Pour le ministre grec du tourisme, l’année 2021 sera celle de la reprise, donc d’un peu de tranquillité pour les esprits. Épicure nommait cela "l’ataraxie" - DR : DepositPhotos, gustavofrazao
L’aéroport d’Athènes n’affiche pas sa forme habituelle.
Dissimulé derrière des masques, le personnel s’active mollement à enregistrer et accueillir les quelques vols n’ayant pas été annulés.
Une grande partie des commerces a tiré le rideau. Et, à la sortie, la longue file de taxis jaunes ne semble pas faire recette. Les voyageurs ne se précipitent pas. Les chauffeurs masqués, non plus.
Pire ! A quelques mètres, le Sofitel habituellement pris d’assaut par les voyageurs en transit, n’a pas ouvert ses portes. Les Gréco-américains, leur principale clientèle, n’ont pas fait le voyage. Pour cause de Covid.
C’est dire à quel point l’ambiance est morose dans la capitale grecque qui se serait bien passée d’une telle malédiction. Une nouvelle catastrophe économique pour un pays qui, depuis plus de 10 ans, en avait vu d’autres.
De crise économique en crise économique, d’élections en élections, les Grecs avaient pris l’habitude de voir leurs revenus fondre, leur taux de chômage grimper, leur pouvoir d’achat diminuer et leurs gouvernements se faire vilipender par l’Union Européenne, de moins en moins disposée à régler leurs factures jugées injustifiées.
Rappelons-le : le salaire minimum grec est de moins de 800 euros mensuels. C’est peu mais c’est beaucoup quand on sait que le chômage atteint toujours 17% de la population.
De plus, le nouveau gouvernement de Kiriakos Mitsotakis ne fait pas mieux que les autres. Élu facilement en 2019, il doit faire face à une crise inédite qui met à terre la principale activité du pays : le tourisme.
Dissimulé derrière des masques, le personnel s’active mollement à enregistrer et accueillir les quelques vols n’ayant pas été annulés.
Une grande partie des commerces a tiré le rideau. Et, à la sortie, la longue file de taxis jaunes ne semble pas faire recette. Les voyageurs ne se précipitent pas. Les chauffeurs masqués, non plus.
Pire ! A quelques mètres, le Sofitel habituellement pris d’assaut par les voyageurs en transit, n’a pas ouvert ses portes. Les Gréco-américains, leur principale clientèle, n’ont pas fait le voyage. Pour cause de Covid.
C’est dire à quel point l’ambiance est morose dans la capitale grecque qui se serait bien passée d’une telle malédiction. Une nouvelle catastrophe économique pour un pays qui, depuis plus de 10 ans, en avait vu d’autres.
De crise économique en crise économique, d’élections en élections, les Grecs avaient pris l’habitude de voir leurs revenus fondre, leur taux de chômage grimper, leur pouvoir d’achat diminuer et leurs gouvernements se faire vilipender par l’Union Européenne, de moins en moins disposée à régler leurs factures jugées injustifiées.
Rappelons-le : le salaire minimum grec est de moins de 800 euros mensuels. C’est peu mais c’est beaucoup quand on sait que le chômage atteint toujours 17% de la population.
De plus, le nouveau gouvernement de Kiriakos Mitsotakis ne fait pas mieux que les autres. Élu facilement en 2019, il doit faire face à une crise inédite qui met à terre la principale activité du pays : le tourisme.
Des baisses de plus de 50% dans les aéroports
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Ne nous leurrons pas. Selon les dernières publications de l’Hellenic Civil Aviation Authority, globalement, le nombre de passagers dans les aéroports sur les 8 derniers mois, a enregistré une baisse record de 70%, avec 13,4 millions de passagers contre 44,9 millions en 2019.
Il faut dire que sur cette même période, la baisse des vols a été de 56,3%. On a comptabilisé environ 161 000 vols contre 368 414 un an plus tôt.
Pour le seul mois d’août, le mois généralement le plus prospère en trafic aérien, la chute a été de 55,7%. Et pour les seules arrivées étrangères, elle a été de 58%. Seuls 1 667 484 passagers internationaux ont atterri dans le pays, le mois dernier.
Autre constat : dans les 14 petits aéroports gérés par Fraport Greece, l’effondrement a été comparable, voire pire, de l'ordre de -74,5% sur les 8 premiers mois de l’année.
Quant aux entrées par la route, elles ont été inexistantes. La Grèce s’est en effet empressée soit de fermer ses frontières avec ses voisins des Balkans (Albanie, Macédoine, Monténégro, Roumanie, Serbie, Bulgarie), soit d’imposer des quarantaines… Seuls quelques Italiens et Allemands ont réussi à se faufiler.
Il faut dire que sur cette même période, la baisse des vols a été de 56,3%. On a comptabilisé environ 161 000 vols contre 368 414 un an plus tôt.
Pour le seul mois d’août, le mois généralement le plus prospère en trafic aérien, la chute a été de 55,7%. Et pour les seules arrivées étrangères, elle a été de 58%. Seuls 1 667 484 passagers internationaux ont atterri dans le pays, le mois dernier.
Autre constat : dans les 14 petits aéroports gérés par Fraport Greece, l’effondrement a été comparable, voire pire, de l'ordre de -74,5% sur les 8 premiers mois de l’année.
Quant aux entrées par la route, elles ont été inexistantes. La Grèce s’est en effet empressée soit de fermer ses frontières avec ses voisins des Balkans (Albanie, Macédoine, Monténégro, Roumanie, Serbie, Bulgarie), soit d’imposer des quarantaines… Seuls quelques Italiens et Allemands ont réussi à se faufiler.
La Crète, Santorin, Mykonos privées d’un tourisme historique
Josette Sicsic - DR
Quant au trafic maritime, inutile de rappeler qu’il a été mis à terre par l’annulation des croisières qui en général font florès dans les ports du pays et attirent plus d’un million de croisiéristes.
Au Pirée, les énormes carcasses des paquebots se balancent donc en attendant une clientèle qui a fait son deuil cette année de ses quelques jours en mer Égée.
Les lignes régulières de ferries seulement continuent inlassablement de desservir les îles, emportant une majorité de passagers domestiques et quelques étrangers pressés de filer vers ces paradis insulaires où cette année, ni les chambres chez l’habitant, ni les hôtels, ni les villages clubs, n’affichent complet.
Malgré des tarifs raisonnables, là comme ailleurs, sur les sept premiers mois, les hôteliers auraient perdu 68% de leur activité.
Et, contrairement à la France, les aides destinées à secourir les professionnels ont été frugales : 800 euros par entreprise pendant les deux mois de confinement.
Parfois, un supplément de 500 euros. Quant aux grands établissements, obligés de rester fermés, ils n’ont pas été secourus et ont souvent mis leur personnel au chômage sans avoir rouvert.
Il n’y a donc pas de quoi pallier les déficits abyssaux qui se profilent. D’autant que les clientèles lointaines auxquelles on commençait à s’habituer ne seront pas au rendez-vous de si tôt.
Partenaire de Routes de la soie, la ministre du tourisme du gouvernement Tsipras avait en effet misé avec succès sur les Chinois, puisque 200 000 d’entre eux avaient répondu à l’appel l’an dernier. Cette année, l’on en espérait 20% supplémentaires notamment grâce à la mise en place de vols directs entre Athènes, Pékin et Shanghai.
Quant aux clientèles russes qui frôlaient le million et étaient intégrées au paysage de Mykonos, de Santorin, de Rhodes, elles n’arrivent plus qu’au compte-gouttes. On autorise 500 arrivées russes par semaine sur présentation d’un test négatif.
Enfin, les Britanniques ont eu la mauvaise idée d’inscrire quelques îles grecques à la liste des 40 destinations bannies. Ainsi, la Crète, Santorin, Mykonos et même Sifnos (on se demande pourquoi !) se voient privées d’un tourisme historique.
Au Pirée, les énormes carcasses des paquebots se balancent donc en attendant une clientèle qui a fait son deuil cette année de ses quelques jours en mer Égée.
Les lignes régulières de ferries seulement continuent inlassablement de desservir les îles, emportant une majorité de passagers domestiques et quelques étrangers pressés de filer vers ces paradis insulaires où cette année, ni les chambres chez l’habitant, ni les hôtels, ni les villages clubs, n’affichent complet.
Malgré des tarifs raisonnables, là comme ailleurs, sur les sept premiers mois, les hôteliers auraient perdu 68% de leur activité.
Et, contrairement à la France, les aides destinées à secourir les professionnels ont été frugales : 800 euros par entreprise pendant les deux mois de confinement.
Parfois, un supplément de 500 euros. Quant aux grands établissements, obligés de rester fermés, ils n’ont pas été secourus et ont souvent mis leur personnel au chômage sans avoir rouvert.
Il n’y a donc pas de quoi pallier les déficits abyssaux qui se profilent. D’autant que les clientèles lointaines auxquelles on commençait à s’habituer ne seront pas au rendez-vous de si tôt.
Partenaire de Routes de la soie, la ministre du tourisme du gouvernement Tsipras avait en effet misé avec succès sur les Chinois, puisque 200 000 d’entre eux avaient répondu à l’appel l’an dernier. Cette année, l’on en espérait 20% supplémentaires notamment grâce à la mise en place de vols directs entre Athènes, Pékin et Shanghai.
Quant aux clientèles russes qui frôlaient le million et étaient intégrées au paysage de Mykonos, de Santorin, de Rhodes, elles n’arrivent plus qu’au compte-gouttes. On autorise 500 arrivées russes par semaine sur présentation d’un test négatif.
Enfin, les Britanniques ont eu la mauvaise idée d’inscrire quelques îles grecques à la liste des 40 destinations bannies. Ainsi, la Crète, Santorin, Mykonos et même Sifnos (on se demande pourquoi !) se voient privées d’un tourisme historique.
Les nuages s’amoncellent
Alors qu’en cette mi-septembre, les enfants masqués reprennent le chemin de l’école, et que les Grecs en général se résolvent à respecter les gestes barrières, y compris le port du masque, hôtels et tavernes commencent donc à envisager la fermeture.
Une fermeture précoce car, l’arrière-saison cette année, est compromise par d’autres risques.
Jouant de malchance, parallèlement à la menace pandémique, les tensions avec la Turquie ne font qu’assombrir le ciel grec. Une fois de plus, le grand voisin attiré par les hydrocarbures découverts en Mer Égée fait fi de son appartenance à l’OTAN, montre les dents et mobilise la diplomatie européenne soucieuse de protéger l’un de ses membres contre les ambitions turques.
Tout aussi inquiétant, l’incendie du camp de réfugiés de l’île de Lesbos qui a jeté dans les rues 12 000 malheureux migrants que l’Union européenne ne se résout pas à secourir.
Une fois de plus, en première ligne, la Grèce fait donc face à un drame devenu chronique qui mine une partie de son tourisme nord égéen et risque de faire grimper les extrémismes.
Enfin, sur le plan des incendies, le vent incessant les attise, notamment dans le Péloponnèse où l’eau manque…
Quant aux nouveaux cas de Covid, ils s’affichaient à 287, le 11 septembre 287, alors que le nombre de décès était de 3. Le brassage estival, ici comme ailleurs, fait donc son oeuvre.
Mais, l’on ne peut nier l’immense responsabilité et discipline dont font preuve les Grecs, les professionnels du tourisme et les autorités grecques qui continuent de surveiller l’évolution de la pandémie, exigent pour certaines nationalités formulaires et QR codes à l’arrivée dans les aéroports et sur les ferries, réalisent quelques tests aléatoires afin d’isoler les éventuels clusters.
Une fermeture précoce car, l’arrière-saison cette année, est compromise par d’autres risques.
Jouant de malchance, parallèlement à la menace pandémique, les tensions avec la Turquie ne font qu’assombrir le ciel grec. Une fois de plus, le grand voisin attiré par les hydrocarbures découverts en Mer Égée fait fi de son appartenance à l’OTAN, montre les dents et mobilise la diplomatie européenne soucieuse de protéger l’un de ses membres contre les ambitions turques.
Tout aussi inquiétant, l’incendie du camp de réfugiés de l’île de Lesbos qui a jeté dans les rues 12 000 malheureux migrants que l’Union européenne ne se résout pas à secourir.
Une fois de plus, en première ligne, la Grèce fait donc face à un drame devenu chronique qui mine une partie de son tourisme nord égéen et risque de faire grimper les extrémismes.
Enfin, sur le plan des incendies, le vent incessant les attise, notamment dans le Péloponnèse où l’eau manque…
Quant aux nouveaux cas de Covid, ils s’affichaient à 287, le 11 septembre 287, alors que le nombre de décès était de 3. Le brassage estival, ici comme ailleurs, fait donc son oeuvre.
Mais, l’on ne peut nier l’immense responsabilité et discipline dont font preuve les Grecs, les professionnels du tourisme et les autorités grecques qui continuent de surveiller l’évolution de la pandémie, exigent pour certaines nationalités formulaires et QR codes à l’arrivée dans les aéroports et sur les ferries, réalisent quelques tests aléatoires afin d’isoler les éventuels clusters.
En attendant 2021
Alors que les derniers jours d’été s’étirent lentement et que le soleil faiblit à peine sous les rafales de melten, en terre hellénique comme ailleurs, l’été 2020 affichera un bilan bien modeste.
Heureusement, les Français ré-autorisés à fréquenter le pays, n’ont pas fait totalement défection. Les vols Transavia, Air France, Aegean très bon marché ont été plutôt bien remplis.
Une consolation qui, ajoutée à quelques autres, fait déjà dire au ministre grec du tourisme que l’année 2021 sera celle de la reprise, donc d’un peu de tranquillité pour les esprits. Épicure nommait cela « l’ataraxie ».
Heureusement, les Français ré-autorisés à fréquenter le pays, n’ont pas fait totalement défection. Les vols Transavia, Air France, Aegean très bon marché ont été plutôt bien remplis.
Une consolation qui, ajoutée à quelques autres, fait déjà dire au ministre grec du tourisme que l’année 2021 sera celle de la reprise, donc d’un peu de tranquillité pour les esprits. Épicure nommait cela « l’ataraxie ».
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