Étagé entre 1 500 et 1 800 mètres d’altitude, aux confins de l’Oisans et du Briançonnais, le village de La Grave a traversé des siècles d’infortune avant de célébrer le Dieu tourisme et sa manne financière - DR : J.-F.R.
Il est des lieux en montagne qui savent tirer parti de leur rudesse. La Grave en est un.
Étagé entre 1 500 et 1 800 mètres d’altitude, aux confins de l’Oisans et du Briançonnais, ce village en fragments - un chef-lieu et cinq hameaux - a traversé des siècles d’infortune avant de célébrer le Dieu tourisme et sa manne financière.
Une seule raison à cette subite bénédiction : le paysage exceptionnel du massif de la Meije, dressant ses versants vertigineux et ses arêtes sombres loin au-dessus du monde…
Le seul relief, hors du Mont-Blanc, à pouvoir afficher en France deux « 4 000 », la Barre des Écrins (4 102 mètres) et le Dôme des Écrins (4 015 mètres).
Étagé entre 1 500 et 1 800 mètres d’altitude, aux confins de l’Oisans et du Briançonnais, ce village en fragments - un chef-lieu et cinq hameaux - a traversé des siècles d’infortune avant de célébrer le Dieu tourisme et sa manne financière.
Une seule raison à cette subite bénédiction : le paysage exceptionnel du massif de la Meije, dressant ses versants vertigineux et ses arêtes sombres loin au-dessus du monde…
Le seul relief, hors du Mont-Blanc, à pouvoir afficher en France deux « 4 000 », la Barre des Écrins (4 102 mètres) et le Dôme des Écrins (4 015 mètres).
Un petit patrimoine mystérieux
Pendant des siècles, donc, des hommes ont composé avec ce mur « infranchissable ».
« Huit mois d’hiver, quatre mois d’enfer », disaient les anciens… On est loin ici des paysages riants de la vallée de Chamonix.
La Grave est un « cul du monde », bloqué au sud par la Meije, à l’est par le col du Lautaret, au nord par les Aiguilles d’Arve. Tout d’un piège austère.
Il en faut plus pour décourager les montagnards et La Grave offre moult preuves d’une adaptation sans borne.
Autour des hameaux, les parties basses des versants laissent deviner les marques d’anciennes terrasses de seigle, maigres lopins arrachés à la pente.
Au Chazelet, l’un des hameaux les plus remarquables, le petit patrimoine témoigne de l’ingéniosité alpine.
Des cabanons en bois de mélèze, détachés des maisons, servaient à stocker le grain à l’abri, en cas de mauvaises récoltes ou d’incendies. Ils sont ornés de splendides ferrures de portes, les fareuilles.
Ce sont aussi ces balcons de bois, où l’on entrepose les blaytes, briquettes de fumier de mouton séché, utilisées l’hiver comme combustible. Des anciens les utilisent encore, en dépit de l’odeur âcre.
Ce sont également les trabucs, étroits passages entre les maisons, conçus pour protéger du vent et empêcher la formation de congères.
Ventelon, le hameau au patronyme révélateur, n’est-il pas connu pour son exposition à la burle, qui a donné son nom aux habitants, les Taburlins ?
Ce sont enfin ces fours banaux, ceux du Chazelet et du village voisin de Villar-d’Arène : une fois l’an, en novembre, on y fabrique le pain bouilli (Po Bulli), mélange de farine de seigle et d’eau. Aujourd’hui, c’est un prétexte à faire la fête. Hier c’était un aliment vital pour traverser l’hiver.
« Huit mois d’hiver, quatre mois d’enfer », disaient les anciens… On est loin ici des paysages riants de la vallée de Chamonix.
La Grave est un « cul du monde », bloqué au sud par la Meije, à l’est par le col du Lautaret, au nord par les Aiguilles d’Arve. Tout d’un piège austère.
Il en faut plus pour décourager les montagnards et La Grave offre moult preuves d’une adaptation sans borne.
Autour des hameaux, les parties basses des versants laissent deviner les marques d’anciennes terrasses de seigle, maigres lopins arrachés à la pente.
Au Chazelet, l’un des hameaux les plus remarquables, le petit patrimoine témoigne de l’ingéniosité alpine.
Des cabanons en bois de mélèze, détachés des maisons, servaient à stocker le grain à l’abri, en cas de mauvaises récoltes ou d’incendies. Ils sont ornés de splendides ferrures de portes, les fareuilles.
Ce sont aussi ces balcons de bois, où l’on entrepose les blaytes, briquettes de fumier de mouton séché, utilisées l’hiver comme combustible. Des anciens les utilisent encore, en dépit de l’odeur âcre.
Ce sont également les trabucs, étroits passages entre les maisons, conçus pour protéger du vent et empêcher la formation de congères.
Ventelon, le hameau au patronyme révélateur, n’est-il pas connu pour son exposition à la burle, qui a donné son nom aux habitants, les Taburlins ?
Ce sont enfin ces fours banaux, ceux du Chazelet et du village voisin de Villar-d’Arène : une fois l’an, en novembre, on y fabrique le pain bouilli (Po Bulli), mélange de farine de seigle et d’eau. Aujourd’hui, c’est un prétexte à faire la fête. Hier c’était un aliment vital pour traverser l’hiver.
De 1 500 à 3 600 mètres par les téléphériques
C’est dans cette communauté besogneuse et dure au mal que sont arrivés les alpinistes et les descendeurs.
Les premiers ont transformé La Grave en petite Mecque de la haute montagne. Leur cible : les pics et les parois vertigineuses de la Meije.
Le massif regorge de courses engagées dans des « verticales » devenues célèbres : traversée de la Meije, face Nord du Râteau, Barre des Ecrins…
Alpinisme estival et hivernal, escalade, canyoning, cascade de glace, ski de randonnée et hors piste…, le Bureau des Guides de La Grave et ses professionnels de la haute-montagne, accompagnent presque toute l’année les candidats aux sensations fortes.
Beaucoup de clients sont étrangers car, au-delà des frontières, La Grave et la Meije sont des mythes.
La pratique de l’alpinisme a été facilitée par l’ouverture, en 1976, des téléphériques des glaciers de La Grave-La Meije.
Un formidable équipement qui envoie en trente minutes et deux tronçons de 1 500 à 3 600 mètres, tutoyer la glace et les sommets.
Le téléphérique a attiré dans les années 1980 une seconde communauté : les descendeurs.
Des jeunes, fous de ski, venus du monde entier, dans des tenues souvent « extravagantes », tester la fameuse descente en neige naturelle des Vallons de la Meije, 1 700 mètres de dénivelé.
« Ils ont fait halluciner les locaux, au début », nous confirme une jeune habitante de la commune. Aujourd’hui, descendeurs et grimpeurs cohabitent sans heurt et ont fortifié l’image sportive et « décalée » de la station.
Les premiers ont transformé La Grave en petite Mecque de la haute montagne. Leur cible : les pics et les parois vertigineuses de la Meije.
Le massif regorge de courses engagées dans des « verticales » devenues célèbres : traversée de la Meije, face Nord du Râteau, Barre des Ecrins…
Alpinisme estival et hivernal, escalade, canyoning, cascade de glace, ski de randonnée et hors piste…, le Bureau des Guides de La Grave et ses professionnels de la haute-montagne, accompagnent presque toute l’année les candidats aux sensations fortes.
Beaucoup de clients sont étrangers car, au-delà des frontières, La Grave et la Meije sont des mythes.
La pratique de l’alpinisme a été facilitée par l’ouverture, en 1976, des téléphériques des glaciers de La Grave-La Meije.
Un formidable équipement qui envoie en trente minutes et deux tronçons de 1 500 à 3 600 mètres, tutoyer la glace et les sommets.
Le téléphérique a attiré dans les années 1980 une seconde communauté : les descendeurs.
Des jeunes, fous de ski, venus du monde entier, dans des tenues souvent « extravagantes », tester la fameuse descente en neige naturelle des Vallons de la Meije, 1 700 mètres de dénivelé.
« Ils ont fait halluciner les locaux, au début », nous confirme une jeune habitante de la commune. Aujourd’hui, descendeurs et grimpeurs cohabitent sans heurt et ont fortifié l’image sportive et « décalée » de la station.
La Grave, 500 habitants, 20 agriculteurs
D’autres visiteurs viennent avec des intentions plus tranquilles. Ce sont les randonneurs.
La grimpette depuis le hameau des Hières jusqu’au refuge du Goléon est un grand classique. Elle permet en 2h30 de passer du monde des humains à la pleine nature d’altitude.
A 2 000 mètres, on croise d’abord deux paysans au visage tanné, en train de faire les foins. Ils rappellent que chaque parcelle est exploitée et que le village de La Grave, 500 habitants permanents, abrite encore vingt agriculteurs (ainsi que 100 enfants scolarisés, de la maternelle au primaire !).
Ces fermiers exercent leurs talents à la fabrication de fromages, à l’élevage ovin et de vaches reproductrices.
Une célèbre foire aux bestiaux, chaque mois d’août au Chazelet, draine ainsi la fine fleur des éleveurs alpins.
Accessoirement, on récolte aussi à La Grave une variété goûteuse de pommes de terre grises.
La grimpette depuis le hameau des Hières jusqu’au refuge du Goléon est un grand classique. Elle permet en 2h30 de passer du monde des humains à la pleine nature d’altitude.
A 2 000 mètres, on croise d’abord deux paysans au visage tanné, en train de faire les foins. Ils rappellent que chaque parcelle est exploitée et que le village de La Grave, 500 habitants permanents, abrite encore vingt agriculteurs (ainsi que 100 enfants scolarisés, de la maternelle au primaire !).
Ces fermiers exercent leurs talents à la fabrication de fromages, à l’élevage ovin et de vaches reproductrices.
Une célèbre foire aux bestiaux, chaque mois d’août au Chazelet, draine ainsi la fine fleur des éleveurs alpins.
Accessoirement, on récolte aussi à La Grave une variété goûteuse de pommes de terre grises.
Lac du Goléon, zone Natura 2000
Passé la côte 2000, le sentier se raidit, le long du torrent du Maurian. Il débouche sur un plateau où se niche l’esthétique lac du Goléon, à 2 470 mètres.
Cet espace de bas-marais artico-alpin est classé zone Natura 2 000. Il abrite une flore comparable à celle des côtes du grand nord européen.
Un univers minéral, enchâssé entre des pentes verdâtres d’où l’on voit par beau temps, au sud, jaillir les sommets de la Meije, au nord, pointer une des aiguilles d’Arve.
Marmottes et chamois sont ici en terrain conquis, tandis que les prairies d’alpage sont occupées l’été par des moutons de la plaine de la Crau, venus de Provence.
Une nuit au refuge du Goléon est idéale pour faire la synthèse entre cet itinéraire du passé au présent, l’histoire étonnante d’un village pauvre devenu par la grâce de son relief l’un des… écrins du tourisme alpin.
Cet espace de bas-marais artico-alpin est classé zone Natura 2 000. Il abrite une flore comparable à celle des côtes du grand nord européen.
Un univers minéral, enchâssé entre des pentes verdâtres d’où l’on voit par beau temps, au sud, jaillir les sommets de la Meije, au nord, pointer une des aiguilles d’Arve.
Marmottes et chamois sont ici en terrain conquis, tandis que les prairies d’alpage sont occupées l’été par des moutons de la plaine de la Crau, venus de Provence.
Une nuit au refuge du Goléon est idéale pour faire la synthèse entre cet itinéraire du passé au présent, l’histoire étonnante d’un village pauvre devenu par la grâce de son relief l’un des… écrins du tourisme alpin.