Le plan de départ volontaires concernera aussi le siège parisien avec 35 postes concernés - Crédit photo : compte Facebook Amadeus Nice
TourMaG.com - Amadeus annonçait en juillet dernier la suppression de 1 800 emplois à travers le monde. Depuis le plan a été présenté dans les différents pays. D'après nos informations près de 320 emplois sont menacés sur le site de Sophia Antipolis. Me confirmez-vous ce chiffre ?
Pierre* syndicaliste de la CGT : Oui. Je vous le confirme.
La direction a obtenu sur le site l'accord des syndicats (CFDT et CFE-CGC) représentant plus de 50% des voix, lors des élections professionnelles, pour signer un accord de rupture conventionnelle collective.
Celui-ci vise 320 salariés en CDI, la direction souhaite que les départs soient actés pour la fin de l'année.
Ce n'est pas tout, car nous avions comme particularité d'avoir à Sophia Antipolis, au sein de nos murs, beaucoup de sous-traitants informatiques. Ces derniers ne seront pas épargnés, car plus de 800 d'entre eux ne reviendront pas. Je parle de personnes présentes sur le site.
Au total, nous devrions constater une chute de 20% des effectifs basés près de Nice, sur l'année 2020.
Nous étions plus de 5 000, que ce soient les salariés Amadeus ou les prestataires, présents depuis plus de 12 mois sur le site.
Cette perte est colossale. A Paris, sur les 199 employés, une réduction de 18% a été annoncée aux salariés, soit 35 postes.
TourMaG.com - Vous craignez que ce plan ne soit revu dans les mois à venir ?
Pierre : Nous ne savons pas très bien comment les choses vont tourner. L'activité du secteur aérien ne reprend pas aux niveaux anticipés.
Les restrictions de voyage qui se poursuivent ou sont réintroduites, impactent encore de manière très forte la reprise du trafic.
Il n'est pas exclu, selon moi, que la direction envisage à l'avenir des nouvelles coupes budgétaires.
A ce stade, si rien n'a été décidé, il faut se rendre compte que la décision qui a été dévoilée aujourd'hui repose sur un constat datant de juin 2020.
Or à la fin de ce mois, nous n'étions pas sur les mêmes scénarii que ceux d'août. Nous étions sur une reprise plus rapide, ce qui n'est pas le cas.
Pour ce qui concerne la CGT, nous sommes préoccupés par la situation. D'autant plus que la direction de l'entreprise a refusé d'utiliser le mécanisme de chômage partiel, permettant de préserver la trésorerie.
Pierre* syndicaliste de la CGT : Oui. Je vous le confirme.
La direction a obtenu sur le site l'accord des syndicats (CFDT et CFE-CGC) représentant plus de 50% des voix, lors des élections professionnelles, pour signer un accord de rupture conventionnelle collective.
Celui-ci vise 320 salariés en CDI, la direction souhaite que les départs soient actés pour la fin de l'année.
Ce n'est pas tout, car nous avions comme particularité d'avoir à Sophia Antipolis, au sein de nos murs, beaucoup de sous-traitants informatiques. Ces derniers ne seront pas épargnés, car plus de 800 d'entre eux ne reviendront pas. Je parle de personnes présentes sur le site.
Au total, nous devrions constater une chute de 20% des effectifs basés près de Nice, sur l'année 2020.
Nous étions plus de 5 000, que ce soient les salariés Amadeus ou les prestataires, présents depuis plus de 12 mois sur le site.
Cette perte est colossale. A Paris, sur les 199 employés, une réduction de 18% a été annoncée aux salariés, soit 35 postes.
TourMaG.com - Vous craignez que ce plan ne soit revu dans les mois à venir ?
Pierre : Nous ne savons pas très bien comment les choses vont tourner. L'activité du secteur aérien ne reprend pas aux niveaux anticipés.
Les restrictions de voyage qui se poursuivent ou sont réintroduites, impactent encore de manière très forte la reprise du trafic.
Il n'est pas exclu, selon moi, que la direction envisage à l'avenir des nouvelles coupes budgétaires.
A ce stade, si rien n'a été décidé, il faut se rendre compte que la décision qui a été dévoilée aujourd'hui repose sur un constat datant de juin 2020.
Or à la fin de ce mois, nous n'étions pas sur les mêmes scénarii que ceux d'août. Nous étions sur une reprise plus rapide, ce qui n'est pas le cas.
Pour ce qui concerne la CGT, nous sommes préoccupés par la situation. D'autant plus que la direction de l'entreprise a refusé d'utiliser le mécanisme de chômage partiel, permettant de préserver la trésorerie.
CGT : "le caractère volontaire des départs est à mettre entre guillemets..."
TourMaG.com - D'ailleurs la non-utilisation du chômage partiel fut aussi le cas au siège parisien, selon mes informations. Comment la direction justifie cela ?
Pierre : Nous n'avons pas eu d'explication claire.
Il faut savoir que la direction d'Amadeus à Sophia Antipolis a répondu sans aucune ambiguïté "Non" à la question de la CGT demandant : "si la suppression des emplois avait un motif économique ?".
Amadeus est l'une des entreprises les plus profitables au monde, avec un taux de marge d'EBITDA de 40%. Un score supérieur à certains GAFA.
C'est une entreprise qui génère un cash colossal, le problème étant que notre modèle est celui de "cash-in cash-out".
Pour résumer, dès que de l'argent est perçu, une partie est redistribuée aux actionnaires. Depuis 2010 et notre réintroduction en bourse, nous avons versé plus de 4 milliards d'euros de dividende et rachat d'action. Et maintenant la direction nous explique que pour faire face à la situation, les salariés doivent payer la facture.
TourMaG.com - Si ce n'est pas pour raison économique, pourquoi Amadeus fait une telle coupe dans ses rangs ?
Pierre : Tout d'abord pour eux, ce ne sont pas des licenciements, mais des départs volontaires.
Sauf qu'en réalité, les départs sont réservés aux salariés ayant plus de 6 ans d'ancienneté. Il y a une série de mécanismes pour inciter les départs des seniors et des objectifs sont chiffrés par famille de métier.
Tous ces points, nous font dire, à la CGT, que le caractère volontaire des départs est à mettre entre guillemets. Tout cela se combine à des réorganisations internes, où il est décidé assez nettement de réduire la voilure sur certains projets et activités.
Pour revenir à votre question, la direction nous explique que la crise de la Covid 19 a rebattu les cartes du transport aérien et l'entreprise doit s'adapter à cette nouvelle donne.
Ils considèrent que nous devons accélérer les projets de restructuration qui étaient déjà dans les cartons.
Pierre : Nous n'avons pas eu d'explication claire.
Il faut savoir que la direction d'Amadeus à Sophia Antipolis a répondu sans aucune ambiguïté "Non" à la question de la CGT demandant : "si la suppression des emplois avait un motif économique ?".
Amadeus est l'une des entreprises les plus profitables au monde, avec un taux de marge d'EBITDA de 40%. Un score supérieur à certains GAFA.
C'est une entreprise qui génère un cash colossal, le problème étant que notre modèle est celui de "cash-in cash-out".
Pour résumer, dès que de l'argent est perçu, une partie est redistribuée aux actionnaires. Depuis 2010 et notre réintroduction en bourse, nous avons versé plus de 4 milliards d'euros de dividende et rachat d'action. Et maintenant la direction nous explique que pour faire face à la situation, les salariés doivent payer la facture.
TourMaG.com - Si ce n'est pas pour raison économique, pourquoi Amadeus fait une telle coupe dans ses rangs ?
Pierre : Tout d'abord pour eux, ce ne sont pas des licenciements, mais des départs volontaires.
Sauf qu'en réalité, les départs sont réservés aux salariés ayant plus de 6 ans d'ancienneté. Il y a une série de mécanismes pour inciter les départs des seniors et des objectifs sont chiffrés par famille de métier.
Tous ces points, nous font dire, à la CGT, que le caractère volontaire des départs est à mettre entre guillemets. Tout cela se combine à des réorganisations internes, où il est décidé assez nettement de réduire la voilure sur certains projets et activités.
Pour revenir à votre question, la direction nous explique que la crise de la Covid 19 a rebattu les cartes du transport aérien et l'entreprise doit s'adapter à cette nouvelle donne.
Ils considèrent que nous devons accélérer les projets de restructuration qui étaient déjà dans les cartons.
"Le plan de départ devrait être signé dans les prochains jours..."
TourMaG.com - Donc l'épidémie n'a fait qu'accélérer la mise en place de plans déjà établis ?
Pierre : En quelque sorte. Ils nous l'ont dit que des réorganisations étaient prévues, mais le coronavirus les a contraints à accélérer leurs plans.
Il y a peut-être un effet d'opportunité. Par contre, il ne faut pas se raconter n'importe quoi, Amadeus est quand même impacté très fortement par la crise du secteur aérien.
Notre chiffre d'affaires s'est effondré, mais comme partout et dans la même mesure que nos concurrents. L'entreprise a fait des levées de fonds importantes, nous permettant de tenir jusqu'à la fin de l'année 2021.
Par contre personne ne connait la durée de cette crise. Pour en revenir au plan de départ, celui-ci devrait être signé dans les prochains jours et communiqué par la suite.
TourMaG.com - Avez-vous prévu des actions syndicales de votre part ?
Pierre : Nous faisons face à un problème qui nous empêche de mobiliser tout le monde. La plupart des salariés sont toujours en télétravail.
Dans le même temps, la direction a imposé un rythme de négociation totalement délirant en juillet et août, à raison de trois réunions par semaine.
Cette stratégie nous empêchant de communiquer auprès de tous nos collègues, d'autant qu'ils étaient pour une partie en congé.
Avec la rentrée nous pensions que la majorité des salariés reviendrait sur le site, mais avec l'obligation du port du masque, cela peut changer la donne.
Tout cela rend les choses compliquées d'un point de vue syndical. Toutefois, une nouvelle assemblée du personnel est prévue début septembre.
TourMaG.com - Des services sont-ils plus visés que les autres par cette réduction ?
Pierre : Oui, il y en a, mais je ne peux pas vous donner de détails.
Ce que je peux vous dire, les services les plus visés sont ceux où les postes sont plus facilement délocalisables ou automatisables.
Concernant Paris, le nombre de salariés sera réduit de 18%. Les employés ne cessent de diminuer, car en 2006, le siège a connu un PSE, puis des transferts de personnel. L'hémorragie continue.
Pierre : En quelque sorte. Ils nous l'ont dit que des réorganisations étaient prévues, mais le coronavirus les a contraints à accélérer leurs plans.
Il y a peut-être un effet d'opportunité. Par contre, il ne faut pas se raconter n'importe quoi, Amadeus est quand même impacté très fortement par la crise du secteur aérien.
Notre chiffre d'affaires s'est effondré, mais comme partout et dans la même mesure que nos concurrents. L'entreprise a fait des levées de fonds importantes, nous permettant de tenir jusqu'à la fin de l'année 2021.
Par contre personne ne connait la durée de cette crise. Pour en revenir au plan de départ, celui-ci devrait être signé dans les prochains jours et communiqué par la suite.
TourMaG.com - Avez-vous prévu des actions syndicales de votre part ?
Pierre : Nous faisons face à un problème qui nous empêche de mobiliser tout le monde. La plupart des salariés sont toujours en télétravail.
Dans le même temps, la direction a imposé un rythme de négociation totalement délirant en juillet et août, à raison de trois réunions par semaine.
Cette stratégie nous empêchant de communiquer auprès de tous nos collègues, d'autant qu'ils étaient pour une partie en congé.
Avec la rentrée nous pensions que la majorité des salariés reviendrait sur le site, mais avec l'obligation du port du masque, cela peut changer la donne.
Tout cela rend les choses compliquées d'un point de vue syndical. Toutefois, une nouvelle assemblée du personnel est prévue début septembre.
TourMaG.com - Des services sont-ils plus visés que les autres par cette réduction ?
Pierre : Oui, il y en a, mais je ne peux pas vous donner de détails.
Ce que je peux vous dire, les services les plus visés sont ceux où les postes sont plus facilement délocalisables ou automatisables.
Concernant Paris, le nombre de salariés sera réduit de 18%. Les employés ne cessent de diminuer, car en 2006, le siège a connu un PSE, puis des transferts de personnel. L'hémorragie continue.
"il serait mieux de gagner du temps avec le chômage partiel, mais la direction ne veut pas"
TourMaG.com - Quand vous parlez d'une réorganisation vers de nouveaux services pour rendre Amadeus plus efficace quant à l'avenir du secteur, quels sont ces services choisis ?
Pierre : C'est très simple, la direction regarde ce qui est profitable ou non.
TourMaG.com - Si l'aérien continue d'être dans une situation aussi compliquée, Amadeus pourrait abandonner l'activité GDS ?
Pierre : Il n'y a pas que l'activité GDS dans Amadeus, nous avons aussi les nouvelles technologies, les hôtels, etc.
Le poids du GDS est toujours important, mais il n'est plus aussi prédominant, surtout avec les mutations profondes des dernières années (NDC, ndlr).
Heureusement pour nous, Amadeus s'est adapté à cette transformation en élargissant son champ d'activités, maintenant le problème étant la financiarisation de l'entreprise.
TourMaG.com - Craignez-vous un démantèlement de Sophia Antipolis ?
Pierre : Ce site est le navire amiral d'Amadeus dans le monde, avec toujours 4 000 employés.
Nous avons des ingénieurs extrêmement réputés, avec des niveaux d'expertise reconnus. J'ai du mal à croire que la direction puisse se passer de nous.
J'ai bien conscience que nous ne sommes pas seuls et que depuis quelques années, ils ont développé le site de Bangalore en Inde.
Ce dernier ne fait que grossir en effectif. Ils y ont délocalisé par le passé des activités, cela continue encore et cela se poursuivra à l'avenir.
A ce stade je ne pense pas que ça ira jusqu'à une liquidation du site de Nice au profit de Bangalore, même si je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait.
TourMaG.com - Dans ces conditions la direction vous parle d'avenir ? De la reprise de septembre mais aussi de l'année 2020.
Pierre : Non.
Les seules anticipations qui nous sont communiquées ce sont celles de l'IATA. Ces constats sont un peu biaisés, car l'association dramatise un peu la situation pour pousser les Etats à venir en aide aux compagnies.
Personne ne sait ce qu'il se passera dans quatre ans, ni même dans six mois que ce soit IATA ou toute autre personne. Au lieu de se baser sur ce genre d'études, il serait mieux de gagner du temps en mettant en place le chômage partiel, mais la direction ne veut pas.
Ils veulent juste donner des gages au marché et aux actionnaires, quant au taux de rentabilité de l'entreprise.
Pierre : C'est très simple, la direction regarde ce qui est profitable ou non.
TourMaG.com - Si l'aérien continue d'être dans une situation aussi compliquée, Amadeus pourrait abandonner l'activité GDS ?
Pierre : Il n'y a pas que l'activité GDS dans Amadeus, nous avons aussi les nouvelles technologies, les hôtels, etc.
Le poids du GDS est toujours important, mais il n'est plus aussi prédominant, surtout avec les mutations profondes des dernières années (NDC, ndlr).
Heureusement pour nous, Amadeus s'est adapté à cette transformation en élargissant son champ d'activités, maintenant le problème étant la financiarisation de l'entreprise.
TourMaG.com - Craignez-vous un démantèlement de Sophia Antipolis ?
Pierre : Ce site est le navire amiral d'Amadeus dans le monde, avec toujours 4 000 employés.
Nous avons des ingénieurs extrêmement réputés, avec des niveaux d'expertise reconnus. J'ai du mal à croire que la direction puisse se passer de nous.
J'ai bien conscience que nous ne sommes pas seuls et que depuis quelques années, ils ont développé le site de Bangalore en Inde.
Ce dernier ne fait que grossir en effectif. Ils y ont délocalisé par le passé des activités, cela continue encore et cela se poursuivra à l'avenir.
A ce stade je ne pense pas que ça ira jusqu'à une liquidation du site de Nice au profit de Bangalore, même si je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait.
TourMaG.com - Dans ces conditions la direction vous parle d'avenir ? De la reprise de septembre mais aussi de l'année 2020.
Pierre : Non.
Les seules anticipations qui nous sont communiquées ce sont celles de l'IATA. Ces constats sont un peu biaisés, car l'association dramatise un peu la situation pour pousser les Etats à venir en aide aux compagnies.
Personne ne sait ce qu'il se passera dans quatre ans, ni même dans six mois que ce soit IATA ou toute autre personne. Au lieu de se baser sur ce genre d'études, il serait mieux de gagner du temps en mettant en place le chômage partiel, mais la direction ne veut pas.
Ils veulent juste donner des gages au marché et aux actionnaires, quant au taux de rentabilité de l'entreprise.