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FUTUROSCOPIE - Partir ou ne pas partir en 2021 : ce n’est pas une affaire d’argent !

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Qu’on le veuille ou non, le budget a toujours été le principal arbitre des projets de vacances. On part où l’on peut et non pas où l’on veut. Et si l’on ne peut pas partir, on reste chez soi. C’est aussi simple que cela. Mais, en une année aussi mouvementée que celle que nous venons de vivre, cette règle semble bousculée. En effet, selon le dernier rapport de l’Insee sur la consommation des ménages, le pouvoir d’achat des Français en 2020 a résisté. Jamais leur épargne n’a été aussi importante. Et pourtant, leur budget voyage s’est effondré !


Rédigé par le Lundi 28 Juin 2021

Si l’on observe attentivement les résultats du vingtième baromètre d’Europ-Assistance auquel on peut faire toute confiance, parmi une série d’indicateurs qui, d’une année sur l’autre, ne varient quasiment pas (durée de séjours, destinations, aspirations…) un seul élément cette année varie du tout au tout : c’est le budget ! - Depositphotos.com serezniy
Si l’on observe attentivement les résultats du vingtième baromètre d’Europ-Assistance auquel on peut faire toute confiance, parmi une série d’indicateurs qui, d’une année sur l’autre, ne varient quasiment pas (durée de séjours, destinations, aspirations…) un seul élément cette année varie du tout au tout : c’est le budget ! - Depositphotos.com serezniy
… Les acteurs du tourisme national se rassurent. Le secrétaire d’État aussi : plus de 65% des Français partiront cet été. C’est à dire que, vu sous un autre angle, notre pays laissera sur le bord de la route près de 35% de ses habitants. Comme d’habitude.

Et, comme d’habitude, ceux-ci ne quitteront pas leur domicile, essentiellement pour des raisons économiques. Cette année 2021 a donc beau être atypique, elle n’échappe pas à la règle.
Enfin, si !

Si l’on observe attentivement les résultats du vingtième baromètre d’Europ-Assistance auquel on peut faire toute confiance, parmi une série d’indicateurs qui, d’une année sur l’autre, ne varient quasiment pas (durée de séjours, destinations, aspirations…) un seul élément cette année varie du tout au tout : c’est le budget !

Pour les Français en particulier, la chute est vertigineuse : nos compatriotes ne devraient accorder à leurs vacances estivales que 1627 euros contre 1581 euros en moyenne européenne ! Soit une baisse de 26% par rapport à l’année 2019 où leur budget avait atteint 2 201 € alors que le budget moyen des Allemands était estimé à 2467 euros et que même celui des Espagnols était en augmentation de 8%.



Certes, l’année 2019 était exceptionnelle mais si l’on reprend les chiffres de 2011, les Français déclaraient disposer alors d’un budget de 1948 euros
contre 2145 euros en moyenne européenne avec les Britanniques en tête à 2245 euros. Encore plus probant : en 2007, le budget annoncé des Français était plus élevé encore qu’en 2011, il était de 2006 euros !

Des différences d’autant plus sensibles que d’autres crises économiques, terroristes, géo politiques (les printemps arabes) avaient affecté et déstabilisé le secteur touristique !

De plus, cette année comme les autres, notez qu’il s’agit d’un budget de ménage. Or, un ménage peut compter une personne ou deux ou encore cinq !

Auquel cas, il faudra bien se débrouiller avec la même somme. Une somme qui, quand on est une famille avec deux enfants, se révèle à peine suffisante pour assurer le transport, la restauration, les loisirs sur place et surtout le coût de l’hébergement. Une semaine en gîte en été, c’est tout de même autour de 500 euros. Ne parlons pas d’une demi pension à l’hôtel ou en village de vacances qui tourne autour de la même somme mais par personne !

Que reste-t-il donc pour les entrées dans un parc à thème ou le cours d’équitation ? Peu. Très peu. Certes, il s’agit de moyenne et les ménages à hauts revenus, disposent cette année encore de budgets nettement plus conséquents. Mais, pourquoi une telle baisse alors que d’autres indicateurs sont positifs. Lesquels ?

Des dépenses au ralenti et une forte épargne

Premièrement : on a beaucoup évoqué l’épargne gigantesque des Français durant les mois de confinement. Une épargne qui, selon la Banque de France, a atteint 200 milliards d’euros en 2020. Du jamais vu depuis 1960, que l’Insee chiffre à une augmentation de 6.3 points par rapport à l’année précédente et à 21,4 % du revenu disponible brut en 2020.

Parallèlement, il faut dire qu’effectivement les dépenses de l’ensemble de la population ont été considérablement réduites. L’Insee précise que, hors dépenses alimentaires qui, pour leur part ont augmenté, les Français ont dépensé beaucoup moins au global : moins 7%. En particulier dans certains domaines comme l’habillement par exemple : (chaussures et vêtements compris) où la baisse est de 17%.

Autres chutes spectaculaires en dehors des services de vidéo à la demande qui ont gagné 37%, les services culturels et récréatifs se sont effondrés. Ainsi, les dépenses en cinéma ont enregistré en 2020 une baisse de 69,4 %, les spectacles ont perdu 36,7 %, soit un peu plus que les bibliothèques, musées, et autres activités culturelles marchandes pour qui les baisses de dépenses ont atteint globalement 32,7 %. Même la presse, les livres et les papeteries ont observé un recul de plus de 6% !

Parmi les effondrements spectaculaires, notons enfin ce qui n’est plus une surprise pour personne : les dépenses en restauration ont baissé de 32.2% tandis que les dépenses concernant les services d’hébergement ont chuté globalement de 40,8 %, mais avec des ampleurs différentes selon les types d’hébergement.

Ainsi, les hôtels et villages de vacances avec services de chambre ont été les plus touchés (– 50,1 %), suivis par les hébergements touristiques et autres hébergements de courte durée (– 41,3 %). Alors que l’hôtellerie de plein air ou offrant la possibilité aux ménages de cuisiner eux-mêmes, a mieux résisté avec environ 20% de dépenses en moins. Seulement !

En 2020, les dépenses en transports se sont effondrées (– 52,6 %) du fait des restrictions de déplacements et de la fermeture des frontières. Et cela quel que soit le mode de transport : air (– 69,2 %), eau (– 55,9 %), rail (– 46,9 %) ou route (– 39,7 %).

Les raisons d’un tel affaiblissement

Globalement, l’Insee conclut donc sur une note positive selon laquelle le pouvoir d’achat des Français a particulièrement bien résisté. Ce qui, cumulé avec la hausse de l’épargne aurait du permettre à certains d’augmenter leur budget vacances et non pas le contraire.

Alors pourquoi une telle baisse annoncée des dépenses de voyages ?

- La première hypothèse réside certainement dans l’incertitude économique par rapport à l’avenir. Selon le Baromètre Europ Assistance, elle concerne 56% des Français. Très certainement ceux dont les métiers sont dépendants de la situation sanitaire. Plus inquiets encore que les Français, on trouve les Italiens et les Espagnols ainsi que les Chinois. Mais, pas les Américains dont l’économie a retrouvé des couleurs grâce à la présidence Biden.

- La seconde hypothèse réside dans les craintes affichées par d’autres de nos compatriotes par rapport aux risques de résurgence de l’épidémie, surtout ceux liés aux nouveaux variants. Globalement en Europe, dès le mois de mai, le taux d’inquiétude se situait à 57% contre 67% en Chine et 47% seulement aux USA.

- Par ailleurs, vu la confusion des règles sanitaires et la complexité des formalités à accomplir, notamment pour aller à l’étranger, il est vraisemblable que certains préfèrent attendre des jours meilleurs pour investir dans les voyages de leurs rêves. Ils se contenteront donc cette année de séjours de vacances plus modestes.

- Dans le même chapitre, ceux qui ont fait l’expérience particulièrement désagréable de réclamer des remboursements promis mais longs à arriver, n’ont probablement pas envie de récidiver. Préférant thésauriser, ils dépenseront éventuellement les deniers économisés au dernier moment.

- Enfin, ne peut-on pas également supposer que certains ayant découvert les joies des vacances de proximité, de l’hébergement de plein air, de la location (des prestations moins coûteuses) ont décidé d’adapter leur budget à ces nouveaux modes de consommation ? Probablement.

Mais, jusqu’à quand ? Là est toute la question à laquelle nous ne pourrons répondre qu’une fois l’été passé et les statistiques sur le réel effectuées.

L’avenir n’est jamais sûr. Mais, une véritable interrogation doit être suscitée d’autant que, toujours selon le Baromètre E.A, 28% des Français (contre 14 % des Américains par exemple) déclaraient ne pas vouloir toucher à leur budget vacances !

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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