Le décret du 2 avril 2021 est jugé comme peu compréhensible par les professionnels du tourisme - Crédit photo : Depositphotos
Le 19 mars, la région parisienne se voyait imposer un 3e confinement mais d'un nouveau genre.
Puisque le gouvernement martèle sans cesse "avoir appris", il a décidé de laisser une plus grande flexibilité et capacité à se mouvoir que lors des deux dernières périodes de restrictions, pour combattre l'épidémie.
"Tous les clients qui doivent partir, ils partent, puisque le voyage n'est pas annulé à destination. Il n'y a pas d'interdiction de voyager en Europe, puis le billet de la compagnie aérienne fera office d'attestation," nous expliquait alors Nicolas d'Hyèvres, le président des EDV Hauts-de-France - Normandie, au début du confinement local.
Comme les mesures régionales sont systématiquement nationalisées, au bout de quelques jours ou semaines, la France a été plongée dans son 3e confinement en l'espace d'une année.
"Les règles en vigueur dans les départements confinés seront étendues à l'ensemble de la métropole (hors Outre-mer). Chacun doit limiter les contacts, " annonçait Emmanuel Macron, la semaine dernière.
Alors que les règles parisiennes étaient étendues au reste du territoire, cela signifierait donc que les Français peuvent voyager en Europe et se rendre dans un aéroport ?
Puisque le gouvernement martèle sans cesse "avoir appris", il a décidé de laisser une plus grande flexibilité et capacité à se mouvoir que lors des deux dernières périodes de restrictions, pour combattre l'épidémie.
"Tous les clients qui doivent partir, ils partent, puisque le voyage n'est pas annulé à destination. Il n'y a pas d'interdiction de voyager en Europe, puis le billet de la compagnie aérienne fera office d'attestation," nous expliquait alors Nicolas d'Hyèvres, le président des EDV Hauts-de-France - Normandie, au début du confinement local.
Comme les mesures régionales sont systématiquement nationalisées, au bout de quelques jours ou semaines, la France a été plongée dans son 3e confinement en l'espace d'une année.
"Les règles en vigueur dans les départements confinés seront étendues à l'ensemble de la métropole (hors Outre-mer). Chacun doit limiter les contacts, " annonçait Emmanuel Macron, la semaine dernière.
Alors que les règles parisiennes étaient étendues au reste du territoire, cela signifierait donc que les Français peuvent voyager en Europe et se rendre dans un aéroport ?
Le décret du 2 avril : "le texte publié ce week-end n'est pas des plus limpide"
(CLIQUEZ POUR AGRANDIR) La liste des motifs qui justifient un déplacement- Capture écran du décret du 2 avril 2021
A bien y regarder, le décret ne prolonge pas exactement les mêmes mesures.
Samedi 3 avril 2021, le Journal officiel publiait le Décret n° 2021-384 du 2 avril 2021 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
"C'est de moins en moins clair, manifestement les Français ne peuvent pas voyager, car ils ne peuvent pas se rendre dans les aéroports. Le texte publié ce week-end n'est pas des plus limpide," peste Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
Un constat que partage Emmanuelle Llop du cabinet Equinoxe Avocats.
"Le texte fonctionne par tiroir et renvoi, c’est pour cela qu’il est difficile à appréhender à première lecture," confie la fondatrice du cabinet Equinoxe Avocats.
Dans l'article 4-1, précisant les exceptions en vigueur pour justifier un déplacement en dehors de la limite des 10 km autour de son domicile, figure pourtant la possibilité de se rendre dans les aérogares.
"Déplacements liés à des transferts ou transits vers ou depuis des gares ou aéroports dans le cadre de déplacements de longues distances relevant de l'un des motifs mentionnés au présent article."
En somme, "les déplacements sont interdits, car limités aux simples motifs impérieux," analyse Richard Vainopoulos, le président du réseau Tourcom.
Dans le même temps, les attestations ne prévoient en aucun cas un quelconque déplacement vers les aéroports ou pour les trajets de longues distances, comme cela a été le cas pour le confinement parisien.
"Un déplacement aéroport ou gare de longue distance pendant le couvre-feu doit être justifié par un des motifs n°1 à 6 (Voir photo, les motifs sont entourés en rouge, ndlr). En dehors de ces motifs, il devient donc de facto impossible de se rendre en gare ou à l’aéroport pour son loisir," précise Emmanuelle Llop.
Ne sachant par quoi répondre à leurs adhérents, les EDV ont adressé une lettre au ministère du Tourisme pour lui demander un éclaircissement, afin de savoir si le voyage est bel et bien interdit.
Quand c'est flou, il y a un loup !
Samedi 3 avril 2021, le Journal officiel publiait le Décret n° 2021-384 du 2 avril 2021 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
"C'est de moins en moins clair, manifestement les Français ne peuvent pas voyager, car ils ne peuvent pas se rendre dans les aéroports. Le texte publié ce week-end n'est pas des plus limpide," peste Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
Un constat que partage Emmanuelle Llop du cabinet Equinoxe Avocats.
"Le texte fonctionne par tiroir et renvoi, c’est pour cela qu’il est difficile à appréhender à première lecture," confie la fondatrice du cabinet Equinoxe Avocats.
Dans l'article 4-1, précisant les exceptions en vigueur pour justifier un déplacement en dehors de la limite des 10 km autour de son domicile, figure pourtant la possibilité de se rendre dans les aérogares.
"Déplacements liés à des transferts ou transits vers ou depuis des gares ou aéroports dans le cadre de déplacements de longues distances relevant de l'un des motifs mentionnés au présent article."
En somme, "les déplacements sont interdits, car limités aux simples motifs impérieux," analyse Richard Vainopoulos, le président du réseau Tourcom.
Dans le même temps, les attestations ne prévoient en aucun cas un quelconque déplacement vers les aéroports ou pour les trajets de longues distances, comme cela a été le cas pour le confinement parisien.
"Un déplacement aéroport ou gare de longue distance pendant le couvre-feu doit être justifié par un des motifs n°1 à 6 (Voir photo, les motifs sont entourés en rouge, ndlr). En dehors de ces motifs, il devient donc de facto impossible de se rendre en gare ou à l’aéroport pour son loisir," précise Emmanuelle Llop.
Ne sachant par quoi répondre à leurs adhérents, les EDV ont adressé une lettre au ministère du Tourisme pour lui demander un éclaircissement, afin de savoir si le voyage est bel et bien interdit.
Quand c'est flou, il y a un loup !
Le gouvernement fait face à un problème avec les traités européens
Du côté du gouvernement, pas de réponse, pour la simple raison que l'exécutif cherche depuis l'allocution du président de la République, une quelconque manière de restreindre aux maximum les déplacements des Français.
Sauf que l’article 45 de la Charte européenne des droits fondamentaux garantit une libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne.
"Il y a un problème de droit avec les traités européens. Les clients ne seront pas arrêtés s'ils se pointent à l'aéroport, puis au pire ils ont juste à donner une raison impérative," nous explique un fin observateur du monde politique.
Le gouvernement veut dissuader, les Français de voyager, sans avoir l'argument légal pour le faire. Le confinement fait office de chape de plomb, pour la plupart des voyageurs.
Seuls les plus téméraires partiront, mais les destinations susceptibles de les accueillir se réduisent comme peau de chagrin. Les pays européens en capacité d'accueillir les ressortissants français, sans aucune restriction, ne sont que huit selon le site Tour Du Mondiste.
De plus, à destination, le couvre-feu est parfois en vigueur. La vie étant loin d'être normale.
"Nous allons attendre la réponse du gouvernement, afin d'avoir une interprétation précise du décret, puis dans un deuxième temps nous verrons ce que nous pourrons faire," confie Jean-Pierre Mas.
Si tout le monde espère voir une fumée blanche s'évader de la cheminée de l'Elysée, le secteur cherche une solution pour sa propre survie.
Pour Emmanuel Foiry, PDG de Travel Lab la priorité n'est pas de savoir si nous pouvons voyager dès avril 2021 que d'être prêt pour la reprise.
"Je n'attends pas une interprétation du décret, nous avons annulé les départs au moins jusqu'au 15 mai 2021. Nous nous tenons prêts, même si ce n'est pas comme appuyer sur un interrupteur.
Le plus compliqué dans cette période et depuis une année, est de maintenir éveillés les collaborateurs afin qu'ils se sentent concernés par l'entreprise," confesse le président de Kuoni France.
Alors que tout l'écosystème touristique est intimement lié, les syndicats et acteurs du tourisme sont en discussion avec le gouvernement pour éviter un effondrement du château de cartes.
La consolidation de ce dernier pourrait passer par un abandon de tout ou partie des Prêts Garantis de l'Etat (PGE).
Sauf que l’article 45 de la Charte européenne des droits fondamentaux garantit une libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne.
"Il y a un problème de droit avec les traités européens. Les clients ne seront pas arrêtés s'ils se pointent à l'aéroport, puis au pire ils ont juste à donner une raison impérative," nous explique un fin observateur du monde politique.
Le gouvernement veut dissuader, les Français de voyager, sans avoir l'argument légal pour le faire. Le confinement fait office de chape de plomb, pour la plupart des voyageurs.
Seuls les plus téméraires partiront, mais les destinations susceptibles de les accueillir se réduisent comme peau de chagrin. Les pays européens en capacité d'accueillir les ressortissants français, sans aucune restriction, ne sont que huit selon le site Tour Du Mondiste.
De plus, à destination, le couvre-feu est parfois en vigueur. La vie étant loin d'être normale.
"Nous allons attendre la réponse du gouvernement, afin d'avoir une interprétation précise du décret, puis dans un deuxième temps nous verrons ce que nous pourrons faire," confie Jean-Pierre Mas.
Si tout le monde espère voir une fumée blanche s'évader de la cheminée de l'Elysée, le secteur cherche une solution pour sa propre survie.
Pour Emmanuel Foiry, PDG de Travel Lab la priorité n'est pas de savoir si nous pouvons voyager dès avril 2021 que d'être prêt pour la reprise.
"Je n'attends pas une interprétation du décret, nous avons annulé les départs au moins jusqu'au 15 mai 2021. Nous nous tenons prêts, même si ce n'est pas comme appuyer sur un interrupteur.
Le plus compliqué dans cette période et depuis une année, est de maintenir éveillés les collaborateurs afin qu'ils se sentent concernés par l'entreprise," confesse le président de Kuoni France.
Alors que tout l'écosystème touristique est intimement lié, les syndicats et acteurs du tourisme sont en discussion avec le gouvernement pour éviter un effondrement du château de cartes.
La consolidation de ce dernier pourrait passer par un abandon de tout ou partie des Prêts Garantis de l'Etat (PGE).
Les PGE, nouvelle recette pour les agences de voyages ?
"Au lieu de donner de l'argent en plus, les PGE entreront dans les bilans comme une sorte de recette.
Nous sommes actuellement en discussion, mais actuellement Bercy calcule par rapport au coût de ce nouveau confinement," commente le patron de Tourcom.
Si les échanges sont encore loin d'arriver à un compromis gagnant-gagnant, pour l'ensemble des parties, les acteurs du tourisme ont un autre argument de poids en poche.
En transformant les PGE en recettes, l'Etat se couvre aussi d'un risque de faillite à grande échelle des acteurs du secteur, puisque l'industrie devrait être en mesure de rembourser les avoirs.
"Les discussions sont compliquées, mais nous avons tout intérêt à regarder ce qu'il se fait de l'autre côté de l'Atlantique, où le gouvernement a déversé des milliards dans l'économie, avec à la clé de nouvelles embauches," poursuit Richard Vainopoulos.
L'objectif serait donc de faire entrer au moins 50% des PGE dans les bilans, le reste devra être remboursé, dans les prochaines années.
Si l'échéance sera à long terme, dans la vie d'une entreprise du tourisme, à court terme se pose la question de l'été 2021. Les vacances estivales seront françaises, mais pas seulement.
"Nous avons renforcé notre offre en Europe, avec l'Espagne et le Portugal qui font leur apparition chez nous. Puis nous avons adapté nos circuits et nous poussons sur les autotours.
Après je ne fais plus de pronostics sur l'année en cours, mais si nous faisons en 2021, le même chiffre d'affaires qu'en 2020, ce ne sera pas si mal," prédit Emmanuel Foiry.
Nous sommes actuellement en discussion, mais actuellement Bercy calcule par rapport au coût de ce nouveau confinement," commente le patron de Tourcom.
Si les échanges sont encore loin d'arriver à un compromis gagnant-gagnant, pour l'ensemble des parties, les acteurs du tourisme ont un autre argument de poids en poche.
En transformant les PGE en recettes, l'Etat se couvre aussi d'un risque de faillite à grande échelle des acteurs du secteur, puisque l'industrie devrait être en mesure de rembourser les avoirs.
"Les discussions sont compliquées, mais nous avons tout intérêt à regarder ce qu'il se fait de l'autre côté de l'Atlantique, où le gouvernement a déversé des milliards dans l'économie, avec à la clé de nouvelles embauches," poursuit Richard Vainopoulos.
L'objectif serait donc de faire entrer au moins 50% des PGE dans les bilans, le reste devra être remboursé, dans les prochaines années.
Si l'échéance sera à long terme, dans la vie d'une entreprise du tourisme, à court terme se pose la question de l'été 2021. Les vacances estivales seront françaises, mais pas seulement.
"Nous avons renforcé notre offre en Europe, avec l'Espagne et le Portugal qui font leur apparition chez nous. Puis nous avons adapté nos circuits et nous poussons sur les autotours.
Après je ne fais plus de pronostics sur l'année en cours, mais si nous faisons en 2021, le même chiffre d'affaires qu'en 2020, ce ne sera pas si mal," prédit Emmanuel Foiry.
La vraie reprise pas avant 2022
En 2020, les acteurs du voyage avaient au moins eu la chance d'engranger le plein de réservations lors des deux premiers mois de l'année, nul ne sait s'il sera possible de faire pareil constat dans les prochains mois.
Toutefois, si la peur d'un exercice pas vraiment positif se profile, il est important de constater que tout le monde s'attende à un redémarrage explosif.
"Il est possible de faire le parallèle, avec la fin d'année 2020, où à partir du 15 décembre nous avions eu un grand nombre de réservations sur les Maldives.
Si les destinations s'ouvrent du côté de l'Océan indien, de la Laponie, alors nous pouvons lors du dernier trimestre faire de très beaux scores, mais rien ne dit que nous serons dans le même ordre de grandeur que les exercices précédents," explique le patron de Kuoni France.
Pour l'heure les destinations ouvertes sont encore assez peu nombreuses, mais la perspective d'une immunité collective atteinte dans le courant de l'été ou de l'automne donne de l'espoir aux acteurs.
Une chose est sûre, l'été sera en partie semblable au précédent, même si nous ne sommes pas à l'abri de bonnes surprises, alors que la vaccination avance plutôt bien dans certains pays.
"Il y aura beaucoup de réservations de dernière minute et pas seulement en France, peut être que les Etats-Unis ouvriront, mais aussi la République dominicaine ou autres.
Après la véritable reprise sera pour le début de l'année 2022, avec un départ en flèche," espère Richard Vainopoulos.
Et celle-ci pourrait bien soulever de nombreuses interrogations, après plus d'une année sans touriste étranger.
"La vraie difficulté sera celle de la solidité financière de pas mal de réceptifs. Ce qui sera compliqué dans le futur, c'est tout ce qui tourne autour des flux financiers, la garantie paiement, avoirs.
Je ne sais pas si tout le monde en a bien conscience, mais ça risque de ne pas être simple," prédit Emmanuel Foiry.
Bonne nouvelle, le bout du tunnel est proche, ce n'est pas moi qui le dis, mais le président de la République.
Alors que le secteur sera entièrement à la lumière du jour, il sera possible d'aborder la question des flux financiers dans le tourisme... mais c'est un autre sujet.
Toutefois, si la peur d'un exercice pas vraiment positif se profile, il est important de constater que tout le monde s'attende à un redémarrage explosif.
"Il est possible de faire le parallèle, avec la fin d'année 2020, où à partir du 15 décembre nous avions eu un grand nombre de réservations sur les Maldives.
Si les destinations s'ouvrent du côté de l'Océan indien, de la Laponie, alors nous pouvons lors du dernier trimestre faire de très beaux scores, mais rien ne dit que nous serons dans le même ordre de grandeur que les exercices précédents," explique le patron de Kuoni France.
Pour l'heure les destinations ouvertes sont encore assez peu nombreuses, mais la perspective d'une immunité collective atteinte dans le courant de l'été ou de l'automne donne de l'espoir aux acteurs.
Une chose est sûre, l'été sera en partie semblable au précédent, même si nous ne sommes pas à l'abri de bonnes surprises, alors que la vaccination avance plutôt bien dans certains pays.
"Il y aura beaucoup de réservations de dernière minute et pas seulement en France, peut être que les Etats-Unis ouvriront, mais aussi la République dominicaine ou autres.
Après la véritable reprise sera pour le début de l'année 2022, avec un départ en flèche," espère Richard Vainopoulos.
Et celle-ci pourrait bien soulever de nombreuses interrogations, après plus d'une année sans touriste étranger.
"La vraie difficulté sera celle de la solidité financière de pas mal de réceptifs. Ce qui sera compliqué dans le futur, c'est tout ce qui tourne autour des flux financiers, la garantie paiement, avoirs.
Je ne sais pas si tout le monde en a bien conscience, mais ça risque de ne pas être simple," prédit Emmanuel Foiry.
Bonne nouvelle, le bout du tunnel est proche, ce n'est pas moi qui le dis, mais le président de la République.
Alors que le secteur sera entièrement à la lumière du jour, il sera possible d'aborder la question des flux financiers dans le tourisme... mais c'est un autre sujet.