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Cherbourg, une ville où la mer a toujours plus compté que la terre

Reconstruite à la va-vite après les bombardements de 1944


La rade artificielle, l’arsenal militaire, la Cité de la Mer, l’ancien hôtel Atlantique, la gare maritime, le port de commerce, des pêcheurs et des plaisanciers… C’est évidemment la mer qui qualifie Cherbourg, plus que les quartiers reconstruits à la hâte après guerre. De la digue de Querqueville à l’île Pelée, rencontre avec une cité qui a toujours su se retrousser la Manche.


Rédigé par Jean-François RUST le Vendredi 9 Mai 2014

Dès le printemps, Cherbourg prend avec ravissement des allures de marina du sud, attirant voiliers anglais, allemands et néerlandais - DR :JF.R
Dès le printemps, Cherbourg prend avec ravissement des allures de marina du sud, attirant voiliers anglais, allemands et néerlandais - DR :JF.R
Cherbourg n’est pas une belle ville. Endommagée par les bombardements en 1944, elle s’est relevée à la va-vite et son urbanisme claudiquant encercle un quarteron de ruelles aux faux airs de vieux centre (rue des Portes, passages Digard et Aubry…).

Côté mer, en revanche, Cherbourg-Octeville - son vrai nom - excelle ! Et c’est la rade qui lui colle le mieux à la peau.

Tout à l’Ouest, la digue de Querqueville la ferme aux assauts du large. Les Cherbourgeois s’y baladent comme d’autres se promènent en forêt, marchant sur le béton gris à l’abri des vagues de la Manche.

Au bout, le fort-îlot de Chavagnac, abandonné comme les autres forts de la rade - un gâchis - raconte l’histoire d’un port décidé par Louis XVI, mais façonné par Napoléon, en digues et bassins militaires, pour intimider l’Angleterre. La vocation maritime se respire à plein nez, à Cherbourg.

L’école des Fourriers, à Querqueville, en est l’exemple : c’est ici que les militaires - dont les marins - sont formés aux métiers de l’administration et de la restauration.

« Le Grand Départ »

En rejoignant le centre de Cherbourg, la route traverse Equeurdreville et sa promenade littorale.

Elle a été aménagée en balade mémoriale sur le thème des transatlantiques (« Le Grand Départ »).

On passe aussi devant l’arsenal. Non content d’abriter le site de la DCNS (fabrication des sous-marins), il héberge une base militaire de la Marine nationale.

Une double forteresse ultra sécurisée, repérable à sa gigantesque grue rouge au-dessus d’un bassin de carène.

Plus près du centre, voici le port de plaisance Chantereyne. On est loin du glamour méditerranéen, cependant les 1 500 anneaux sont quasi tous occupés.

Dès le printemps, Cherbourg prend avec ravissement des allures de marina du sud, attirant voiliers anglais, allemands et néerlandais.

Au rythme des paquebots de croisière...

Pour mieux apprécier la vocation de la ville, il faut embarquer. Rien de plus facile avec la société « Hague à Part ».

Wilfrid Bessin, le patron-armateur, a la main ferme et l’œil rude du marin jaugeant son prochain. Mais sa sympathie est grande et il connait le port comme sa poche.

Depuis le Pont Tournant, frontière mobile entre le bassin du Commerce et l’Avant Port, le canot glisse près de chalutiers, évoquant une activité de pêche désormais limitée.

Quelques mètres encore et se dresse, à notre droite, l’immense halle Art Déco de la gare maritime transatlantique (1933).

Voilà le symbole ardent de Cherbourg, le phare d’une ville bercée des décennies durant au rythme des paquebots de croisière.

En 1933, il y a longtemps déjà que Cherbourg est devenu « l’antichambre du paradis américain ». En 1847, la frégate Union a appareillé pour New York avec 139 passagers.

En 1867, le gouvernement français désigne Le Havre comme tête de ligne des relations entre la France et les Etats-Unis.

Suivront des centaines de milliers de voyageurs, candidats à l’exil ou touristes fortunés. Le 10 avril 1912, le Titanic se présente à Cherbourg, ultime escale européenne avant son naufrage.

Quinze ans plus tard, le port a pris une dimension internationale et 11 compagnies maritimes sont représentées, parmi lesquelles les célèbres Cunard et White Star Line. La nouvelle gare maritime transatlantique consacre son statut de port majeur.

Depuis Paris Saint-Lazare, jusqu’à sept trains quotidiens convoient les passagers à quai, dans un maelström de bagages, toilettes chics et… effusions des départs.

Le site, sauvé de la démolition, abrite aujourd’hui la Cité de la Mer, vaste espace muséal dédié, pour partie, à « la grande aventure de l’homme sous le mer ».

L’antichambre du paradis américain

Depuis le bassin, Wilfrid nous montre les passerelles classées de la gare maritime, suspendues entre ciel et terre comme deux vieux wagons de métro gris.

Elles permettaient d’accéder aux navires. Nous voici maintenant dans la Grande Rade artificielle, « la plus étendue d’Europe, avec 1 500 hectares », indique Wilfrid. Le plan d’eau est bordé au nord par la digue centrale de 3,7 km.

Trois forts y montent une garde dérisoire tandis que le remorqueur Abeille Liberté s’est mis en veille, en ce jour de grand vent, prêt à intervenir en cas d’avarie au large.

A l’Est de la rade, Cherbourg déploie son habituelle activité commerciale. Quelques poids-lourds immatriculés en Irlande attendent d’embarquer sur un ferry, direction Rosslare.

Le bâtiment bleu de l’entreprise CMN (Constructions Mécaniques de Normandie) rappelle le rôle majeur longtemps tenu par l’industrie navale à Cherbourg. Un bateau de déchets nucléaires quitte la rade, sous bonne escorte.

Au bout du bout, après le port des Flamands, l’île Pelée et la passe Cabart-Danneville signent la limite orientale du port artificiel.

La fin d’un « monde clos », épicentre d’une ville où la mer a toujours plus compté que la terre.

Cité de la Mer, à fond l’océan

« L’Aventure de l’homme sous la mer » (exposition permanente dans l’ancienne gare ferroviaire), un grand aquarium, le sous-marin Le Redoutable, des expositions sur les fonds sous-marins, une plongée « virtuelle » pour les plus jeunes : voilà ce qui était déjà à voir à la Cité de la Mer.

Depuis 2012, le public peut découvrir en plus la formidable exposition - devenue permanente - « Titanic retour à Cherbourg », conçue à l’occasion du centenaire de l’ultime escale du navire en Europe, ainsi que la grande salle des bagages rénovée, avec l’évocation filmée du départ des émigrants.

Plusieurs heures sont nécessaires pour profiter d’un site qui vaut à lui seul un week-end à Cherbourg.

Gare Maritime Transatlantique
50100 Cherbourg-Octeville
02 33 20 26 26


www.citedelamer.com

Infos pratiques

Office de tourisme de Cherbourg
14, quai Alexandre III
02 33 93 52 02


www.cherbourgtourisme.com

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