Corsair : un chiffre d'affaires record et de grandes ambitions !🔑

Une page professionnelle va se tourner pour Julien Houdebine, mais un nouveau chapitre est en train de s'écrire pour Corsair.

Au détour d'une note interne, que nous avons pu consulter, annonçant le départ de l'actuel directeur commercial de la compagnie, nous avons appris que l'exercice actuel serait un "record historique" pour le transporteur.

Alors que l'ancien directeur de la performance du service long-courrier d'Air France doit quitter son poste le 24 octobre prochain, Corsair va clôturer ses comptes à la fin du mois.

Et lors de l'exercice 2022-2023, de nombreux indicateurs financiers seront dans le vert.

"Nous allons réaliser, à fin septembre, 643 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est assez exceptionnel. Pendant des années, nous visions 500 millions d'euros sans jamais y arriver.

Nous sommes en progression de 21% par rapport à 2022," nous annonce fièrement Pascal de Izaguirre, le président-directeur général Corsair.

La croissance est spectaculaire, elle atteint même 47% comparativement au dernier exercice prépandémique.

Sur juillet, août et septembre, la progression est de +42%, comparée aux mêmes mois de l'année 2019.

Dans le même temps, les capacités étaient en croissance de 6%. Le remplissage se serait maintenu à un "niveau élevé", malgré le contexte inflationniste.

L'explication de ce tour de force est multiple.

"Nous avons battu durant deux semaines des records de ventes sur le web, avec des journées à plus de 1 million d'euros de chiffre d'affaires et même une record à 1,292 million d'euros," se montre satisfait le PDG de la compagnie.

A cette présence accrue sur internet, il convient d'ajouter un bond en avant du nombre de sièges.

Corsair a vu sa flotte passer de 7 à 9 appareils, entre 2019 et 2023. Ce n'est pas tout, l'inflation est aussi passée par là.

Sur l'ensemble de l'année 2023, les tarifs vers les Outre-mer sont eux aussi en hausse de 15,5% par rapport à 2022. La progression depuis 2017 sur ces destinations est de 58,8%, selon la DGAC.

Dans le même temps, Air France a réduit drastiquement son offre sur les Antilles, faisant mécanique augmenter les prix et libérant aussi de l'offre pour les autres compagnies du secteur.

"Nous avons eu une bonne politique de pénétration du marché, avec un bon prix moyen coupon. Nous avons certainement pris des parts de marché à nos concurrents.

De plus, nous avons développé nos lignes en Afrique, un développement très pertinent pour nous, puisque nous sommes seuls sur Bamako, puis nous avons aussi des lignes de niche," énumère le PDG de Corsair.

Entre des billets vendus très nettement en dessous des autres compagnies, jusqu'à 15 ou 20% selon les segments, puis le développement des routes au départ de province, comme à Nantes ou Bordeaux, et en Afrique, la compagnie antillaise semble avoir trouvé la formule du succès.

La traversée de l'Atlantique reviendra en 3e saison hivernale aussi bien au départ de la capitale des Pays de la Loire que de celle de Nouvelle-Aquitaine.

Deux routes qui ont affiché des taux de remplissage de 90%, l'année passée.

"Nous sommes sur une trajectoire très dynamique au niveau des réservations, avec un premier trimestre 2023/2024 (d'octobre à décembre 2023, ndlr) toujours en forte hausse, de l'ordre de + 21% par rapport à 2022 et surtout de +71% par rapport au dernier trimestre pré-covid.

C'est plutôt encourageant d'autant plus que le prix moyen est en bonne progression."

Dans le trio de tête des destinations, nous retrouvons : les Antilles, la Réunion et Abidjan. Bamako et Cotonou se portent aussi très bien.

Le second trimestre (janvier à mars 2024) serait encore plus dynamique, avec une croissance de 54% par rapport à 2023 et + 98% comparativement à 2019.

Forte de ses courbes affriolantes, mais aussi de tendances très positives, Corsair se sent pousser des ailes.

La direction a couché sur le papier un budget à plus de 700 millions d'euros en 2023/2024, en hausse de tout simplement 49% comparé au meilleur exercice de l'histoire de l'entreprise réalisé en 2016.

Dans le même temps, les capacités augmenteront de 6%.

Corsair prévoit de sortir 4 anciens appareils et d'en faire rentrer 4 nouveaux, en l'espace de 8 mois.

La flotte passera alors en full A330 Neo.

"Nous avons 3 sous flotte, avec 5 Neo, puis d'autres types d'A330.

Le fait, d'avoir un produit homogène et une montée en gamme, va nous permettre de bénéficier d'une puissance de frappe commerciale tout autre," estime Pascal de Izaguirre.

Corsair aura alors à terme une flotte ayant une moyenne d'âge inférieure à 2 ans, la plus jeune de France, voire même du monde. Le pari d'accueillir de nouveaux avions ne sera pas le seul que devra relever Corsair, dans les prochains mois.

Le plus important de tout sera de finaliser sa restructuration financière pilotée par le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI).

Alors que les actuels actionnaires pensaient conclure un accord avec Air France, Ben Smith a poliment refermé le dossier.

Des discussions sont en cours pour mettre fin à ce rocambolesque épisode qui permettra de regarder sereinement l'avenir. Les négociations pourraient déboucher dans les prochaines semaines, sur un nouveau tour de table.

Il faut dire que pour le directeur général d'Air France-KLM, les opportunités d'acquisition sont envisagées si et seulement si elles permettent d'assurer entre "7 à 8% de marges opérationnelles."

Et malgré l'embellie spectaculaire de ses recettes, les résultats de Corsair sont encore éloignés de ces chiffres, puisque le bilan sera une nouvelle fois dans le rouge.

En attendant, la direction entend poursuivre son développement en misant beaucoup sur l'Afrique, à commencer par Dakar.

"Dans ma stratégie, l'axe africain est devenu un pilier essentiel.

Je mène des travaux assez actifs pour identifier de nouvelles lignes, je n'ai jamais caché notre souhait de revenir à Dakar, en accord avec les autorités sénégalaises.

Le Sénégal fait partie de nos objectifs, mais nous en avons d'autres," explique Pascal de Izaguirre.

Des confrères font état de négociations entre Corsair et Air Sénégal, pour reprendre des vols entre les capitales des deux pays.

A terme les vols à destination du continent africain pourraient représenter 1/3 des recettes, à la hauteur de ce que constitue séparément, les Antilles et l'océan Indien.

A la faveur de cette croissance tous azimuts, le PDG du transporteur antillais pourrait lorgner sur une augmentation de la flotte.

Jusqu'à la fin du mois de septembre 2023, la compagnie ne pourra pas compter plus de 9 appareils, une limitation imposée par l'Europe, dans le cadre de sa restructuration validée lors du rachat pas les investisseurs antillais.

Et après cette date ?

"A terme, nous pourrions pourquoi pas augmenter la flotte.

Nous devons avoir un business plan assez ambitieux, mais cette augmentation de l'offre ne sera possible que si nous avons des perspectives de lignes et des opportunités," conclut un PDG satisfait.