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Frais GDS : un nouvel artifice des compagnies pour augmenter les recettes ?

la chronique de Jean-Louis Baroux, expert aérien


Jean-Louis Baroux, expert aérien et ancien président d'APG revient sur l'annonce de la mise en place de la surcharge GDS par Air France et les autres compagnies européennes. Ces dernières font face aux coûts des GDS et aux prix toujours plus bas des billets d'avion.


Rédigé par Jean Louis BAROUX le Mardi 5 Décembre 2017

La surcharge des réservations passées au travers des GDS est en ce sens très pratique, car elle ne touche pas aux tarifs annoncés et elle a des effets considérables car 70% des ventes passent encore par les agents de voyages - DR Photo TourMaG.com
La surcharge des réservations passées au travers des GDS est en ce sens très pratique, car elle ne touche pas aux tarifs annoncés et elle a des effets considérables car 70% des ventes passent encore par les agents de voyages - DR Photo TourMaG.com
Air France a annoncé l’application d’une surcharge de 11 € par segment pour les ventes réalisées au travers des GDS et ce à partir du 1er avril prochain.

Certes il y a en vue des accommodements avec les grands réseaux certains corporates, mais le pli est pris.

Au fond cela ne peut étonner personne. Lorsque Lufthansa a appliqué une pénalité, puisqu’il faut tout de même l’appeler ainsi, de 16 € par transaction nous avons annoncé que cette mesure serait généralisée par tous les transporteurs.

Le groupe IAG a été le premier à suivre. C’est maintenant le tour du groupe Air France/KLM. Cette mesure s’explique d’ailleurs pour deux raisons au moins.

D’abord le coût des GDS.

Il faut dire que ces derniers n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour augmenter leur droit de passage. On est passé de 3 $ par passager/segment à l’origine à 6 $ maintenant.

L’inflation est venue de la vente de ces outils de distribution par les compagnies aériennes qui les ont créés, il faut le rappeler, par les grands fonds d’investissement. Ces derniers veulent rentrer dans leurs frais.

Alors les compagnies se plaignent de la charge qualifiée d’excessive qu’elles doivent payer aux GDS pour accéder au circuit de distribution. Elles reprochent également le système d’incentive qui reverse une partie des sommes réglées par les transporteurs dans la poche des agents de voyages. Voilà qui fait du sens.

Sauf que le système économique qui gère les GDS a été créé par les compagnies elles-mêmes. C’est le coup de l’arroseur arrosé.

Les compagnies développent à marche forcée le standard NDC

Face à cette problématique les transporteurs développent deux actions de fond.

D’abord appliquer une surcharge sur les réservations comme on a pu le constater. Bien entendu cette mesure va se généraliser à toutes les grandes compagnies puis elle sera suivie par les autres.

Cela fera une ligne de plus dans la case YQ. Et puis, elles développent à marche forcée le standard NDC en pensant que la présentation de leur offre se manière beaucoup plus ludique et complète amènera les agences de voyages à se passer des GDS pour réserver directement sur leurs sites.

Pour tout dire, je ne crois pas à cette démarche de la part du circuit de distribution car il a besoin de l’affichage en temps réel de la totalité de l’offre ce que seuls les GDS sont capables de faire et ceux-ci seront les premiers à mettre en ligne le standard NDC.

La deuxième raison tient à l’économie même du transport aérien.


Depuis des années le prix des billets d’avion ne fait que baisser sous la pression d’une concurrence féroce et la stupide idée que les compagnies aériennes ont eu de supprimer les commissions aux agents de voyages. Mais le fait est là.

Le transport aérien a beaucoup de peine à dégager le profit nécessaire pour payer les investissements massifs auxquels il doit faire face. Certes les résultats se sont très nettement améliorés au cours des 3 dernières années.

Cela est dû à la fois à la baisse considérable du prix du pétrole mais aussi, il faut le souligner, aux efforts de baisses des charges importants consentis par tous les grands transporteurs, même si les efforts se sont un peu relâchés au cours des derniers exercices. Mais ces jolis bénéfices sont fragiles et sans doute conjoncturels.

Le prix des billets d'avion est trop bas

Il faut le dire et le répéter, le prix des billets d’avion est trop bas.

Il doit être remonté pour le bien de tous, non seulement des seuls transporteurs, mais également des clients qui ont tout intérêt à la prospérité de ce secteur d’activité.

Seulement la concurrence ne va certainement pas diminuer et les effets d’annonces promotionnelles se poursuivront même si les tarifs les plus bas, ceux qui font l’objet des publicités, ne concernent qu’un tout petit nombre de sièges.

Alors, il faut trouver des artifices pour augmenter la recette, en clair le prix des billets, le tout sans toucher la publication des tarifs les plus bas. La surcharge des réservations passées au travers des GDS est en ce sens très pratique, car elle ne touche pas aux tarifs annoncés et elle a des effets considérables car 70% des ventes passent encore par les agents de voyages.

Ces derniers crient au loup car ils y voient une distorsion de la concurrence. Et ils n’ont pas tort. Le but est bien soit de diminuer les charges payées aux GDS et donc les transactions habituellement utilisées par les agents de voyages, soit de créer une recette supplémentaire dont les compagnies ont besoin.

Les temps changent, les nouvelles technologies vont impacter le comportement des acteurs de la distribution. Les agents de voyages ont toujours fait la preuve de leur capacité d’adaptation. Faisons leur confiance cette fois encore.

Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.

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