L’Amazonie bolivienne en flammes rêve de tourisme

Mon nom est Ogan Caimani, je suis originaire de la communauté Asunción del Quiquibey, je suis de l’ethnie Moseten.
Notre communauté se trouve dans la réserve de la biosphère du Pilon Lajas qui comprend 23 communautés indigènes.

Nous les Moseten partageons ce territoire avec les autres peuples indigènes Tacanas et Tsimanes.
Nous avons chacun notre langue mais vivons ensemble en harmonie. Nous vivons de la chasse, de la pêche et de l’agriculture familiale. Asunción se trouve à environ deux heures de pirogue de la ville de Rurrenabaque.


Le projet de tourisme est né de la volonté de faire connaître et valoriser la culture Moseten. Les revenus du tourisme permettent de valoriser notre culture, les tissus et toutes nos pratiques ancestrales.
Mais le tourisme permet aussi de protéger notre forêt, notre territoire, parce que sinon elle est détruite pour l’exploitation du bois, pour les mines d’or…. Donc nous recevons les voyageurs à Rurrenabaque et les emmenons dans notre pirogue jusqu’au village où nous avons construit des bungalows.

Avec nos visiteurs nous fabriquons des arcs et des flèches, nous cuisinons du chocolat, nous allons récolter le manioc, ou alors pêcher… Bien sûr nous faisons des marches en forêt, à la recherche des plantes médicinales, et nos amis visiteurs comprennent alors l’importance des arbres pour notre peuple.

Cela fait presque 10 ans que nous sommes régulièrement victimes de désastres naturels. Il y a quelques années les inondations ont emporté notre école et plusieurs de nos maisons. Nous ne recevons jamais d’aide des pouvoirs publics. Mais nous n’avions jamais connu d’incendies comme cette année. Depuis deux mois le feu nous assiège et nous avons perdu toutes nos cultures, mandarines, oranges, avocats, bananes, riz, manioc, tout a brûlé. Nous vivons une sécheresse incroyable, c’est pour ça que le feu a pris, chez nous, dans le parc Madidi, et partout.

Nous nous sommes organisés en groupes, hommes, femmes et enfants, pour lutter contre les flammes et ouvrir des pares-feux avec nos pelles et nos machettes. Nous avons travaillé plus d’un mois parce que notre territoire est vaste. On commençait très tôt le matin, seules quelques femmes restaient au village pour cuisiner pour tout le monde. Ça a fonctionné dans une certaine mesure mais l’incendie continue.


Pour nous le tourisme est très important : il protège la culture Moseten et génère des revenus pour nos familles. Maintenant que nous avons perdu nos cultures vivrières nous comptons sur le tourisme pour nous en sortir jusqu’à ce qu’on puisse faire repartir nos plantations. Tous les hermanos (frères) visiteurs sont bienvenus pour connaître notre réalité, notre culture et toutes les richesses que nous avons autour de nous. Les agences comme Terra Andina sont les seuls qui nous ont apporté une aide d’urgence. Le gouvernement a bien envoyé des soldats pour lutter contre l’incendie mais c’est nous qui devions les nourrir alors que nous n’avions rien ! Toute la communauté est reconnaissante et espère pouvoir reprendre le tourisme au plus vite.