et chroniquement déficitaire. /crédit Wikipedia
Benjamin Smith, a tenu ses promesses : Air France a fait un 3e trimestre tonitruant, avec un résultat financier supérieur à celui de 2019.
Pourtant on ne donnait pas cher des chances de l’homme d’affaires anglo-canadien, arrivé en France en 2018, pour redresser une entreprise à la dérive et chroniquement déficitaire.
Précédé d’une solide réputation de redresseur d’entreprises en général et de compagnies aériennes en particulier, un sacré chantier attendait le nouveau directeur général, même si Air France était un pari d’une autre envergure qu’Air Canada qu’il avait retapée quelques années auparavant.
Personne n’aurait misé un kopeck sur les chances du quadragénaire qui représentait le dernier recours des “maudits français”.
Certes, le Groupe franco-néerlandais a bénéficié cet été d’un contexte hors-normes qui a boosté l’ensemble de l’industrie. Sevrés de voyages depuis deux longues années, les Français ont boosté tous les segments de l’industrie touristique et particulièrement le transport aérien, l’un des principaux bénéficiaires de la travel mania qui s’est emparée de nos compatriotes.
L’effet "revenge traveller" a profité à fond au Groupe mais force est de constater que l’entreprise s’y était préparée. Ben Smith, main de fer dans un gant de velours, avait accepté la mission et relevé le challenge : redonner des couleurs au transporteur tricolore qui, d’année en année, décrochait face à la concurrence féroce des low cost.
Pourtant on ne donnait pas cher des chances de l’homme d’affaires anglo-canadien, arrivé en France en 2018, pour redresser une entreprise à la dérive et chroniquement déficitaire.
Précédé d’une solide réputation de redresseur d’entreprises en général et de compagnies aériennes en particulier, un sacré chantier attendait le nouveau directeur général, même si Air France était un pari d’une autre envergure qu’Air Canada qu’il avait retapée quelques années auparavant.
Personne n’aurait misé un kopeck sur les chances du quadragénaire qui représentait le dernier recours des “maudits français”.
Certes, le Groupe franco-néerlandais a bénéficié cet été d’un contexte hors-normes qui a boosté l’ensemble de l’industrie. Sevrés de voyages depuis deux longues années, les Français ont boosté tous les segments de l’industrie touristique et particulièrement le transport aérien, l’un des principaux bénéficiaires de la travel mania qui s’est emparée de nos compatriotes.
L’effet "revenge traveller" a profité à fond au Groupe mais force est de constater que l’entreprise s’y était préparée. Ben Smith, main de fer dans un gant de velours, avait accepté la mission et relevé le challenge : redonner des couleurs au transporteur tricolore qui, d’année en année, décrochait face à la concurrence féroce des low cost.
Eviter l’hémorragie des effectifs et les conflits sociaux
Direction et syndicats avaient toujours été farouchement opposés à l’idée de recourir à ce nouveau modèle pour redynamiser un business model qui battait de l’aile.
Si les craintes des derniers étaient tout à fait logiques et compréhensibles, on voyait moins bien ce qui clochait chez les dirigeants... Un reste d'arrogance vis-à -vis de ces va-nu pieds aux méthodes de flibustiers ?
Et pourtant, pendant plus d’une décennie les transporteurs à bas coût vont prospérer dans un jardin à la française y plantant les graines de leurs futurs succès. Le réveil a été douloureux avec des rares tentatives de riposte qui ont, toutes, lamentablement échoué.
On s’en souvient encore des initiatives malheureuses pour “régionaliser” le transporteur, ou lancer une compagnie (Joon) censée surfer sur la vague “djeuns” et dont le crash a marqué les esprits.
Quant à l’idée de créer une “véritable” low cost basée dans un pays à la fiscalité plus amène, comme l’Espagne ou le Portugal, elle est aussi mort-née victime de la fin de non-recevoir du SNPL.
Le Syndicat voyait (acceptait) mal comment on pouvait rémunérer et proposer des conditions et des avantages sociaux différents au sein d’une même entreprise…
Si les craintes des derniers étaient tout à fait logiques et compréhensibles, on voyait moins bien ce qui clochait chez les dirigeants... Un reste d'arrogance vis-à -vis de ces va-nu pieds aux méthodes de flibustiers ?
Et pourtant, pendant plus d’une décennie les transporteurs à bas coût vont prospérer dans un jardin à la française y plantant les graines de leurs futurs succès. Le réveil a été douloureux avec des rares tentatives de riposte qui ont, toutes, lamentablement échoué.
On s’en souvient encore des initiatives malheureuses pour “régionaliser” le transporteur, ou lancer une compagnie (Joon) censée surfer sur la vague “djeuns” et dont le crash a marqué les esprits.
Quant à l’idée de créer une “véritable” low cost basée dans un pays à la fiscalité plus amène, comme l’Espagne ou le Portugal, elle est aussi mort-née victime de la fin de non-recevoir du SNPL.
Le Syndicat voyait (acceptait) mal comment on pouvait rémunérer et proposer des conditions et des avantages sociaux différents au sein d’une même entreprise…
Air France a enclenché un cercle vertueux
C’était pourtant le cas de ses filiales régionales (Regional, HOP!...), dont les difficultés d’assimilation successives ont été source de conflits à répétition jusqu’à ces dernières années...
Le Canadien a, peu à peu, réussi à mettre un terme à la gabegie provoquée par le “mille-feuilles” dont il a hérité tout en donnant un certain nombre de gages aux Syndicats.
Le tout contribua à éviter l’hémorragie des effectifs, les conflits sociaux, et remplit le programme de l’été dernier avec un taux de fréquence et une régularité remarquables. Sauf, bien sûr, pour l’épisode cauchemardesque de Transavia…
Après avoir tergiversé sur les remboursements au début de la crise sanitaire, Air France a enclenché un cercle vertueux qui a considérablement amélioré son image par rapport à la concurrence.
Last but not least, l’irrésistible montée en charge de Transavia sur le segment court et moyen courrier, dessine de plus en plus nettement la stratégie tracée par Ben Smith.
La montée en charge du ferroviaire et les menaces qui pèsent sur le long courrier et qui, demain pourraient réserver ce segment à quelques happy fews, militent en faveur de cette approche. Dans l’aérien, comme ailleurs, la concentration est inéluctable.
Voilà pourquoi le transporteur, avec l’aide de CMA-CGM et de Certares, s’est porté acquéreur d’ITA Airways, dont la jeunesse n’empêche pas l’ambition, même si le nouveau gouvernement italien veut remettre l'ouvrage sur le métier.
Après près de vingt ans de stratégie erratique, Air France règle ses dettes et ses contorsionnements de vierge effarouchée face au low cost.
Partant, elle creuse de nouvelles fondations dont la solidité sera indispensable pour cimenter les relations compliquées avec son partenaire néerlandais et reconquérir la place et le temps perdu.
Y parviendra-t-elle ? L’avenir seul nous le dira…
Le Canadien a, peu à peu, réussi à mettre un terme à la gabegie provoquée par le “mille-feuilles” dont il a hérité tout en donnant un certain nombre de gages aux Syndicats.
Le tout contribua à éviter l’hémorragie des effectifs, les conflits sociaux, et remplit le programme de l’été dernier avec un taux de fréquence et une régularité remarquables. Sauf, bien sûr, pour l’épisode cauchemardesque de Transavia…
Après avoir tergiversé sur les remboursements au début de la crise sanitaire, Air France a enclenché un cercle vertueux qui a considérablement amélioré son image par rapport à la concurrence.
Last but not least, l’irrésistible montée en charge de Transavia sur le segment court et moyen courrier, dessine de plus en plus nettement la stratégie tracée par Ben Smith.
La montée en charge du ferroviaire et les menaces qui pèsent sur le long courrier et qui, demain pourraient réserver ce segment à quelques happy fews, militent en faveur de cette approche. Dans l’aérien, comme ailleurs, la concentration est inéluctable.
Voilà pourquoi le transporteur, avec l’aide de CMA-CGM et de Certares, s’est porté acquéreur d’ITA Airways, dont la jeunesse n’empêche pas l’ambition, même si le nouveau gouvernement italien veut remettre l'ouvrage sur le métier.
Après près de vingt ans de stratégie erratique, Air France règle ses dettes et ses contorsionnements de vierge effarouchée face au low cost.
Partant, elle creuse de nouvelles fondations dont la solidité sera indispensable pour cimenter les relations compliquées avec son partenaire néerlandais et reconquérir la place et le temps perdu.
Y parviendra-t-elle ? L’avenir seul nous le dira…
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Air France-KLM vient de publier ses résultats pour le 3e trimestre 2022, marqué par une forte demande de voyages. Le Groupe constate des progrès significatifs, malgré la hausse du prix du carburant et l'inflation, avec un résultat d'exploitation solide à 1,024 milliards d'euros et un chiffre d'affaires total du Groupe à 8,1 milliards, supérieur à celui de 2019 (+503 M€). (Cf article)
L'article de Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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