Cyclotourisme : le val de Meuse à vélo !

Charleville-Mézières, ville natale du poète Rimbaud, est le point de départ de l’itinéraire. La première étape mène jusqu’au village d’Haybes, à 53 km.

La splendide place ducale de la cité dans le dos, la voie verte des bords de Meuse impose rapidement son tempo. A Montcy, le fleuve a déjà oublié la ville et revêt son costume provincial, entre prés et versants boisés.

La Meuse est un fleuve de la France profonde, rythmé par des pêcheurs, des hérons placides et de modestes maisons à jardinets.

A lire aussi : Cyclotourisme : inauguration de La Meuse à Vélo

D’une rive à l’autre en pédalant, des villages endormis rehaussés de clochers pointus rythment le parcours. A Monthermé, le silence de l’eau est troué par un bruit martelé.

C’est celui de la forge Raguet, une des dernières héritières de l’aventure industrielle dont la vallée fut l’hôte aux XIXe et XXe s. Jadis, des trains entiers remplis d’ouvriers remontaient depuis Charleville pour desservir les usines.

L’enclavement de la vallée, « presqu’île » française enfoncée dans la Belgique, ainsi que la mondialisation, ont eu raison de l’activité. Avec ses immeubles en pierre posés au bord de l’eau, sa confluence avec le Semois et son ancienne abbaye de Laval-Dieu, Monthermé a encore du style.

Les plus courageux grimperont jusqu’à la Roche à Sept Heures. Le point du vue panoramique dévoile une bourgade enveloppant parfaitement une boucle de la Meuse.

La piste cyclable Trans-Ardennes glisse ensuite dans un bassin resserré aux accents de pleine nature. De cingle en cingle, la Meuse ondule avec grâce, léchant les mamelons ardennais verdoyants.

Quelques hameaux scandent ces rives, Laifour, Archamps… Sur l’eau assoupie, pas d’embarcation : il y a longtemps que la batellerie a rendu l’âme sur cette portion de fleuve.

Seuls, l’été, des bateaux de plaisance traversent ce paysage rendu à sa virginité. Revin se profile et alors ressurgit à nouveau l’épopée industrielle. Ici, jusqu’à la fin des années 1960, des usines ont prospéré, Porcher, Faure, Arthur Martin… Une « Maison espagnole » à colombages témoigne des richesses du passé, quand fer et commerce fluvial étaient rois.

Lové dans sa boucle, Fumay est l’étape suivante. Une friterie sur les quais diffuse son odeur grasse. Au dessus des maisons en briques dépasse le clocher de l’église Saint-Georges. De style néo-gothique, c’est l’une des plus grandes des Ardennes. Alors que le crépuscule tombe sur la vallée, Haybes se profile.

Lire aussi : L’ADEME parie sur le cyclotourisme et vous aide à investir

Il est temps de remiser le vélo à l’hôtel et d’aller dormir dans ce no man’s land de France, enfoncé dans le plateau ardennais belge, sous le silence et la fraîcheur d’une vallée bercée de nostalgie.

Haybes-Dinant, seconde étape du parcours, totalise aussi 53 km. Il fait beau et à cette heure matinale, la faune est au rendez-vous. Canards, cormorans, pics, grèbes, martins-pêcheurs… se manifestent sur et au bord de l’eau. Le vélo va moins vite que les TER qui empruntent la vallée et c’est tant mieux.

Cela permet de profiter de Vireux-Molhain (rive gauche)/Vireux-Wallerand (rive droite), double village ardennais à l’âme ouvrière, typique avec sa brique du nord dressée en étendard et sa collégiale posée dans un vallon affluent.

Il reste 10 km pour gagner Givet. Moins boisés, les versants laissent désormais apparaître des dalles de schiste. Fortifiée par Charles Quint et Vauban, la cité-verrou de Givet, posée de part et d’autre de la Meuse, est dominée par le fort de Charlemont, ex bastion et village militaire.

La suite se passe chez nos amis belges. De Trans-Ardennes, la voie bascule dans le réseau RaVel d’outre-Quiévrain. La frontière est banale, marquée par deux plots en béton… Quelques signes trahissent cependant le changement, la signalétique routière, les maisons de briques plus cossues…

Depuis l’ancienne gare d’Agimont, la piste cyclable dévale en pente douce entre des haies d’arbres jusqu’à rejoindre le fleuve à Hermeton-sur-Meuse. Après Hastière-Lavaux, la piste s’arrête au niveau de l’écluse de Waulsort et il faut rejoindre Dinant par une route étroite (prudence).

Dans le jour à nouveau déclinant, on longe les rochers et le château de Freÿr, au style Renaissance splendide, avec jardin à la française inspiré des travaux de Le Nôtre. Le choc est aussi d’entendre la vallée résonner de cris terribles : le brame du cerf ! Quelques coups de pédales plus loin, la Meuse s’endort le long du quai à platanes d’Anseremme.

Voilà enfin Dinant, long village-port étiré de part et d’autre du fleuve. Demain, il faudra visiter cette ville, noyée dans la brume automnale. Monter à la citadelle. Visiter la collégiale gothique et l’abbaye Notre-Dame-de-Leffe.

S’attarder sur le pont où fut blessé de Gaulle en 1914... De Rimbaud au général en passant par les manufactures, la Meuse à vélo promet un riche cours d’Histoire récréatif.

Y aller
Charleville-Mézières est à 2h45 de route de Paris et de Lille, à 4h de Strasbourg.
En train : depuis Paris Gare de l’Est, Charleville-Mézières est à 2h de trajet.