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Ebola, crise : comment les destinations combattent les a priori ?

Zoom sur le Sénégal, la Côte d'Ivoire, Haïti, Jordanie, Egypte


Les chaos du monde imprévisibles ou redoutés mettent à mal de belles et grandes destinations touristiques. Alors que la paix est revenue ou que le danger est écarté on les voit souvent bien injustement mises en quarantaine.


Rédigé par le Lundi 6 Octobre 2014

Le Sénégal a d’autres défis à relever. Le pays qui dispose de 700 kilomètres de côtes, dont 500 de plages, risque de perdre à terme sa vocation de destination balnéaire en raison de l’érosion côtière - DR
Le Sénégal a d’autres défis à relever. Le pays qui dispose de 700 kilomètres de côtes, dont 500 de plages, risque de perdre à terme sa vocation de destination balnéaire en raison de l’érosion côtière - DR
Le Sénégal s’inquiète au spectacle de l’érosion de ses côtes. La Côte d’Ivoire qui frôla la guerre civile veut faire savoir qu’aujourd’hui elle vit dans la paix et la réconciliation.

Haïti n’est pas un tas de gravats. La Jordanie subit l’amalgame fait avec ses voisins. L’Egypte aux richesses culturelles à nulles autres pareilles continue à investir sans visibilité.

Avec son fameux « principe de précaution » la France se révèle l’un des marchés émetteurs les plus frileux du monde.

Alors ces belles destinations argumentent, témoignent, combattent les a priori. Elles tentent de rebondir, elles multiplient les informations, elles disent leurs vérités.

Le Sénégal cherche une alternative au tourisme balnéaire

Le tourisme est la deuxième source de devises (après la pêche) et le marché français, avec qui le pays a des liens historiques, est essentiel puisqu’il représente 40% du trafic touristique.

En 2012, le Sénégal accueillait 1 100 000 touristes. En 2013, il enregistrait une légère chute en atteignant tout de même la barre du million. En 2014, le risque Ebola inquiète.

Madame Houma Mbaye Dia directrice Marketing et Communication rassure : " Ebola ne passera pas les mesures ont été prises, le pays est sécurisé, les frontières fermées, la population et informée et consciente de la situation".

Le Sénégal a d’autres défis à relever. Le pays qui dispose de 700 kilomètres de côtes, dont 500 de plages, risque de perdre à terme sa vocation de destination balnéaire en raison de l’érosion côtière.

C’est là que le bât blesse.

Alors, sans minimiser l’attrait du balnéaire le pays tente de développer d’autres formes de tourisme tels la découverte, le patrimoine naturel et historique, les réserves animalières etc. Il met en avant ses atouts naturels à commencer par la qualité de son accueil.

A 5 heures de Paris, avec très peu de décalage horaire, le pays est naturellement accueillant. En terme de classement il serait même dit Madame Mbaye Dia, le 6e pays le plus accueillant au monde ! (Source non communiquée).

C’est un pays politiquement stable un atout majeur par les temps qui courent.


En France, le Sénégal met en place une nouvelle agence de promotion – il n’y en avait plus depuis deux ans – avec la volonté de développer sa communication et ses outils de promotion touristique.

A l’écoute des professionnels du tourisme le Sénégal souhaite développer des opérations de promotions conjointes avec les tour-opérateurs et d’organiser en partenariat des éductours, des voyages de presse etc.

Une vingtaine de tour-opérateurs programment actuellement le Sénégal.


Le bureau d’informations touristiques est actuellement implanté à l’Ambassade. Pour répondre à la demande qui est forte, il est prévu d’ouvrir un bureau avec pignon sur rue. L’Etat aurait accepté.

En Côte d’Ivoire, l’Allemagne supplante l’historique marché français

Les responsables du tourisme ivoirien étaient venus en nombre à Top Resa avec une volonté de clarté sur la situation sanitaire de leur pays. Leur message : aucun cas Ebola déclaré, le pays est épargné de l’épidémie.

«Nous savons que la menace est forte. Nous avons fait une large campagne de sensibilisation. Très informée toute la population est consciente et attentive y compris dans les villages les plus reculés.

Les Ivoiriens connaissent les dispositions à prendre pour éviter le virus. Ils savent comment et pourquoi se protéger. Toutes les frontières sont fermées
» affirmait Samagassi Syndou de l’Office National du Tourisme

Ce que met aujourd’hui en avant la Côte d’Ivoire, c’est la stabilité politique et la paix. Le pays qui a frôlé la guerre civile veut résolument vivre dans la réconciliation nationale.

Aujourd’hui 80 % de la Cote d’Ivoire est visitable en toute sécurité les 20 % restants le seront bientôt. C’est une affaire de réseau routier qui doit être amélioré. Beaucoup est fait. Il reste encore à faire.

La France demeure le partenaire privilégié de la Cote d’Ivoire dans tous les domaines d’activités dont le tourisme. Néanmoins, grâce à un réel support de ses tour-opérateurs, le marché allemand progresse. Il dépasse même cette année le marché français.

Les Autorités ivoiriennes qui ont mené des actions pour la promotion de leur tourisme sur les marchés émetteurs français, luxembourgeois, belge, allemand, russe, américains etc... constatent que les TO français restent en retrait.

En 2013, l’aéroport d’Abidjan a accueilli près du million de visiteurs étrangers. Une grande majorité était représentée par les voyages d’affaires. Le trafic tourisme et loisirs était évalué à 300 000.

Durant les 9 premiers mois de 2014, le trafic touristique global a enregistré une progression par rapport à 2013. L’objectif est d’atteindre les 500 000 voyageurs loisirs en 2015.

« Un de nos challenges est de retrouver la confiance des TO français comme nous avons retrouvé celles des allemands » disait Samagassi Syndou.

"Haïti n’est pas un tas de gravats »

Un hôtel pied dans l'eau à Haïti. (Photo Dominique Douchet)
Un hôtel pied dans l'eau à Haïti. (Photo Dominique Douchet)
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a donné aux Haïtiens un formidable besoin de renouveau. Jean-Marc Flambert du Ministère du Tourisme et des Industries Créatives décrit la situation :

« Le tremblement de terre a provoqué chez tous les Haïtiens, l’occasion d’une renaissance, comme une opportunité pour reconstruire. Ceux qui avaient quitté l’île, les artistes, les intellectuels sont revenus. Notre pays a retrouvé le chemin de la démocratie et de la paix. Il regarde son avenir avec optimisme. Il n’est pas un tas de gravats ! C’est un pays neuf ! »

Depuis 3 ans, le nouveau gouvernement a fait du tourisme une priorité pour relancer l’économie.

Une politique structurée d’investissements a été mise en place autour de 4 axes prioritaires : la formation, la règlementation, l’aménagement des sites naturels et patrimoniaux et la promotion.

De nombreux projets et programmes sont en cours ou d’ores et déjà achevés. Ainsi le nouvel aéroport situé au nord-est de la capitale Port-au-Prince est coloré et gai. Sa station de taxis et de vans propose désormais des tarifs fixes.

Le parc hôtelier (actuellement de 8 000 chambres) sera porté à 13 000 chambres à horizon 2016.

Ces programmes associent des investisseurs locaux ainsi que de grandes chaines d’hôtels internationales comme Royal Oasis by Occidental, Best Western, NH Haiti El Rancho, Marriott...

De nouvelles destinations touristiques se révèlent telles que Île à Vache et Côte de Fer. Le centre historique de Jacmel et de nombreux sites touristiques ont été réaménagés. Les formules de circuits de 7 à 10 jours sont mises en avant.

De nombreuses actions sont menées pour accueillir les visiteurs selon les standards internationaux : ouverture en 2013 de l’Institut de Formation Hôtelière et Touristique du Sud ; formation de guides touristiques pour commenter les visites des sites historiques ; mise en place d’une police touristique ; formation d’inspecteurs en hygiène et salubrité dans le cadre du programme label de qualité Hibiscus etc.

Des opérations de promotions sont réalisées sur les marchés émetteurs que sont les USA, le Canada, la zone Caraïbe, le Royaume-Uni et la France.

Le pays a accueilli en 2013 près de 420 000 visiteurs (séjours) dont 25 000 français. Sur les 5 premiers mois de l’année 2014 il a connu une croissance de l’ordre de + 20 % (à périmètre constant). Le Canada avec Transat leur premier partenaire et les Etats-Unis sont de loin leurs principaux marchés émetteurs.

Le nombre de croisiéristes (643 000 en 2013) connaît une progression de près de 5%.

Haiti veut montrer au monde sa mosaïque de cultures, ses belles plages et ses paysages de montagnes, ses cascades et ses grottes, les œuvres géniales de ses artistes et artisans, ses traditions vaudou. Elle veut retrouver sa place sur la carte des grandes destinations touristiques du monde et elle s’en donne les moyens.

La Jordanie gomme l’amalgame fait avec ses voisins

La Syrie au nord, l’Irak à l’est, Israël à l’ouest mettent la Jordanie dans une délicate situation géographique. L’amalgame avec les pays voisins se répercute. C’est le moins qu’on puisse dire aujourd’hui.

« Nous ressentons en effet des craintes de la part du grand public. Nous avons reçu de nombreux appels téléphoniques surtout après les dernières recommandation du MAE.

Nous comprenons ces craintes mais le public doit savoir que la situation et la carte présentée par le Quai d’Orsay n’ont pas changé depuis 2012.

A l’exception de la frontière nord l’intégralité des sites touristiques se visite. Le Royaume de Jordanie est un exemple de stabilité dans cette région du monde. Souvent qualifiée de "Suisse du Moyen-Orient", elle est restée en marge des principaux conflits affectant les pays voisins. Notre rôle est de rétablir la vérité
» déclare Guillaume Lemenn qui représente l'office de Tourisme de Jordanie en France.

En effet, aucun événement de violence, aucun de mouvement à l’encontre des touristes, n’ont été signalés dans le pays. Amman, Jerash, le fabuleux site de Petra, le désert du Wadi Rum, les hôtels de la Mer Morte et du golfe d’Aqaba, se visitent sans aucune restriction et en sécurité.

Les tour-opérateurs restent en nombre à programmer la Jordanie.
Pour eux, l’OT met en place une nouvelle fonctionnalité sur son site internet qui leur permet de référencer gratuitement leurs offres.

Ils sont près d’une centaine généralistes, groupistes ou spécialistes à programmer la Jordanie sur des thématiques différentes qui vont de la culture… à l’aventure et à la randonnée.

Oui, l’aventure ! La Jordanie sera le seul Office de Tourisme étranger à être présent au « Grand Bivouac » le salon dédié à l’aventure et à la randonnée qui se déroulera à Albertville du 17 au 19 octobre.

En 2013, le trafic avait un peu chuté par rapport à 2012. Une reprise était enregistrée début 2014, pour rechuter en juillet et août avec le conflit de Gaza.

La Jordanie continue à être impactée par l’actualité des pays voisins. Pour autant et à l’approche de sa haute saison touristique, elle maintient ses campagnes de communication et multiplie ses actions de promotion.

L’Egypte investit sans visibilité

L’Egypte, destination reine et son Fleuve Roi continuent à subir les effets dévastateurs du printemps arabe. Rappelons pour qui les ignorerait, les chiffres : durant les 8 premiers mois 2014 ils étaient 60 000 Français à effectuer un voyage en Egypte soit environ 10 % de plus qu’en 2013.

Chiffres dérisoires : durant la même période ils étaient 700 000 en 2010 « avant » la chute de Moubarak !

Les innombrables métiers, petits et grands, liés à l’industrie du tourisme traversent la plus dramatique crise de leur histoire.

Crise économique et sociale. Et pourtant la Haute Egypte aux fabuleux trésors, n’a jamais signalé de tensions de heurts et encore moins d’agressions sur les rares touristes qui la visitent.

Pour relancer son tourisme l’Egypte a mis en avant ses nouveautés, ses offres en s’adressant particulièrement aux agents de voyages allant jusqu’à inviter leur conjoint(e) accompagnant(e).

Pour relancer, la Vallée du Nil les Autorités Egyptiennes s’engagent à participer lourdement au financement des opérations de promotion, de publicité et de communication des tour-opérateurs.

Sans visibilité sur les remplissages, les compagnies aériennes s’engagent aussi. Egyptair propose notamment, à partir du 11 octobre et jusqu’au 30 mai 2015, un vol direct hebdomadaire entre Paris CDG et Louxor « pour profiter de la belle saison ».

De son côté la compagnie Airmasters opère toute l’année des vols directs sur Louxor, Hurghada et Marsa Alam au bord de la Mer Rouge et ce au départ de Paris, Marseille, Lyon, Toulouse et Nantes.

Jusqu’où le pays ira-t-il dans ses opérations de relance ? N’est-il pas temps de lui accorder un peu de confiance, notamment pour cette Haute Egypte préservée des heurts et des chaos ?

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