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Australie : l'Opéra de Sydney, un destin et une épopée hors du commun

Quatorze ans d'attente et de combat


L’histoire de ce bâtiment emblématique de Sydney et de l’Australie n’est pas un long fleuve tranquille. Si sa corolle blanche fascine toujours autant les visiteurs, sa construction fut parsemée d’embûches techniques et humaines… Une épopée hors du commun.


Rédigé par Jean-François RUST le Samedi 3 Août 2019

Le toit de l’Opéra, si resplendissant sous le soleil austral, est composé de plus d’un million de carreaux de céramique auto nettoyants - DR : JDL
Le toit de l’Opéra, si resplendissant sous le soleil austral, est composé de plus d’un million de carreaux de céramique auto nettoyants - DR : JDL
Pour bien comprendre l’histoire de l’édifice, un flashback s’impose.

Nous sommes en 1957 lorsque le premier ministre australien de l’époque, Cahill, lance un concours d’architecture pour la construction d’un lieu de productions théâtrales et musicales. Plus de 220 professionnels dans le monde y répondent.

Parmi eux, il y a Jørn Utzon, un jeune architecte danois de 38 ans, quasi inconnu hors de ses frontières. Un peu à la surprise générale, il l’emporte grâce à la puissance de son concept, qui mêle influences navale, antique et… maya.

Le temps prévu pour édifier cette œuvre est établi : cela ne doit pas durer plus de trois ans. Sauf qu’il en faudra… quatorze, entre 1959 et 1973.

Quatorze ans de combat pendant lesquels la crédibilité d’Utzon va aller en s’amenuisant, jusqu’à l’éviction totale de son propre projet

Retour au Danemark

Au fil des six premières années, l’architecte et son équipe sont en effet pris en grippe à cause « d’impossibilités » techniques et d’un coût devenu prohibitif.

Droits dans leurs bottes, ils persistent et finissent par se calfeutrer à l’écart des ingénieurs.

Pas un seul accident mortel de chantier ne sera pourtant à déplorer, bien que les ouvriers travaillent à l’époque sans harnais.

En 1965, Utzon, acculé, usé, est contraint à la démission et au retour au Danemark. Il ne verra jamais son œuvre achevée…

Lorsque la Reine Elisabeth II inaugure l’opéra finalement achevé par d’autres, en 1973, l’Australie exulte.

Quatre décennies plus tard, le monument n’a pas beaucoup vieilli. Construit sur un ancien site aborigène (Bennelong Point), il continue d’accumuler les performances, comme le démontrent les Sydney Opera House Tours organisés pour les touristes.

2 000 représentations par an

Ouvert 363 jours par an, il accueille plus de 2 000 représentations - DR : J.-F.R.
Ouvert 363 jours par an, il accueille plus de 2 000 représentations - DR : J.-F.R.
Des exemples ? C’est le centre d’art et de spectacles le plus fréquenté du monde, avec 8,2 millions de visiteurs annuels.

Ouvert 363 jours par an, il accueille plus de 2 000 représentations (musique, danse, théâtre, concours, rencontres sportives, shows politiques) - Arnold Schwarzenegger y a remporté, dans les années 1980, son dernier titre de Mr Olympia en body building.

La plus grande salle des six que compte l’opéra, le Concert Hall (2 700 places), abrite un mécanisme d’orgue recordman du monde, avec 10 000 tuyaux !

Le toit de l’Opéra, si resplendissant sous le soleil austral, est composé de plus d’un million de carreaux de céramique auto nettoyants, fournis par une entreprise suédoise. Les vitres, elles, viennent de Saint-Gobain, cocorico !

Patrimoine mondial de l’Unesco

A déambuler ainsi dans les corridors et les foyers, on est surpris par la luminosité des espaces, l’impression d’aisance et de modernité - si le bâtiment a pris des rides, elles sont bien cachées, même si l’œuvre est en perpétuelle rénovation.

Inscrit depuis 2007 au patrimoine mondial de l’Unesco, l’opéra n’est pas avare d’anecdotes.

The Playhouse, plus petite salle avec 398 places, était dans les années 1970 utilisée pour les projections de films, notamment sportifs. Les blonds surfeurs aussies venaient ainsi voir les exploits de leurs collègues, les planches sous le bras !

Et doit-on rappeler que quelques spectateurs du balcon de la salle Joan Sutherland - celle qui accueille les représentations d’opéra, 1 550 sièges - sont parfois tombés à l’étage inférieur, au parterre ?

Excuses officielles

Et Jørn Utzon, direz-vous ? En 1998, l’Australie s’est excusée officiellement de l’avoir disgracié.

L’histoire raconte qu’il aurait raccroché au nez de l’interlocuteur l’invitant à venir voir, enfin, le fruit de son travail.

C’est finalement son fils Kim, architecte lui aussi, qui honorera de sa présence l’invitation, au cours de laquelle une sixième salle, l’Utzon Room, sera inaugurée.

Utzon père, lui, est décédé en 2008. Une vie pour une œuvre passée à la postérité.

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