Jean-Pierre Mas (Les Entreprises du Voyage), Lionel Rabiet (Voyages d'exception), Guillaume Linton (Asia) et des dizaines d’anonymes envahissent les plateaux télé. Je trouve ça super positif parce qu’au fur et à mesure, peut-être que les voyageurs vont comprendre que pour parler de voyage, il n’y a pas mieux que nous. - DR RAF Dessin
Je ne sais pas si vous avez remarqué (Oh mon Dieu, je parle comme si je faisais du stand-up), mais en ce moment, on ne voit que nous à la télé !
Nous, les agents de voyages. Dès qu’on parle de frontières fermées, de règlementation, de vols annulés et de tendances de vacances, les journalistes interrogent des agents de voyages.
Jean-Pierre Mas (Les Entreprises du Voyage), Lionel Rabiet (Voyages d'exception), Guillaume Linton (Asia) et des dizaines d’anonymes envahissent les plateaux télé (à croire que les médecins ont délaissé les média et sont retournés dans les hôpitaux).
Je trouve ça super positif parce qu’au fur et à mesure, peut-être que les voyageurs vont comprendre que pour parler de voyage, il n’y a pas mieux que nous. Et qu’ils s’en souviendront au moment de réserver leurs prochaines vacances…
Parce que oui, les agents de voyages ignorés, méprisés, ringardisés retrouvent les grâces des journalistes et même des clients qui viennent en agence, parfois un peu en catimini de peur d’être considérés comme des ringards (parce qu’il est bien connu que seuls les vieux et les assistés ont « besoin » d’un agent de voyages pour organiser leurs vacances).
Nous, les agents de voyages. Dès qu’on parle de frontières fermées, de règlementation, de vols annulés et de tendances de vacances, les journalistes interrogent des agents de voyages.
Jean-Pierre Mas (Les Entreprises du Voyage), Lionel Rabiet (Voyages d'exception), Guillaume Linton (Asia) et des dizaines d’anonymes envahissent les plateaux télé (à croire que les médecins ont délaissé les média et sont retournés dans les hôpitaux).
Je trouve ça super positif parce qu’au fur et à mesure, peut-être que les voyageurs vont comprendre que pour parler de voyage, il n’y a pas mieux que nous. Et qu’ils s’en souviendront au moment de réserver leurs prochaines vacances…
Parce que oui, les agents de voyages ignorés, méprisés, ringardisés retrouvent les grâces des journalistes et même des clients qui viennent en agence, parfois un peu en catimini de peur d’être considérés comme des ringards (parce qu’il est bien connu que seuls les vieux et les assistés ont « besoin » d’un agent de voyages pour organiser leurs vacances).
"Je peux m’engager sur plein de trucs, asseyez-vous, je vous explique"
A nous d’accueillir comme il se doit cette nouvelle clientèle que le destin, les variations des formalités de police et le coronavirus nous envoient :
Nous, les agents de voyages, avons toutes les cartes en main : une fois la porte de nos agences franchie, c’est à nous de prouver à cette clientèle qu’on sert à quelque chose.
Perso, j’ai rodé mon discours : « je ne sais pas quand Macron va rétablir les ouvertures de frontières extérieures à l’UE, je ne sais pas non plus à quelle date l’Indonésie va permettre aux Européens d’entrer et je n’ai pas de boule de cristal. En revanche, asseyez-vous, je vous explique »
Parce que oui, avec moi, quand ils s’assoient, ils sont obligés d’acheter (enfin, ça c’était avant…) disons au moins (parce que je révise mes ambitions à la baisse) que le visiteur qui reste debout, je dois l’inciter à s’asseoir.
Celui qui s’assoit, si je lui parle plus de 5 minutes, il est obligé de me raconter sa life et de me donner son numéro de téléphone et son e-mail (c’est pour le CRM de Big-Boss).
J’ai parfois un peu honte, mais je reconnais que quand c’est un mec, je fais ma Lolita pour qu’il me crache toutes ces infos. Et vas-y que je le regarde par en dessous, que je réajuste une mèche de cheveux, que je prends une moue boudeuse quand il me sort des trucs à la con…
Nous, les agents de voyages, avons toutes les cartes en main : une fois la porte de nos agences franchie, c’est à nous de prouver à cette clientèle qu’on sert à quelque chose.
Perso, j’ai rodé mon discours : « je ne sais pas quand Macron va rétablir les ouvertures de frontières extérieures à l’UE, je ne sais pas non plus à quelle date l’Indonésie va permettre aux Européens d’entrer et je n’ai pas de boule de cristal. En revanche, asseyez-vous, je vous explique »
Parce que oui, avec moi, quand ils s’assoient, ils sont obligés d’acheter (enfin, ça c’était avant…) disons au moins (parce que je révise mes ambitions à la baisse) que le visiteur qui reste debout, je dois l’inciter à s’asseoir.
Celui qui s’assoit, si je lui parle plus de 5 minutes, il est obligé de me raconter sa life et de me donner son numéro de téléphone et son e-mail (c’est pour le CRM de Big-Boss).
J’ai parfois un peu honte, mais je reconnais que quand c’est un mec, je fais ma Lolita pour qu’il me crache toutes ces infos. Et vas-y que je le regarde par en dessous, que je réajuste une mèche de cheveux, que je prends une moue boudeuse quand il me sort des trucs à la con…
"Quand j’ai une femme en face de moi, je joue plus la complice"
Maintenant que j’ai 40 ans, il faudrait que je commence à penser à envisager de changer de registre… (Dites, la team « femmes mûres », c’est quoi vos tips pour avoir l’air sure de vous et rassurante ?)
Quand j’ai une femme en face de moi, je joue plus la complice : j’essaie de me comporter comme elle, et je suis devenue un vrai caméléon en parlant un peu racaille avec les meufs des quartiers, et un peu snob avec les bourgeoises.
Ma botte secrète, si je sens que le feeling passe bien et que mon interlocutrice a genre 30/50 ans, c’est que je me risque à la tutoyer « par erreur » : « oh pardon, à papoter comme ça, et comme on a l’air d’aimer les mêmes choses, j’ai l’impression de parler avec une copine ». Solidarité générationnelle oblige, il semble que la meuf a envie d’être copine avec moi 3 fois sur 4 !
Je porte l’estocade sur la sororité en fin d’entretien : quand la femme est décidée sur un produit, je balance « c’est ça qu’il vous faut. Maintenant, on et... je vous explique comment vous allez vendre le truc à votre mari ».
Quand j’ai une femme en face de moi, je joue plus la complice : j’essaie de me comporter comme elle, et je suis devenue un vrai caméléon en parlant un peu racaille avec les meufs des quartiers, et un peu snob avec les bourgeoises.
Ma botte secrète, si je sens que le feeling passe bien et que mon interlocutrice a genre 30/50 ans, c’est que je me risque à la tutoyer « par erreur » : « oh pardon, à papoter comme ça, et comme on a l’air d’aimer les mêmes choses, j’ai l’impression de parler avec une copine ». Solidarité générationnelle oblige, il semble que la meuf a envie d’être copine avec moi 3 fois sur 4 !
Je porte l’estocade sur la sororité en fin d’entretien : quand la femme est décidée sur un produit, je balance « c’est ça qu’il vous faut. Maintenant, on et... je vous explique comment vous allez vendre le truc à votre mari ».
"Nous sommes des facilitateurs, rassurants"
C’est quand il y a un couple en face de moi que c’est le plus difficile : tu ne peux pas être à la fois sexy avec le mec et solidaire avec la fille.
Quand j’ai un couple en face de moi, je m’adresse aux deux dans un premier temps (un peu froide et distante) et petit à petit, je me rapproche de la fille : il faut créer un lien pour qu’elle ne se sente pas menacée par la blonde sexy que je suis, et qu’elle ait envie de me suivre (de toute façon, c’est toujours elle qui décide parce qu’en général, les mecs ne sont pas super investis dans la préparation de leurs vacances).
Et puis c’est un peu gros comme technique, mais quand je sors mon i-pad pour leur montrer des photos des destinations, la photo d’ouverture (celle qui s’affiche quand j’allume l’i-pad) est une photo de mon mari et moi encadrant le fruit de nos amours devant une petite maison cycladique.
Comme mon fils est le plus beau petit garçon du monde (magie de l’hérédité, figure-toi…) et que mon mec est une bombe, ça rassure mes clientes : je suis une épouse et une mère heureuse et épanouie et je ne vais piquer le mec de personne.
Je suis donc super optimiste sur le retour en grâce du métier d’agent de voyages au moment de la reprise des voyages internationaux (il faut juste faire le dos rond encore quelques mois en attendant que la situation sanitaire se résolve et que la campagne de vaccination s’accélère).
Il faut être patient : nous faisons le plus beau métier du monde et je crois que nous pouvons, plus qu’avant, justifier de notre valeur ajoutée : nous sommes des facilitateurs, rassurants, on propose des assurances voyages « spécial covid » et si les frontières sont fermées, on vous rembourse tout de suite.
Quand j’ai un couple en face de moi, je m’adresse aux deux dans un premier temps (un peu froide et distante) et petit à petit, je me rapproche de la fille : il faut créer un lien pour qu’elle ne se sente pas menacée par la blonde sexy que je suis, et qu’elle ait envie de me suivre (de toute façon, c’est toujours elle qui décide parce qu’en général, les mecs ne sont pas super investis dans la préparation de leurs vacances).
Et puis c’est un peu gros comme technique, mais quand je sors mon i-pad pour leur montrer des photos des destinations, la photo d’ouverture (celle qui s’affiche quand j’allume l’i-pad) est une photo de mon mari et moi encadrant le fruit de nos amours devant une petite maison cycladique.
Comme mon fils est le plus beau petit garçon du monde (magie de l’hérédité, figure-toi…) et que mon mec est une bombe, ça rassure mes clientes : je suis une épouse et une mère heureuse et épanouie et je ne vais piquer le mec de personne.
Je suis donc super optimiste sur le retour en grâce du métier d’agent de voyages au moment de la reprise des voyages internationaux (il faut juste faire le dos rond encore quelques mois en attendant que la situation sanitaire se résolve et que la campagne de vaccination s’accélère).
Il faut être patient : nous faisons le plus beau métier du monde et je crois que nous pouvons, plus qu’avant, justifier de notre valeur ajoutée : nous sommes des facilitateurs, rassurants, on propose des assurances voyages « spécial covid » et si les frontières sont fermées, on vous rembourse tout de suite.
"Je reçois chaque jour des adieux au monde du tourisme"
Pourtant, je reçois chaque jour des adieux au monde du tourisme de la part de gens formidables : commerciaux de TO ou des chaînes hôtelières, vendeuses rencontrées des formations organisées par mon réseau ou lors de voyages d’étude… la profession perd des pro chaque jour.
Je souhaite évidemment à ceux qui quittent la profession d’être heureux et épanouis dans leurs nouveaux jobs d’assistantes de direction, d’office managers, de créateurs de coups de foudre immobiliers (si si... j’ai vu ça), de secrétaires médicales, d’assistantes maternelles ou d’hébergeurs en chambres d’hôtes.
Vous allez me manquer et manquer à la profession.
Chez Big-Boss voyages, on est passé de 11 personnes à 5 (dont 3 à temps partiel) en ce moment : Big-Boss s’est à moitié reconverti en agent immobilier free-lance (il connait le quartier comme sa poche, et avec sa tchatche, il peut vendre ce qu’il veut), Isa est secrétaire médicale le matin et comptable à l’agence l’après-midi, et Sonia, Amandine et moi assurons à l’agence : Sonia aux sociétés, moi au tourisme et Amandine navigue là où on a besoin d’elle.
Pour les autres, c’est rendez-vous une fois par semaine (le lundi) pour déjeuner à l’agence. Ça n’est pas super covid-friendly mais c’est la seule solution qu’on a trouvée pour maintenir un peu de lien entre nous, et pour éviter à nos collègues au chômage provisoire de décrocher.
Big-Boss nous fait un petit discours sur la résilience, la patience, la folle envie de voyager, tout ça… et avec les filles, on tente tant bien que mal de raconter ce qu’il se passe (spoiler : pas grand-chose).
Je devine de la détresse dans les regards de mes collègues qui se demandent quand ils pourront à nouveau vendre des voyages. Ou plutôt, s’ils reprendront un jour le chemin de l’agence pour un peu plus longtemps qu’un déjeuner. Ils me manquent vraiment et ma plus grande souffrance serait de les aider à rédiger un mail d’adieux…
Et ma grande peur, c’est qu’à Top Résa, on se retrouve avec personne à embrasser...
Je souhaite évidemment à ceux qui quittent la profession d’être heureux et épanouis dans leurs nouveaux jobs d’assistantes de direction, d’office managers, de créateurs de coups de foudre immobiliers (si si... j’ai vu ça), de secrétaires médicales, d’assistantes maternelles ou d’hébergeurs en chambres d’hôtes.
Vous allez me manquer et manquer à la profession.
Chez Big-Boss voyages, on est passé de 11 personnes à 5 (dont 3 à temps partiel) en ce moment : Big-Boss s’est à moitié reconverti en agent immobilier free-lance (il connait le quartier comme sa poche, et avec sa tchatche, il peut vendre ce qu’il veut), Isa est secrétaire médicale le matin et comptable à l’agence l’après-midi, et Sonia, Amandine et moi assurons à l’agence : Sonia aux sociétés, moi au tourisme et Amandine navigue là où on a besoin d’elle.
Pour les autres, c’est rendez-vous une fois par semaine (le lundi) pour déjeuner à l’agence. Ça n’est pas super covid-friendly mais c’est la seule solution qu’on a trouvée pour maintenir un peu de lien entre nous, et pour éviter à nos collègues au chômage provisoire de décrocher.
Big-Boss nous fait un petit discours sur la résilience, la patience, la folle envie de voyager, tout ça… et avec les filles, on tente tant bien que mal de raconter ce qu’il se passe (spoiler : pas grand-chose).
Je devine de la détresse dans les regards de mes collègues qui se demandent quand ils pourront à nouveau vendre des voyages. Ou plutôt, s’ils reprendront un jour le chemin de l’agence pour un peu plus longtemps qu’un déjeuner. Ils me manquent vraiment et ma plus grande souffrance serait de les aider à rédiger un mail d’adieux…
Et ma grande peur, c’est qu’à Top Résa, on se retrouve avec personne à embrasser...