Vous croyez que ces faux-jobs d’indépendants sont réservés aux métiers de l’entretien, de la restauration, de la livraison ou de la communication ? Tenez-vous prêts : l’ubérisation arrive dans nos agences ! - Dessin Raf
A l’origine, on t’explique qu’Uber, ça va être magnifique.
On te promet que le chauffeur de taxi malodorant et raciste (qui arrive chez toi avec 16€ au compteur et qui écoute RTL à fond) va se transformer d’un coup de baguette magique en un beau mec jeune et musclé.
Un mec au costard neuf qui arrivera chez toi en 2 minutes, te proposera de l’eau et des bonbons, qui sera sympa et qui te tiendra la porte…
Alors tu finis par ne plus jamais essayer de trouver un taxi et tu mets Uber dans les applis favorites de ton iPhone.
Un autre jour, tu pars avec trois copines en week-end à Rome (comme dans la musique d’attente de feu Donatello) et tu te rends compte que deux chambres d’hôtels minuscules vont te revenir 3 fois plus cher qu’un joli petit appartement en plein centre.
Tu testes Airbnb et tu deviens accro au site de « mise en relation » pour organiser tes escapades en Europe et (avoue-le…), tu as mis ton appart’ en sous-loc sur la plate-forme quand tu es partie en vacances au mois d’août. (C’est interdit, c’est mal, mais ça t’a rapporté 900 € pour 10 jours).
Toi, tu n’as jamais essayé, mais tu as plein de copains qui ne jurent que par Blablacar pour partir en week-end (ou pour rentabiliser un peu leurs petits déplacements…).
On appelle ça le business collaboratif, l’ubérisation de l’économie, et sur le papier, c’est parfait :
- les chauffeurs d’Uber sont ponctuels, accueillants, respectueux et moins chers que les taxis
- tes hébergements Airbnb t’ont toujours séduite (il faut dire que 15 ans à décrypter des brochures de TO, ça t’aide à flairer les pièges des annonces d’appart moches) et aucun de tes copains n’a rencontré le moindre problème avec Blablacar.
On te promet que le chauffeur de taxi malodorant et raciste (qui arrive chez toi avec 16€ au compteur et qui écoute RTL à fond) va se transformer d’un coup de baguette magique en un beau mec jeune et musclé.
Un mec au costard neuf qui arrivera chez toi en 2 minutes, te proposera de l’eau et des bonbons, qui sera sympa et qui te tiendra la porte…
Alors tu finis par ne plus jamais essayer de trouver un taxi et tu mets Uber dans les applis favorites de ton iPhone.
Un autre jour, tu pars avec trois copines en week-end à Rome (comme dans la musique d’attente de feu Donatello) et tu te rends compte que deux chambres d’hôtels minuscules vont te revenir 3 fois plus cher qu’un joli petit appartement en plein centre.
Tu testes Airbnb et tu deviens accro au site de « mise en relation » pour organiser tes escapades en Europe et (avoue-le…), tu as mis ton appart’ en sous-loc sur la plate-forme quand tu es partie en vacances au mois d’août. (C’est interdit, c’est mal, mais ça t’a rapporté 900 € pour 10 jours).
Toi, tu n’as jamais essayé, mais tu as plein de copains qui ne jurent que par Blablacar pour partir en week-end (ou pour rentabiliser un peu leurs petits déplacements…).
On appelle ça le business collaboratif, l’ubérisation de l’économie, et sur le papier, c’est parfait :
- les chauffeurs d’Uber sont ponctuels, accueillants, respectueux et moins chers que les taxis
- tes hébergements Airbnb t’ont toujours séduite (il faut dire que 15 ans à décrypter des brochures de TO, ça t’aide à flairer les pièges des annonces d’appart moches) et aucun de tes copains n’a rencontré le moindre problème avec Blablacar.
Comment ces entreprises fonctionnent ?
Et puis, depuis quelques semaines, tu vois fleurir près de ton agence de beaux jeunes gens musclés en collants cyclistes.
Foodora et Deliveroo envahissent les rues de Paris et tu vois ces grands gaillards pédaler ferme pour livrer des petits plats partout dans Paris.
Toi-même, tu as commandé des petits plats pour te nourrir à l’agence et quand tu vois ces athlètes débarquer en clamant « un poisson aux épices pour Léa… régalez-vous bien », tu te dis que si ces garçons ont ton adresse et ton téléphone, ils pourraient s’en souvenir pour te recontacter « à l’occasion », tu leur masserais bien leurs muscles endoloris.
Mais tu te demandes comment marchent ces entreprises…
Airbnb et Blablacar, tu sais : l’utilisateur-consommateur donne sa CB sur une appli, il paye la plate-forme qui va ensuite reverser la somme (en retenant une commission ou des frais de mise en relation) au prestataire.
Un peu le même principe qu’une centrale de paiements de réseau, sauf qu’avant de se faire payer, il joue un rôle d’entonnoir qui va trier des offres et te permettre de faire ton choix.
Mais comment sont payés les cyclistes aux jolis mollets et aux cuisses puissantes de Deliveroo et Foodora ?
Les « bikers » (c’est comme ça qu’on les appelle) poireautent dans des zones stratégiques (tout près des concentrations de restaurants).
Ils sont bipés par les restaurants quand les plats sont prêts (pour ne pas avoir à attendre aux restaurants) et profitent des pistes cyclables pour arriver à destination aussi vite que possible (et ils n’ont pas besoin de choisir une place de parking).
C’était simple mais il fallait y penser. N’empêche que la boite a levé 100 millions d’euros.
Quand ces boites cherchent à « recruter », elles ont le culot de poster des « offres d’emplois » libellées jeunes, cool, fun : « vous êtes sportif, vous avez un vélo et un smartphone, vous êtes souriant ».
Et là, l’étudiant, le chômeur, l’intermittent, le précaire ou juste le salarié qui a des fins de mois difficiles se lancent : on leur promet 25€ de l’heure, des primes s’ils sont ponctuels, des surprimes s’ils bossent la nuit et le week-end… Soit.
Mais cet argent n’est pas un salaire : les bikers doivent s’immatriculer en autoentrepreneurs.
Foodora et Deliveroo envahissent les rues de Paris et tu vois ces grands gaillards pédaler ferme pour livrer des petits plats partout dans Paris.
Toi-même, tu as commandé des petits plats pour te nourrir à l’agence et quand tu vois ces athlètes débarquer en clamant « un poisson aux épices pour Léa… régalez-vous bien », tu te dis que si ces garçons ont ton adresse et ton téléphone, ils pourraient s’en souvenir pour te recontacter « à l’occasion », tu leur masserais bien leurs muscles endoloris.
Mais tu te demandes comment marchent ces entreprises…
Airbnb et Blablacar, tu sais : l’utilisateur-consommateur donne sa CB sur une appli, il paye la plate-forme qui va ensuite reverser la somme (en retenant une commission ou des frais de mise en relation) au prestataire.
Un peu le même principe qu’une centrale de paiements de réseau, sauf qu’avant de se faire payer, il joue un rôle d’entonnoir qui va trier des offres et te permettre de faire ton choix.
Mais comment sont payés les cyclistes aux jolis mollets et aux cuisses puissantes de Deliveroo et Foodora ?
Les « bikers » (c’est comme ça qu’on les appelle) poireautent dans des zones stratégiques (tout près des concentrations de restaurants).
Ils sont bipés par les restaurants quand les plats sont prêts (pour ne pas avoir à attendre aux restaurants) et profitent des pistes cyclables pour arriver à destination aussi vite que possible (et ils n’ont pas besoin de choisir une place de parking).
C’était simple mais il fallait y penser. N’empêche que la boite a levé 100 millions d’euros.
Quand ces boites cherchent à « recruter », elles ont le culot de poster des « offres d’emplois » libellées jeunes, cool, fun : « vous êtes sportif, vous avez un vélo et un smartphone, vous êtes souriant ».
Et là, l’étudiant, le chômeur, l’intermittent, le précaire ou juste le salarié qui a des fins de mois difficiles se lancent : on leur promet 25€ de l’heure, des primes s’ils sont ponctuels, des surprimes s’ils bossent la nuit et le week-end… Soit.
Mais cet argent n’est pas un salaire : les bikers doivent s’immatriculer en autoentrepreneurs.
Je n’ai rien contre l’auto-entrepreneuriat, mais...
On a beau me reprocher régulièrement d’être une gauchiste échevelée, je n’ai rien contre l’auto-entrepreneuriat, cette invention sarkozyste.
L’auto-entrepreneuriat permet à des créatifs dynamiques d’exercer une activité plus ou moins indépendante.
Ainsi, ma copine Elodie s’est immatriculée pour monter une petite boutique sur internet. Elle y vend ses propres créations de bijoux fantaisie.
Emma (mon autre copine) a un blog mode et tendances. Elle est un peu connue dans le milieu et elle est geek depuis toujours.
Elle s’est immatriculée pour fournir des services de community management pour des petites boites de mode et gère les comptes Instragram, Pinterest et Facebook de petits créateurs pour quelques centaines d’euros par mois… Ca lui permet d’arrondir ses maigres piges pour les magazines de mode !
Mais l’ubérisation sauvage est dangereuse pour tous les indépendants qui n’ont droit ni à un arrêt maladie, ni à des congés.
Je suis tombée par hasard sur le blog de Jérôme et il m’a ouvert les yeux sur le fait que les entreprises se dédouanent de leurs responsabilités d'employeur en ayant recours à ces auto-entrepreneurs ubérisés.
Vous croyez que ces faux jobs d’indépendants sont réservés aux métiers de l’entretien, de la restauration, de la livraison ou de la communication ?
Tenez-vous prêts : l’ubérisation arrive dans nos agences !
L’auto-entrepreneuriat permet à des créatifs dynamiques d’exercer une activité plus ou moins indépendante.
Ainsi, ma copine Elodie s’est immatriculée pour monter une petite boutique sur internet. Elle y vend ses propres créations de bijoux fantaisie.
Emma (mon autre copine) a un blog mode et tendances. Elle est un peu connue dans le milieu et elle est geek depuis toujours.
Elle s’est immatriculée pour fournir des services de community management pour des petites boites de mode et gère les comptes Instragram, Pinterest et Facebook de petits créateurs pour quelques centaines d’euros par mois… Ca lui permet d’arrondir ses maigres piges pour les magazines de mode !
Mais l’ubérisation sauvage est dangereuse pour tous les indépendants qui n’ont droit ni à un arrêt maladie, ni à des congés.
Je suis tombée par hasard sur le blog de Jérôme et il m’a ouvert les yeux sur le fait que les entreprises se dédouanent de leurs responsabilités d'employeur en ayant recours à ces auto-entrepreneurs ubérisés.
Vous croyez que ces faux jobs d’indépendants sont réservés aux métiers de l’entretien, de la restauration, de la livraison ou de la communication ?
Tenez-vous prêts : l’ubérisation arrive dans nos agences !
L'ubérisation arrive dans nos agences
J’ai repéré une annonce de job ubérisé dans la presse pro.
Je lis : « Nous croyons aux nouveaux modèles de travail adaptés aux situations de vie personnelle de chacun et vecteurs de plus de souplesse et d’indépendance. Nous préférons pour le moment rester anonyme [tu m’étonnes…] mais ne manquerons pas de vous en dire plus sur nous si votre profil nous intéresse. »
L’agence te demande d’être « professionnel aguerri » pour « répondre aux demandes d’une clientèle exigeante » et l’offre se termine par « vous serez rémunéré sur la marge générée (pas de salaire fixe) ». Ben voyons…
Je ne suis pas juriste, mais votre modèle est hors la loi : vous n’avez pas le droit de faire faire des devis gratuitement par des « collaborateurs non-salariés ».
Et ça n’est pas tout ! Dans un récent article, j’apprends avec stupeur que « TUI France va créer des (jobs de) "Home Workers". Des travailleurs indépendants, apporteurs d'affaires et rémunérés au pourcentage ».
TUI est « en train d'examiner tous les aspects juridiques » et compte « commenc(er) à sélectionner dans quelques semaines ».
Et notre Oncle Dom de conclure « TUI crée des emplois » ! Non, Tonton Dom. TUI ne crée pas d’emploi. Il crée de la précarité.
Selon l’annuaire des Vendeurs à Domicile Indépendants, ce système « répond aux exigences des consommateurs qui recherchent des services de proximité générateurs de lien social, de convivialité et d'individualisation des prestations. » Mouais… je ne suis pas convaincue.
Dans sa cérémonie de vœux, le président du SNAV, Jean-Pierre Mas a déclaré réfléchir à l'évolution du statut d'apporteur d'affaires, « des travailleurs indépendants de plus en plus utilisés dans le tourisme et qui bénéficient d'un vide juridique ».
Moi, je ne trouve pas qu’ils en bénéficient, mais plutôt qu’ils en souffrent.
Et vous, vous en pensez quoi ?
Je lis : « Nous croyons aux nouveaux modèles de travail adaptés aux situations de vie personnelle de chacun et vecteurs de plus de souplesse et d’indépendance. Nous préférons pour le moment rester anonyme [tu m’étonnes…] mais ne manquerons pas de vous en dire plus sur nous si votre profil nous intéresse. »
L’agence te demande d’être « professionnel aguerri » pour « répondre aux demandes d’une clientèle exigeante » et l’offre se termine par « vous serez rémunéré sur la marge générée (pas de salaire fixe) ». Ben voyons…
Je ne suis pas juriste, mais votre modèle est hors la loi : vous n’avez pas le droit de faire faire des devis gratuitement par des « collaborateurs non-salariés ».
Et ça n’est pas tout ! Dans un récent article, j’apprends avec stupeur que « TUI France va créer des (jobs de) "Home Workers". Des travailleurs indépendants, apporteurs d'affaires et rémunérés au pourcentage ».
TUI est « en train d'examiner tous les aspects juridiques » et compte « commenc(er) à sélectionner dans quelques semaines ».
Et notre Oncle Dom de conclure « TUI crée des emplois » ! Non, Tonton Dom. TUI ne crée pas d’emploi. Il crée de la précarité.
Selon l’annuaire des Vendeurs à Domicile Indépendants, ce système « répond aux exigences des consommateurs qui recherchent des services de proximité générateurs de lien social, de convivialité et d'individualisation des prestations. » Mouais… je ne suis pas convaincue.
Dans sa cérémonie de vœux, le président du SNAV, Jean-Pierre Mas a déclaré réfléchir à l'évolution du statut d'apporteur d'affaires, « des travailleurs indépendants de plus en plus utilisés dans le tourisme et qui bénéficient d'un vide juridique ».
Moi, je ne trouve pas qu’ils en bénéficient, mais plutôt qu’ils en souffrent.
Et vous, vous en pensez quoi ?