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Après le pétrole, le royaume de Bahreïn a des idées à propos du tourisme...

Reportage


Alors que ses réserves d'or noir diminuent, le royaume de Bahreïn, ensemble de 33 îles coincées entre l'Arabie Saoudite et le Qatar, cherche à diversifier ses sources de revenus et a choisi de se tourner vers le tourisme. Pour se créer une image et développer le secteur, les autorités bahreïniennes jouent sur tous les plans, du tourisme d'affaires aux vacances familiales, et investissent sans compter. L'objectif est de miser sur la singularité de la destination, qui joue la carte de l'authenticité et de la sécurité, dans une région du monde généralement peu décrite en ces termes.


Rédigé par le Dimanche 9 Avril 2017

Depuis le fort Qal'at al-Bahreïn, site habité depuis -2000 avant JC et classé au patrimoine mondial de l'Unesco, vue sur la capitale du royaume de Bahreïn, Manama. © PG Tourmag
Depuis le fort Qal'at al-Bahreïn, site habité depuis -2000 avant JC et classé au patrimoine mondial de l'Unesco, vue sur la capitale du royaume de Bahreïn, Manama. © PG Tourmag
Après le pétrole, il faut des idées. Celle du petit royaume de Bahreïn ("les deux mers" en arabe), petit archipel du golfe Persique qui verra les réserves pétrolières qui ont fait sa richesse s'épuiser d'ici une vingtaine d'année : se lancer sur le tourisme.

"En la matière, nous partons de zéro, et le chemin sera long, reconnait Peter Cook, P-DG de @Bahrain, l'un des quatre réceptifs locaux, financé par un fonds souverain.

Nous commençons à vendre la destination, à la sortir de son anonymat auprès des TO, avec pour priorité les marchés européens".

Entre Las Vegas et authenticité

Car pour l'instant, l'activité touristique du Bahreïn se cantonne à un marché très local et particulier, celui des Saoudiens venant s'amuser pour le week-end.

Sur la dizaine de millions de visiteurs s'étant rendu sur l'archipel en 2016, 7 300 000 viennent en effet de l'Arabie Saoudite toute proche pour profiter d'un mode de vie plus tolérant.

Chaque fin de semaine, ils viennent s'amuser par milliers, remplissant les bars et restaurants à la mode ou bien encore les cinémas, interdits de l'autre côté de "la chaussée du roi Fahd", ensemble de ponts et de digues reliant l'île de Bahreïn au continent.

"Pour nous, ici, c'est Las Vegas", explique un touriste saoudien rencontré dans les rues de Manama, la capitale bahreïnienne. "Je viens y passer mes week-ends et mes vacances, environ une dizaine de fois par an".

Mais si elles ne cherchent pas à cacher cet aspect, les autorités touristiques veulent maintenant faire valoir d'autres atouts, méconnus.

b[Et en premier lieu, elles misent sur l'authenticité de l'île et de ses habitants.] bFace à une certaine démesure incarnée par ses voisins du Golfe, l'archipel de 1,35 million d'habitants (dont 55% d'expatriés), veut croire en sa singularité et se revendique plus ouvert, plus sûr, plus calme et moins cher.

"Ici, et contrairement à beaucoup de nos voisins, nous avons un héritage historique et culturel visible, fruit de 5 000 ans de civilisation", explique Ziad Asfour, conseiller du CEO au sein du Bahrain tourism & exhibitions authority (BTEA).

"L'accueil et l'hospitalité des Bahreïnis est réputé, et ils sont connus dans tout le Moyen-orient pour leur ouverture et leur éducation", précise-t-il.

"Contrairement à Dubaï, par exemple, nous avons une histoire", ajoute Abdulla Binsafar, qui dirige des sociétés d'événementiels sur l'île.

"Je ne dirais pas que le pays est le plus fantastique de la planète et ne mentirais pas sur la destination, mais il y a un potentiel touristique réel, autant sur le tourisme d'affaires que familial. Nous ne demandons qu'à nous développer".

"Construire" l'offre

Ziad Asfour, du BTEA. © PG TM
Ziad Asfour, du BTEA. © PG TM
Pour y parvenir, le royaume met des moyens colossaux et chiffre ses objectifs : que le tourisme représente 7% de son PIB d'ici à 2018, contre 6% actuellement.

D'abord, un nouvel aéroport, conçu en partie par le groupe ADP, ouvrira ses portes en 2019, et sera 4 fois plus grand que l'actuel et désuet aéroport de Muharraq.

Ensuite, les autorités s'ouvrent à l'international en ouvrant cette année 7 bureaux de promotions, en Russie, en Chine, en France, au Royaume-Uni, en Arabie Saoudite, en Allemagne et en Inde. Le tout en mettant en place à échelles locales des sites Internet, des pages sur les réseaux sociaux, avec un slogan commun "Ours, Yours" ("pour nous et pour vous").

Si nous ne sommes pas parvenus à obtenir une idée du montant de l'investissement total, une source au ministère du tourisme parle d'un "budget énorme".

La capacité hôtelière, quasi-exclusivement tournée vers le luxe (18 cinq étoiles et 54 quatre étoiles) est aussi en pleine explosion : de 17 000 chambres en 2015, la barre des 20 000 sera passée cette année, avec un accent mis sur le MICE et le tourisme de mariage. Les autorités royales ont également annoncé un investissement de 880 millions d'euros pour poursuivre dans cette voie.

Et si les quelque 49 000 français qui se sont rendus au Bahreïn en 2016, étaient exclusivement issus d'une clientèle d'affaires ou d'expatriés, les autorités indiquent vouloir attirer 2 000 vacanciers en 2017. Pour l'instant, un seul tour-opérateur français, Aya Désirs du Monde, propose la destination. Mais d'après nos informations, 5 autres TO français prépareraient leur lancement sur Bahreïn.

"Il est enfin temps pour nous de donner une impulsion à notre destination", lance Ziad Asfour. Il reste lucide : "nous investissons en masse pour préparer l'après-pétrole et le tourisme peut devenir une nouvelle source de revenus. Nous voulons convaincre de nouveaux marchés. En tous cas, tout est maintenant prêt pour cela".


Suite de notre reportage demain, avec un focus sur les lieux à visiter sur l'archipel.

A savoir

La baie de Manama ©PG TM
La baie de Manama ©PG TM
- Si le pays avait connu en 2011 des tensions ayant conduit à la mise en place de l'état d'urgence et même à l'annulation de son grand prix de F1, la situation est aujourd'hui apaisée dans l'archipel et Bahreïn est une destination sûre. "La sécurité a été largement rétablie" et "la menace terroriste y est relativement peu importante", précise le site du ministère des Affaires étrangères français.

- Réputé pour son mode de vie libéral et multiculturel (moins de la moitié de la population est originaire de l'archipel, avec une importante communauté indienne), Bahreïn a été le premier pays du Golfe à construire des universités, ou encore à donner le droit de vote aux femmes. Ces dernières, contrairement à certains des pays voisins, peuvent conduire, travailler, choisir de se voiler ou non.

- En vrac : le Royaume de Bahreïn compte 33 îles naturelles, réunissant 1,35 million d'habitants. Langues officielles : arabe et anglais. Visa : sur place, 10 euros.

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