Grève, reprise : c'est au moment où les aéroports ont le plus besoin d’argent pour relancer leur activité, payer plus cher leurs sous-traitants et remettre les installations en fonctionnement qu’ils ont le moins de cash - Depositphotos.com Auteur BalkansCat
Le trafic est reparti mais il va certainement être freiné par les congestions que les passagers devront subir dans les aéroports. Cela n’a d’ailleurs pas trainé. KLM a été dans l’obligation de suspendre ses ventes pendant plus d’une semaine car l’aéroport d’Amsterdam, pourtant réputé pour son efficacité, n’arrivait pas à écluser le flot de passagers.
Aéroports de Paris a fait face de son côté à une grève des personnels au sol le 09 juin, ce qui oblige les compagnies à diminuer leur offre de 25% sur demande de la DGAC.
Et ce n’est sans doute pas fini. Au fur et à mesure que l’on s’approche de la très haute saison en Europe, les tensions ne vont que s’accroître.
Lire aussi : Aérien : pourquoi l'été sera chaotique en France ?
Cela fera les affaires des écologistes, moins il y a de vols, plus les clients aériens sont mécontents et moins il y aura d’émissions de CO². Cette situation était-elle prévisible ? Oui sans doute à la condition de croire à la très forte demande de transport aérien, laquelle a été comprimée, comme dans une cocotte-minute pendant deux ans. Alors, il faut bien que la vapeur s’échappe.
Aéroports de Paris a fait face de son côté à une grève des personnels au sol le 09 juin, ce qui oblige les compagnies à diminuer leur offre de 25% sur demande de la DGAC.
Et ce n’est sans doute pas fini. Au fur et à mesure que l’on s’approche de la très haute saison en Europe, les tensions ne vont que s’accroître.
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Cela fera les affaires des écologistes, moins il y a de vols, plus les clients aériens sont mécontents et moins il y aura d’émissions de CO². Cette situation était-elle prévisible ? Oui sans doute à la condition de croire à la très forte demande de transport aérien, laquelle a été comprimée, comme dans une cocotte-minute pendant deux ans. Alors, il faut bien que la vapeur s’échappe.
Crise : les aéroports ont cherché la variable d'ajustement dans le personnel
Mais il est certainement plus facile de remettre en service des avions que des terminaux aéroportuaires.
Comme cela a été pointé par le Directeur Europe de l’ACI lors du dernier Paris Air Forum, les aéroports n’ont pas été supportés par leurs gouvernements au même niveau que les transporteurs nationaux. Ils ont donc dû se débrouiller.
Et ils ont cherché la variable d’ajustement dans le personnel, en particulier dans le personnel sous-traité. Or les grands aéroports européens ne peuvent pas fonctionner sans l’apport des services réalisés par des sociétés tierces.
Et ces dernières sont sélectionnées sur la base de leur prix de vente. Autrement dit, moins elles vendent cher leur prestation auprès des aéroports et plus elles ont de chances d’être sélectionnées. Sauf que ces prestataires de services sont essentiellement des sociétés de main d’œuvre. Alors ils sont amenés à payer leurs collaborateurs au bas des échelles de salaires. Et lorsque la pandémie est arrivée ils ont massivement dégraissé leurs effectifs à commencer par les CDD. Ces derniers n’ont pas vraiment envie de revenir dans ce secteur d’activité.
Lire aussi : Emploi, qualité de service… l’été de tous les dangers pour le tourisme
L’affaire se complique encore car les personnels employés dans les aéroports doivent faire l’objet d’une accréditation qui est parfois longue à obtenir surtout pour les agents dédiés à l’Inspection Filtrage. C’est ainsi que se sont créés des goulots d’étranglement qui seront très difficiles à résorber.
Comme cela a été pointé par le Directeur Europe de l’ACI lors du dernier Paris Air Forum, les aéroports n’ont pas été supportés par leurs gouvernements au même niveau que les transporteurs nationaux. Ils ont donc dû se débrouiller.
Et ils ont cherché la variable d’ajustement dans le personnel, en particulier dans le personnel sous-traité. Or les grands aéroports européens ne peuvent pas fonctionner sans l’apport des services réalisés par des sociétés tierces.
Et ces dernières sont sélectionnées sur la base de leur prix de vente. Autrement dit, moins elles vendent cher leur prestation auprès des aéroports et plus elles ont de chances d’être sélectionnées. Sauf que ces prestataires de services sont essentiellement des sociétés de main d’œuvre. Alors ils sont amenés à payer leurs collaborateurs au bas des échelles de salaires. Et lorsque la pandémie est arrivée ils ont massivement dégraissé leurs effectifs à commencer par les CDD. Ces derniers n’ont pas vraiment envie de revenir dans ce secteur d’activité.
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L’affaire se complique encore car les personnels employés dans les aéroports doivent faire l’objet d’une accréditation qui est parfois longue à obtenir surtout pour les agents dédiés à l’Inspection Filtrage. C’est ainsi que se sont créés des goulots d’étranglement qui seront très difficiles à résorber.
C'est au moment où les aéroports ont le plus besoin d'argent qu'ils ont le moins de cash
Nul doute que cela va entrainer des conflits sociaux à répétition, des perturbations aux moments les plus délicats, le tout rejaillissant sur l’image du transport aérien.
Dès lors, les transporteurs, premiers pénalisés, vont se retourner contre les aéroports et réclamer une baisse de leurs redevances ou à tout le moins une cote part des bénéfices engrangés par les redevances des commerces et des parkings.
Seulement les grandes plateformes aéroportuaires ont énormément besoin de toutes ces ressources pour se refaire une santé financière largement mise à mal par l’arrêt des exploitations et les généreuses distributions de bénéfices réclamés par leurs actionnaires au premier rang desquels les Etats.
Ainsi c’est au moment où les aéroports ont le plus besoin d’argent pour relancer leur activité, payer plus cher leurs sous-traitants et remettre les installations en fonctionnement qu’ils ont le moins de cash. Ils ne peuvent pas compter sur les gouvernements qui ont largement assez à faire pour maintenir à flot les compagnies aériennes, et ils n’arriveront pas, si les conflits sociaux se multiplient à retrouver le chiffre d’affaires dont ils ont besoin.
Certes si comme on peut le penser le transport aérien reprend sa marche en avant et s’il se met à privilégier la rentabilité et non la course au volume, les choses rentreront progressivement dans l’ordre. Mais ce n’est pas gagné en tous cas pas cette année.
Voilà pourquoi il devient de plus en plus urgent que dans ce secteur d’activité si prometteur et pourtant si difficile, les acteurs perdent leur fâcheuse habitude de reporter sur le voisin les dysfonctionnements, même si ce dernier en est responsable.
Petit à petit on voit poindre une solidarité qui n’existait pas auparavant. Si elle est cultivée par tous les acteurs, tous y gagneront, les clients au premier rang.
Dès lors, les transporteurs, premiers pénalisés, vont se retourner contre les aéroports et réclamer une baisse de leurs redevances ou à tout le moins une cote part des bénéfices engrangés par les redevances des commerces et des parkings.
Seulement les grandes plateformes aéroportuaires ont énormément besoin de toutes ces ressources pour se refaire une santé financière largement mise à mal par l’arrêt des exploitations et les généreuses distributions de bénéfices réclamés par leurs actionnaires au premier rang desquels les Etats.
Ainsi c’est au moment où les aéroports ont le plus besoin d’argent pour relancer leur activité, payer plus cher leurs sous-traitants et remettre les installations en fonctionnement qu’ils ont le moins de cash. Ils ne peuvent pas compter sur les gouvernements qui ont largement assez à faire pour maintenir à flot les compagnies aériennes, et ils n’arriveront pas, si les conflits sociaux se multiplient à retrouver le chiffre d’affaires dont ils ont besoin.
Certes si comme on peut le penser le transport aérien reprend sa marche en avant et s’il se met à privilégier la rentabilité et non la course au volume, les choses rentreront progressivement dans l’ordre. Mais ce n’est pas gagné en tous cas pas cette année.
Voilà pourquoi il devient de plus en plus urgent que dans ce secteur d’activité si prometteur et pourtant si difficile, les acteurs perdent leur fâcheuse habitude de reporter sur le voisin les dysfonctionnements, même si ce dernier en est responsable.
Petit à petit on voit poindre une solidarité qui n’existait pas auparavant. Si elle est cultivée par tous les acteurs, tous y gagneront, les clients au premier rang.
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.