Le nouveau patron devra faire preuve d’une grande sagacité pour imposer les intérêts européens alors que la compagnie a perdu une grosse part de son indépendance. Il faudra, pour cela, retrouver une grande prospérité économique et … ce n’est pas gagné - Air France Corporate
Air France est-elle encore indépendante ?
C’est la question que l’on peut se poser après le processus raté du choix du futur président du groupe Air France-KLM.
Le comité de nominations composé d'Anne-Marie Couderc, la présidente par intérim, de Jean Dominique Comilli, représentant de l’Etat au conseil d’administration et d'Alexander Wynaendts, chargé des intérêts hollandais, a été sèchement renvoyé dans ses buts suite au choix qu’il avait fait en la personne de Philippe Capron, le directeur financier du groupe Veolia.
Ce n’est pas une surprise car il semble bien que ce comité n’ait pas songé à demander leur avis aux nouveaux actionnaires : Delta Air Lines et China Eastern.
Il est tout de même très étrange que les pratiques anciennes, consistant à demander à l’Etat français le nom du prochain président d’Air France-KLM, continuent à perdurer, alors que de nouveaux et importants actionnaires sont entrés, contre espèces sonnantes et trébuchantes, dans le capital.
Décidément nos gouvernants ont beaucoup de peine à se défaire de leurs anciennes habitudes. Le rappel à l’ordre venu d’Outre atlantique est en l’occurrence salutaire.
Bref, les responsables des nominations doivent revoir leur copie en prenant en compte les critères de choix plus que suggérés par Delta Air Lines : un professionnel du secteur qui, de plus, serait familier des sociétés cotées en bourse.
Le bon candidat ne sera certainement pas facile à trouver, d’autant plus que les Ministres de l’Economie et des Finances et des Transports français y mettent leur grain de sel.
En clair, ils demandent que les candidats fournissent leur stratégie de gouvernance pour qu’ils puissent être validés.
C’est la question que l’on peut se poser après le processus raté du choix du futur président du groupe Air France-KLM.
Le comité de nominations composé d'Anne-Marie Couderc, la présidente par intérim, de Jean Dominique Comilli, représentant de l’Etat au conseil d’administration et d'Alexander Wynaendts, chargé des intérêts hollandais, a été sèchement renvoyé dans ses buts suite au choix qu’il avait fait en la personne de Philippe Capron, le directeur financier du groupe Veolia.
Ce n’est pas une surprise car il semble bien que ce comité n’ait pas songé à demander leur avis aux nouveaux actionnaires : Delta Air Lines et China Eastern.
Il est tout de même très étrange que les pratiques anciennes, consistant à demander à l’Etat français le nom du prochain président d’Air France-KLM, continuent à perdurer, alors que de nouveaux et importants actionnaires sont entrés, contre espèces sonnantes et trébuchantes, dans le capital.
Décidément nos gouvernants ont beaucoup de peine à se défaire de leurs anciennes habitudes. Le rappel à l’ordre venu d’Outre atlantique est en l’occurrence salutaire.
Bref, les responsables des nominations doivent revoir leur copie en prenant en compte les critères de choix plus que suggérés par Delta Air Lines : un professionnel du secteur qui, de plus, serait familier des sociétés cotées en bourse.
Le bon candidat ne sera certainement pas facile à trouver, d’autant plus que les Ministres de l’Economie et des Finances et des Transports français y mettent leur grain de sel.
En clair, ils demandent que les candidats fournissent leur stratégie de gouvernance pour qu’ils puissent être validés.
Le seul identifié pour le moment est Pieter Elbers de KLM
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Comment dans ces conditions-là, notre transporteur national pourrait-il trouver enfin un président qui, comme on dit, coche toutes les cases ?
Après tout, le seul identifié pour le moment est Pieter Elbers, l’actuel CEO de KLM.
Celui-ci serait largement accepté par les cadres dirigeants d’Air France, il n’a qu’un défaut, il est Hollandais et le gouvernement français, lui, fait de la résistance.
Reste que le poids des nouveaux actionnaires se fait de plus en plus sentir.
Rappelons que Delta Air Lines est entrée au capital d’Air France/KLM car elle souhaitait mettre la main sur le dernier transporteur long-courrier britannique, Virgin Atlantic.
Elle en possédait déjà 40% et ne pouvait monter plus haut. Alors elle a fait appel à Air France pour qu’elle achète elle aussi 40% du capital afin que Virgin Atlantic ne passe pas dans des mains hostiles.
Tout cela était bien vu, sauf qu’Air France ne disposait pas des moyens pour racheter cette quote-part.
Alors, puisqu’Air France n’avait plus rien à vendre, il restait à céder une part de son capital.
C’est ainsi que Delta Air Lines qui regorge de cash, tout comme d’ailleurs China Eastern, ont souscrit chacun 8,76% du capital de la compagnie franco-néerlandaise pour un montant de 375 millions d’euros chacune, ce qui a servi à acheter les actions de Virgin Atlantic.
Après tout, le seul identifié pour le moment est Pieter Elbers, l’actuel CEO de KLM.
Celui-ci serait largement accepté par les cadres dirigeants d’Air France, il n’a qu’un défaut, il est Hollandais et le gouvernement français, lui, fait de la résistance.
Reste que le poids des nouveaux actionnaires se fait de plus en plus sentir.
Rappelons que Delta Air Lines est entrée au capital d’Air France/KLM car elle souhaitait mettre la main sur le dernier transporteur long-courrier britannique, Virgin Atlantic.
Elle en possédait déjà 40% et ne pouvait monter plus haut. Alors elle a fait appel à Air France pour qu’elle achète elle aussi 40% du capital afin que Virgin Atlantic ne passe pas dans des mains hostiles.
Tout cela était bien vu, sauf qu’Air France ne disposait pas des moyens pour racheter cette quote-part.
Alors, puisqu’Air France n’avait plus rien à vendre, il restait à céder une part de son capital.
C’est ainsi que Delta Air Lines qui regorge de cash, tout comme d’ailleurs China Eastern, ont souscrit chacun 8,76% du capital de la compagnie franco-néerlandaise pour un montant de 375 millions d’euros chacune, ce qui a servi à acheter les actions de Virgin Atlantic.
La compagnie nationale perd son indépendance
Seulement, à ce petit jeu on perd progressivement son indépendance. Il faut d’abord rappeler que plus de 50% du capital doit être détenu par des intérêts européens. Or les compagnies étrangères en possèdent déjà 17,52 %.
Petite question : les investisseurs institutionnels qui portent 64,02 % du capital sont-ils tous Européens ?
Deuxième question, si Accor devait entrer au capital en remplacement des parts détenues par l’Etat, ce qui serait d’ailleurs une bonne chose, cela ferait-il basculer la part extra-européenne au-delà de 50% sachant que déjà 44,7% du capital du groupe hôtelier sont dans des mains étrangères à la Communauté Européenne ?
On voit bien que, petit à petit, la compagnie nationale perd son indépendance. Cela peut avoir son importance.
D’ores et déjà, la stratégie transatlantique est plus ou moins gérée en fonction des intérêts de Delta Air Lines, bien que la joint-venture qui la gouverne soit en théorie égalitaire entre Air France-KLM et la compagnie américaine.
Seulement c’est cette dernière qui est actionnaire d’Air France-KLM et non l’inverse.
Le nouveau patron devra faire preuve d’une grande sagacité pour imposer les intérêts européens alors que la compagnie a perdu une grosse part de son indépendance. Il faudra, pour cela, retrouver une grande prospérité économique et… ce n’est pas gagné.
Au fond, en croyant garantir l’indépendance d’Air France et la mettre à l’abri des influences étrangères, l’Etat français a réussi exactement l’inverse.
Petite question : les investisseurs institutionnels qui portent 64,02 % du capital sont-ils tous Européens ?
Deuxième question, si Accor devait entrer au capital en remplacement des parts détenues par l’Etat, ce qui serait d’ailleurs une bonne chose, cela ferait-il basculer la part extra-européenne au-delà de 50% sachant que déjà 44,7% du capital du groupe hôtelier sont dans des mains étrangères à la Communauté Européenne ?
On voit bien que, petit à petit, la compagnie nationale perd son indépendance. Cela peut avoir son importance.
D’ores et déjà, la stratégie transatlantique est plus ou moins gérée en fonction des intérêts de Delta Air Lines, bien que la joint-venture qui la gouverne soit en théorie égalitaire entre Air France-KLM et la compagnie américaine.
Seulement c’est cette dernière qui est actionnaire d’Air France-KLM et non l’inverse.
Le nouveau patron devra faire preuve d’une grande sagacité pour imposer les intérêts européens alors que la compagnie a perdu une grosse part de son indépendance. Il faudra, pour cela, retrouver une grande prospérité économique et… ce n’est pas gagné.
Au fond, en croyant garantir l’indépendance d’Air France et la mettre à l’abri des influences étrangères, l’Etat français a réussi exactement l’inverse.
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.