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Îles Féroé : un vol direct de Paris va ouvrir (en douceur) la destination

Bienvenue au « pays du peut-être »


Dans cette collection d’îles perdues dans le nord de l’Océan Atlantique, le tourisme se développe, et, entre fjords majestueux et paysages irréels, il est plutôt facile de comprendre pourquoi. Alors que le parc hôtelier féringien s’apprête à doubler sa capacité, un inédit vol direct reliera, dès le 1er juillet 2019, l’archipel nordique à Paris. Quelques semaines avant son inauguration, nous sommes partis à la découverte de ce « pays du peut-être » où tout dépend d’une météo des plus hasardeuses.


Rédigé par Pierre Georges, à Tórshavn le Lundi 20 Mai 2019

Depuis l'ouest de l'île de Streymo, vue sur un océan de nuage et les îles de Koltur et d'Hestur © PG TM
Depuis l'ouest de l'île de Streymo, vue sur un océan de nuage et les îles de Koltur et d'Hestur © PG TM
Dix-huit îles semées au milieu de l’Atlantique nord, 51 000 habitants et… 80 000 moutons.

Territoire autonome rattaché à la couronne danoise, archipel composé d’anciens cailloux volcaniques saupoudrés de neige, les Îles Féroé, autoproclamées « secret le mieux gardé d’Europe », impressionnent autant qu’elles fascinent.

A l’inverse de la grande sœur islandaise, le tourisme de masse ne semble pas encore prêt à poser ses vols low cost sur le sol féringien.

Des moutons… et des touristes

Sur l'île de Nólsoy, point de départ de randonnées magiques, vivent quelques dizaines d'habitants... et un lama ! © PG TM
Sur l'île de Nólsoy, point de départ de randonnées magiques, vivent quelques dizaines d'habitants... et un lama ! © PG TM
Ici, pas (encore) de guerre des prix des compagnies aériennes et des tour-opérateurs, pas (encore) de grands hôtels, et les premiers restaurants n’ont ouvert sur l’île que depuis une dizaine d’années !.

Pourtant, l’industrie touristique y est plus que jamais prête à éclore, comptant pour 7% du PIB national actuellement, la barre des 10% devant être franchie d’ici peu de temps.

« Nous sommes en train de créer une nouvelle jambe à l’économie féroïenne ! », se réjouit Guðrið Højgaard, à la tête de Visit Faroe Islands.

« Notre première mission reste toujours de placer la destination sur la carte du monde », avoue-t-elle aussi, évoquant la campagne de promotion Google Sheep View, lancée en 2017.


Plus de vols, plus d’hôtels

Sur l'île de Streymoy, la plus vaste de l'archipel © PG TM
Sur l'île de Streymoy, la plus vaste de l'archipel © PG TM
Après des essais de vols réguliers vers Barcelone ou vers Milan ces dernières années, la compagnie nationale, Atlantic Airways, se lancera, dès le 1er juillet prochain, dans un pari osé : relier, à raison de 3 vols par semaine l’été puis de 2 en hiver, les Îles Féroé à Paris en vol direct.

Prix d’appel : une centaine d’euros environ l’aller simple.

Cette nouvelle route devrait aussi bénéficier, dans les jours à venir, d’un triple accord de partage de codes en cours de finalisation avec Air France ainsi que KLM.

Dans le même temps, le parc hôtelier du pays, dont les établissements se comptent encore sur les doigts d’une main, bénéficiera ces prochains mois d’un sérieux coup de boost.

Plusieurs projets sont actuellement en construction à Tórshavn, qui, avec ses quelque 13 000 habitants, compte parmi les plus petites capitales du monde. Un Hilton y ouvrira même d’ici l’été prochain.

« La capacité hôtelière du pays aura doublé d’ici la fin de l’année 2020 », assure Guðrið Højgaard. « Tout comme le nombre annuel de touristes », ajoute-t-elle. Depuis plusieurs saisons, ce dernier gagne au moins 10% annuellement, atteignant environ 130 000 visites en 2018.

« Mais hors de question de devenir une Islande bis », nuance Árni Olsen, directeur des ventes d’Atlantic Airways.

« La stratégie de stop-over mise en place par Icelandair n’aurait aucun sens à être répliquée ici. Notre but premier est de garder les Féroé telles qu’elles sont depuis des siècles, et de conserver notre authenticité », ajoute-t-il.

Le pays interdit aux touristes … pour deux week-ends !

Dans le cadre d’un vaste plan pour un tourisme durable, l’archipel a été, pendant deux week-ends d’avril 2019, complètement fermé aux touristes, pour permettre des travaux et l’entretien des îles.

Seuls étrangers autorisés sur le territoire : quelques volontaires inscrits pour venir aider les Féringiens à protéger leurs îles, qui comptent parmi les plus préservées de la planète.

Fjord, poisson fermenté et viande de baleine

Le village de Gásadalur (16 habitants) et sa fameuse cascade, à l'ouest de l'archipel féringien © PG TM
Le village de Gásadalur (16 habitants) et sa fameuse cascade, à l'ouest de l'archipel féringien © PG TM
Une authenticité qui s'appréhende avant tout par des paysages uniques au monde. « La nature est notre première attraction », résume Súsanna Sørensen, chez Visit Faroe Islands.

Les amateurs de randonnées, de nature brute et grandiose, de destinations oubliées et d’ornithologie, y trouveront leur paradis.

Ils y découvriront, comme perdu à mi-chemin entre l’Islande et les côtes norvégiennes, des fjords abruptes, des landes désolées, des maisonnettes nordiques aux toits végétaux, le tout dans une odeur caractéristique de viande et de poissons fermentés.

Entre les différentes îles féringiennes, un réseau routier moderne fait de tunnels et de ponts, doublé d’un réseau de ferry et d’hélicoptères, rend les déplacements rapides.

Jusqu’en 2006, il fallait ainsi marcher plusieurs heures pour rejoindre le village de Gasadalur et sa fameuse cascade-carte postale, sur l’île de Vagar, proche de l’aéroport national. Depuis, un tunnel routier le rend accessible en quelques minutes de voiture.

Mais, avis aux futurs visiteurs de l’archipel nordique, la première règle aux Féroé reste de toujours prévoir un plan B pour ses activités. Ici, la météo change de manière quasi-schizophrénique, et a valu aux Féroé, battues constamment par les dépressions traversant l’Atlantique, le surnom de « pays du peut-être », sous la plume d’un journaliste anglais y ayant effectué un séjour au début du XXe siècle.

Seconde attraction touristique de l’île, en plein essor : sa gastronomie, singulière et bestiale. Aux Féroé, on élève le saumon le plus cher du monde, et on trouvera le célèbre restaurant Koks, qui vient d’obtenir une deuxième étoile au guide Michelin.

Les viandes de mouton et les poissons y sont presque systématiquement mangées fermentées, et on consomme aussi des baleines. Une fois par an se déroule par ailleurs le Grindadráp, tradition controversée consistant en une journée de mise à mort de centaines de cétacés et de dauphins sur les plages du pays.

Un phénomène de plus qui fait des Féroé un archipel à part, sauvage et fantasmagorique. « Voilà pourquoi nous resterons d'abord un produit de niche pour celles et ceux qui cherchent le spectaculaire, l’inattendu », conclut Guðrið Højgaard.

« Les Iles Féroé ne seront jamais une destination pour tout le monde ».

5 activités à couper le souffle

- Tórshavn : la minuscule capitale des Féroé vaut le détour pour sa petite cathédrale Havnar Kirkja, son musée Listaskalin, et son quartier historique de Reyn. C’est dans ce dernier que sont établis les ministères, dans de petites maisons rouges aux toits végétaux. A ne pas manquer : la visite du Westward Ho, un bateau devenu musée national après des décennies de pêche dans les glaces de l'Atlantique nord.

- Les îles inhabitées : si seule l’île de Lítla Dímun ne compte aucun habitant, certains autres îlots de l’archipel, comme Koltur (1 habitant), Hestur (21 habitants) ou encore Stóra Dímun (10 habitants) et Nólsoy, constituent d’excellents points de départ de randonnées entre lacs, cascades et impressionnantes falaises.

- Gásadalur : le spot le plus photogénique de l’archipel, avec village perché, falaise et cascade.

- Un repas au Koks : depuis 2019, le célèbre restaurant de spécialités féringiennes compte deux étoiles au guide Michelin. Dans une ancienne cabane à fermentation puis dans une ferme accessible en jeep, le parcours gastronomique unique au monde se déroulera en 19 plats tous plus surprenants et créatifs les uns que les autres.

- Une excursion en bateau : depuis le village de Vestmanna, cap vers le nord de l’archipel à la découverte d’incroyables grottes au pied de falaises de plusieurs centaines de mètres de hauteur. Incontournable.

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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