Connue pour ses eaux et son jambon, Luxeuil l’est moins pour sa formidable aventure monastique - DR : J.-F.R.
Luxeuil doit une fière chandelle (plutôt un cierge !) à l’Irlande.
Que serait-il advenu si un moine irlandais migrateur, Saint Colomban, n’avait pas décidé de poser son baluchon ici, à la fin du 6e siècle ?
Ce croisé du christianisme ne mesurait sans doute pas la portée de son choix. En fondant en 590 une école monastique sur ce site thermal, connu des Gaulois et des Romains, il allait hisser haut et longtemps les couleurs de la cité.
Rattachée à l’ordre bénédictin, l’abbaye Saint-Colomban régna sans partage sur une quarantaine d’autres monastères, en France, en Suisse, en Autriche, en Italie, et ce jusqu’à la Révolution.
Et la petite capitale ecclésiastique de drainer nobles et notables, bâtisseurs de maisons de prestige témoins d’une prospérité sans limite. Il en reste des exemples, assez détonants dans une cité depuis longtemps rangée des abbés.
On les découvre dans Grande Rue, l’artère typiquement provinciale où se joue le théâtre social quotidien, entre commerces de bouche et magasins d’une France révolue (« Aux Travailleurs », « Aux 1 000 cadeaux »…).
Preuve que les moines gardent un œil sur Luxeuil, le chantier de fouilles archéologiques, visible à la croisée de Grande Rue et de la place de la République, a exhumé 125 de leurs sarcophages.
La découverte est d’une telle importance pour cette époque de l’Europe chrétienne qu’elle a conduit les autorités à exiger une mise en valeur du site.
Une chance pour la ville, consciente du potentiel touristique qu’elle représente. Une charge, aussi, quand il s’agit de trouver l’argent pour troquer les échafaudages contre un bel écrin protecteur…
Que serait-il advenu si un moine irlandais migrateur, Saint Colomban, n’avait pas décidé de poser son baluchon ici, à la fin du 6e siècle ?
Ce croisé du christianisme ne mesurait sans doute pas la portée de son choix. En fondant en 590 une école monastique sur ce site thermal, connu des Gaulois et des Romains, il allait hisser haut et longtemps les couleurs de la cité.
Rattachée à l’ordre bénédictin, l’abbaye Saint-Colomban régna sans partage sur une quarantaine d’autres monastères, en France, en Suisse, en Autriche, en Italie, et ce jusqu’à la Révolution.
Et la petite capitale ecclésiastique de drainer nobles et notables, bâtisseurs de maisons de prestige témoins d’une prospérité sans limite. Il en reste des exemples, assez détonants dans une cité depuis longtemps rangée des abbés.
On les découvre dans Grande Rue, l’artère typiquement provinciale où se joue le théâtre social quotidien, entre commerces de bouche et magasins d’une France révolue (« Aux Travailleurs », « Aux 1 000 cadeaux »…).
Preuve que les moines gardent un œil sur Luxeuil, le chantier de fouilles archéologiques, visible à la croisée de Grande Rue et de la place de la République, a exhumé 125 de leurs sarcophages.
La découverte est d’une telle importance pour cette époque de l’Europe chrétienne qu’elle a conduit les autorités à exiger une mise en valeur du site.
Une chance pour la ville, consciente du potentiel touristique qu’elle représente. Une charge, aussi, quand il s’agit de trouver l’argent pour troquer les échafaudages contre un bel écrin protecteur…
Le moine irlandais Saint Colomban
A quelques pas de là, la Tour des Echevins illustre l’appétit de paraître des grandes familles de l’époque.
Edifice charnière entre gothique flamboyant et Renaissance, cette belle maison du 15e s., longtemps hôtel de ville, dresse à 33 mètres du sol une tour fière et un peu excessive dans le paysage désormais tranquille de Luxeuil.
Elle abrite un intéressant musée (vestiges gallo-romains) et un beau belvédère surplombant la canopée rassurante d’un classique chef-lieu de canton français. Ici, le brun des tuiles au-dessus des façades ordonnées en grès rose des Vosges.
Face à la tour, la Maison du cardinal Jouffroy ne souffre pas de la comparaison. Son balcon en dentelle de pierre, bordé d’une échauguette, rappelle combien les prélats avaient goût d’apparat.
Même ostentation pour la maison François Ier, abbé de Luxueil au 16e s., dont le nom inspira peut-être son goût du luxe Renaissance. Ces maisons ont accueilli des hôtes illustres : Louis XI, Louis XV, Mme de Sévigné, Lamartine, plus tard Napoléon.
Quand on rayonne, on donne. En échange, on reçoit. Luxeuil a ainsi hérité mi-19e s. d’une tradition dentellière inspirée de Venise, Milan ou Bruges, on ne sait pas précisément.
En visitant le « conservatoire de la dentelle », il est possible d’y croiser une armée de petites mains s’ingéniant à tisser à l’aiguille des merveilles en coton. « C’est un virus, mais on n’a pas trouvé l’antidote », explique avec humour Martine, la formatrice.
Châles, robes, ombrelles, nappes, linge de maison… au plus fort de l’activité, jusqu’à 2 000 ouvrières s’abimaient la vue à domicile pour le compte des maisons de couture. Pas encore là à l’époque des moines, ces derniers ont pu se concentrer sur leur méditation…
Edifice charnière entre gothique flamboyant et Renaissance, cette belle maison du 15e s., longtemps hôtel de ville, dresse à 33 mètres du sol une tour fière et un peu excessive dans le paysage désormais tranquille de Luxeuil.
Elle abrite un intéressant musée (vestiges gallo-romains) et un beau belvédère surplombant la canopée rassurante d’un classique chef-lieu de canton français. Ici, le brun des tuiles au-dessus des façades ordonnées en grès rose des Vosges.
Face à la tour, la Maison du cardinal Jouffroy ne souffre pas de la comparaison. Son balcon en dentelle de pierre, bordé d’une échauguette, rappelle combien les prélats avaient goût d’apparat.
Même ostentation pour la maison François Ier, abbé de Luxueil au 16e s., dont le nom inspira peut-être son goût du luxe Renaissance. Ces maisons ont accueilli des hôtes illustres : Louis XI, Louis XV, Mme de Sévigné, Lamartine, plus tard Napoléon.
Quand on rayonne, on donne. En échange, on reçoit. Luxeuil a ainsi hérité mi-19e s. d’une tradition dentellière inspirée de Venise, Milan ou Bruges, on ne sait pas précisément.
En visitant le « conservatoire de la dentelle », il est possible d’y croiser une armée de petites mains s’ingéniant à tisser à l’aiguille des merveilles en coton. « C’est un virus, mais on n’a pas trouvé l’antidote », explique avec humour Martine, la formatrice.
Châles, robes, ombrelles, nappes, linge de maison… au plus fort de l’activité, jusqu’à 2 000 ouvrières s’abimaient la vue à domicile pour le compte des maisons de couture. Pas encore là à l’époque des moines, ces derniers ont pu se concentrer sur leur méditation…
Un ancien palais abbatial devenu mairie
Mais reste-t-il un monastère à Luxeuil, devez-vous finir par penser ? Oui, il est bien là, quoique depuis longtemps transformé.
L’ancien palais abbatial (résidence du maître-abbé) sert aujourd’hui de mairie.
La basilique Saint-Pierre, adjacente, en impose toujours. Surtout à cause de son orgue monumental, dont le formidable buffet en chêne est soutenu par un Atlas surpuissant.
Le cloître, en grès rose, ouvert sur Grande Rue, est harmonieux. Mais il mériterait une présentation plus digne, paysagère et débarrassée des voitures ventouses.
L’abbaye - enfin la voilà ! -, dont le porche sur cour rappelle celui d’hôtels particuliers parisiens, occupe à plein l’espace du centre-ville. Plus aucun moine depuis la Révolution, remplacés par les 190 élèves d’un collège catholique - filiation oblige. Au 1er étage, la galerie au plancher de bois distribuant les cellules dessert désormais des salles de classes.
Mais dans l’escalier d’honneur aux belles ferronneries, rien n’empêche l’imagination d’entendre les psaumes marmonnés par un frère encapuchonné…
L’ancien palais abbatial (résidence du maître-abbé) sert aujourd’hui de mairie.
La basilique Saint-Pierre, adjacente, en impose toujours. Surtout à cause de son orgue monumental, dont le formidable buffet en chêne est soutenu par un Atlas surpuissant.
Le cloître, en grès rose, ouvert sur Grande Rue, est harmonieux. Mais il mériterait une présentation plus digne, paysagère et débarrassée des voitures ventouses.
L’abbaye - enfin la voilà ! -, dont le porche sur cour rappelle celui d’hôtels particuliers parisiens, occupe à plein l’espace du centre-ville. Plus aucun moine depuis la Révolution, remplacés par les 190 élèves d’un collège catholique - filiation oblige. Au 1er étage, la galerie au plancher de bois distribuant les cellules dessert désormais des salles de classes.
Mais dans l’escalier d’honneur aux belles ferronneries, rien n’empêche l’imagination d’entendre les psaumes marmonnés par un frère encapuchonné…
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