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Futuroscopie - L’architecture des villas contemporaines comme guide 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Le succès des deux villas signées par l’architecte Robert Mallet Stevens aux environs de Lille et à Hyères, ou de celle d’Eileen Gray à Beaulieu-sur-Mer indique le nouvel engouement des Français pour les architectures contemporaines, notamment celles des villas privées. Il en était grand temps. A la fois pour le public mais aussi pour les architectes du vingtième siècle que l’on a eu trop tendance à laisser dans l’ombre au profit de leurs illustres prédécesseurs des siècles passés…


Rédigé par le Vendredi 1 Septembre 2023

La villa Savoye de Le Corbusier à Poissy attire un flot régulier de visiteurs. Mais, elle pourrait en attirer plus - Photo : Villa Savoye
La villa Savoye de Le Corbusier à Poissy attire un flot régulier de visiteurs. Mais, elle pourrait en attirer plus - Photo : Villa Savoye
Commençons par le début : en 2016, l’œuvre de l’ architecte Charles Édouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Une consécration pour cet architecte considéré comme l’un des principaux contributeurs du mouvement moderne, grâce à de nouveaux principes comme le fonctionnalisme, le purisme et l’intégration de la nature.

Résumées en 5 points, ces normes seront appliquées à la majorité des réalisations de l’architecte tout au long de sa vie, qui dura 78 ans et l’entraîna dans plusieurs pays notamment en Inde où le gouvernement de J.Nehru lui commanda la réalisation de la ville de Chandigarh tandis que plus tard, il signa le Musée national d’art occidental de Tokyo puis des œuvres aux USA, Argentine, Moscou… qui le hissèrent au sommet sur la scène de l’architecture internationale déjà occupée par des grands maîtres de la modernité : Franck Lloyd Wright, Mies Van Der Rohe ou Walter Gropius, anciens artistes du Bauhaus.

La France tenait son architecte international qui, bien que souvent contesté, pouvait jouer dans la cour des grands et pouvait désormais offrir à la visite ses plus célèbres œuvres comme la « Cité Radieuse » à Marseille, la Chapelle de Ronchamp, le couvent Sainte Marie de la Tourette à Evreux (1953) et la célébrissime Villa Savoye à Poissy réalisée en 1928, qui compte bon an mal plus de 50 000 visiteurs alors que la Villa La Roche à Paris en reçoit un peu plus. Autant que la Fondation voisine.


Le succès confirmé de Robert Mallet Stevens

Il faut dire que ces édifices parisiens se situent non loin de la rue Robert Mallet-Stevens, un autre grand nom de l’architecture moderne, auquel l’on doit l’un des grands succès touristiques de ces dernières années : la villa Cavrois.

Admirablement rénovée grâce à une enveloppe de le 23 millions d’euros, cet édifice entre style art déco et Bauhaus , situé à quelques encablures de Lille, compte environ 120 000 visiteurs par an.

Un engouement du à son ancrage dans l’histoire contemporaine de la région mais surtout à des qualités architecturales exceptionnelles aujourd’hui reconnues et appréciées par un public grandissant.

A Hyères d’ailleurs, la villa de Noailles du même architecte rénovée il y a 30 ans est aussi devenue une icône du patrimoine régional et une locomotive de l’animation locale, grâce au festival de design qui s’y déroule tous les ans…

En cette année de centenaire, sur la seule journée du 13 août alors que la canicule brûlait la colline, elle a enregistré 1750 visiteurs et peut se flatter d’enregistrer une augmentation de 64% de sa fréquentation pour le mois de juillet. Une performance qui laisse penser que l’enthousiasme pour ce type d’architecture est réel.

Un changement de tropisme

Le premier chef-d’œuvre d’architecture organique : la maison de la cascade signée par Franck Lloyd Wright en 1936 - DR : DepositPhotos.com, sepavone
Le premier chef-d’œuvre d’architecture organique : la maison de la cascade signée par Franck Lloyd Wright en 1936 - DR : DepositPhotos.com, sepavone
Pourquoi ? Pour les observateurs, il est clair que l’intérêt du public pour l’architecture et notamment celle des années 20 n’est pas une surprise.

De l’autre côté de l’Atlantique, voilà longtemps qu’une ville comme Chicago attire architectes et grand public du monde entier autour de la visite de ses maisons contemporaines.

Miami en Floride les a aussi inscrites au programme de ses visites du quartier art déco. Tandis que les célébrissimes constructions de Franck Lloyd Wright, le pionnier, constellent les cartes touristiques américaines.

Considéré comme un maître, il faut rappeler que l’architecte américain est l’auteur de la fameuse Maison de la cascade qui invente avec une audace jamais égalée les codes de l’architecture organique qui, insérée dans la nature, feront florès.

De la modernité à l’architecture contemporaine

Mais, l’architecture des habitations « modernes » n’est qu’une illustration de l’excellent parti que l’on pourrait tirer d’une promotion plus active de l’architecture contemporaine dans son ensemble.

La France, qui dispose de nouvelles constructions emblématiques qui font sa promotion touristique à travers le monde  comme la Pyramide du Louvre et La Fondation Louis Vuitton (Franck Ghery) ou des chais comme ceux du Cheval Blanc signé par Christian Portzamparc et qui est donc crédible dans ce domaine, pourrait en effet développer d’autres sites dotés d’un patrimoine contemporain de qualité.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait la station de la Grande Motte par exemple, en faisant classer son patrimoine architectural au Patrimoine du vingtième siècle, en le valorisant et le faisant visiter.

Signée par Jean Balladur, typique des années soixante, la station pourtant très critiquée et décriée en son temps, est aujourd’hui, grâce à sa nouvelle image, en passe de devenir l’une des icônes de la côte méditerranéenne.

Autres exemples : la ville du Havre entièrement reconstruite après guerre par Auguste Perret, fait l’objet de visites spécifiques autour d’une architecture massive, très fonctionnelle utilisant toutes les ressources du béton armé dans une esthétique rigide. Alors que Marseille met en avant l’architecture du Vieux Port dûe après guerre à Fernand Pouillon.

L’office du tourisme de Lille a pour sa part inscrit des visites consacrées à l’architecture d’Euralille dont certains bâtiments sont signés par Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Rheim Koolas…

Mais, on est loin des efforts de Valence en Espagne autour des réalisations de l’architecte Santiago Calatrava ou de Glasgow en Grande-Bretagne. On est même loin des efforts de villes comme Bombay et Shanghai qui mettent aussi très en avant leur patrimoine art déco. Avec succès !

Ou du Japon, autre destination très prisée des architectes. On est loin aussi des flux occasionnés par les constructions pharaoniques des Émirats arabes unis et maintenant d’Arabie saoudite qui, c’est vrai, n’ont pas grand chose d’autre à offrir.

Tandis que, toujours avant-gardiste, un office du tourisme comme celui de Finlande à Paris, fait la promotion active de son architecte vedette Alvar Aalto en organisant des visites de la maison qu’il a signée à Bazoches : la maison Louis Carré…

Une nouvelle sensibilité se dévoile

Indifférente, l’attitude de la France est d’autant plus regrettable que, parallèlement, le public est probablement prêt à se passionner pour une expression artistique moins élitiste, plus proche de ses préoccupations quotidiennes.

Le succès des émissions consacrées à l’architecture le démontrent. Celui de la presse dédiée à la décoration également. En fait, le glissement de l’architecture vers la design et la décoration, en passant par le jardin et les décors végétaux, ont démocratisé les goûts du public.

Et, il serait temps d’en profiter comme le font une start-up parisienne Architrip ou des initiatives privées d’architectes comme www.guiding-architects.net qui propose des contacts avec des architectes d’une trentaine de villes dans le monde dont Paris…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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