Un des rêves d'Emmanuelle Llop serait d'écrire un livre... mais chut elle ne vous a rien dit ! - Photo DR
TourMaG.com - Emmanuelle Llop, qui êtes-vous ?
Emmanuelle Llop : Je suis… Je suis une parisienne, avocat depuis 30 ans cette année. Je suis la maman de trois belles grandes filles… et voilà !
TourMaG.com - C’est tout ?
E.L. : (rire)… Oui, quoi d’autre ? Je suis une passionnée de musique, une passionnée de lecture, une passionnée d’histoire, notamment la Renaissance.
Beaucoup, beaucoup de lecture et de musique. Ça m’emplit.
TourMaG.com - Catalane ?
E.L. : Andalouse et Catalane.
TourMaG.com - Un sacré mélange !
E.L. : Oui. Je suis, côté paternel, une fille d’immigrés espagnols, avec un grand-père qui a fui la guerre d’Espagne pour entrer quasiment tout de suite dans la Résistance et une grand-mère Andalouse qui elle, est arrivée en France à l’âge de deux ans. Ca, c’est du côté de mon père.
Du côté de ma mère, ce sont des Catalans qui viennent d’Espagne et cela remonte au XVIème siècle. Mais côté français, les Corbières… Donc j’ai beaucoup de sang catalan et une bonne partie andalou. Ce sont des mélanges… et ça se voit, non ?
Mais on ne sait pas toujours d’où je viens. Ca m’amuse et j’en joue… Mais je suis née à Paris, dans le 13ème, parce que c’était le fruit de la rencontre de mes parents dans la capitale. Pourtant, c’étaient des familles du sud de la France, l’Aude notamment et ils ont trouvé le moyen de se rencontrer à Paris !
Voilà. Je suis une fille pas compliquée, en fait. Du moins pas compliquée à définir. Du moins, je me vois comme ça, j’avance. Quand je dis que je suis avocate, ce n’est pas ce qui me définit. Je suis un être humain, avec des passions, des intérêts… Mais j’aime tellement ce que je fais que j’aime bien en parler.
Parce que je ne viens pas non plus d’un milieu privilégié d’avocats, de professions libérales. Pas du tout.
J’ai fait le truc toute seule…
TourMaG.com - Avocat, pourquoi ?
E.L. : Vous allez vous marrer ! Avocat, je ne dirais pas que c’est un hasard… mais presque. Je suis fille de prof, mes parents étaient ce que l’on appelait à l’époque des instituteurs. Je trouve d’ailleurs que c’est un très joli terme…
Je suis aussi petite fille de profs, c’est-à-dire que mes grands-parents maternels étaient instituteurs, directeurs et directrice d’école ensuite, mon grand-père également maire… Bref, des gens issus d’un milieu plutôt fonctionnaire, service de l’état, un peu « notables » de province. Narbonne !
Moi, j’étais prédestinée en quelque sorte à devenir prof. Je travaillais très bien à l’école et la fierté de mes parents et grands-parents était que je « passe » au-dessus d’eux, c’est-à-dire que je passe l’agrégation !
J’ai étudié les lettres classiques, hypokhâgne (à Louis le Grand) et j’ai carburé beaucoup durant ma scolarité. Pas mal pour quelqu’un qui venait d’un lycée de banlieue.
En même temps, à la rentrée en hypokhâgne à Louis le Grand, j’ai vu l’ambiance et je me suis dit « non, ça ce n’est pas pour moi » ! Il faut vous dire qu’après avoir passé mon Bac, je m’étais aussi inscrite en douce à la Fac de Droit avec une copine dont les parents avaient fait l’inverse des miens : ils l’avaient formatée pour qu’elle fasse du droit !
Ils connaissaient toutes les arcanes de la Fac, c’était Assas (à Paris, ndDG) et je suis allée m’inscrire avec mon amie. J’avais la chance d’avoir eu une mention au Bac et c’était une époque où il y avait la discrimination « positive », c’est-à-dire que les mentions étaient inscrites en priorité.
Lors de la rentrée d’hypokhâgne, je n’y suis pas allée, ce qui m’a fait deux mois de vacances en plus et j’ai intégrée la fac de droit en novembre ! J’ai poursuivi, chaque année mon cursus en ne sachant toujours pas que je serai avocat ! En fait, mon objectif était de bosser, encore et toujours, afin d’être la première.
Emmanuelle Llop : Je suis… Je suis une parisienne, avocat depuis 30 ans cette année. Je suis la maman de trois belles grandes filles… et voilà !
TourMaG.com - C’est tout ?
E.L. : (rire)… Oui, quoi d’autre ? Je suis une passionnée de musique, une passionnée de lecture, une passionnée d’histoire, notamment la Renaissance.
Beaucoup, beaucoup de lecture et de musique. Ça m’emplit.
TourMaG.com - Catalane ?
E.L. : Andalouse et Catalane.
TourMaG.com - Un sacré mélange !
E.L. : Oui. Je suis, côté paternel, une fille d’immigrés espagnols, avec un grand-père qui a fui la guerre d’Espagne pour entrer quasiment tout de suite dans la Résistance et une grand-mère Andalouse qui elle, est arrivée en France à l’âge de deux ans. Ca, c’est du côté de mon père.
Du côté de ma mère, ce sont des Catalans qui viennent d’Espagne et cela remonte au XVIème siècle. Mais côté français, les Corbières… Donc j’ai beaucoup de sang catalan et une bonne partie andalou. Ce sont des mélanges… et ça se voit, non ?
Mais on ne sait pas toujours d’où je viens. Ca m’amuse et j’en joue… Mais je suis née à Paris, dans le 13ème, parce que c’était le fruit de la rencontre de mes parents dans la capitale. Pourtant, c’étaient des familles du sud de la France, l’Aude notamment et ils ont trouvé le moyen de se rencontrer à Paris !
Voilà. Je suis une fille pas compliquée, en fait. Du moins pas compliquée à définir. Du moins, je me vois comme ça, j’avance. Quand je dis que je suis avocate, ce n’est pas ce qui me définit. Je suis un être humain, avec des passions, des intérêts… Mais j’aime tellement ce que je fais que j’aime bien en parler.
Parce que je ne viens pas non plus d’un milieu privilégié d’avocats, de professions libérales. Pas du tout.
J’ai fait le truc toute seule…
TourMaG.com - Avocat, pourquoi ?
E.L. : Vous allez vous marrer ! Avocat, je ne dirais pas que c’est un hasard… mais presque. Je suis fille de prof, mes parents étaient ce que l’on appelait à l’époque des instituteurs. Je trouve d’ailleurs que c’est un très joli terme…
Je suis aussi petite fille de profs, c’est-à-dire que mes grands-parents maternels étaient instituteurs, directeurs et directrice d’école ensuite, mon grand-père également maire… Bref, des gens issus d’un milieu plutôt fonctionnaire, service de l’état, un peu « notables » de province. Narbonne !
Moi, j’étais prédestinée en quelque sorte à devenir prof. Je travaillais très bien à l’école et la fierté de mes parents et grands-parents était que je « passe » au-dessus d’eux, c’est-à-dire que je passe l’agrégation !
J’ai étudié les lettres classiques, hypokhâgne (à Louis le Grand) et j’ai carburé beaucoup durant ma scolarité. Pas mal pour quelqu’un qui venait d’un lycée de banlieue.
En même temps, à la rentrée en hypokhâgne à Louis le Grand, j’ai vu l’ambiance et je me suis dit « non, ça ce n’est pas pour moi » ! Il faut vous dire qu’après avoir passé mon Bac, je m’étais aussi inscrite en douce à la Fac de Droit avec une copine dont les parents avaient fait l’inverse des miens : ils l’avaient formatée pour qu’elle fasse du droit !
Ils connaissaient toutes les arcanes de la Fac, c’était Assas (à Paris, ndDG) et je suis allée m’inscrire avec mon amie. J’avais la chance d’avoir eu une mention au Bac et c’était une époque où il y avait la discrimination « positive », c’est-à-dire que les mentions étaient inscrites en priorité.
Lors de la rentrée d’hypokhâgne, je n’y suis pas allée, ce qui m’a fait deux mois de vacances en plus et j’ai intégrée la fac de droit en novembre ! J’ai poursuivi, chaque année mon cursus en ne sachant toujours pas que je serai avocat ! En fait, mon objectif était de bosser, encore et toujours, afin d’être la première.
Oui, j'ai donné quelques baffes...
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TourMaG.com - Quelle que soit la filière ?
E.L. : J’avais quand même mes goûts qui étaient plus orientés vers le droit privé, le droit des affaires… Je n’étais pas trop sur le droit des personnes, les divorces… Ce n’était pas trop mon truc. Moi, c’était plus faire marcher le cerveau afin de faire des constructions, décortiquer des contrats, comprendre le droit international aussi : j’ai fait du droit américain, maritime, bref, je voulais avancer chaque année. Et plutôt bien.
Est venu le temps où il fallait se déterminer et après une maîtrise (c’est quatre ans), j’ai fait un premier DEA (maintenant on appelle ça un Master 2), de droit commercial et économie, à la Sorbonne. Du coup je n’ai pas voulu m’arrêter là ! J’étais à l’époque enceinte de ma première fille et j’ai décidé, en plus de « faire le bébé », de faire un nouveau DEA de droit du commerce international, à la Sorbonne, avec mon gros ventre.
Et, après, avec le bébé… dans le porte-bébé. Et, en même temps, j’ai préparé l’école d’avocats… parce que mes parents, toujours dans le truc « fonctionnaire », voulaient que je passe l’Ecole Nationale de la Magistrature ! Pour eux, c’était la sécurité de l’emploi, du salaire…
Vous savez, j’ai fréquenté ce milieu-là : pour payer mes études, j’ai été pionne dans un collège, ce qui m’a donné l’idée de ne surtout pas être prof ! Et surtout pas fonctionnaire, bien que je n’aie rien contre cette catégorie.
Du coup, je n’ai pas fait l’ENM mais l’école d’avocats, et voilà !
En fait, depuis que je suis gamine, mon « truc » c’est de travailler dans l’excellence, c’est mon arme.
Il faut comprendre aussi que j’ai toujours été un peu différente des autres : déjà physiquement. Quand vous êtes petit, vous êtes différent.
TourMaG.com - Mais vous n’êtes pas petite…
E.L. : Non, pas en taille. Mais en âge. Et c’est vrai que lorsque je parle, je dis quand j’étais « petite » au lieu de dire « quand j’étais jeune » !
Mais gamine, j’étais différente : un peu typée, et ma vengeance a été de me dire : « ok, vous ne voulez pas de moi pour jouer avec vous, vous ne m’invitez pas… ».
TourMaG.com - Mais pourquoi ?
E.L. : Parce que j’étais très brune, un peu typée. Vous savez, dans les années 70-80, en banlieue, dès que l’on sort un peu du lot, on s’expose à bien des sarcasmes. Il fallait être blond, blanc en tout cas et moi, je suis très brune !
Comme j’ai la chance d’avoir de la répartie, que ma langue est toute de suite très bien pendue pour répondre, de temps en temps il a fallu faire quelques mises au point physiques… Je n’ai pas l’air comme ça, mais quand on dépasse un peu trop les bornes…
TourMaG.com - C’est-à-dire ? Vous avez donné quelques baffes ?
E.L. : Oui, ça m’est arrivé. Quand j’avais une dizaine d’années, j’étais dans la classe de ma mère, en CM². Ce sont de très bons souvenirs mais c’est aussi une deuxième difficulté. Je ne ressemble pas du tout à mes parents et j’étais dans la classe de ma mère. Et je travaillais bien !
J’en prenais, de la part de mes condisciples plein la tronche. Du genre « tu es la première de la classe, c’est ta mère qui te donne les résultats, etc… » ! Et, les fois où je me suis battue, ce n’est pas pour me défendre moi, c’est pour défendre ma mère. Mais en règle générale, je me bats plutôt verbalement : je fais marcher mon cerveau d’abord.
Du coup, je me suis réfugiée dans le boulot, même à la Fac. On me proposait souvent de « sortir », en boite, à l’époque l’Elysée Matignon. Mais Assas, c’étaient aussi des petits gosses friqués, moi je venais de banlieue et je bossais. C’était ma revanche. Ou plutôt, c’était ma victoire, ma réussite à moi. Et donc, j’étais tout le temps première.
Tout le temps. Je suis sortie Major du concours d’avocats, je suis sortie dans les vingt premiers de l’école, sur 2000 environ !
En fait, lorsque l’on s’aperçoit que vous bossez, que vous êtes à fond, ceux qui vous ont « écartés » se rendent compte que vous existez… parce qu’ils ont besoin de vous ! « Tu peux me filer tes cours…, ce genre de chose ».
E.L. : J’avais quand même mes goûts qui étaient plus orientés vers le droit privé, le droit des affaires… Je n’étais pas trop sur le droit des personnes, les divorces… Ce n’était pas trop mon truc. Moi, c’était plus faire marcher le cerveau afin de faire des constructions, décortiquer des contrats, comprendre le droit international aussi : j’ai fait du droit américain, maritime, bref, je voulais avancer chaque année. Et plutôt bien.
Est venu le temps où il fallait se déterminer et après une maîtrise (c’est quatre ans), j’ai fait un premier DEA (maintenant on appelle ça un Master 2), de droit commercial et économie, à la Sorbonne. Du coup je n’ai pas voulu m’arrêter là ! J’étais à l’époque enceinte de ma première fille et j’ai décidé, en plus de « faire le bébé », de faire un nouveau DEA de droit du commerce international, à la Sorbonne, avec mon gros ventre.
Et, après, avec le bébé… dans le porte-bébé. Et, en même temps, j’ai préparé l’école d’avocats… parce que mes parents, toujours dans le truc « fonctionnaire », voulaient que je passe l’Ecole Nationale de la Magistrature ! Pour eux, c’était la sécurité de l’emploi, du salaire…
Vous savez, j’ai fréquenté ce milieu-là : pour payer mes études, j’ai été pionne dans un collège, ce qui m’a donné l’idée de ne surtout pas être prof ! Et surtout pas fonctionnaire, bien que je n’aie rien contre cette catégorie.
Du coup, je n’ai pas fait l’ENM mais l’école d’avocats, et voilà !
En fait, depuis que je suis gamine, mon « truc » c’est de travailler dans l’excellence, c’est mon arme.
Il faut comprendre aussi que j’ai toujours été un peu différente des autres : déjà physiquement. Quand vous êtes petit, vous êtes différent.
TourMaG.com - Mais vous n’êtes pas petite…
E.L. : Non, pas en taille. Mais en âge. Et c’est vrai que lorsque je parle, je dis quand j’étais « petite » au lieu de dire « quand j’étais jeune » !
Mais gamine, j’étais différente : un peu typée, et ma vengeance a été de me dire : « ok, vous ne voulez pas de moi pour jouer avec vous, vous ne m’invitez pas… ».
TourMaG.com - Mais pourquoi ?
E.L. : Parce que j’étais très brune, un peu typée. Vous savez, dans les années 70-80, en banlieue, dès que l’on sort un peu du lot, on s’expose à bien des sarcasmes. Il fallait être blond, blanc en tout cas et moi, je suis très brune !
Comme j’ai la chance d’avoir de la répartie, que ma langue est toute de suite très bien pendue pour répondre, de temps en temps il a fallu faire quelques mises au point physiques… Je n’ai pas l’air comme ça, mais quand on dépasse un peu trop les bornes…
TourMaG.com - C’est-à-dire ? Vous avez donné quelques baffes ?
E.L. : Oui, ça m’est arrivé. Quand j’avais une dizaine d’années, j’étais dans la classe de ma mère, en CM². Ce sont de très bons souvenirs mais c’est aussi une deuxième difficulté. Je ne ressemble pas du tout à mes parents et j’étais dans la classe de ma mère. Et je travaillais bien !
J’en prenais, de la part de mes condisciples plein la tronche. Du genre « tu es la première de la classe, c’est ta mère qui te donne les résultats, etc… » ! Et, les fois où je me suis battue, ce n’est pas pour me défendre moi, c’est pour défendre ma mère. Mais en règle générale, je me bats plutôt verbalement : je fais marcher mon cerveau d’abord.
Du coup, je me suis réfugiée dans le boulot, même à la Fac. On me proposait souvent de « sortir », en boite, à l’époque l’Elysée Matignon. Mais Assas, c’étaient aussi des petits gosses friqués, moi je venais de banlieue et je bossais. C’était ma revanche. Ou plutôt, c’était ma victoire, ma réussite à moi. Et donc, j’étais tout le temps première.
Tout le temps. Je suis sortie Major du concours d’avocats, je suis sortie dans les vingt premiers de l’école, sur 2000 environ !
En fait, lorsque l’on s’aperçoit que vous bossez, que vous êtes à fond, ceux qui vous ont « écartés » se rendent compte que vous existez… parce qu’ils ont besoin de vous ! « Tu peux me filer tes cours…, ce genre de chose ».
Rencontre avec Jacques Maillot
TourMaG.com - Avec un tel parcours académique, et sans vouloir être péjoratif, pourquoi avoir choisi le secteur du tourisme ?
E.L. : Effectivement, c’est une question logique. Il y a trente ans, j’ai fait ce parcours. Quand on sortait de l’école d’avocats, on envoyait 40 CV, 40 lettres et vous receviez 40 offres d’emploi, dans un cabinet d’avocats.
Moi, j’avais choisi des cabinets un peu prestigieux, internationaux souvent, parce que j’avais étudié pour ça. De plus, je parle anglais et espagnol. J’ai eu des offres de très gros cabinets qui existent encore, qui faisaient des contrats internationaux, etc. J’ai d’ailleurs écrit un mémoire là-dessus.
Il faut cependant savoir que moi, lorsque je suis sortie de l’école d’avocats, j’avais déjà ma petite fille. Et je voulais élever mes enfants. Or, quand je suis allée postuler dans ces cabinets, qui travaillent aussi bien avec les USA qu’avec l’Asie, on me disait que j’allais travailler intensément. Et que l’on m’offrait la Nounou pour s’occuper de mes enfants, le soir ou la nuit parce que, souvent, il allait falloir travailler en décalé.
Quand j’ai vu ça, mon ambition n’est pas passée avant les enfants. J’ai mis ces gros cabinets de côté, malgré de nombreuses relances, des offres de salaires mirobolantes. Le triple de la moyenne de l’époque.
Finalement, je suis allée dans un cabinet où, avec la petite expérience que j’avais, j’ai posé mes conditions, notamment celle de pouvoir m’occuper de mon enfant sans négliger le job, bien sûr.
A la fin de l’entretien d’embauche, ils m’ont engagée.
Et pour en revenir au choix du tourisme, ce n’est pas moi qui suis allée chercher le tourisme, c’est le tourisme qui m’a trouvée.
Je ne crois en rien, mais je crois aux signes. Je crois en l’humain, mais je crois aussi aux choses un peu biscornues, je crois au cerveau, je crois aux ressources que nous avons et je passe l’examen de sortie de l’école du barreau. Je passe l’examen écrit avec des documents authentiques de cabinets d’avocats, mais « caviardés » sur les noms du dossier. Eh bien, c’était un dossier « tourisme », un litige « voyage » et je reconnais que les noms qui étaient barrés, « Nouvelles Frontières ». Moi, qui était partie en vacances avec NF, ça m’a fait marrer, je passe mon examen et tout va bien.
Quand j’arrive dans ce cabinet, ils me disent qu’ils font pas mal de tourisme. Du coup, je raconte à l’avocat qui m’avait engagé le sujet de mon examen de sortie. « Mais, dit-il, c’est moi qui ait fourni ce sujet : je suis l’avocat de Nouvelles Frontières ».
Coïncidence ? Surement mais entre-temps, je me suis renseignée sur ce cabinet qui faisait aussi beaucoup dans la construction immobilière : l’horreur, les expertises à 6 heures du matin, etc. Et là, j’ai accepté de venir chez eux à la seule condition de ne pas m’occuper de construction mais de droit du tourisme. Il y avait aussi Selectour en client de ce cabinet, ainsi que l’APST et ce que vous appelez le Znav !
J’ai commencé et mon premier dossier concernait Nouvelles Frontières. Je suis restée une semaine sur un contrat de 50 pages, en anglais. Mon patron et le client, Jacques Maillot à l’époque, voulaient trouver un moyen de sortir de ce contrat qui concernait l’achat d’avions. On m’a collée dans un bureau en me disant : « trouve les clauses qui nous permettent de sortir de ce contrat sans payer un centime ».
J’avais 23 ans, j’ai trouvé et nous sommes sortis du contrat sans dommages ! J’avais gagné mon ticket d’entrée pour bosser dans ce domaine-là.
TourMaG.com - Est-ce que Jacques Maillot vous a remercié ?
E.L. : (rire). Oh, je ne sais même pas s’il s’en souvient ? Je l’ai croisé récemment et il ne m’a même pas reconnue ! Jacques Maillot, déjà à l’époque j’avais beaucoup de respect. J’en ai toujours d’ailleurs, par rapport à sa vie et son œuvre, comme on dit.
Mais il faut savoir qu’il n’avait pas un regard pour une gamine comme moi. A part sa propre femme qui étais, je crois, prof agrégée de maths ou de sciences, lui, les femmes au boulot, c’était une quantité négligeable. Et les femmes avocats… Quand il m’appelait, il disait en parlant des avocats « Vous les baveux… ».
E.L. : Effectivement, c’est une question logique. Il y a trente ans, j’ai fait ce parcours. Quand on sortait de l’école d’avocats, on envoyait 40 CV, 40 lettres et vous receviez 40 offres d’emploi, dans un cabinet d’avocats.
Moi, j’avais choisi des cabinets un peu prestigieux, internationaux souvent, parce que j’avais étudié pour ça. De plus, je parle anglais et espagnol. J’ai eu des offres de très gros cabinets qui existent encore, qui faisaient des contrats internationaux, etc. J’ai d’ailleurs écrit un mémoire là-dessus.
Il faut cependant savoir que moi, lorsque je suis sortie de l’école d’avocats, j’avais déjà ma petite fille. Et je voulais élever mes enfants. Or, quand je suis allée postuler dans ces cabinets, qui travaillent aussi bien avec les USA qu’avec l’Asie, on me disait que j’allais travailler intensément. Et que l’on m’offrait la Nounou pour s’occuper de mes enfants, le soir ou la nuit parce que, souvent, il allait falloir travailler en décalé.
Quand j’ai vu ça, mon ambition n’est pas passée avant les enfants. J’ai mis ces gros cabinets de côté, malgré de nombreuses relances, des offres de salaires mirobolantes. Le triple de la moyenne de l’époque.
Finalement, je suis allée dans un cabinet où, avec la petite expérience que j’avais, j’ai posé mes conditions, notamment celle de pouvoir m’occuper de mon enfant sans négliger le job, bien sûr.
A la fin de l’entretien d’embauche, ils m’ont engagée.
Et pour en revenir au choix du tourisme, ce n’est pas moi qui suis allée chercher le tourisme, c’est le tourisme qui m’a trouvée.
Je ne crois en rien, mais je crois aux signes. Je crois en l’humain, mais je crois aussi aux choses un peu biscornues, je crois au cerveau, je crois aux ressources que nous avons et je passe l’examen de sortie de l’école du barreau. Je passe l’examen écrit avec des documents authentiques de cabinets d’avocats, mais « caviardés » sur les noms du dossier. Eh bien, c’était un dossier « tourisme », un litige « voyage » et je reconnais que les noms qui étaient barrés, « Nouvelles Frontières ». Moi, qui était partie en vacances avec NF, ça m’a fait marrer, je passe mon examen et tout va bien.
Quand j’arrive dans ce cabinet, ils me disent qu’ils font pas mal de tourisme. Du coup, je raconte à l’avocat qui m’avait engagé le sujet de mon examen de sortie. « Mais, dit-il, c’est moi qui ait fourni ce sujet : je suis l’avocat de Nouvelles Frontières ».
Coïncidence ? Surement mais entre-temps, je me suis renseignée sur ce cabinet qui faisait aussi beaucoup dans la construction immobilière : l’horreur, les expertises à 6 heures du matin, etc. Et là, j’ai accepté de venir chez eux à la seule condition de ne pas m’occuper de construction mais de droit du tourisme. Il y avait aussi Selectour en client de ce cabinet, ainsi que l’APST et ce que vous appelez le Znav !
J’ai commencé et mon premier dossier concernait Nouvelles Frontières. Je suis restée une semaine sur un contrat de 50 pages, en anglais. Mon patron et le client, Jacques Maillot à l’époque, voulaient trouver un moyen de sortir de ce contrat qui concernait l’achat d’avions. On m’a collée dans un bureau en me disant : « trouve les clauses qui nous permettent de sortir de ce contrat sans payer un centime ».
J’avais 23 ans, j’ai trouvé et nous sommes sortis du contrat sans dommages ! J’avais gagné mon ticket d’entrée pour bosser dans ce domaine-là.
TourMaG.com - Est-ce que Jacques Maillot vous a remercié ?
E.L. : (rire). Oh, je ne sais même pas s’il s’en souvient ? Je l’ai croisé récemment et il ne m’a même pas reconnue ! Jacques Maillot, déjà à l’époque j’avais beaucoup de respect. J’en ai toujours d’ailleurs, par rapport à sa vie et son œuvre, comme on dit.
Mais il faut savoir qu’il n’avait pas un regard pour une gamine comme moi. A part sa propre femme qui étais, je crois, prof agrégée de maths ou de sciences, lui, les femmes au boulot, c’était une quantité négligeable. Et les femmes avocats… Quand il m’appelait, il disait en parlant des avocats « Vous les baveux… ».
Loi, j'ouvre des pages... de longues pages !
TourMaG.com - Est-ce bien raisonnable de faire un enfant en poursuivant des études importantes ? Et, finalement, une femme avocat a-t-elle autant de poids ?
E.L. : Je ne sais pas si faire un enfant en règle générale dans la vie c’est raisonnable. Je plaisante, bien sûr. Je suis quelqu’un qui a pour principe de se dire que « ce que je vais entreprendre, je vais le réussir ». Et que j’avais une bonne étoile.
Quand je dis « je veux ça », je vais y arriver. En fait, je voulais des enfants jeune parce que j’étais persuadée que je mourrai à 30 ans ! Je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi.
J’ai eu ma première fille à 22 ans et c’est vrai, j’étais à la fac. La tête des profs, à la Sorbonne, vous ne pouvez pas imaginer. Si, j’ai quand même sauvé les meubles parce que j’étais mariée. Dans ce milieu-là…
TourMaG.com - Mais à l’époque, Assas, c’était encore totalement facho, non ?
E.L. : Oh oui, totalement. J’étais enceinte à la Sorbonne, mais peu importe. A Assas je me suis fait courser par des fachos. C’est là aussi où j’ai donné un peu physiquement, mais j’ai gagné.
Pour en revenir à la question, non ce n’est pas franchement raisonnable, mais c’est ma vie. Je vais vous confier quelque chose : à 20 ans, plus vous en faites, plus vous avez envie d’en faire.
J’ai donné des cours à la Sorbonne et quand je voyais mes étudiants qui me disaient ne pas avoir eu le temps de venir la semaine précédente, parce qu’ils préparaient le concours d’entrée du barreau, un jour je leur ai dit : « arrêtez avec vos excuses à la gomme » et je leur ai expliqué ce que je faisais à leur âge.
J’habitais à Paris, j’allais en banlieue plusieurs fois par semaine pour être « pionne » afin de payer les études. J’ai préparé l’examen du barreau tout en faisant l’un de mes deux doctorats. Et j’étais enceinte ! Et j’ai tout eu : le bébé, les doctorats….
Tout ça pour dire que l’on peut faire les choses… quand on veut ! Vous savez, je me suis mariée un samedi, le lundi je passais un examen.
Et finalement être une femme, avocat, avec des enfants ? Je pense qu’il y a plusieurs méthodes pour avancer dans la vie : la méthode frontale où l’on risque de devenir aigri parce que, je parle en tant que femme, vous allez revendiquer. En fait je ne suis pas égalitariste : nous avons tous des chances dans la vie. Je suis pour l’équité.
Ce n’est pas parce que je suis une femme qu’il ne faut pas me donner les mêmes chances qu’à un homme. Et j’ai fait valoir ça. Au début, j’étais dans un cabinet où il n’y avait que des mecs. J’ai fait valoir notamment pour avoir les mêmes honoraires, à travail égal je voulais la même chose. J’ai eu ma deuxième fille durant ma deuxième année dans ce cabinet et j’ai dit que je travaillais autant que mes confrères, si ce n’est plus.
Je suis donc pour l’équité et ça, vous avez le moyen un peu agressif, un peu dans l’aigreur pour le faire valoir, ou bien une manière plus ronde, plus diplomate. Je préfère cette méthode qui est plus dans ma nature.
Mais vous savez, au sein de mon premier cabinet où j’ai quand même passé 19 ans, des remarques, j’en avais tous les jours. Moi, après avoir posé ma fille à la crèche, j’étais la première au bureau, tandis que la plupart de mes confrères arrivaient… plus tard. Le soir, je ne quittais jamais le bureau avant au moins 19 heures et, quasi à chaque fois, on trouve toujours des types qui tiennent les murs dans les couloirs, en « refaisant le monde », et qui vous disent : « tiens, tu pars déjà » ?
Je répondais avec un brin d’humour que moi, je travaille beaucoup plus vite ! Ça calmait !
Mais c’est vrai qu’il y a des gros machos !
Mais il est vrai que lorsque j’ai eu ma troisième fille, la première remarque que j’ai eu en revenant de mon congé a été « Comment ? Vous êtes revenue ? Vous avez trois enfants et votre mari vous laisse… ?»
Ca, c’est le truc qu’il ne faut surtout pas me dire.
TourMaG.com - Vous êtes mariée ?
E.L. : Je suis divorcée… (hésitation). Pas de honte, c’est une très belle page qui s’est tournée… et j’en ai ouvert une autre ! Moi, j’ouvre des pages. De longues pages.
E.L. : Je ne sais pas si faire un enfant en règle générale dans la vie c’est raisonnable. Je plaisante, bien sûr. Je suis quelqu’un qui a pour principe de se dire que « ce que je vais entreprendre, je vais le réussir ». Et que j’avais une bonne étoile.
Quand je dis « je veux ça », je vais y arriver. En fait, je voulais des enfants jeune parce que j’étais persuadée que je mourrai à 30 ans ! Je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi.
J’ai eu ma première fille à 22 ans et c’est vrai, j’étais à la fac. La tête des profs, à la Sorbonne, vous ne pouvez pas imaginer. Si, j’ai quand même sauvé les meubles parce que j’étais mariée. Dans ce milieu-là…
TourMaG.com - Mais à l’époque, Assas, c’était encore totalement facho, non ?
E.L. : Oh oui, totalement. J’étais enceinte à la Sorbonne, mais peu importe. A Assas je me suis fait courser par des fachos. C’est là aussi où j’ai donné un peu physiquement, mais j’ai gagné.
Pour en revenir à la question, non ce n’est pas franchement raisonnable, mais c’est ma vie. Je vais vous confier quelque chose : à 20 ans, plus vous en faites, plus vous avez envie d’en faire.
J’ai donné des cours à la Sorbonne et quand je voyais mes étudiants qui me disaient ne pas avoir eu le temps de venir la semaine précédente, parce qu’ils préparaient le concours d’entrée du barreau, un jour je leur ai dit : « arrêtez avec vos excuses à la gomme » et je leur ai expliqué ce que je faisais à leur âge.
J’habitais à Paris, j’allais en banlieue plusieurs fois par semaine pour être « pionne » afin de payer les études. J’ai préparé l’examen du barreau tout en faisant l’un de mes deux doctorats. Et j’étais enceinte ! Et j’ai tout eu : le bébé, les doctorats….
Tout ça pour dire que l’on peut faire les choses… quand on veut ! Vous savez, je me suis mariée un samedi, le lundi je passais un examen.
Et finalement être une femme, avocat, avec des enfants ? Je pense qu’il y a plusieurs méthodes pour avancer dans la vie : la méthode frontale où l’on risque de devenir aigri parce que, je parle en tant que femme, vous allez revendiquer. En fait je ne suis pas égalitariste : nous avons tous des chances dans la vie. Je suis pour l’équité.
Ce n’est pas parce que je suis une femme qu’il ne faut pas me donner les mêmes chances qu’à un homme. Et j’ai fait valoir ça. Au début, j’étais dans un cabinet où il n’y avait que des mecs. J’ai fait valoir notamment pour avoir les mêmes honoraires, à travail égal je voulais la même chose. J’ai eu ma deuxième fille durant ma deuxième année dans ce cabinet et j’ai dit que je travaillais autant que mes confrères, si ce n’est plus.
Je suis donc pour l’équité et ça, vous avez le moyen un peu agressif, un peu dans l’aigreur pour le faire valoir, ou bien une manière plus ronde, plus diplomate. Je préfère cette méthode qui est plus dans ma nature.
Mais vous savez, au sein de mon premier cabinet où j’ai quand même passé 19 ans, des remarques, j’en avais tous les jours. Moi, après avoir posé ma fille à la crèche, j’étais la première au bureau, tandis que la plupart de mes confrères arrivaient… plus tard. Le soir, je ne quittais jamais le bureau avant au moins 19 heures et, quasi à chaque fois, on trouve toujours des types qui tiennent les murs dans les couloirs, en « refaisant le monde », et qui vous disent : « tiens, tu pars déjà » ?
Je répondais avec un brin d’humour que moi, je travaille beaucoup plus vite ! Ça calmait !
Mais c’est vrai qu’il y a des gros machos !
Mais il est vrai que lorsque j’ai eu ma troisième fille, la première remarque que j’ai eu en revenant de mon congé a été « Comment ? Vous êtes revenue ? Vous avez trois enfants et votre mari vous laisse… ?»
Ca, c’est le truc qu’il ne faut surtout pas me dire.
TourMaG.com - Vous êtes mariée ?
E.L. : Je suis divorcée… (hésitation). Pas de honte, c’est une très belle page qui s’est tournée… et j’en ai ouvert une autre ! Moi, j’ouvre des pages. De longues pages.
Ce qui compte c'est la beauté du cerveau...
TourMaG.com - Cela veut dire que vous faites dans la durée…
E.L. : Ca veut dire que je ne papillonne pas. Mes passions, mon travail, ma vie privée, mes amis. J’ai très peu d’amis. Quand je dis ami, c’est avec un « A » majuscule. J’en ai très peu, mais pour certains, cela fait plus de 20 ans. J’en ai un en particulier depuis le lycée. Et ce n’est pas mon meilleur ami. Mais celui-ci on se connait depuis l’âge de 14 ans. Je suis quelqu’un qui fait dans la durée, c’est-à-dire qu’on peut très bien ne pas me contacter pendant 15 ans, ça m’arrive, et puis, quand cela se produit, ma première phrase est toujours la même : « Qu’est-ce que je peux faire pour toi » ?
En fait, ce n’est pas grave que l’on ne se soit pas vus durant 15 ans. On se connaissait avant, on se connait toujours ! Et j’aime bien cette idée de durée…
TourMaG.com - Vous exercez dans le secteur du tourisme, un milieu quand même un peu macho. Comment vous sentez-vous perçue ? Finalement vous êtes devenue une figure dans ce milieu…
E.L. : C’est dôle ce que vous me dites. Je crois avoir une certaine aisance dans le relationnel, c’est sûr. Mais je pense aussi que si vous ne travaillez pas comme une bête pour savoir ce que vous dites, et pour défendre ce que vous dites, pour montrer que vous avez la compétence… Parce que l’on me demande de la compétence donc il faut bien que je réponde à la hauteur des attentes des clients… qui sont souvent des amis.
Et donc, je suis très exigeante envers moi-même pour essayer de toujours comprendre. Je pense que lorsque l’on veut s’imposer, il faut être sûr de ce que l’on va dire, de votre compétence et de votre science.
A partir du moment où les gens vont se rendre compte que vous ne dites pas n’importe quoi et que, parfois, vous les avez sortis de certaines ornières, ils parlent entre eux.
Et j’ai toujours zigzagué entre des écueils qu’on a voulu me mettre et qui sont liés au fait que je sois une femme.
TourMaG.com - Qui a voulu dresser ces écueils ?
E.L. : Pas des gens des métiers du tourisme. Plutôt du côté des avocats. Des gens du tourisme ont été tout ce que vous voulez : hommes, machos, etc. mais extrêmement gentils et bienveillants avec moi.
Il y a 30 ans, quand j’ai commencé, on était bienveillant avec moi, dans le sens « elle est jeune, elle est mignonne ». C’est d’ailleurs une chose contre laquelle je mets en garde mes filles : il ne faut pas laisser s’installer ce genre de chose. On me disait « tiens voilà la plus jolie avocate, gna, gna, gna… ».
Un jour, et je le dis avec beaucoup d’amitié, c’était lors d’un Congrès en Egypte. Il y avait tous les « poids lourds du tourisme » que j’adore et dont certains nous ont quitté. Ils m’avaient pris un peu sous leurs ailles. Notamment Jean-Paul Chantraine, Antonio d’Apote, Jean-Pierre Mas, René-Marc Chikli, Georges Colson. Et voilà tous mes cadors qui étaient là, comme nous, assis dans des fauteuils en cuir, au Old Cataract, en train de fumer des cigares…
Je descends de ma chambre, pomponnée pour assister à la soirée de gala et là, l’un d’entre eux dit : « Ah voilà la plus belle avocate… ».
Et moi, je prends un air vraiment royal, mais amical et je réponds : « Vous savez, ce n’est pas tellement dans le métier que j’exerce, ce n’est pas la beauté extérieure, mais c’est la beauté de mon cerveau et ce qu’il y a dedans » !
Ils ont rigolé, parce que ce n’était pas méchant, mais c’est ça en fait.
Et puis, au fil des années, les gens se sont dit que je ne disais pas que des bêtises et donc je note bien cette évolution. D’abord parce que j’ai eu des poids lourds en clients et on écoute ce que je dis.
E.L. : Ca veut dire que je ne papillonne pas. Mes passions, mon travail, ma vie privée, mes amis. J’ai très peu d’amis. Quand je dis ami, c’est avec un « A » majuscule. J’en ai très peu, mais pour certains, cela fait plus de 20 ans. J’en ai un en particulier depuis le lycée. Et ce n’est pas mon meilleur ami. Mais celui-ci on se connait depuis l’âge de 14 ans. Je suis quelqu’un qui fait dans la durée, c’est-à-dire qu’on peut très bien ne pas me contacter pendant 15 ans, ça m’arrive, et puis, quand cela se produit, ma première phrase est toujours la même : « Qu’est-ce que je peux faire pour toi » ?
En fait, ce n’est pas grave que l’on ne se soit pas vus durant 15 ans. On se connaissait avant, on se connait toujours ! Et j’aime bien cette idée de durée…
TourMaG.com - Vous exercez dans le secteur du tourisme, un milieu quand même un peu macho. Comment vous sentez-vous perçue ? Finalement vous êtes devenue une figure dans ce milieu…
E.L. : C’est dôle ce que vous me dites. Je crois avoir une certaine aisance dans le relationnel, c’est sûr. Mais je pense aussi que si vous ne travaillez pas comme une bête pour savoir ce que vous dites, et pour défendre ce que vous dites, pour montrer que vous avez la compétence… Parce que l’on me demande de la compétence donc il faut bien que je réponde à la hauteur des attentes des clients… qui sont souvent des amis.
Et donc, je suis très exigeante envers moi-même pour essayer de toujours comprendre. Je pense que lorsque l’on veut s’imposer, il faut être sûr de ce que l’on va dire, de votre compétence et de votre science.
A partir du moment où les gens vont se rendre compte que vous ne dites pas n’importe quoi et que, parfois, vous les avez sortis de certaines ornières, ils parlent entre eux.
Et j’ai toujours zigzagué entre des écueils qu’on a voulu me mettre et qui sont liés au fait que je sois une femme.
TourMaG.com - Qui a voulu dresser ces écueils ?
E.L. : Pas des gens des métiers du tourisme. Plutôt du côté des avocats. Des gens du tourisme ont été tout ce que vous voulez : hommes, machos, etc. mais extrêmement gentils et bienveillants avec moi.
Il y a 30 ans, quand j’ai commencé, on était bienveillant avec moi, dans le sens « elle est jeune, elle est mignonne ». C’est d’ailleurs une chose contre laquelle je mets en garde mes filles : il ne faut pas laisser s’installer ce genre de chose. On me disait « tiens voilà la plus jolie avocate, gna, gna, gna… ».
Un jour, et je le dis avec beaucoup d’amitié, c’était lors d’un Congrès en Egypte. Il y avait tous les « poids lourds du tourisme » que j’adore et dont certains nous ont quitté. Ils m’avaient pris un peu sous leurs ailles. Notamment Jean-Paul Chantraine, Antonio d’Apote, Jean-Pierre Mas, René-Marc Chikli, Georges Colson. Et voilà tous mes cadors qui étaient là, comme nous, assis dans des fauteuils en cuir, au Old Cataract, en train de fumer des cigares…
Je descends de ma chambre, pomponnée pour assister à la soirée de gala et là, l’un d’entre eux dit : « Ah voilà la plus belle avocate… ».
Et moi, je prends un air vraiment royal, mais amical et je réponds : « Vous savez, ce n’est pas tellement dans le métier que j’exerce, ce n’est pas la beauté extérieure, mais c’est la beauté de mon cerveau et ce qu’il y a dedans » !
Ils ont rigolé, parce que ce n’était pas méchant, mais c’est ça en fait.
Et puis, au fil des années, les gens se sont dit que je ne disais pas que des bêtises et donc je note bien cette évolution. D’abord parce que j’ai eu des poids lourds en clients et on écoute ce que je dis.
J'ai très peu d'amis... vrais !
TourMaG.com - Mais vous ?
E.L. : Disons que j’ai pas mal d’intuition et oui, c’est ce que je ressentais. Comme vous n’êtes pas une femme, je vous le dis : quand on exerce, en tant que femme, un métier parmi des hommes, et c’est un métier d’autorité, c’est vous, en tant qu’avocat qui dites les choses ! Il a fallu, avec beaucoup de finesse aller au-delà de ces commentaires, flatteurs certes, mais qui ne sont que des commentaires sexistes pour continuer à avoir de bonnes relations avec tous ces gens-là, continuer à les avoir comme clients sans les vexer.
Faut surtout pas les vexer, particulièrement dans ce milieu du tourisme, où ils ont particulièrement tendance à être festifs, ou du moins conviviaux et garder ce côté « pas coincé » tout en disant « tout ce qu’il y a c’est dans ma tête » .
Mais ça, c’est dans tous les milieux où il y a beaucoup d’hommes. Regardez en politique…
Moi, je ne suis pas dans la revendication, j’essaie de faire avancer ma petite barque, tout en essayant de protéger la petite barque des autres filles que je peux connaitre. C’est important. Il faut naviguer entre ces composants tout en essayant de ne vexer personne, tout en montrant à ces grands messieurs qu’ils sont les plus beaux et les plus intelligents. Quand ils vont lire ça, ils vont rire en se disant « ah, elle nous a bien eu » !
TourMaG.com - Justement, ce n’est pas un peu frustrant ?
E.L. : Oh, je prends les choses comme elles sont et je me dis transformons ça en atout. Frustrant ? Non, parce que je m’éclate dans ce que je fais et puis, comme je vous le disais c’est moi qui ait la science là, sur le droit bien sûr !
Les gens du tourisme, ils mènent des entreprises, des économies… Je ne pourrais pas faire ce qu’ils font, même si je comprends les rouages et j’admire. Mais c’est moi qui possède la science !
Vous savez, sur Facebook, il existe une page pour les agents de voyage qui se nomme « Help Desk ». Ca me fait rire parce que chaque fois que quelqu’un pose une question qui touche plus ou moins au droit, il y a 50 experts juristes qui disent… Moi, on m’a demandé de faire partie de cette page et de temps en temps, je vais faire un petit « nettoyage ». Mais en délicatesse, j’interviens parfois en disant « pour information, voici le principe… » !
Cela me fait rire. Moi je sais que je sais. Et quand je ne sais pas, je le dis.
TourMaG.com - Nous sommes actuellement dans un Club de Rugby et vous avez employé le terme de « transformer tout ça » …
E.L. : (rire). Oui, c’est drôle. Nous sommes dans un Club d’affaires, c’est mon club qui a été créé autour des valeurs du sport par des personnages de grande valeur, notamment Claude Bébéar. C’est lui qui a impulsé cela il y a quelques années.
C’est un Club d’Affaires où j’ai été invitée il y a quelques années par un de mes clients qui avait une agence événementielle autour du « sport et du tourisme ». Je suis venue, ça m’a plu et c’est devenu mon Club où je peux œuvrer parfois plus librement. Mais je ne comprends rien au rugby !
Moi qui suis une fille de gens du sud, de terre de rugby, Narbonne, Perpignan, et bien, malgré avoir lu un livre qui s’appelle « Le rugby pour les nulles », je n’y ai toujours rien compris ! Mais ce n’est pas grave : ce sport a de vraies valeurs, d’entraide, de loyauté… Tout ce qui me plait.
TourMaG.com - Pourtant le rugby, c’est plutôt masculin…
E.L. : Vous savez quoi ? Ici, je suis une petite fleur. Quand on fait une réunion une fois par mois, ce que l’on appelle la soirée des fondateurs, on invite tout le temps des membres de tel ou tel Club. C’est très sympa mais on est là pour faire du business… Quand vous êtes à côté d’un type de 2 mètres de haut, ils sont finalement très protecteurs. Mais pas dans le sens paternalistes. Juste agréables et humains, mais pas machos. Juste humains.
C’est peut-être paradoxal, mais je me sens bien en compagnie d’hommes, plus qu’en compagnie de femmes. Et pourtant, je fais partie des Femmes du Tourisme. J’aime bien, on fait beaucoup de choses, mais ma nature fait que je suis vraiment à l’aise avec des hommes. Il n’y a pas d’ambiguïté : quand je suis avec des mecs, ils savent très vite, pas la peine de me chercher sur certains sujets. Je suis plus un copain… Je ne minaude pas. J’ai toujours plus de copains que de copines.
Dans le vrai sens de l’amitié.
E.L. : Disons que j’ai pas mal d’intuition et oui, c’est ce que je ressentais. Comme vous n’êtes pas une femme, je vous le dis : quand on exerce, en tant que femme, un métier parmi des hommes, et c’est un métier d’autorité, c’est vous, en tant qu’avocat qui dites les choses ! Il a fallu, avec beaucoup de finesse aller au-delà de ces commentaires, flatteurs certes, mais qui ne sont que des commentaires sexistes pour continuer à avoir de bonnes relations avec tous ces gens-là, continuer à les avoir comme clients sans les vexer.
Faut surtout pas les vexer, particulièrement dans ce milieu du tourisme, où ils ont particulièrement tendance à être festifs, ou du moins conviviaux et garder ce côté « pas coincé » tout en disant « tout ce qu’il y a c’est dans ma tête » .
Mais ça, c’est dans tous les milieux où il y a beaucoup d’hommes. Regardez en politique…
Moi, je ne suis pas dans la revendication, j’essaie de faire avancer ma petite barque, tout en essayant de protéger la petite barque des autres filles que je peux connaitre. C’est important. Il faut naviguer entre ces composants tout en essayant de ne vexer personne, tout en montrant à ces grands messieurs qu’ils sont les plus beaux et les plus intelligents. Quand ils vont lire ça, ils vont rire en se disant « ah, elle nous a bien eu » !
TourMaG.com - Justement, ce n’est pas un peu frustrant ?
E.L. : Oh, je prends les choses comme elles sont et je me dis transformons ça en atout. Frustrant ? Non, parce que je m’éclate dans ce que je fais et puis, comme je vous le disais c’est moi qui ait la science là, sur le droit bien sûr !
Les gens du tourisme, ils mènent des entreprises, des économies… Je ne pourrais pas faire ce qu’ils font, même si je comprends les rouages et j’admire. Mais c’est moi qui possède la science !
Vous savez, sur Facebook, il existe une page pour les agents de voyage qui se nomme « Help Desk ». Ca me fait rire parce que chaque fois que quelqu’un pose une question qui touche plus ou moins au droit, il y a 50 experts juristes qui disent… Moi, on m’a demandé de faire partie de cette page et de temps en temps, je vais faire un petit « nettoyage ». Mais en délicatesse, j’interviens parfois en disant « pour information, voici le principe… » !
Cela me fait rire. Moi je sais que je sais. Et quand je ne sais pas, je le dis.
TourMaG.com - Nous sommes actuellement dans un Club de Rugby et vous avez employé le terme de « transformer tout ça » …
E.L. : (rire). Oui, c’est drôle. Nous sommes dans un Club d’affaires, c’est mon club qui a été créé autour des valeurs du sport par des personnages de grande valeur, notamment Claude Bébéar. C’est lui qui a impulsé cela il y a quelques années.
C’est un Club d’Affaires où j’ai été invitée il y a quelques années par un de mes clients qui avait une agence événementielle autour du « sport et du tourisme ». Je suis venue, ça m’a plu et c’est devenu mon Club où je peux œuvrer parfois plus librement. Mais je ne comprends rien au rugby !
Moi qui suis une fille de gens du sud, de terre de rugby, Narbonne, Perpignan, et bien, malgré avoir lu un livre qui s’appelle « Le rugby pour les nulles », je n’y ai toujours rien compris ! Mais ce n’est pas grave : ce sport a de vraies valeurs, d’entraide, de loyauté… Tout ce qui me plait.
TourMaG.com - Pourtant le rugby, c’est plutôt masculin…
E.L. : Vous savez quoi ? Ici, je suis une petite fleur. Quand on fait une réunion une fois par mois, ce que l’on appelle la soirée des fondateurs, on invite tout le temps des membres de tel ou tel Club. C’est très sympa mais on est là pour faire du business… Quand vous êtes à côté d’un type de 2 mètres de haut, ils sont finalement très protecteurs. Mais pas dans le sens paternalistes. Juste agréables et humains, mais pas machos. Juste humains.
C’est peut-être paradoxal, mais je me sens bien en compagnie d’hommes, plus qu’en compagnie de femmes. Et pourtant, je fais partie des Femmes du Tourisme. J’aime bien, on fait beaucoup de choses, mais ma nature fait que je suis vraiment à l’aise avec des hommes. Il n’y a pas d’ambiguïté : quand je suis avec des mecs, ils savent très vite, pas la peine de me chercher sur certains sujets. Je suis plus un copain… Je ne minaude pas. J’ai toujours plus de copains que de copines.
Dans le vrai sens de l’amitié.
Les tatouages? J'assume !
TourMaG.com - On a presque fini. Ces tatouages que vous arborez…
E.L. : J’en ai six ! Certains sont un peu cachés, celui-ci non. J’assume. Depuis l’âge de 15 ans, j’ai toujours voulu me faire tatouer. J’ai attendu d’être majeure, j’ai même attendu d’avoir ma troisième fille parce que je n’avais pas le temps en fait. Je ne sais pas trop comment dire, ça fait partie de moi.
Chaque tatouage a un sens. Mais c’es toujours très réfléchi. Celui-ci par exemple, sur le bras, réunit mes filles et moi.
TourMaG.com - Pardonnez-moi, mais j’ai l’impression de voir un gros « bleu » sur votre bras !
E.L. : Oui, parce que vous n’avez pas vos lunettes. C’est une Caterina, les têtes de mort mexicaines, qui symbolisent la mère, moi, avec mes trois filles. Une qui est scientifique, avec les petites lunettes, une qui est comédienne avec les grands cils et les grands yeux et la dernière qui est chanteuse, symbolisée par la petite portée… Le personnage, c’est moi, avec mon éventail, j’en ai souvent.
Figurez-vous que c’est très rigolo parce que je connais beaucoup de gens qui aiment les tatouages mais qui n’osent pas et qui trouvent les miens très beaux, très rigolos. J’ai fait une formation il y a quelques jours dans une agence et j’ai découvert que le patron de l’agence qui a certain âge vient de se faire tatouer.
Mais c’est un truc, comme ça…
TourMaG.com - Mais un truc comme ça, c’est quoi ? Un décor que l’on porte sur soi ?
E.L. : Oui.
TourMaG.com - Ne serait-ce pas une façon de se dissimuler ?
E.L. : Non, ce serait plutôt l’inverse : quelque chose qui vous révèle. A condition qu’on le voit bien sûr ! J’en ai des « non visibles » et des « visibles ».
Ces derniers sont très divers : j’ai un dauphin sur le bras parce que je suis militante écolo même si je n’en fais pas état sans arrêt. Je participe à la protection des océans. Le dauphin est un animal social, sociable, intelligent. J’ai dans le dos un loup parce que mon nom de famille signifie « Loup » (Llop en catalan). Mais pour moi, ce n’est pas de la dissimulation, bien au contraire. J’ai l’impression, à travers ces tatouages, de me raconter…
TourMaG.com - Mais est-il besoin de se les faire graver sur la peau ?
E.L. : Ah… Quand j’ai pris une décision je la réalise et quand je veux faire quelque chose, je sais que je vais y arriver. Et quand je fais un choix, je ne reviens pas en arrière.
TourMaG.com - Jamais ?
E.L. : Non. Sauf quand je me trompe. Mais pour les tatouages non. Mais vous savez, je ne suis pas un avocat classique !
J’aime voir la tête des juges lorsque je relève les manches de ma robe durant une audience… Mais rassurez-vous, il y a aussi des juges qui, sous la robe, sont tatoués de haut en bas !
E.L. : J’en ai six ! Certains sont un peu cachés, celui-ci non. J’assume. Depuis l’âge de 15 ans, j’ai toujours voulu me faire tatouer. J’ai attendu d’être majeure, j’ai même attendu d’avoir ma troisième fille parce que je n’avais pas le temps en fait. Je ne sais pas trop comment dire, ça fait partie de moi.
Chaque tatouage a un sens. Mais c’es toujours très réfléchi. Celui-ci par exemple, sur le bras, réunit mes filles et moi.
TourMaG.com - Pardonnez-moi, mais j’ai l’impression de voir un gros « bleu » sur votre bras !
E.L. : Oui, parce que vous n’avez pas vos lunettes. C’est une Caterina, les têtes de mort mexicaines, qui symbolisent la mère, moi, avec mes trois filles. Une qui est scientifique, avec les petites lunettes, une qui est comédienne avec les grands cils et les grands yeux et la dernière qui est chanteuse, symbolisée par la petite portée… Le personnage, c’est moi, avec mon éventail, j’en ai souvent.
Figurez-vous que c’est très rigolo parce que je connais beaucoup de gens qui aiment les tatouages mais qui n’osent pas et qui trouvent les miens très beaux, très rigolos. J’ai fait une formation il y a quelques jours dans une agence et j’ai découvert que le patron de l’agence qui a certain âge vient de se faire tatouer.
Mais c’est un truc, comme ça…
TourMaG.com - Mais un truc comme ça, c’est quoi ? Un décor que l’on porte sur soi ?
E.L. : Oui.
TourMaG.com - Ne serait-ce pas une façon de se dissimuler ?
E.L. : Non, ce serait plutôt l’inverse : quelque chose qui vous révèle. A condition qu’on le voit bien sûr ! J’en ai des « non visibles » et des « visibles ».
Ces derniers sont très divers : j’ai un dauphin sur le bras parce que je suis militante écolo même si je n’en fais pas état sans arrêt. Je participe à la protection des océans. Le dauphin est un animal social, sociable, intelligent. J’ai dans le dos un loup parce que mon nom de famille signifie « Loup » (Llop en catalan). Mais pour moi, ce n’est pas de la dissimulation, bien au contraire. J’ai l’impression, à travers ces tatouages, de me raconter…
TourMaG.com - Mais est-il besoin de se les faire graver sur la peau ?
E.L. : Ah… Quand j’ai pris une décision je la réalise et quand je veux faire quelque chose, je sais que je vais y arriver. Et quand je fais un choix, je ne reviens pas en arrière.
TourMaG.com - Jamais ?
E.L. : Non. Sauf quand je me trompe. Mais pour les tatouages non. Mais vous savez, je ne suis pas un avocat classique !
J’aime voir la tête des juges lorsque je relève les manches de ma robe durant une audience… Mais rassurez-vous, il y a aussi des juges qui, sous la robe, sont tatoués de haut en bas !
Mon rêve ? Ecrire un livre !
TourMaG.com - Fille d’émigrés, bien que née en France, le tourisme qui est une ouverture vers le monde, le problème des migrants encore d’actualité aujourd’hui…
E.L. : Bien sûr que ça me touche énormément. S’il n’y avait pas eu, à l’époque, d’immigration acceptée en France, je ne serais pas là aujourd’hui. Si la France n’avait pas accueillie mes grands-parents paternels…
Je serais peut-être née ailleurs, je ne serai pas Parigote, pas avocat… Qu’est-ce que je peux faire à part aider les associations, ce que je fais… J’essaie de donner du temps, de l’argent pour faire avancer les choses.
En revanche, je regarde toujours l’aspect social et humain, je ne fais pas de politique. Mais d’un point de vue humain, c’est juste révoltant.
On est un pays très très riche et ce n’est pas normal que l’on ne puisse pas loger 30 000 personnes. C’est une vraie question.
Bien sûr, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, bla, bla, bla… Vous savez, il y a des villages, en France, qui se relancent grâce à ces gens venus d’ailleurs. Je ne pense pas que l’on quitte un pays en guerre juste pour rigoler.
Je ne pense pas que l’on traverse la mer sur un vieux rafiot juste pour se marrer. Mon grand-père a fuit les franquistes et il a été retenu dans les camps. Il n’a pas été beaucoup mieux traité mais au moins il a pu rester en France... à la condition de combattre les Allemands !
Mais tout ceci me résonne… douloureusement !
TourMaG.com - Catalane. Pour ou contre l’autonomie ?
E.L. : Contre. Les régions espagnoles sont déjà autonomes. On peut garder son âme et son identité tout en étant rattaché à un pays qui s’appelle l’Espagne. Je suis espagnole aussi d’origine : l’Andalousie, c’est aussi l’Espagne.
J’avais une grand-mère andalouse et un grand-père catalan, ils ont passé 70 ans à s’engueuler ! « Tête de pioche de catalan » lui assénait ma grand-mère. Les catalans sont de vraies têtes de pioche, c’est vrai, mais ils ont une histoire un peu chargée. Durant la période Franco et après, ils n’avaient pas le droit de parler catalan, pas le droit de revendiquer la « catalanité » ! C’était il y a 40 ans. Maintenant, faut avancer, mais il faut rester ensembles.
TourMaG.com - Et pour finir, vous avez eu des rêves… Qu’est-ce que vous n’avez pas encore accompli ?
E.L. : Ça, je ne l’avais pas vu venir ! Je ne peux pas dire que j’ai des rêves que je n’ai pas réalisé. J’ai fait des choses par périodes, j’ai chanté notamment. Je vous ai dit que l’une de mes filles est chanteuse : elle est venue me voir sur scène, elle avait cinq ans ! Elle a une voix en or ! Et je ne dis pas ça parce que c’est ma fille…
J’ai chanté dans un chœur de Gospel. A 18 ans, j’ai fait de la radio, j’ai envoyé une « bande » à RFM et ils ont répondu qu’ils me prenaient. A condition que j’arrête mes études, tout en me conseillant de ne pas le faire. Aujourd’hui, peut-être que je serais animatrice ou journaliste, qui sait. J’ai préféré poursuivre les études.
Je n’ai pas de rêves qui ne se soient pas accomplis ? J’ai des petits chemins qui se sont mis comme ça : c’étaient des expériences extraordinaires. Je voulais être « profileur ». J’ai eu ma fille à la place, parce que, quand vous avez un enfant, vous ne devenez pas Commissaire dans la police !
TourMaG.com - Pas de regrets ?
E.L. : Jamais. Je pense que si l’on vit sur des regrets votre cerveau est plein de fumée. Mais c’est une vraie force.
TTourMaG.com - Même pas un rêve secret ?
E.L. : Peut-être que je le réaliserai un jour. Je ne vous ai rien dit, mais ce serait d’écrire un livre.
TourMaG.com - Sur quoi ?
E.L. : Moi je navigue entre les actions policières et l’histoire. Ce sont des passions. J’ai une amie écrivain qui accompagne des ateliers d’écriture et qui me pousse à écrire ce livre. Ca c’est mon rêve… Il faut juste que je trouve le temps, mais je vais le trouver !
E.L. : Bien sûr que ça me touche énormément. S’il n’y avait pas eu, à l’époque, d’immigration acceptée en France, je ne serais pas là aujourd’hui. Si la France n’avait pas accueillie mes grands-parents paternels…
Je serais peut-être née ailleurs, je ne serai pas Parigote, pas avocat… Qu’est-ce que je peux faire à part aider les associations, ce que je fais… J’essaie de donner du temps, de l’argent pour faire avancer les choses.
En revanche, je regarde toujours l’aspect social et humain, je ne fais pas de politique. Mais d’un point de vue humain, c’est juste révoltant.
On est un pays très très riche et ce n’est pas normal que l’on ne puisse pas loger 30 000 personnes. C’est une vraie question.
Bien sûr, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, bla, bla, bla… Vous savez, il y a des villages, en France, qui se relancent grâce à ces gens venus d’ailleurs. Je ne pense pas que l’on quitte un pays en guerre juste pour rigoler.
Je ne pense pas que l’on traverse la mer sur un vieux rafiot juste pour se marrer. Mon grand-père a fuit les franquistes et il a été retenu dans les camps. Il n’a pas été beaucoup mieux traité mais au moins il a pu rester en France... à la condition de combattre les Allemands !
Mais tout ceci me résonne… douloureusement !
TourMaG.com - Catalane. Pour ou contre l’autonomie ?
E.L. : Contre. Les régions espagnoles sont déjà autonomes. On peut garder son âme et son identité tout en étant rattaché à un pays qui s’appelle l’Espagne. Je suis espagnole aussi d’origine : l’Andalousie, c’est aussi l’Espagne.
J’avais une grand-mère andalouse et un grand-père catalan, ils ont passé 70 ans à s’engueuler ! « Tête de pioche de catalan » lui assénait ma grand-mère. Les catalans sont de vraies têtes de pioche, c’est vrai, mais ils ont une histoire un peu chargée. Durant la période Franco et après, ils n’avaient pas le droit de parler catalan, pas le droit de revendiquer la « catalanité » ! C’était il y a 40 ans. Maintenant, faut avancer, mais il faut rester ensembles.
TourMaG.com - Et pour finir, vous avez eu des rêves… Qu’est-ce que vous n’avez pas encore accompli ?
E.L. : Ça, je ne l’avais pas vu venir ! Je ne peux pas dire que j’ai des rêves que je n’ai pas réalisé. J’ai fait des choses par périodes, j’ai chanté notamment. Je vous ai dit que l’une de mes filles est chanteuse : elle est venue me voir sur scène, elle avait cinq ans ! Elle a une voix en or ! Et je ne dis pas ça parce que c’est ma fille…
J’ai chanté dans un chœur de Gospel. A 18 ans, j’ai fait de la radio, j’ai envoyé une « bande » à RFM et ils ont répondu qu’ils me prenaient. A condition que j’arrête mes études, tout en me conseillant de ne pas le faire. Aujourd’hui, peut-être que je serais animatrice ou journaliste, qui sait. J’ai préféré poursuivre les études.
Je n’ai pas de rêves qui ne se soient pas accomplis ? J’ai des petits chemins qui se sont mis comme ça : c’étaient des expériences extraordinaires. Je voulais être « profileur ». J’ai eu ma fille à la place, parce que, quand vous avez un enfant, vous ne devenez pas Commissaire dans la police !
TourMaG.com - Pas de regrets ?
E.L. : Jamais. Je pense que si l’on vit sur des regrets votre cerveau est plein de fumée. Mais c’est une vraie force.
TTourMaG.com - Même pas un rêve secret ?
E.L. : Peut-être que je le réaliserai un jour. Je ne vous ai rien dit, mais ce serait d’écrire un livre.
TourMaG.com - Sur quoi ?
E.L. : Moi je navigue entre les actions policières et l’histoire. Ce sont des passions. J’ai une amie écrivain qui accompagne des ateliers d’écriture et qui me pousse à écrire ce livre. Ca c’est mon rêve… Il faut juste que je trouve le temps, mais je vais le trouver !
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