Des rues piétonnes aux espaces verts, des quartiers en mutation aux architectures contemporaines, Grenoble dévoile un modèle urbain qu’elle espère fait pour durer - DR : J.-F.R.
Grenoble serait-elle Grenoble sans ce relief uniforme ?
La « ville la plus plate de France » bénéficie d’une topographie qui a indiscutablement servi ses intentions de transport.
Les larges avenues haussmanniennes, le faible dénivelé, se sont prêtés mieux qu’ailleurs au tracé du tramway, inauguré il y a trente ans.
Une cinquième ligne a ainsi été lancée en 2015, entre le nord et le sud de l’agglomération.
Quant aux pistes cyclables, Grenoble en compte 300 km et a été pionnière en la matière, aux premiers rangs en France avec Strasbourg et Nantes. Elles font partie depuis longtemps du paysage.
Les rues piétonnes du centre-ville, elles, étendent les possibilités de « transports doux » - la marche à pied en est une ! -, colportant l’image d’une « ville écolo » nichée au pied des montagnes.
Ceci en dépit des embouteillages quotidiens de sa rocade et de la chape de pollution qui couvre la cuvette grenobloise lors des fortes chaleurs…
La « ville la plus plate de France » bénéficie d’une topographie qui a indiscutablement servi ses intentions de transport.
Les larges avenues haussmanniennes, le faible dénivelé, se sont prêtés mieux qu’ailleurs au tracé du tramway, inauguré il y a trente ans.
Une cinquième ligne a ainsi été lancée en 2015, entre le nord et le sud de l’agglomération.
Quant aux pistes cyclables, Grenoble en compte 300 km et a été pionnière en la matière, aux premiers rangs en France avec Strasbourg et Nantes. Elles font partie depuis longtemps du paysage.
Les rues piétonnes du centre-ville, elles, étendent les possibilités de « transports doux » - la marche à pied en est une ! -, colportant l’image d’une « ville écolo » nichée au pied des montagnes.
Ceci en dépit des embouteillages quotidiens de sa rocade et de la chape de pollution qui couvre la cuvette grenobloise lors des fortes chaleurs…
Balades le long de l’Isère et du Drac
Notre balade « cyclo » débute dans la vieille ville.
Depuis la place Grenette, épicentre de la vie sociale grenobloise avec ses cafés-terrasses et ses boutiques, la sonnette du vélo est bien utile pour alerter les passants de notre passage dans l’écheveau de rues médiévales.
Hôtels particuliers du 16e et 17e s. (rues J.J. Rousseau, Grande Rue, Brocherie), places secrètes (d’Agier, de Gordes, Claveyson)… le noyau urbain de la capitale dauphinoise, piétonnier et ultra commerçant, est vivant, mixé socialement et plutôt dynamique (sauf le dimanche…).
Ce jour-là, justement, les voies sur berges de l’Isère sont réservées aux vélos et aux piétons. Une initiative heureuse propice à des échappées belles le long de la rivière et de son affluent, le Drac.
Les plus sportifs, nombreux à Grenoble, s’astreignent généralement à une grimpette dominicale en VTT jusqu’au fort de la Bastille, par la montée de Chalemont.
Les moins agiles, eux, se contentent d’une halte sous les grands arbres du Jardin de Ville (poumon vert de l’hyper-centre) ou badinent dans les rues restaurées du quartier Saint-Laurent, rive droite de l’Isère.
Depuis la place Grenette, épicentre de la vie sociale grenobloise avec ses cafés-terrasses et ses boutiques, la sonnette du vélo est bien utile pour alerter les passants de notre passage dans l’écheveau de rues médiévales.
Hôtels particuliers du 16e et 17e s. (rues J.J. Rousseau, Grande Rue, Brocherie), places secrètes (d’Agier, de Gordes, Claveyson)… le noyau urbain de la capitale dauphinoise, piétonnier et ultra commerçant, est vivant, mixé socialement et plutôt dynamique (sauf le dimanche…).
Ce jour-là, justement, les voies sur berges de l’Isère sont réservées aux vélos et aux piétons. Une initiative heureuse propice à des échappées belles le long de la rivière et de son affluent, le Drac.
Les plus sportifs, nombreux à Grenoble, s’astreignent généralement à une grimpette dominicale en VTT jusqu’au fort de la Bastille, par la montée de Chalemont.
Les moins agiles, eux, se contentent d’une halte sous les grands arbres du Jardin de Ville (poumon vert de l’hyper-centre) ou badinent dans les rues restaurées du quartier Saint-Laurent, rive droite de l’Isère.
Land Art urbain
Franchissons à nouveau l’Isère par la passerelle Saint-Laurent, pour pédaler dans l’enfilade des parcs Michallon et de l’île Verte.
Aux sculptures Land Art du premier répondent les trois tours d’habitation blanches et cubiques du second. Un urbanisme aérien symbole de l’architecture des années 1960, qui tranche avec celui de l’éco-quartier Blanche-Monier voisin et ses bâtiments « basse consommation ».
De là, le chemin de halage, transformé en piste cyclable, conduit en dix minutes, le long de l’Isère, jusqu’à Saint-Martin-d’Hères et son campus.
La digression permet d’apprécier l’urbanisme de ce pôle étudiant soft, constitué de petites unités d’enseignement et de logements, disséminées dans la verdure et desservies par le tramway.
Aux sculptures Land Art du premier répondent les trois tours d’habitation blanches et cubiques du second. Un urbanisme aérien symbole de l’architecture des années 1960, qui tranche avec celui de l’éco-quartier Blanche-Monier voisin et ses bâtiments « basse consommation ».
De là, le chemin de halage, transformé en piste cyclable, conduit en dix minutes, le long de l’Isère, jusqu’à Saint-Martin-d’Hères et son campus.
La digression permet d’apprécier l’urbanisme de ce pôle étudiant soft, constitué de petites unités d’enseignement et de logements, disséminées dans la verdure et desservies par le tramway.
Parc des Champs-Elysées, grandes pelouses et jardins ouvriers
Retour en ville et au pont du Sablon. Par une passerelle urbaine lancée depuis le boulevard des Adieux, on entre dans le square de la Mutualité, une esplanade avec bassin d’eau géant plantée au milieu d’un carré d’immeubles 1970.
Une passerelle en appelant une autre, le béton franchit le très circulant boulevard Jean Pain et débouche parc Paul Mistral, témoin de l’histoire contemporaine de Grenoble.
A gauche, voici le stade des Alpes, arène footballistique moderne (2008) ; en face, le Palais des Sports (1968), l’ancien fief des Brûleurs de Loups, l’équipe de hockey sur glace multi-championne de France - la dernière fois en 2009 ; à droite, le stalinien Hôtel de Ville (fin 1967) ; à droite encore, l’ancien anneau de vitesse de patinage des JO d’hiver de 1968.
La vasque olympique rappelle que Grenoble bénéficia à cette occasion de nouvelles infrastructures et d’une notoriété internationale, amplifiée par l’exploit de Jean-Claude Killy, triple champion cette année-là.
Au milieu du parc trône la tour Perret, hélas assez délabrée. Haute de 95 mètres, elle fut construite en 1925 pour « l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme ». Elle souligne les deux vocations fortes du Dauphiné au début du 20e s., l’énergie hydraulique et les excursions alpines.
Une passerelle en appelant une autre, le béton franchit le très circulant boulevard Jean Pain et débouche parc Paul Mistral, témoin de l’histoire contemporaine de Grenoble.
A gauche, voici le stade des Alpes, arène footballistique moderne (2008) ; en face, le Palais des Sports (1968), l’ancien fief des Brûleurs de Loups, l’équipe de hockey sur glace multi-championne de France - la dernière fois en 2009 ; à droite, le stalinien Hôtel de Ville (fin 1967) ; à droite encore, l’ancien anneau de vitesse de patinage des JO d’hiver de 1968.
La vasque olympique rappelle que Grenoble bénéficia à cette occasion de nouvelles infrastructures et d’une notoriété internationale, amplifiée par l’exploit de Jean-Claude Killy, triple champion cette année-là.
Au milieu du parc trône la tour Perret, hélas assez délabrée. Haute de 95 mètres, elle fut construite en 1925 pour « l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme ». Elle souligne les deux vocations fortes du Dauphiné au début du 20e s., l’énergie hydraulique et les excursions alpines.
« L’Abbaye » en mutation
Un petit crochet par le jardin du Muséum, sa roseraie et ses serres tropicales et nous voilà pédalant vers les quartiers excentrés.
Les premiers à apparaître sont La Bajatière et Teisseire. Toujours par des voies cyclables, on saute ainsi de la Maison de la Culture (1968, rénovée en 2004) et du Conservatoire National de Musique à la grande pelouse piquée de saules du parc Ouagadougou, entouré de petits collectifs à l’urbanisme esthétique.
Ce nouveau quartier d’habitat privé et social a été aménagé sur une ancienne friche industrielle - le secteur doit son nom aux sirops Teisseire, dont la première distillerie fut créée à Grenoble en 1720. Il accueille un équipement culturel de proximité, La Chaufferie, dédié à la création musicale.
Relié à Teisseire, le quartier populaire de l’Abbaye est aussi en mutation. Si son marché bric à brac existe toujours, si les immeubles en U des années 1925 sont encore là (joli exemple d’habitat collectif paternaliste), le secteur dit du Châtelet, après démolition et reconstruction, doit accueillir plus 300 nouveaux éco-logements.
Les premiers à apparaître sont La Bajatière et Teisseire. Toujours par des voies cyclables, on saute ainsi de la Maison de la Culture (1968, rénovée en 2004) et du Conservatoire National de Musique à la grande pelouse piquée de saules du parc Ouagadougou, entouré de petits collectifs à l’urbanisme esthétique.
Ce nouveau quartier d’habitat privé et social a été aménagé sur une ancienne friche industrielle - le secteur doit son nom aux sirops Teisseire, dont la première distillerie fut créée à Grenoble en 1720. Il accueille un équipement culturel de proximité, La Chaufferie, dédié à la création musicale.
Relié à Teisseire, le quartier populaire de l’Abbaye est aussi en mutation. Si son marché bric à brac existe toujours, si les immeubles en U des années 1925 sont encore là (joli exemple d’habitat collectif paternaliste), le secteur dit du Châtelet, après démolition et reconstruction, doit accueillir plus 300 nouveaux éco-logements.
Villeneuve et Village Olympique
Quelques faciles tours de roues dans de larges avenues et voilà deux autres quartiers populaires, à la réputation difficile, au sud de la ville : Villeneuve et Village Olympique.
Le premier, agglomérat de hauts collectifs des années 1970, abrite une forte communauté d’origine maghrébine. L’animation y est symbolisée par le marché-souk quotidien déployé autour du kiosque central.
Au pied des tours, le grand parc Jean Verlhac abrite aussi un récent « jardin partagé », à parcelles individuelles.
Depuis le Village Olympique et ses bâtiments, reconvertis en îlots d’habitation et à l’abri du trafic routier, on débouche sur le site Alstom et le stade Lesdiguières (de rugby) pour rejoindre le parc des Champs-Elysées.
Avec 12 hectares, c’est le plus vaste de Grenoble. Grandes pelouses, jardins ouvriers, stades, courts de tennis, tables de pique nique, petit train sur rail pour les enfants…, on y observe, vélo en main, la diversité ethnique de la ville et l’appétit des familles grenobloises pour la verdure.
Le premier, agglomérat de hauts collectifs des années 1970, abrite une forte communauté d’origine maghrébine. L’animation y est symbolisée par le marché-souk quotidien déployé autour du kiosque central.
Au pied des tours, le grand parc Jean Verlhac abrite aussi un récent « jardin partagé », à parcelles individuelles.
Depuis le Village Olympique et ses bâtiments, reconvertis en îlots d’habitation et à l’abri du trafic routier, on débouche sur le site Alstom et le stade Lesdiguières (de rugby) pour rejoindre le parc des Champs-Elysées.
Avec 12 hectares, c’est le plus vaste de Grenoble. Grandes pelouses, jardins ouvriers, stades, courts de tennis, tables de pique nique, petit train sur rail pour les enfants…, on y observe, vélo en main, la diversité ethnique de la ville et l’appétit des familles grenobloises pour la verdure.
Reconversion de sites industriels et militaires
Retour vers le centre-ville, cette fois pour découvrir les derniers aménagements urbains.
Rue Sidi Brahim, une secrète passerelle chevauche la voie ferrée et permet de rallier le parc Georges Pompidou (1987) et sa désormais célèbre tortue, ainsi que l’éco-quartier Bonne, emblème du renouvellement urbain de Grenoble.
Les militaires qui occupaient cette caserne n’y reconnaîtraient pas leurs chambrées. Les espaces ont été reconvertis en bureaux, centre commercial, boutiques. Une résidence hôtelière, des logements et surtout trois jardins paysagers en enfilade ont bouleversé le paysage urbain et conquis le public, venu consommer et se détendre dans ce quartier intégré, pensé comme un lieu de vie « global ».
Le projet a reçu en 2009 le Grand Prix national des Ecoquartiers.
Rue Sidi Brahim, une secrète passerelle chevauche la voie ferrée et permet de rallier le parc Georges Pompidou (1987) et sa désormais célèbre tortue, ainsi que l’éco-quartier Bonne, emblème du renouvellement urbain de Grenoble.
Les militaires qui occupaient cette caserne n’y reconnaîtraient pas leurs chambrées. Les espaces ont été reconvertis en bureaux, centre commercial, boutiques. Une résidence hôtelière, des logements et surtout trois jardins paysagers en enfilade ont bouleversé le paysage urbain et conquis le public, venu consommer et se détendre dans ce quartier intégré, pensé comme un lieu de vie « global ».
Le projet a reçu en 2009 le Grand Prix national des Ecoquartiers.
Le site Bouchayer-Viallet
Par le quartier Saint-Bruno et les petits parcs Perrin et Marliave, on achève le critérium cycliste au nord-est de la ville, dans les quartiers Bouchayer-Viallet et Europole.
Le premier s’étend le long de la rocade. Ancien site de production de tuyaux et de conduites forcées, puis friche industrielle, il est en reconversion depuis 10 ans et regroupe des immeubles d’habitation, des espaces de loisirs (salle d’escalade) et culturels.
Le Magasin, installé dans une halle construite par Gustave Eiffel pour l’Exposition universelle de Paris en 1900, puis remontée à Grenoble pour l’usine Bouchayer-Viallet, abrite le CNAC, Centre d’Art National Contemporain. Le quartier a conservé symboliquement le portique d’entrée de l’ancienne usine et sa loge de gardien. Il est bardé de références « vertes » : géothermie, capteurs solaires, toits végétalisés…
Le second quartier, Europole, connecté à la gare SNCF, se présente comme une zone d’affaires new look. Il accueille le palais de justice, un World Trade Center et des hôtels. Le prolongement au nord du tramway, accompli en 2015, traverse Europole et suit le développement urbain.
Vers la presqu’île, le Polygone scientifique, limité par le Synchroton au confluent de l’Isère et du Drac, a vocation à devenir un immense campus d’innovation en matière de santé, de nouvelles technologies et d’énergie.
La reconversion progressive des sites industriels et militaires qui ont longtemps constitué l’ADN de Grenoble donnent, à mesure qu’ils quittent la ville ou disparaissent, un nouveau visage à la capitale des Alpes.
Pour aller plus loin :
naturavelo.com/
metrovelo.fr
Le premier s’étend le long de la rocade. Ancien site de production de tuyaux et de conduites forcées, puis friche industrielle, il est en reconversion depuis 10 ans et regroupe des immeubles d’habitation, des espaces de loisirs (salle d’escalade) et culturels.
Le Magasin, installé dans une halle construite par Gustave Eiffel pour l’Exposition universelle de Paris en 1900, puis remontée à Grenoble pour l’usine Bouchayer-Viallet, abrite le CNAC, Centre d’Art National Contemporain. Le quartier a conservé symboliquement le portique d’entrée de l’ancienne usine et sa loge de gardien. Il est bardé de références « vertes » : géothermie, capteurs solaires, toits végétalisés…
Le second quartier, Europole, connecté à la gare SNCF, se présente comme une zone d’affaires new look. Il accueille le palais de justice, un World Trade Center et des hôtels. Le prolongement au nord du tramway, accompli en 2015, traverse Europole et suit le développement urbain.
Vers la presqu’île, le Polygone scientifique, limité par le Synchroton au confluent de l’Isère et du Drac, a vocation à devenir un immense campus d’innovation en matière de santé, de nouvelles technologies et d’énergie.
La reconversion progressive des sites industriels et militaires qui ont longtemps constitué l’ADN de Grenoble donnent, à mesure qu’ils quittent la ville ou disparaissent, un nouveau visage à la capitale des Alpes.
Pour aller plus loin :
naturavelo.com/
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