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Futuroscopie - Les rapports au corps configurent un tourisme de bonne santé 🔑

Qui sont vos clients ? Une nouvelle série de Futuroscopie. Episode 5


Minées par la pandémie de Covid, un inédit dans l’histoire contemporaine, nos sociétés sont plus que jamais préoccupées par leur santé. Mais, inutile de revenir sur la demande de sécurité sanitaire qui s’est amplifiée et continuera de s’amplifier en fonction des fluctuations de l’épidémie. Voyons plutôt quelle est la typologie historique de ces touristes dont les profils sont majoritairement déterminés par leurs rapports au corps…


Rédigé par le Mardi 5 Juillet 2022

1. Les curistes : un touriste médical historique

Bien dans sa tête, dans sa peau, beau et intelligent le plus longtemps possible - DR : Depositphotos.com, gbh007
Bien dans sa tête, dans sa peau, beau et intelligent le plus longtemps possible - DR : Depositphotos.com, gbh007
Cette catégorie est d’autant plus connue qu’elle est historique. Le voyage à vocation hygiéniste remonte en effet à l’Antiquité.

Nous n’insisterons donc pas sur un segment de touristes dont le but est de soigner une affection spécifique dans des lieux dédiés, grâce à des dispositifs financiers avantageux.

En quête d’une réparation et d’un supplément de bien-être, ce touriste relativement traditionnel dans ses comportements, consacre une partie de son temps à ses soins et l’autre éventuellement à des activités de loisirs et de découverte touristique.

Mais, attention, ces modes de fonctionnement standards et stéréotypés ne concernent pas la totalité des curistes. Lesquels se ventilent en une série de sous-segments variant en fonction de leurs âges, de la fréquence de leur pratique, de leurs bagages culturels, de leur affection...


Typologies concernées : Les individus plutôt âgés souffrant d’affections réelles et désireux de les soulager en profitant des dispositifs de prise en charge français. On trouve aussi désormais des curistes choisissant des destinations hors frontières, afin de profiter des charmes du dépaysement.

Offres touristiques favorites : Les stations thermales françaises et européennes, surtout italiennes, proposant une prise en charge mais combinant également des activités de bien-être et des activités récréatives.

2. Les vacanciers du bien-être et du mieux-être

A la grande différence des précédents, ces touristes ne pratiquent pas de cures médicalisées mais choisissent des séjours plus courts capables de leur proposer détente, relaxation, détox, lâcher-prise, déconnexion...

Pour mettre corps et esprit au repos, cette population se réfugie dans des pratiques désormais banales, largement démocratisées, dont la qualité dépend plus du prix, donc de l’environnement proposé, que du contenu.

Cette population est cependant menée par une avant-garde cherchant à se distinguer du « mainstream » qui recherche en permanence de nouvelles destinations et de nouvelles activités pour atteindre ses objectifs de santé.

Typologies concernées : Hommes et femmes, souvent très jeunes, mais aussi nettement plus âgés, cherchant résolument à vaincre des états de stress et de surmenage tout en profitant de leurs séjours pour faire des découvertes touristiques. En fait, des adeptes du deux en un, cherchant plus le plaisir que la difficulté.

Offres touristiques favorites :  Des séjours modulables, incluant quelques heures d’activités relaxantes faciles à pratiquer.

3. Les nouveaux aventuriers de l’esprit

En revanche, une nouvelle catégorie d’individus cherchant à combiner un séjour touristique avec une pratique capable de leur apporter à la fois des bienfaits physiques et mentaux, a incontestablement vu le jour et proliféré.

Cette population plus marginale et avant-gardiste n’est cependant pas simple à appréhender tant ses aspirations sont multiples, nuancées et en mutation permanente.

En fait, elles évoluent en fonction des nouvelles offres qui sont proposées, lesquelles font l’objet de recherches et d’expérimentations variées difficiles à suivre et à inventorier.

Où ? En Europe, mais aussi et de plus en plus en Inde, Sri Lanka, Thaïlande ou encore en Amérique du nord.

Mises au point par des « gurus » informels déjà formés à la médecine, la psychologie, la psychanalyse... ces offres thérapeutiques destinées à libérer l’individu en souffrance et à le soulager de maux de nature traumatique, familiaux ou civilisationnels complètent la palette des séjours désormais classiques de yoga, de méditation, de jeûne, de tai-chi, véganisme...

Typologies concernées : Plus ou moins intensifs, ces séjours attirent une population souvent très éduquée, urbaine, jeune et moins jeune, en quête d’une sorte de réinvention de soi. Les Occidentaux surtout grossissent ses rangs ainsi qu’une population féminine.

Offres touristiques favorites : Asie et surtout Inde et Sri Lanka mais aussi Amérique du sud. Resorts spécialisés, surtout en bord de plages, offrant confort, calme, charme. La montagne devient aussi très convoitée, hors stations touristiques.

4. Les marcheurs : du voyage intérieur au voyage extérieur

Si la randonnée connaît une telle popularité parmi touristes et non touristes, c’est bien grâce à son caractère informel, gratuit et ses multiples capacités thérapeutiques.

Non seulement, la randonnée à pied ou à vélo, génère un exercice physique indispensable à une bonne santé mais elle permet une découverte touristique « soft » et « slow » tout en procurant d’énormes bienfaits à l’esprit.

Le randonneur constitue donc bien une catégorie à part entière de touristes, déterminés par la relation qu’ils entretiennent avec leur corps et leur désir de santé physique et mentale.

Les grands succès de librairie qu’ont été des ouvrages comme « Immortelle randonnée » par exemple de Jean-Christophe Ruffin ou encore : « Sur les chemins noirs » de Sylvain Tesson, ont énormément contribué au développement de la marche à pied en tant que pratique complète, permettant de combiner voyage intérieur et extérieur.

Après son terrible accident, ce dernier a bel et bien déclaré : « la marche m’a remis d’aplomb, physiquement et mentalement, elle dissipe les nuages noirs ».

Mais, bien que tous les marcheurs revendiquent un statut de randonneur, tous les randonneurs ne se ressemblent pas.

Entre les grands sportifs absorbés par l’effort physique et les « marcheurs du dimanche », toutes les nuances existent.

On peut également distinguer les adeptes des randonnées urbaines en opposition aux randonneurs de moyenne montagne ou haute montagne.

On peut également compter, parmi les randonneurs, les adeptes de pèlerinages comme celui de Saint-Jacques de Compostelle qui compte près de 400 000 marcheurs tous les ans, qui le parcourent en partie ou en totalité.

Typologies concernées : Bien que la population de randonneurs en groupes soit plus féminine, les hommes ne sont pas exclus de cette catégorie. Mais, ils pratiquent plus nombreux la marche en solitaire. Tous les âges, toutes les classes sociales, toutes les nationalités randonnent désormais.

Offres touristiques favorites  : Des séjours de randonnée organisées par des associations ou des voyagistes, y compris à l’étranger : Europe, Asie, Amérique, Afrique... Randonnées en groupes d’amis. Chemins de pèlerinage.

5. Les adeptes de l’extrême

Notre époque éperdue d’exploits et soucieuse de défis a vulgarisé la pratique de sports extrêmes, notamment en montagne, dans des décors aussi extrêmes que les sports qu’ils proposent.

Bien que très minoritaires dans les chiffres, les pratiquants d’activités à risques qui sont en revanche très médiatisés, constituent en fait une catégorie qui elle aussi a toujours existé.

Explorateurs, alpinistes, navigateurs... N’ont-ils pas illustré les premières images de l’iconographie touristique tandis que leurs récits continuent de constituer la base de la littérature de voyages ?

Le renouveau auquel on assiste n’a cependant pas les mêmes origines. Alors que, dans des époques lointaines, on avait affaire à de véritables aventuriers cherchant à braver l’inconnu, on a aujourd’hui en scène des individus cherchant à se lancer des défis, à se mettre à l’épreuve et à tester à travers ces pratiques leur résistance, leur infaillibilité, tant sur le plan physique que mental.

Typologies concernées : Des jeunes plutôt très sportifs. Des navigateurs de bon niveau. Des skieurs hors-pistes.

Offres touristiques favorites  : Les spots réputés en bord d’océan pour le surf par exemple, et en montagne, n’importe où dans le monde, pourvu que les activités extrêmes y soient possibles.

6. Les addicts de l’esthétique

Pendant que certains cherchent seulement à se refaire une santé, d’autres profitent de leurs déplacements touristiques pour se refaire une beauté.

Le bronzage que l’on peut acquérir sur la plage fait partie des pratiques balnéaires à vocation esthétique, malgré les dangers bien connus aujourd’hui d’une exposition prolongée au soleil.

Mais, il est d’autres pratiques, organisées, préparées et évidemment coûteuses. Très nombreuses dans des pays comme la Thaïlande, la Tunisie, le Brésil, la Corée du sud et pourquoi pas l’Arménie, elles attirent une clientèle soucieuse de remodeler sa silhouette, son sourire, sa chevelure via la pose d’implants ou la chirurgie, dans des cliniques spécialisées offrant à la fois prestations médicales et touristiques.

Bien que les chiffres varient d’une destination à l’autre et restent approximatifs, cette population est en augmentation constante.

Parmi elles, de nombreuses femmes plus ou moins jeunes mais également des hommes attirés par la perspective de sauver leur calvitie.

Typologies concernées : Une population féminine pour les soins esthétiques, une population mixte pour les prothèses dentaires et plutôt masculine pour les implants capillaires. Une population de plus en plus jeune.

Offres favorites : Toutes les cliniques et destinations offrant des soins et pratiques chirurgicales à vocation esthétique. Avec en tête la Hongrie pour les soins dentaires et la Tunisie pour les implants du cuir chevelu.

7. Les adeptes de la métamorphose

Enfin, nous ne sommes pas au cœur du sujet mais nous le sommes en partie.

Une proportion de touristes impossible à chiffrer, profite en effet de ses déplacements pour changer de peau, à travers des déguisements vestimentaires empruntant soit aux modes locales, soit à des modes occidentales jugées transgressives dans leur environnement habituel.

Ainsi, certains optent pour des accoutrements frôlant l’excentricité quand d’autres se réfugient dans des parures exotiques qu’ils utilisent telle une seconde peau.

D’autres encore déambulent dans des oripeaux qu’ils estiment appartenir à une imagerie touristique inspirée soit des premiers clichés d’explorateurs, le casque colonial vissé sur la tête, soit inspirée par la publicité contemporaine tout simplement et les millions de clichés de top models déferlant sous nos yeux.

Mais, quel que soit le déguisement que l’on adopte, ces métamorphoses vestimentaires qui transforment l’apparence ne sont pas anodines. Elles indiquent chacune à leur façon la nécessité pour une population d’individus non négligeable de faire tomber les masques et de rompre avec un mode de vie que certains ne supportent pas ou ne supportent plus.

Ces métamorphoses vestimentaires sont d’autant plus intéressantes qu’elles influencent les comportements touristiques et non l’inverse. Sous de nouveaux atours, surtout s’ils sont exceptionnels, le corps dicte au mental des comportements exceptionnels.

Typologies concernées : Femmes et hommes en quantité probablement égales. Milieux urbains, plutôt « up stream » et jeunes, mais également milieux bourgeois, tentés de compenser leurs frustrations sociales par l’expérience de la métamorphose permise par les vacances.

Offres touristiques favorites : Destinations et sites permettant un maximum de liberté sur le plan vestimentaire. Destinations offrant des traditions vestimentaires de qualité, comme l’Inde.

8. Les héliothropes : le soleil comme parure

L’amateur invétéré de soleil, de climats chauds, de lumière tropicale a sa place dans cette catégorie.

Le tropisme du sud n’est pas seulement une question de mode, il s’agit d’un besoin impérieux partagé par la majeure partie de l’humanité. Sigmund Freud n’a-t-il pas écrit « Notre cœur va vers le sud » ?

Nous avons besoin de soleil et surtout de lumière. C’est un fait. D’où le succès des destinations soleil et autres séances de luminothérapie.

Mais, si les bienfaits de la météo sont reconnus, tout le monde ne réagit pas de la même façon à une météo défavorable. Certains l’évoquent, s’en plaignent sans pour autant être affectés dans leur humeur.

Alors que d’autres, une minorité, qualifiée de « météo sensibles » est victime de véritables dépressions durant l’hiver, qui obligent certains d’entre eux à suivre des traitements médicaux ou à s’évader quelques semaines.

Le « météo sensible » constitue donc un touriste singulier dont le corps et le mental ont besoin de prestations touristiques pour « passer l’hiver » et vaincre la dépression qui le submerge.

Il ne s’agit pas d’êtres capricieux en proie à un vague à l’âme passager. Il s’agit de véritables victimes de pathologies réelles, validées par la médecine.

Au contraire d’une majorité de touristes en quête d’un mieux-être procuré par un séjour ensoleillé, le « météo sensible » souffre et mérite à ce titre d’être soigné !

Typologies concernées : Toutes les personnes présentant des symptômes dépressifs graves liés à une mauvaise météo.

Offres touristiques favorites : Toutes les destinations où il fait bon vivre, surtout durant les mois d’hiver. A condition que le changement climatique ne les rende pas caniculaires.

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Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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