Reprise : "je reste prudent sur l'équilibre des trafics"
Marc Rochet (Air Caraïbes) : "Je ne demande qu’une chose, c’est que le Ministre du transport n’arrache pas la page C du dictionnaire où il y a le mot courage" - Photo MR
"La reprise du trafic est réelle et centrée sur le tourisme et les familles. Nous allons avoir tous probablement un bon été. Elle ne couvre pas le monde entier, il reste des zones où on ne peut pas aller. La clientèle affaires ne revient pas vraiment.
Et sur nos basiques, pour French Bee et Air Caraïbes, même sur les DOM-TOM qui enregistrent une forte reprise, je souhaite être prudent car nous n’avons pas la clientèle de retour. En période de pointe, il nous faut aussi des Antillais qui viennent en Métropole et il y en a beaucoup moins qu'avant.
Plus globalement je reste prudent sur l'équilibre des trafics et les origines de ventes. Les Etats-Unis fonctionnent bien mais je ne sais pas ce qu'il va se passer si le 9 mai Monsieur Poutine pique une crise. Est-ce qu'il y aura autant d'Américains qui vont venir en Europe ? Je n'en suis pas sûr."
Et sur nos basiques, pour French Bee et Air Caraïbes, même sur les DOM-TOM qui enregistrent une forte reprise, je souhaite être prudent car nous n’avons pas la clientèle de retour. En période de pointe, il nous faut aussi des Antillais qui viennent en Métropole et il y en a beaucoup moins qu'avant.
Plus globalement je reste prudent sur l'équilibre des trafics et les origines de ventes. Les Etats-Unis fonctionnent bien mais je ne sais pas ce qu'il va se passer si le 9 mai Monsieur Poutine pique une crise. Est-ce qu'il y aura autant d'Américains qui vont venir en Europe ? Je n'en suis pas sûr."
Surcapacité sur les Antilles : qui paie ? Le contribuable ?
"Nous avons une surcapacité majeure mise en place par Air France.
Sur Tahiti par exemple, la desserte standard d'Air France c'est 3 allers-retours par semaine, ce qui est quelque chose qui fonctionne bien et qui techniquement utilise un avion de manière optimale.
C'est ce que fait aussi French Bee. L'été prochain, Air France met 5 vols par semaine, soit 60% de capacités en plus. Je ne pense pas que le marché fasse autant et on va forcément avoir des dégâts derrière.
Je n'ai pas de problème sur le fait qu'Air France mette en place des surcapacités. Par contre là où j'ai plus de problème, c'est qui paie cela ? En face il y a des compagnies privées qui fonctionnent avec l'argent de leurs actionnaires.
Air France a redemandé encore 4 milliards d’euros d'argent public et cela me gêne beaucoup. Air France a reçu 14 milliards + 4 milliards, soit 18 milliards d'euros. Pour rappel le budget de la justice c’est 9 milliards."
Sur Tahiti par exemple, la desserte standard d'Air France c'est 3 allers-retours par semaine, ce qui est quelque chose qui fonctionne bien et qui techniquement utilise un avion de manière optimale.
C'est ce que fait aussi French Bee. L'été prochain, Air France met 5 vols par semaine, soit 60% de capacités en plus. Je ne pense pas que le marché fasse autant et on va forcément avoir des dégâts derrière.
Je n'ai pas de problème sur le fait qu'Air France mette en place des surcapacités. Par contre là où j'ai plus de problème, c'est qui paie cela ? En face il y a des compagnies privées qui fonctionnent avec l'argent de leurs actionnaires.
Air France a redemandé encore 4 milliards d’euros d'argent public et cela me gêne beaucoup. Air France a reçu 14 milliards + 4 milliards, soit 18 milliards d'euros. Pour rappel le budget de la justice c’est 9 milliards."
Air Austral - Corsair : "En France, nous ne sommes pas taillés pour fusionner les entreprises"
"Air Austral est dans une situation très difficile et accumule une dette colossale.
Elle a une flotte hétéroclite, choix de son management avec 5 types d’avion différents. Je ne sais pas où nous trouvons des managers qui peuvent mettre 5 types d'avion dans une compagnie aussi petite.
Nous ne sommes pas candidats à aucune opération capitalistique sur une compagnie aussi malade. En revanche, nous sommes ouverts à toute forme de coopération intelligente : pour gagner un peu plus d’argent tous les deux, ou faire des économies comme sur la maintenance, la formation des équipages par exemple.
Les opérations de concentration-fusion dans le transport aérien ne m’ont pas convaincu. En France nous ne sommes pas taillés pour fusionner les entreprises. Il y a plein d'obstacles sociaux, économiques, fiscaux, politiques... Je ne vois pas ce genre de rapprochement par des fusions ou holdings communes.
Air Austral doit assurer son avenir. Et il y a aussi une autre façon de réguler le transport aérien, comme partout dans le monde. Quand ça ne marche pas, il y a des entreprises qui disparaissent."
Elle a une flotte hétéroclite, choix de son management avec 5 types d’avion différents. Je ne sais pas où nous trouvons des managers qui peuvent mettre 5 types d'avion dans une compagnie aussi petite.
Nous ne sommes pas candidats à aucune opération capitalistique sur une compagnie aussi malade. En revanche, nous sommes ouverts à toute forme de coopération intelligente : pour gagner un peu plus d’argent tous les deux, ou faire des économies comme sur la maintenance, la formation des équipages par exemple.
Les opérations de concentration-fusion dans le transport aérien ne m’ont pas convaincu. En France nous ne sommes pas taillés pour fusionner les entreprises. Il y a plein d'obstacles sociaux, économiques, fiscaux, politiques... Je ne vois pas ce genre de rapprochement par des fusions ou holdings communes.
Air Austral doit assurer son avenir. Et il y a aussi une autre façon de réguler le transport aérien, comme partout dans le monde. Quand ça ne marche pas, il y a des entreprises qui disparaissent."
"Attendez-vous à ce que les prix des billets augmentent partout"
"La hausse des tarifs est obligatoire. Pour une compagnie long-courrier standard, le coût du pétrole c'est à peu près : 28-29% de son budget.
Si elle a des avions très modernes, cela reste à 25%-26%. Nous avons un poste de dépense qui pèse environ 30% dont le tarif double, cela signifie qu'il faut augmenter les tarifs de 15%.
Il nous manque 80 euros par aller - retour pour revenir à l'équilibre pour les coûts de l'énergie. Nous sommes prudents car nous ne voulons pas fusiller la relance sur des clientèles aux Antilles très sensibles au prix.
Et puis il y a tous les autres postes qui sont en hausse : le social, les redevances - l’Etat ne nous a pas fait de cadeau - les matières premières utiles à l'aviation. La moitié des coûts de maintenance ce sont les matières premières.
Attendez-vous à ce que les prix des billets augmentent partout."
Si elle a des avions très modernes, cela reste à 25%-26%. Nous avons un poste de dépense qui pèse environ 30% dont le tarif double, cela signifie qu'il faut augmenter les tarifs de 15%.
Il nous manque 80 euros par aller - retour pour revenir à l'équilibre pour les coûts de l'énergie. Nous sommes prudents car nous ne voulons pas fusiller la relance sur des clientèles aux Antilles très sensibles au prix.
Et puis il y a tous les autres postes qui sont en hausse : le social, les redevances - l’Etat ne nous a pas fait de cadeau - les matières premières utiles à l'aviation. La moitié des coûts de maintenance ce sont les matières premières.
Attendez-vous à ce que les prix des billets augmentent partout."
"Il y a un changement fondamental de comportement face au travail"
"Nous allons avoir un été très difficile sur le plan opérationnel. Dans les aéroports, dans les compagnies aériennes, dans les ateliers de maintenance quelque chose a changé dans les comportements sociaux et humains.
Il n'y a pas la même ambiance. Nous avons une vraie pression sociale à l'inflation. Ensuite il y a un changement fondamental de comportement face au travail. Il n'y a plus de passion, ni de sens du devoir. Alors c'est peut-être des vieux mots...
Enfin c'est la demande très forte sur le télétravail, je ne suis pas contre. Mais le télétravail, lorsqu'on creuse, il faut avoir les moyens de télétravailler chez soi.
Et puis il y a une rupture de la solidarité de l’équipe. Cette notion-là, nous la perdons dans le télétravail. Je n'ai pas de solution."
Il n'y a pas la même ambiance. Nous avons une vraie pression sociale à l'inflation. Ensuite il y a un changement fondamental de comportement face au travail. Il n'y a plus de passion, ni de sens du devoir. Alors c'est peut-être des vieux mots...
Enfin c'est la demande très forte sur le télétravail, je ne suis pas contre. Mais le télétravail, lorsqu'on creuse, il faut avoir les moyens de télétravailler chez soi.
Et puis il y a une rupture de la solidarité de l’équipe. Cette notion-là, nous la perdons dans le télétravail. Je n'ai pas de solution."
Décarbonation du transport aérien : "Dès demain nous pourrions réduire les émission de près de 40%"
"Laissons à la science l'obligation et la responsabilité de travailler sur les solutions de demain et d'après demain. Et surtout que les politiques ne s'en mêlent pas.
Il faut que les politiques aient du courage pour faire bouger les choses le plus vite possible. Il faut renouveler les flottes, mais il faut que l’on soit accompagné.
Nous n'avons aucune incitation ! Dans les aéroports on pourrait réduire massivement les émissions de CO2 et les nuisances sonores. Là les politiques doivent mener une politique forte.
Avec un avion moderne, des trajectoires optimisées, les mesures mises en place dans les aéroports : nous pouvons réduire dès demain matin près de 40% des émissions en prenant des mesures fortes.
Mais il y a des résistances, il faut que l'Etat prenne ses responsabilités."
Il faut que les politiques aient du courage pour faire bouger les choses le plus vite possible. Il faut renouveler les flottes, mais il faut que l’on soit accompagné.
Nous n'avons aucune incitation ! Dans les aéroports on pourrait réduire massivement les émissions de CO2 et les nuisances sonores. Là les politiques doivent mener une politique forte.
Avec un avion moderne, des trajectoires optimisées, les mesures mises en place dans les aéroports : nous pouvons réduire dès demain matin près de 40% des émissions en prenant des mesures fortes.
Mais il y a des résistances, il faut que l'Etat prenne ses responsabilités."
"Moi je ne demande qu'une chose, c’est que le Ministre du transport n’arrache pas la page C du dictionnaire où il y a le mot courage"
"Je crois à la nécessité pour la France d'avoir un ministre du tourisme de plein exercice à cause du poids du tourisme dans notre économie. Il faut un vrai ministre, qui n'est pas rattaché à X ou Y.
Quant aux transports... M. Djebbari a fait quoi en 5 ans ?
Mme Borne a mené les Assises du transport aérien, il y a eu plus de 104 réunions... Qu’est-ce qui l'en est sorti ? Zéro de chez zéro... C'est inacceptable.
Moi qu'il soit du transport ou pas, énarque ou pas ce n'est pas mon souci. Je ne demande qu’une chose, c’est que le Ministre du transport n’arrache pas la page C du dictionnaire où il y a le mot courage."
Quant aux transports... M. Djebbari a fait quoi en 5 ans ?
Mme Borne a mené les Assises du transport aérien, il y a eu plus de 104 réunions... Qu’est-ce qui l'en est sorti ? Zéro de chez zéro... C'est inacceptable.
Moi qu'il soit du transport ou pas, énarque ou pas ce n'est pas mon souci. Je ne demande qu’une chose, c’est que le Ministre du transport n’arrache pas la page C du dictionnaire où il y a le mot courage."
Caisse de garantie de l'aérien : "je suis pour à condition que..."
"Je suis pour une caisse de garantie de l’aérien à condition d’un d’examen complet de la responsabilité des compagnies vis-à-vis des clients."
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