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Futuroscopie - Le monde arabo musulman sous pression devrait pourtant s’en sortir 🔑

DĂ©cryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


Cette région du monde maltraitée par l’Occident au sortir de la première et la deuxième guerre mondiale, constitue probablement l’un des foyers de tension les plus explosifs et durables de la planète. Et cela, quelle que soit l’issue de la guerre entre Russie et Ukraine. A première vue, on voit mal en effet comment pacifier une région déchirée par des querelles religieuses intestines qui, conjuguées à une situation climatique, énergétique et économique désastreuse, marche souvent à reculons. Mais, avec quelques trésors, le Proche-Orient devrait résister à l’adversité et se relever en partie des épisodes les plus dramatiques de son actualité.


Rédigé par le Mercredi 18 Mai 2022

Iran et Afghanistan : les grands blessés

Quant aux autres grands gagnants de la région, ceux qui œuvrent méthodiquement au développement de leur tourisme, depuis des décennies et y parviennent avec un succès indiscutable, ce sont les Émirats arabes unis avec en tête Dubaï et Abu Dhabi - Depositphotos.com Auteur zenmaster8
Quant aux autres grands gagnants de la région, ceux qui œuvrent méthodiquement au développement de leur tourisme, depuis des décennies et y parviennent avec un succès indiscutable, ce sont les Émirats arabes unis avec en tête Dubaï et Abu Dhabi - Depositphotos.com Auteur zenmaster8
Et pourtant, tout allait bien… Dans les années soixante-dix, les routes des Indes à l’aller et au retour, semblaient sans danger. On quittait New Delhi et l’on traversait le Pakistan dans un confort relatif mais une sécurité quasiment assurée.

On dégringolait ensuite sur Kaboul en passant par l’un des cols les plus dangereux du monde, le Kyber Pass, mais la capitale afghane accueillait à bras ouverts les routards venus fumer quelques joints et faire des emplettes dans Chicken-Street.

Les femmes derrière leurs grillages bleus étaient rares et allaient à l’école. Le pays était une république démocratique dirigée par un gouvernement socialiste pro communiste. Les Talibans n’existaient pas encore. Et les plus téméraires des routards allaient galoper dans les montagnes, encadrés par des agences de voyages comme Air Alliance.

Quant à l’Iran, auréolé du prestige de la Perse ancienne, il faisait oublier l’autoritarisme de son monarque en proposant aux visiteurs des richesses culturelles exceptionnelles. Surveillés mais sécurisés par la Savak, les touristes n’avaient rien à craindre, pourvu qu’ils n’émettent aucune remarque malveillante à l’égard du pouvoir du Shah d’Iran et de sa célèbre famille.

Hélas, dès les années quatre-vingt, le fragile équilibre de l’Afghanistan vacillait et l’on ne voit guère quand et comment ce pays tenu par le pire des régimes pourrait rouvrir ses frontières.

Quant à l’Iran, une république islamique qui a pourtant connu un véritable succès touristique durant une petite période d’apaisement et rêvait de devenir une grande destination en accueillant 20 millions de visiteurs, le voilà de nouveau et sans doute pour longtemps, lancé dans un marchandage nucléo économique défavorable, le privant de tout espoir de retour en grâce.

Pause dans sa course au nucléaire contre levée des sanctions économiques, voilà le marché ! Mais, les tractations n’aboutissent pas et le pays se referme d’autant plus que le financement du Hezbollah et sa guerre ouverte avec Israël ne le rendent pas très fréquentables.

A lire aussi : Une géopolitique bouleversée conditionne l’avenir du tourisme

Et c’est là que l’on retrouve le conflit israëlo-palestinien…


Israël : l’espoir des accords d’Abraham

Toujours menacé ( surtout aujourd’hui par l’Iran), souvent en guerre pour assurer son droit à l’existence contesté par ses voisins prêts à la rayer de la carte, Israël n’en demeure pas moins une destination touristique toujours aussi prisée et devrait contre vents et marées, le rester.

Parmi ses visiteurs fidèles, certains sont avides de soleil, de plages et de désert. On les retrouve à Tel Aviv ou à Eilat… Mais ils ne sont pas les seuls. Les juifs du monde entier, ceux de la diaspora, ne boudent pas les plaisirs de l’été et sont là aussi pour les principales fêtes de leur calendrier.

Tandis que les pèlerins chrétiens se déversent en flots continus le plus souvent en voyages organisés, sur les pas de Jésus, de Jérusalem à Tibériade, à travers la Galilée et Nazareth.

Rien, ni guerre, ni attentats, n’a réussi à arrêter définitivement ce flux constant de touristes venus du monde entier. Ni la Guerre des six jours qui vit l’armée israélienne aller jusqu’au Jourdain, gommant ainsi l’annexion de ce territoire par la Jordanie. Ni la guerre de Kippour en 1973. Ni les différentes attaques menées au Liban pour écarter la menace des milices chiites du Hezbollah, surarmées par l’Iran. Ni l’occupation du Golan…

Et encore moins, les multiples attentats. Certes, quelques moments de tension affectent le tourisme israëlien, temporairement. Puis le pays habitué à vivre en situation de guerre, rouvre ses portes.

Une seule chose à verrouillé le pays pendant près de deux ans, c’est le Covid qui a immobilisé totalement la population et gelé toutes ses liaisons aériennes.

Aujourd’hui, le recul du virus semble être définitif et la reprise touristique est de nouveau au rendez-vous.

Mieux, même, elle s’est élargie à de nouveaux venus, les Marocains, les habitants des Émirats Arabes Unis et la petite population du Koweit. Demain, ce sera sans doute au tour des Saoudiens et peut-être même des Égyptiens qui retrouveront le chemin de Jérusalem, eux qui ont reconnu Israël il y a bien longtemps !

Cette fréquentation touristique nouvelle est réciproque. Des investissements sont réalisés de part et d’autre. Ce sont les fruits des « Accords d’Abraham », des accords qui sont une véritable promesse de paix et qui font un peu oublier les menaces nucléaires de l’Iran et sa volonté sans doute vaine d’effacer Israël de la carte du monde.

Et les grands gagnants sont et seront … ?

Quant aux autres grands gagnants de la région, ceux qui œuvrent méthodiquement au développement de leur tourisme, depuis des décennies et y parviennent avec un succès indiscutable, ce sont les Émirats arabes unis avec en tête Dubaï et Abu Dhabi.

Bien plantés dans le décor désertique du Golfe, ils ont accueilli en 2019 plus de 25 millions de visiteurs et visent des performances de plus en plus élevées chaque année grâce à des investissements continus et un événementiel tout aussi dynamique.

Pas loin, l’Arabie saoudite prépare aussi l’après pétrole en mettant à jour son patrimoine culturel pré islamique et en se dotant d’équipements balnéaires et de bien-être de grand luxe.

Si bien qu’à moins d’accident, l’ avenir de la région pourrait être radieux. Tandis que le Sultanat d’Oman, avec une croissance plus modérée mais un positionnement plus authentique, attend pour 2040, 6 millions de visiteurs internationaux !

Liban, Syrie… une petite chance de revenir sur la carte touristique

En revanche, à quelques encablures, la recréation d’une « grande Syrie » est-elle à l’ordre du jour ?

Le Liban peut-il rester indépendant dans un Moyen-Orient gangréné par les conflits religieux, la montée en puissance des courants islamistes, une corruption endémique, une situation économique dramatique ?

Déjà, la Syrie a tenté un retour sur la scène touristique dès 2020, malgré les sanctions et la désapprobation internationales.

Il ne fait donc guère de doute que, bien que détruits en partie, ses sites sauront reconquérir un tourisme peu scrupuleux, prêts à de petits arrangements avec les drames du monde, aussi noirs soient-ils ! C’est le « black tourism ».

Quant au Liban, via son immense diaspora, il a des chances de revenir sur la carte du tourisme moyen-oriental. A condition cependant que les partis islamistes et le conflit larvé avec Israël ne le rendent pas trop dangereux et qu’il puisse remettre son économie sur pied. Ce qui sera long et difficile, malgré l’argent de la diaspora.

Turquie : un avenir touristique probable

Quant à la Turquie, elle a trop investi sur le développement de son tourisme (10% de son PIB), tant au niveau balnéaire qu’au niveau aérien en créant le plus gros aéroport de la région, pour renoncer à ses objectifs.

Certes, les Russes ne viendront pas très nombreux cette année alors que l’on en attendait 4.5 millions. Ni les Ukrainiens qui devaient être 2.5 millions !

Mais, une fois le choc passé, le tourisme turc qui a un objectif de fréquentation de 40 millions de touristes internationaux, a de quoi remplir ses hôtels avec d’autres clientèles, notamment les populations coreligionnaires de la région et plus loin de Malaisie ou Indonésie auxquelles elle propose un tourisme de plus en plus « halal ».

De plus, la Turquie possède l’une des villes les plus emblématiques du monde : Istanbul et sait, derrière sa vitrine touristique, faire oublier l’intransigeance de ses dirigeants vis-à-vis des droits de l’homme. Bon an, mal an, elle restera donc très probablement un acteur majeur du tourisme régional.

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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