Airbnb tente de redorer son blason avec une vaste campagne de communication. Ici dans le métro parisien. DR-LAC
C’est une querelle entre les anciens et les modernes...
A ma gauche, les hôteliers, historiquement hébergeurs des 85 millions de visiteurs qui se rendent en France chaque année.
A ma droite, Airbnb, symbole de la nouvelle économie collaborative, qui, en seulement quelques années, s’est taillé une part significative de ce gâteau touristique.
L’ancienne start-up américaine, désormais valorisée à 25,5 milliards de dollars, organise du 12 au 14 novembre 2015 un grand congrès, pour la première fois en dehors des Etats-Unis.
Environ 6 000 personnes ont déboursé près de 300 euros pour participer à une centaine d'ateliers afin d'apprendre à mieux décorer leur intérieur ou à optimiser leur annonce.
Certaines interventions proposent également "d'encourager le gouvernement à développer le partage de logements" ou à faire "de la location d’hébergements entre particuliers votre petite entreprise".
C'est justement cette professionnalisation des plates-formes d'économie collaborative qui inquiète les syndicats hôteliers en France.
A ma gauche, les hôteliers, historiquement hébergeurs des 85 millions de visiteurs qui se rendent en France chaque année.
A ma droite, Airbnb, symbole de la nouvelle économie collaborative, qui, en seulement quelques années, s’est taillé une part significative de ce gâteau touristique.
L’ancienne start-up américaine, désormais valorisée à 25,5 milliards de dollars, organise du 12 au 14 novembre 2015 un grand congrès, pour la première fois en dehors des Etats-Unis.
Environ 6 000 personnes ont déboursé près de 300 euros pour participer à une centaine d'ateliers afin d'apprendre à mieux décorer leur intérieur ou à optimiser leur annonce.
Certaines interventions proposent également "d'encourager le gouvernement à développer le partage de logements" ou à faire "de la location d’hébergements entre particuliers votre petite entreprise".
C'est justement cette professionnalisation des plates-formes d'économie collaborative qui inquiète les syndicats hôteliers en France.
Mettre en place les bases d'une concurrence équitable
L'un d'entre eux, le Synhorcat, avait organisé le jeudi 12 novembre, un forum sur cette thématique.
Son président, Didier Chenet, a dressé le portrait du loueur Airbnb contre lequel il veut se battre : un multi-propriétaire qui ne paie aucune charge, taxes ou impôts, qui ne déclare pas son activité et qui soustrait des logements du marché locatif traditionnel.
« Nous ne sommes pas contre les particuliers qui louent de temps en temps leur appartement, mais contre ceux qui en font un business », martèle Didier Chenet.
De son coté, Airbnb est bien conscient de la polémique qui enfle aujourd'hui en Europe et aux Etats-Unis.
Il vient d'échapper de justesse à une loi qui aurait limité son usage à San Francisco, sa ville de naissance.
Une campagne de lobbying qui lui aura coûté 8 millions de dollars.
Pour redorer son image, le site déploie les grands moyens. Il a tapissé le métro et les arrêts de bus parisiens de gigantesque affiches, expliquant tous les projets financés par les propriétaires qui louent leur appartement.
Le site s'engage également à collecter la taxe de séjour, ce qui rend dubitatif Didier Chenet. "Je ne vois pas comment il va s'y prendre puisque cette taxe doit être déclarée au réel. Et comme il refuse de donner l’identification de ses propriétaires…"
Airbnb a également publié un guide de bonne conduite indiquant qu'il allait demander à ses hôtes de limiter leurs annonces sur sa plate-forme à "leurs seules résidences permanentes, sur une base de court terme".
Reste à savoir quelles en seront les conséquences pratiques. "La devise interne d’Airbnb est : "mieux vaut demander pardon que la permission"," grince Jean-Baptiste Pieri, président de la commission Europe et numérique du Synhorcat.
Son président, Didier Chenet, a dressé le portrait du loueur Airbnb contre lequel il veut se battre : un multi-propriétaire qui ne paie aucune charge, taxes ou impôts, qui ne déclare pas son activité et qui soustrait des logements du marché locatif traditionnel.
« Nous ne sommes pas contre les particuliers qui louent de temps en temps leur appartement, mais contre ceux qui en font un business », martèle Didier Chenet.
De son coté, Airbnb est bien conscient de la polémique qui enfle aujourd'hui en Europe et aux Etats-Unis.
Il vient d'échapper de justesse à une loi qui aurait limité son usage à San Francisco, sa ville de naissance.
Une campagne de lobbying qui lui aura coûté 8 millions de dollars.
Pour redorer son image, le site déploie les grands moyens. Il a tapissé le métro et les arrêts de bus parisiens de gigantesque affiches, expliquant tous les projets financés par les propriétaires qui louent leur appartement.
Le site s'engage également à collecter la taxe de séjour, ce qui rend dubitatif Didier Chenet. "Je ne vois pas comment il va s'y prendre puisque cette taxe doit être déclarée au réel. Et comme il refuse de donner l’identification de ses propriétaires…"
Airbnb a également publié un guide de bonne conduite indiquant qu'il allait demander à ses hôtes de limiter leurs annonces sur sa plate-forme à "leurs seules résidences permanentes, sur une base de court terme".
Reste à savoir quelles en seront les conséquences pratiques. "La devise interne d’Airbnb est : "mieux vaut demander pardon que la permission"," grince Jean-Baptiste Pieri, président de la commission Europe et numérique du Synhorcat.
Airbnb tente de redorer son blason
Airbnb s'appuie également sur une étude estimant que ses utilisateurs ont contribué à l’économie française à hauteur de 2,5 milliards d’euros, correspondant à 13 300 emplois.
Selon les données que s'est procuré le Synhorcat, depuis les douze derniers mois, l'offre parisienne a progressé de 82%. Entre 34 000 et 50 000 offres sont proposées, soit l'équivalent de 80 000 à 150 000 chambres contre 82 000 pour les hôtels.
Une croissance qui impacte directement les performances des professionnels.
Alors que le salon du Bourget en juin et le mois de septembre sont traditionnellement des périodes fastes, les hôteliers accusent un chiffre d'affaires en recul de 3 à 9% avec des pointes à 20%.
"Ils nous piquent nos clients et en plus ne sont pas soumis aux mêmes charges que nous," s'insurge Didier Chenet.
Ce dernier tient également à souligner l'opacité financière d'Airbnb. Selon son extrait Kbis, la société est déclarée comme une entreprise de « fourniture de prestations de services informatiques ».
Elle a publié en 2014 un chiffre d'affaires de 4,9 millions d’euros, alors que le syndicat estime qu’elle en engrange 400 millions.
"Tout cet argent passe en Irlande puis au Delaware, où se trouve le siège d’Airbnb. Une région encore plus généreuse que Monaco concernant les impôts !" s'exclame Didier Chenet.
Selon les données que s'est procuré le Synhorcat, depuis les douze derniers mois, l'offre parisienne a progressé de 82%. Entre 34 000 et 50 000 offres sont proposées, soit l'équivalent de 80 000 à 150 000 chambres contre 82 000 pour les hôtels.
Une croissance qui impacte directement les performances des professionnels.
Alors que le salon du Bourget en juin et le mois de septembre sont traditionnellement des périodes fastes, les hôteliers accusent un chiffre d'affaires en recul de 3 à 9% avec des pointes à 20%.
"Ils nous piquent nos clients et en plus ne sont pas soumis aux mêmes charges que nous," s'insurge Didier Chenet.
Ce dernier tient également à souligner l'opacité financière d'Airbnb. Selon son extrait Kbis, la société est déclarée comme une entreprise de « fourniture de prestations de services informatiques ».
Elle a publié en 2014 un chiffre d'affaires de 4,9 millions d’euros, alors que le syndicat estime qu’elle en engrange 400 millions.
"Tout cet argent passe en Irlande puis au Delaware, où se trouve le siège d’Airbnb. Une région encore plus généreuse que Monaco concernant les impôts !" s'exclame Didier Chenet.
Les restaurateurs craignent aussi la multiplication des chefs à domicile
Toutefois, le Synhorcat refuse d'endosser le rôle du rabat joie.
"Nous ne sommes pas des vieux ronchons et nous sommes prêts à affronter la concurrence. Nous demandons simplement qu'elle soit loyale et que tous ceux qui utilisent professionnellement ces plates-formes soient soumis aux mêmes réglementations que nous".
Une autre catégorie professionnelle est récemment venue l'épauler dans son combat : il s'agit des restaurateurs. Ces derniers surveillent avec crainte la multiplication des chefs à domicile.
"Au début, nous suivions de très loin les malheurs des hôteliers avec l'arrivée de Booking. Puis la Fourchette a été lancée et les sites Vizeat, eatwith, meal sharing, voulezvous diner se sont multipliés", explique Laurent Frechet, le président de la branche des restaurants du Synhorcat.
Il estime aujourd'hui qu'il existe 3 000 restaurants "clandestins" en France. Un chiffre qui pourrait être multiplié par dix d'ici cinq ans.
Là encore, il refuse de condamner ceux qui veulent partager leur repas pour se faire de nouvelles connaissances, mais plaide pour une réglementation et un encadrement de ce phénomène.
"Si un client repart totalement ivre d'un dîner chez un particulier et se tue en voiture, celui qui l'a restauré devra endosser la responsabilité. Est-ce que cela vaut vraiment le coût de prendre un tel risque ?" s'interroge Laurent Frechet.
"Nous ne sommes pas des vieux ronchons et nous sommes prêts à affronter la concurrence. Nous demandons simplement qu'elle soit loyale et que tous ceux qui utilisent professionnellement ces plates-formes soient soumis aux mêmes réglementations que nous".
Une autre catégorie professionnelle est récemment venue l'épauler dans son combat : il s'agit des restaurateurs. Ces derniers surveillent avec crainte la multiplication des chefs à domicile.
"Au début, nous suivions de très loin les malheurs des hôteliers avec l'arrivée de Booking. Puis la Fourchette a été lancée et les sites Vizeat, eatwith, meal sharing, voulezvous diner se sont multipliés", explique Laurent Frechet, le président de la branche des restaurants du Synhorcat.
Il estime aujourd'hui qu'il existe 3 000 restaurants "clandestins" en France. Un chiffre qui pourrait être multiplié par dix d'ici cinq ans.
Là encore, il refuse de condamner ceux qui veulent partager leur repas pour se faire de nouvelles connaissances, mais plaide pour une réglementation et un encadrement de ce phénomène.
"Si un client repart totalement ivre d'un dîner chez un particulier et se tue en voiture, celui qui l'a restauré devra endosser la responsabilité. Est-ce que cela vaut vraiment le coût de prendre un tel risque ?" s'interroge Laurent Frechet.