"La Tunisie et le Maroc semblent cantonnés aux VDM", constate Jacques Maillot, rejoignant le sentiment de Richard Soubielle. "On programme l’Égypte mais ça reste en filigrane, et je ne crois pas que la Tunisie va reprendre sa place cet été" - DR : JDL
Les présentations de brochures s’achèvent et déjà les commentaires vont bon train.
Pour Jacques Maillot, le fondateur de Nouvelles Frontières (NF), la production 2013 montre que les TO n’ont pas pris conscience de la crise.
Pour d’autres observateurs, les producteurs comme TUI, FRAM, Héliades ou encore Top of Travel, se sont tout simplement repliés sur leur marque, en réduisant leurs capacités et sans apporter de véritables nouveautés.
On pourrait gloser à l’infini sur le sujet.
D’abord, comme le dit René-Marc Chikli, la production est un gros bateau qui ne change pas de cap sur un coup de baguette magique, cela prend du temps.
Ensuite, ce genre de virage, en particulier quand on le juge nécessaire, est nettement plus difficile à réaliser par mauvais temps.
Et justement, avec les troubles en Égypte, l’instabilité tunisienne, l’action militaire française au Mali, l’économie chancelante et la concurrence du web, une chose est indiscutable : il fait mauvais en ce moment, très mauvais…
La production 2013 n’a donc guère les coudées franches pour proposer un tourisme radicalement différent.
Si les TO ont des idées aujourd’hui, c’est pour survivre, pas pour changer le monde. Surtout pour ceux qui ne maîtrisent ni leur aérien, ni leurs hébergements, « les deux leviers qui font la puissance des grands groupes internationaux, » selon Jacques Maillot.
Pour Jacques Maillot, le fondateur de Nouvelles Frontières (NF), la production 2013 montre que les TO n’ont pas pris conscience de la crise.
Pour d’autres observateurs, les producteurs comme TUI, FRAM, Héliades ou encore Top of Travel, se sont tout simplement repliés sur leur marque, en réduisant leurs capacités et sans apporter de véritables nouveautés.
On pourrait gloser à l’infini sur le sujet.
D’abord, comme le dit René-Marc Chikli, la production est un gros bateau qui ne change pas de cap sur un coup de baguette magique, cela prend du temps.
Ensuite, ce genre de virage, en particulier quand on le juge nécessaire, est nettement plus difficile à réaliser par mauvais temps.
Et justement, avec les troubles en Égypte, l’instabilité tunisienne, l’action militaire française au Mali, l’économie chancelante et la concurrence du web, une chose est indiscutable : il fait mauvais en ce moment, très mauvais…
La production 2013 n’a donc guère les coudées franches pour proposer un tourisme radicalement différent.
Si les TO ont des idées aujourd’hui, c’est pour survivre, pas pour changer le monde. Surtout pour ceux qui ne maîtrisent ni leur aérien, ni leurs hébergements, « les deux leviers qui font la puissance des grands groupes internationaux, » selon Jacques Maillot.
Mes exclusivités, mes spécificités et les destinations à volume…
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« En 2013, on ne peut pas dire que les TO n’ont pas évolué ! » souligne cependant René-Marc Chikli, le président du CETO, en insistant sur la réactivité des producteurs.
« Chacun se développe désormais autour de 3 axes majeurs : ses exclusivités, ses spécificités et les destinations où il fait du volume. »
Avec une clientèle en baisse, une trésorerie toujours en délicatesse et des capacités de financements quasi nulles, on voit mal en effet quelle autre stratégie les TO auraient pu développer.
Sur les destinations, par exemple, on sent bien que les producteurs contraints et forcés dans leurs choix. « La Tunisie et le Maroc semblent désormais cantonnés aux VDM » constate à l’évidence le fondateur de NF, rejoignant ainsi le sentiment de Richard Soubielle, administrateur et Président de la commission études et statistiques du SNAV.
« On programme l’Égypte mais ça reste en filigrane, et je ne crois pas que la Tunisie va reprendre sa place cet été. »
« Chacun se développe désormais autour de 3 axes majeurs : ses exclusivités, ses spécificités et les destinations où il fait du volume. »
Avec une clientèle en baisse, une trésorerie toujours en délicatesse et des capacités de financements quasi nulles, on voit mal en effet quelle autre stratégie les TO auraient pu développer.
Sur les destinations, par exemple, on sent bien que les producteurs contraints et forcés dans leurs choix. « La Tunisie et le Maroc semblent désormais cantonnés aux VDM » constate à l’évidence le fondateur de NF, rejoignant ainsi le sentiment de Richard Soubielle, administrateur et Président de la commission études et statistiques du SNAV.
« On programme l’Égypte mais ça reste en filigrane, et je ne crois pas que la Tunisie va reprendre sa place cet été. »
« Il fallait des alternatives aux destinations volume »
Voilà réglé le sort des destinations à gros volumes, les destinations « matelas ».
D’où la présence plus marquée dans les brochures de l’Europe de l’Est et Centrale, ou de la rive nord de la Méditerranée, avec la Sicile, la Croatie, ou même la Grèce, malgré sa situation sociale compliquée.
« Ça me paraît logique avec le marché, » explique Richard Soubielle, « car il fallait trouver des alternatives aux destinations de volume… »
L’administrateur du SNAV remarque également le même phénomène sur le long courrier.
« L’hiver est difficile et on ne sait pas ce que sera l’été » constate-t-il en précisant toutefois : « Les producteurs semblent anticiper un engouement persistant pour les USA, on les voit aussi renforcer l’Amérique du Sud, sans doute pour compenser un recul récurrent de l’Asie. »
Quelles qu’en soient les raisons, ces repositionnements géographico-commerciaux ressemblent bien à des choix défensifs.
Une attitude qui prévaut aussi sur les produits. « Les généralistes, on le voit partout, chez TUI, mais chez Kuoni aussi, se renforcent là où ils sont forts et n’insistent pas là où ils ne sont pas compétitifs » observe le Président du CETO, en soulignant le pragmatisme des opérateurs.
D’où le focus « clubs » de certains TO, comme Marmara ou Top of Travel.
D’où la présence plus marquée dans les brochures de l’Europe de l’Est et Centrale, ou de la rive nord de la Méditerranée, avec la Sicile, la Croatie, ou même la Grèce, malgré sa situation sociale compliquée.
« Ça me paraît logique avec le marché, » explique Richard Soubielle, « car il fallait trouver des alternatives aux destinations de volume… »
L’administrateur du SNAV remarque également le même phénomène sur le long courrier.
« L’hiver est difficile et on ne sait pas ce que sera l’été » constate-t-il en précisant toutefois : « Les producteurs semblent anticiper un engouement persistant pour les USA, on les voit aussi renforcer l’Amérique du Sud, sans doute pour compenser un recul récurrent de l’Asie. »
Quelles qu’en soient les raisons, ces repositionnements géographico-commerciaux ressemblent bien à des choix défensifs.
Une attitude qui prévaut aussi sur les produits. « Les généralistes, on le voit partout, chez TUI, mais chez Kuoni aussi, se renforcent là où ils sont forts et n’insistent pas là où ils ne sont pas compétitifs » observe le Président du CETO, en soulignant le pragmatisme des opérateurs.
D’où le focus « clubs » de certains TO, comme Marmara ou Top of Travel.
Éviter les braderies
Pour Richard Soubielle, cependant, cette option obéit aussi et surtout à une autre contrainte.
« En développant leur valeur ajoutée avec des produits « maison » qu’on ne trouvera pas sur le Web, les TO cherchent avant tout à éviter la spirale infernale des braderies. »
Cette crainte est également au cœur d’un réajustement des stocks et d’un mix aérien, charter/régulier, particulièrement prudent de la part des TO.
« Cette politique ne date pas d’aujourd’hui, » rappelle toutefois René-Marc Chikli, pour qui c’était déjà le cas en 2012, notamment à cause des « low cost ».
Richard Soubielle trouve pourtant la tendance plus marquée que par le passé. « Cette réduction des stocks aériens indique que les TO pensent pouvoir réajuster plus facilement leurs capacités à la hausse, » explique-t-il, avec un certain scepticisme pourtant.
« J’ai peur que ce soit un peu plus compliqué que ça car les marchés allemands et anglais sont très porteurs. »
Pour lui, ce pari est moins risqué pour les grands groupes internationaux que pour les entreprises françaises, notamment en Espagne, où la consommation en s’effondrant libère des lits qui seront sûrement redistribuer. « J’espère que les Français sauront tenir leur place. »
« En développant leur valeur ajoutée avec des produits « maison » qu’on ne trouvera pas sur le Web, les TO cherchent avant tout à éviter la spirale infernale des braderies. »
Cette crainte est également au cœur d’un réajustement des stocks et d’un mix aérien, charter/régulier, particulièrement prudent de la part des TO.
« Cette politique ne date pas d’aujourd’hui, » rappelle toutefois René-Marc Chikli, pour qui c’était déjà le cas en 2012, notamment à cause des « low cost ».
Richard Soubielle trouve pourtant la tendance plus marquée que par le passé. « Cette réduction des stocks aériens indique que les TO pensent pouvoir réajuster plus facilement leurs capacités à la hausse, » explique-t-il, avec un certain scepticisme pourtant.
« J’ai peur que ce soit un peu plus compliqué que ça car les marchés allemands et anglais sont très porteurs. »
Pour lui, ce pari est moins risqué pour les grands groupes internationaux que pour les entreprises françaises, notamment en Espagne, où la consommation en s’effondrant libère des lits qui seront sûrement redistribuer. « J’espère que les Français sauront tenir leur place. »
Des destinations 20 à 25% plus chères
Reste la politique tarifaire… là encore, on peut voir le verre à moitié vide, comme Jacques Maillot.
« En France, la production est une profession qui ne bouge pas, » confie-t-il, un rien provocateur comme toujours. « Or nous traversons une crise de longue durée et, dans ces cas-là, il faut innover.
Le problème, c’est que les TO français sont très frileux. À part Marmara, ils prennent de moins en moins de risques et n’arrivent pas avec les volumes nécessaires pour avoir de bons prix. »
On peut aussi voir le verre à moitié plein, comme Richard Soubielle, et estimer que les TO se sont bien adaptés à la crise, sauf peut-être sur les prix.
Et pour cause, d’une part, les destinations sur lesquelles ils ont concentré leurs efforts sont 20 à 25% plus chères que la Tunisie, sans que la qualité des produits justifie toujours cet écart.
« En France, la production est une profession qui ne bouge pas, » confie-t-il, un rien provocateur comme toujours. « Or nous traversons une crise de longue durée et, dans ces cas-là, il faut innover.
Le problème, c’est que les TO français sont très frileux. À part Marmara, ils prennent de moins en moins de risques et n’arrivent pas avec les volumes nécessaires pour avoir de bons prix. »
On peut aussi voir le verre à moitié plein, comme Richard Soubielle, et estimer que les TO se sont bien adaptés à la crise, sauf peut-être sur les prix.
Et pour cause, d’une part, les destinations sur lesquelles ils ont concentré leurs efforts sont 20 à 25% plus chères que la Tunisie, sans que la qualité des produits justifie toujours cet écart.
Privilégier la marge sur le volume
D’autre part, selon Richard Soubielle, « les producteurs n’ont plus rien sous la pédale, et tous, Transat, FRAM, Top of Travel, etc, tous sont obligés de privilégier la marge sur le volume. »
Voilà ce qu’aux échecs, on appelle une fourchette, une situation qui en général exige un sacrifice…
Destinations, produits, capacités, prix, etc., finalement, dans chaque compartiment du jeu, les producteurs sont sur la défensive. Rien d’étonnant quand on sait que certains contrats de distribution sont encore en négociation.
Décidément, en ce moment, ce métier n’a rien d’une sinécure.
Comme dirait Richard Soubielle, avec un fatalisme un brin sarcastique, « 2013, c’est loin d’être gagné ! »
Et pourtant, les agences auront encore des produits à vendre…
Voilà ce qu’aux échecs, on appelle une fourchette, une situation qui en général exige un sacrifice…
Destinations, produits, capacités, prix, etc., finalement, dans chaque compartiment du jeu, les producteurs sont sur la défensive. Rien d’étonnant quand on sait que certains contrats de distribution sont encore en négociation.
Décidément, en ce moment, ce métier n’a rien d’une sinécure.
Comme dirait Richard Soubielle, avec un fatalisme un brin sarcastique, « 2013, c’est loin d’être gagné ! »
Et pourtant, les agences auront encore des produits à vendre…