Jean-Pierre Nadir, fondateur d’Easyvoyage.com
i-tourisme : Selon les chiffres de la Fevad, l’e-tourisme ne connaît pas de croissance. Quelle est votre réaction face à ce constat ?
Jean-Pierre Nadir : « C’est un événement important. Le marché connaît un coût d’arrêt.
Cela prouve que l'e-tourisme, c’est le tourisme. L’e-tourisme ne se nourrit plus du transfert du mortar vers le clic. Il n’y a pas de compensation. Le marché arrive à maturité. Les acteurs s’essoufflent. »
i-tourisme : Comment font ceux qui gagnent des parts de marchés dans un tel contexte ?
JPN : « Ceux qui se développent mettent les moyens et investissent. Car si tu ne croîs pas, tu meurs.
Tout le monde se bat. Tout le monde surinvestit. Du coup, l’accès au client, son coût d’acquisition, devient de plus en plus cher.
Par exemple Promovacances a fait une campagne télévision de 4 millions d’euros cet été, Voyage-Privé surinvestit en mots-clefs sur Google.
Entre janvier et août, Kayak a investi 30 millions d’euros en publicité télé et Trivago 32 millions, quand le Club Med en met 9 millions.
Le marché se réduit car les compétiteurs prennent de l’ampleur.
Il a une concurrence accrue et des prises de marché.
De plus, Google étend ses services. La porte d’entrée naturelle du web s’est rétrécie. La ligne de crête est plus étroite. »
Jean-Pierre Nadir : « C’est un événement important. Le marché connaît un coût d’arrêt.
Cela prouve que l'e-tourisme, c’est le tourisme. L’e-tourisme ne se nourrit plus du transfert du mortar vers le clic. Il n’y a pas de compensation. Le marché arrive à maturité. Les acteurs s’essoufflent. »
i-tourisme : Comment font ceux qui gagnent des parts de marchés dans un tel contexte ?
JPN : « Ceux qui se développent mettent les moyens et investissent. Car si tu ne croîs pas, tu meurs.
Tout le monde se bat. Tout le monde surinvestit. Du coup, l’accès au client, son coût d’acquisition, devient de plus en plus cher.
Par exemple Promovacances a fait une campagne télévision de 4 millions d’euros cet été, Voyage-Privé surinvestit en mots-clefs sur Google.
Entre janvier et août, Kayak a investi 30 millions d’euros en publicité télé et Trivago 32 millions, quand le Club Med en met 9 millions.
Le marché se réduit car les compétiteurs prennent de l’ampleur.
Il a une concurrence accrue et des prises de marché.
De plus, Google étend ses services. La porte d’entrée naturelle du web s’est rétrécie. La ligne de crête est plus étroite. »
"Google a piqué 20 à 30 % du trafic des comparateurs"
i-tourisme : Quelle est la situation pour les comparateurs ?
JPN : « Le métier de comparateur change . Ils sont rachetés par des marchands. Liligo appartient à Odigeo, Jetcost à Bravofly Rumbo, Kayak à Priceline, Trivago à Expedia.
Les groupes se consolident les uns aux autres. »
i-tourisme : Et vous, comment vous positionnez-vous ?
JPN : « Chez Easyvoyage.com, on reste indépendant. Est-ce qu’on peut vraiment être indépendant ? C’est la question. J’ai peut être loupé le coche.
Mais la force pour moi, c’est d’être proche de l’internaute et de ne pas avoir de compte à rendre à un actionnaire. Par contre, cela me met au cœur de tous les combats. »
i-tourisme : Quels combats ?
JPN : « Il faut se battre avec les marchands, les comparateurs et Google.
Par exemple, si l’on tape « vol Paris New York ». Trois résultats payants s’affichent, ainsi que sur la colonne de droite, et en dessous il y a son comparateur.
La première page de recherche est 100% Google.
Il y a trois ans, il y avait un résultat "premium" puis les résultats purement SEO, c'est-à-dire grâce au référencement naturel.
Aujourd’hui c’est fini, il n’y a plus de SEO sur la première page.
Google a piqué 20 à 30 % du trafic des comparateurs.
Idem pour les hôtels. Google phagocyte les pages des résultats.
Le classement de Google devient un juge de paix : « Je l’ai vu sur Google donc c’est vrai ».
Le moteur s’est développé sur sa crédibilité et promeut maintenant ses services.
Le problème en France est que l’on a un moteur de recherche. Google a une position de monopole, aucun acteur n’a eu ce pouvoir. »
JPN : « Le métier de comparateur change . Ils sont rachetés par des marchands. Liligo appartient à Odigeo, Jetcost à Bravofly Rumbo, Kayak à Priceline, Trivago à Expedia.
Les groupes se consolident les uns aux autres. »
i-tourisme : Et vous, comment vous positionnez-vous ?
JPN : « Chez Easyvoyage.com, on reste indépendant. Est-ce qu’on peut vraiment être indépendant ? C’est la question. J’ai peut être loupé le coche.
Mais la force pour moi, c’est d’être proche de l’internaute et de ne pas avoir de compte à rendre à un actionnaire. Par contre, cela me met au cœur de tous les combats. »
i-tourisme : Quels combats ?
JPN : « Il faut se battre avec les marchands, les comparateurs et Google.
Par exemple, si l’on tape « vol Paris New York ». Trois résultats payants s’affichent, ainsi que sur la colonne de droite, et en dessous il y a son comparateur.
La première page de recherche est 100% Google.
Il y a trois ans, il y avait un résultat "premium" puis les résultats purement SEO, c'est-à-dire grâce au référencement naturel.
Aujourd’hui c’est fini, il n’y a plus de SEO sur la première page.
Google a piqué 20 à 30 % du trafic des comparateurs.
Idem pour les hôtels. Google phagocyte les pages des résultats.
Le classement de Google devient un juge de paix : « Je l’ai vu sur Google donc c’est vrai ».
Le moteur s’est développé sur sa crédibilité et promeut maintenant ses services.
Le problème en France est que l’on a un moteur de recherche. Google a une position de monopole, aucun acteur n’a eu ce pouvoir. »
"La première page de recherche est 100% Google. "
"Ce qui importe c’est la réassurance"
i-tourisme : Quelles en sont les conséquences pour les acteurs de l'e-tourisme ?
JPN : « Les métiers sont en train de se réinventer. Les OTA achètent les comparateurs.
Le cas de Lastminute est intéressant. Il propose parfois les résultats de sites concurrents. Pourquoi ? Pour ne pas perdre l’internaute. Sinon il file sur Google. Donc Lastminute préfère prendre une commission en renvoyant chez un concurrent.
Si les internautes quittent le site, autant valoriser le trafic. C’est un nouveau modèle.
De plus, sur internet, il y a une profusion d’informations, de tarifs mais pas assez d’informations. Ce qui importe, c’est la réassurance.
Et c’est là où pèchera Google. Quand il y aura besoin du SAV, Google ne sera pas joignable. Il faudra trouver l’operateur qui a travaillé en marque blanche...
C’est à ce moment que Google sera en prise avec les internautes.
Le tout techno va montrer ses limites. »
i-tourisme : Sur quel aspect misez-vous pour faire la différence ?
JPN : « Nous avons un vrai modèle de portail avec un moteur intelligent et de l’humain. La vraie voie selon moi est le service aux internautes.
J’apporte de l’information fiable, de la connaissance du métier, et j’assume quand il y a un problème.
Dans un mois, une rubrique va sortir sur notre site pour que les internautes notent les marchands. Le comparateur n’est pas seulement un outil marketing mais un acteur qui a sélectionné les bons marchands pour ses internautes.
Nous avons signé avec Look Voyages aussi. Ils vont reprendre les notations des hôtels d’Easyvoyage pour leurs Lookéa.
Ils vont afficher la labélisation faite par nos journalistes. Les avis, l’expertise d’Easyvoyage devient un élément référent, visible et valorisé sur le marché. Pour Look, ca montre leur volonté d’être transparent, et de comparer le niveau de la qualité des produits.
L’indépendance peut donc être vertueuse : si j’avais Look comme actionnaire, je n’aurais pas de crédibilité.
Cette indépendance, il faut en faire quelque chose de fort. »
JPN : « Les métiers sont en train de se réinventer. Les OTA achètent les comparateurs.
Le cas de Lastminute est intéressant. Il propose parfois les résultats de sites concurrents. Pourquoi ? Pour ne pas perdre l’internaute. Sinon il file sur Google. Donc Lastminute préfère prendre une commission en renvoyant chez un concurrent.
Si les internautes quittent le site, autant valoriser le trafic. C’est un nouveau modèle.
De plus, sur internet, il y a une profusion d’informations, de tarifs mais pas assez d’informations. Ce qui importe, c’est la réassurance.
Et c’est là où pèchera Google. Quand il y aura besoin du SAV, Google ne sera pas joignable. Il faudra trouver l’operateur qui a travaillé en marque blanche...
C’est à ce moment que Google sera en prise avec les internautes.
Le tout techno va montrer ses limites. »
i-tourisme : Sur quel aspect misez-vous pour faire la différence ?
JPN : « Nous avons un vrai modèle de portail avec un moteur intelligent et de l’humain. La vraie voie selon moi est le service aux internautes.
J’apporte de l’information fiable, de la connaissance du métier, et j’assume quand il y a un problème.
Dans un mois, une rubrique va sortir sur notre site pour que les internautes notent les marchands. Le comparateur n’est pas seulement un outil marketing mais un acteur qui a sélectionné les bons marchands pour ses internautes.
Nous avons signé avec Look Voyages aussi. Ils vont reprendre les notations des hôtels d’Easyvoyage pour leurs Lookéa.
Ils vont afficher la labélisation faite par nos journalistes. Les avis, l’expertise d’Easyvoyage devient un élément référent, visible et valorisé sur le marché. Pour Look, ca montre leur volonté d’être transparent, et de comparer le niveau de la qualité des produits.
L’indépendance peut donc être vertueuse : si j’avais Look comme actionnaire, je n’aurais pas de crédibilité.
Cette indépendance, il faut en faire quelque chose de fort. »